Fox News : Commandos israéliens revenant de Syrie.
Quatre jours après qu’un “responsable israélien de haut-rang” ait mis Assad en garde, par New York Times interposé, mercredi 15 mai, qu’il risquait de perdre le pouvoir s’il répliquait aux attaques israéliennes contre les livraisons d’armes aux terroristes, d’autres « responsables israéliens » disaient quelque chose d’assez différent, au London Times, samedi 18 mai : « Un régime Assad intact, mais affaibli, serait préférable », confiaient-ils. « Mieux vaut le Diable que nous connaissons que des Démons que nous ne pouvons qu’imaginer, si… les extrémistes venus de tout le monde arabe prennent pied par ici ».
La veille de ce reportage, Fox News a diffusé une séquence vidéo montrant des commandos israéliens en territoire syrien, rentrant au pas de course en territoire israélien.
Sans entrer sur le sujet pour savoir si les deux sortes de “responsables israéliens” ne faisaient qu’un, leurs énoncés marquent clairement que les décideurs politiques et dirigeants de la défense d’Israël semblent particulièrement confus et incertains – ou, pire, incapables de penser clairement – sur la façon de faire face à la menace qui grandit sur le Golan syrien. Cela pourrait prendre la forme d’une guerre syrienne de harcèlement ou/et d’une offensive du Hezbollah contre la Haute-Galilée et la Galilée Occidentale. En tous cas, la guerre civile syrienne semble prête à déborder et déteindre sur l’un ou plus de ses voisins, à commencer par Israël, comme conséquence de six facteurs :
1. L’incapacité du Président Obama à décider si les Etats-Unis devraient, ou non, intervenir militairement en Syrie – même de façon limitée, comme par l’imposition d’une Zone d’Exclusion aérienne ou en trouvant le moyen de livrer des armes, qui font cruellement défaut, aux groupes rebelles syriens non-Islamistes.
2. Le refus du Président américain de reconnaître que des armes chimiques ont déjà été utilisées en Syrie. Sa réaction devant le dossier que lui a mis sous les yeux le Premier Ministre turc Tayyip Erdogan, à la Maison Blanche, vendredi 17 mai – avec les preuves réunies par les médecins qui traitent les blessés syriens – a, surtout, consisté à en faire peu de cas. « Les Etats-Unis ont vu les preuves de l’usage d’armes chimiques en Syrie », a-t-il dit, ajoutant cependant : « il est important d’obtenir des détails plus précis au sujet de ces attaques chimiques supposées ».
Ce commentaire a été interprété comme l’acceptation par les Etats-Unis d’un usage des armes chimiques dans la guerre syrienne tant que cela reste sur une échelle limitée. Obama, - comme le Premier Ministre Binyamin Netanyahou- s’est, par conséquent, écarté d’une nouvelle « ligne rouge » avant une intervention militaire dans le conflit syrien, en fermant les yeux devant les preuves mises à sa disposition.
L’ancien Ministre de la Défense Binyamin Ben-Eliezer a été plus réaliste, la semaine dernière, quand il a brusquement rejeté la requête d’un intervieweur de la radio, en disant : « Bien sûr, Assad a bien utilisé des armes chimiques et n’est-il pas évident qu’il a déjà transféré au Hezbollah, autant de substances chimiques que d’autres armes avancées ?
3. Suivant, une fois encore, les pas des Américains, Israël a échoué à empêcher la Russie d’envoyer des missiles sophistiqués S-300 anti-aériens et des Yakhont sol-mer au régime Assad – tous deux étant des versions améliorées qui ont été équipées de radars sophistiqués pour étendre leur portée et leur précision.
Lorsque Netanyahou a été mis au défi d’expliquer sa mission manquée, durant son séjour du 14 mai, où il a tenu la jambe du Président russe Vladimir Poutine, à Sochi, il a seulement affirmé qu’il « voyagerait là où c’est nécessaire et parlerait avec qui c’est nécessaire pour préserver la sécurité d’Israël ».
C’est la façon la plus proche d'admettre que ses efforts, pour tenter d’éviter que l’armement russe avancé ne tombe entre les mains des Syriens, étaient tombés à plat.
4. Ces erreurs stratégiques peuvent devenir irréversibles, parce qu’elles émanent d’évaluations défectueuses, partagées par Israël et l’Administration Obama, quant aux forces en présence sur les champs de batailles syriens. A ce jour, les Etats-Unis, Israël et la Turquie s’accrochent à la croyance que les jours d’Assad sont comptés et refusent de reconnaître les avancées constantes faites par l’armée syrienne, au cours de sa contre-offensive, visant à déloger les rebelles de territoires qu’ils avaient conquis, en plus de deux ans de combats.
