Le quotidien koweïtien « Al Seyassah » affirme, ce 13 décembre, que la Russie, l’Iran, l’Irak, l’Afrique du Sud et l’Algérie tentent discrètement de convaincre Assad de quitter la Syrie avant la bataille de Damas qui s’annonce cruciale et particulièrement sanglante. Les rebelles, qui progressent sur tous les fronts, préparent l’assaut final contre la capitale.
Mais, ajoute le quotidien « Al Seyassah », citant un député irakien, les avis divergent : une partie des Iraniens proposent le repli d’Assad en terre Alaouite, sur la côte syrienne, où il aurait déjà stocké des armes sophistiquées, et où il sera protégé par les marines iraniennes et russes basées à Tartous. Mais pour d’autres iraniens, la chute de Damas affectera le moral du clan Assad et démontrera que Bachar Al-Assad s’est servi d’un slogan creux, celui de la défense de la Nation, alors qu’il aura au contraire agi en régime bien confessionnel. L’option du repli dans la montagne alaouite obligera également la République islamique à prolonger la bataille pour défendre son allié, sans garantie de résultats. Ce qui affaiblirait considérablement Téhéran qui, selon d’autres sources, aurait déjà perdu plus un millier de combattants en Syrie.
Aussi, les avis divergent autour du moment opportun de la sortie d’Assad : doit-il livrer la bataille de Damas avant de quitter le pays, au prix de milliers de nouvelles victimes (plus de 43.000 à ce jour) ? Ou doit-il prononcer un discours à la télévision, annonçant l’abandon de la partie, pour sauver ce qui peut encore l’être et apparaitre à la hauteur d’un homme responsable, ou plutôt d’un être humain, tout simplement ? Car la politique menée depuis le début du soulèvement prouve que Bachar Al-Assad n’est qu’un être démuni de tout humanisme. Il a fait plus de 43.000 morts et plus de 100.000 disparus, sans compter les millions de réfugiés...
Quoi qu’il en soit, ce jeudi soir, la télévision « Al Arabiya » cite un responsable russe du ministère des Affaires étrangères qui reconnait que la partie est perdue, et que Moscou met en place un dispositif d’évacuation de ses ressortissants de Syrie, pour le cas où la situation venait à exiger un tel scénario. De son côté, le secrétaire général de l’OTAN, jusque-là très timide, a affirmé aujourd’hui que les jours d’Assad sont comptés. Comment peut-il en être autrement alors que 130 pays ont reconnu la légitimité de la Coalition de l’opposition, lors de la conférence des amis de la Syrie, tenue à Marrakech, au Maroc ?
Mais la sortie d’Assad ne signifie pas la fin du calvaire des Syriens. Ils auront encore à gérer la problématique des groupes islamistes, créés de toutes pièces par le régime, au nom d’Al-Qaïda, pour déstabiliser l’Irak et le Liban pendant des années, et qui se sont retournés contre leur créateur, du moins médiatiquement. Car, depuis les premiers attentats de décembre 2011 à Damas, destinés à terroriser les observateurs arabes, les soupçons pèsent sur les services syriens. Ils auraient commandité ces attaques pour salir l’image de la rébellion et permettre au régime de prétendre faire barrage au terrorisme islamiste. Peine perdue. A force de jouer au feu, le régime s’est brûlé.
C’est justement en fonction du rapport des forces de l’après-Assad que dépendra l’avenir immédiat de la Syrie, bien qu’à terme, un avenir radieux attend le pays. Les Syriens sont nombreux à admettre, désormais, que personne ne pourra rivaliser avec la criminalité du régime vacillant, et prennent le risque de réclamer le changement, qui sera nécessairement pour le mieux. En attendant, beaucoup de Syriens, mais aussi les voisins de la Syrie, ont commencé à mettre le champagne au frais pour fêter la chute du dictateur. Certains n’oseront pas boire les bulles, optant pour le thé glacé, conforme à la charia !
Dario S.