L’information diffusée ces derniers jours par une source irakienne, puis relayée par le site italien « Atlasweb », n’est pas une première. Déjà, à la veille de l’invasion américaine de l’Irak, en 2003, des médias koweïtiens avaient affirmé que l’armée américaine avait acheminé des bombes nucléaires miniaturisées vers ses bases en Turquie.
La même source irakienne croit savoir que « l’armée de l’air turque disposerait de bombes nucléaires qui équipent ses chasseurs F-16 ». Mieux encore, la source irakienne ajoute que « jusqu’en 1995, entre dix et vingt bombes ont été déployées dans deux autres bases aériennes turques (...) ont ensuite été transférées à la base aérienne d’Incirlik ». Il s’agirait de bombes de type B-61 thermonucléaire, de 3,53 mètres de long et de 320 kilogrammes, classées parmi les armes les plus stratégiques des Etats-Unis.
Mais jusqu’à la preuve du contraire, cette information semble relever davantage de la guerre psychologique et médiatique. Il est également légitime de s’interroger sur la fiabilité de la source et de l’information. Car, les médias irakiens sont aujourd’hui au service de l’Iran et de la Syrie. En s’étalant sur la présence de bombes nucléaires en Turquie, la source irakienne pouvait ainsi avoir mené une opération préventive. D’autant plus qu’elle a rappelé avec insistance que « la Syrie a exprimé son inquiétude à propos de la présence de bombes nucléaires américaines en Turquie voisine ». Selon la même source, « l’ambassadeur de Syrie à l’ONU, Bachar Jaafari, a accusé Ankara de détenir des armes nucléaires et de violer la convention de non-prolifération nucléaire (TNP) ». Or, cette accusation syrienne viserait, sans l’ombre d’un doute, à faire diversion et à mener une attaque verbale préventive destinée à occulter l’utilisation par le régime syrien d’armes bactériologiques à faible dose. L’usage d’armes prohibées, documenté et filmé par les opposants, a fait suite aux tests effectués en août par l’armée syrienne sur des armes chimiques, à Khanasir (à l’est d’Alep) avec la contribution d’experts iraniens et nord-coréens, comme l’avait révélé l’hebdomadaire allemand « Der Spiegel » en septembre.
Après ce qui précède, il est plausible que les régimes syrien et iranien aient demandé aux médias irakiens alliés de lancer cette opération médiatique préventive. Il s’agit d’une part de faire diversion, et d’autre part, de préparer les esprits à l’usage d’armes de destruction massive en Syrie contre les rebelles et la population, notamment après l’effondrement de la trêve de ces derniers jours. Depuis samedi dernier, le régime a largement utilisé l’aviation pour pilonner des positions adverses, y compris dans la périphérie immédiate de Damas. Aujourd’hui, plusieurs opposants syriens, comme Bassam Jaara et Wahid Sakr, accusent la communauté internationale de complicité avec le dictateur Bachar Al-Assad. Selon eux, « l’Occident fait semblant de croire qu’Assad lutte contre le terrorisme et l’intégrisme, et le laisse éradiquer le peuple syrien. Mais les Syriens ne se laisseraient pas faire ». D’autres sources syriennes redoutent également un « accord présumé » entre l’Occident et la Russie, selon lequel « les premiers tolèreraient Assad et ses crimes, et en contrepartie, les Russes ne s’opposeraient pas à une opération militaire contre Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) au Mali et dans le Sahel ».
Dario S.