5. Cette lecture incorrecte de la capacité de survie du dirigeant syrien fait partie intégrante de l’omission d’Obama, Netanyahou et Erdogan de prendre la mesure et de contrer deux changements stratégiques fondamentaux qui submergent la région :
- a) Ils se tiennent à carreau, alors que Moscou, Téhéran et le Hezbollah approfondissent leur engagement militaire dans la lutte pour la survie d’Assad – qui commence par l’arrivée de personnel militaire russe en Syrie, pour manoeuvrer les missiles sophistiqués livrés par Moscou, jusqu’à ce que les équipes syriennes soient aptes à leur utilisation.
Ils n’ont pas levé le petit doigt pour interferer dans les transports aériens russes et iraniens quasi-quotidiens vers les bases aériennes syriennes, et y débarquer des brigades complètes de combattants d’élite du Hezbollah et des milliers de miliciens du Bassij iranien, qui contrôlent, à présent, des zones de guerre stratégiques.
Washington, Jérusalem et même la Jordanie n’ont strictement rien fait, quand 3000 membres irakiens de l'Asai’b al-Haq (Ligue des Vertueux) et du Hezbollah Kataïeb ont déferlé en Syrie à travers la frontière pour soutenir la guerre d’Assad contre la rébellion syrienne.
- b) Parce qu’ils ont gardé leurs distances, face à tous ces facteurs qui changent la donne en et autour de la Syrie, les Etats-Unis et Israël ont laissé passer leur chance de briser l’alliance Téhéran-Damas-Hezbollah. C’est cet objectif que l’Administration Obama avait fixé comme sa priorité et le prétexte pour éviter une action militaire contre l’Iran nucléaire.
C’est exactement le contraire que Washington a réalisé, par sa posture consistant à garder les mains blanches en Syrie : au lieu d’affaiblir la triple-alliance, Obama lui a permis de se renforcer de plus-values russes et irakiennes. Il n’est, donc, pas étonnant que Moscou, Téhéran, Damas et le Hezbollah se comportent comme les vainqueurs et se préparent pour la prochaine phase de la guerre syrienne, qui, si Téhéran et le Hezbollah ouvrent la route, évoluera vers une guerre de harcèlement contre Israël, lancée depuis le Golan syrien.
Le coup d’envoi a été tiré, mercredi 15 mai, par un front terroriste palestinien sous la tutelle syrienne, iranienne et du Hezbollah, qui a fait feu sur un poste d’observation militaire israélien sur le Mont Hermon. Cette attaque n’a reçu aucune réponse israélienne directe – proportionnée à l’agression.
6. Une guerre de harcèlement contre Israël, depuis le Golan ne serait, cependant, pas une expérience nouvelle, pour Damas ou Moscou. En 1974, de mars à mai, les forces syriennes, refusant d’accepter la défaite de leur offensive de 1973 contre Israël, avaient lancé une guerre de harcèlement féroce, depuis la même enclave, sur conseil de leur patron soviétique. Dans ce qu’on a, ensuite, appelé « la petite guerre », les forces syriennes ont maintenu le Golan israélien sous le feu de tirs de barrages intenses et ont tenté, à plusieurs reprises, de reprendre le Mont Hermon.
Le grand secret de ce conflit de courte durée consistait dans le déploiement, par l’Union Soviétique de deux brigades blindées cubaines sur le front du Golan, contre Israël, aéroportées depuis l’Angola. De la même façon, Damas avait été contraint à accepter un cessez-le-feu sur le Golan, qui a été observé depuis ce jour et jusqu’à présent.
Cette fois, la grande différence est que Moscou est en capacité de laisser la lourde charge d’une guerre limitée contre Israël à Téhéran et au Hezbollah.
Hassan Nasrallah du Hezbollah, a exprimé, dans l’un de ses discours fougueux, son empressement à faire du Golan son nouveau front de guerre contre Israël. Et, vendredi 17 mai, on a rapporté, depuis Téhéran, que le Guide Suprême, l’Ayatollah Ali Khamenei, avait confié au Commandant des Brigades al Qods, le Général Qassem Suleimani, la mission d’envoyer des troupes sur le Golan, pour déclencher les hostilités contre Israël.
Dès qu’elles débuteront, il sera difficile d’empêcher la violence de se répandre aux frontières d’Israël avec le Liban, de la Syrie en Turquie et depuis la Jordanie vers la Syrie et l’Irak.
DEBKAfile Analyse Exclusive 18 mai 2013, 2:30 PM (IDT)
Adaptation : Marc Brzustowski