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23 août 2012 4 23 /08 /août /2012 11:23

 


Par Philippe Abi-Akl | 23/08/2012

L'ancien ministre libanais, Michel Samaha, arrêté le 9 août 2012.
L'ancien ministre libanais, Michel Samaha, arrêté le 9 août 2012. vide
L’ÉCLAIRAGE

Tonnerre de Brest avec des cris de putois dans les relations officielles libano-syriennes après l’arrestation de Michel Samaha. C’est du moins ce qu’affirme l’un des ministres du gouvernement Mikati, en prenant pour preuve les campagnes politiques qui visent actuellement le président de la République, le Premier ministre et certains responsables de services de sécurité, à l’instar du directeur général des Forces de sécurité intérieure, le général Achraf Rifi, et du directeur de la section des renseignements des FSI, le général Wissam el-Hassan. La campagne contre le président Michel Sleiman est en effet montée d’un cran au lendemain de ses positions au sujet de l’affaire Samaha et de ses félicitations aux deux officiers des FSI pour avoir déjoué ce complot diabolique. Des sources politiques acquises au régime syrien ne cachent d’ailleurs pas leur malaise vis-à-vis de la démarche présidentielle : il eût été préférable, disent-elles, que le chef de l’État libanais réserve un sort à toute cette affaire en catimini, loin du vacarme médiatique ambiant. D’autant que Damas était fin prêt à crier au « complot cosmique » fomenté contre le régime, comme d’habitude, par les forces du 14 Mars – par l’intermédiaire d’Achraf Rifi et Wissam el-Hassan...


Tenu au courant de l’arrestation de Samaha et des premiers résultats de l’enquête, le président Sleiman s’est empressé de contacter son homologue syrien, Bachar el-Assad, pour en avoir le cœur net... surtout que le nom de Ali Mamlouk, numéro un de la sécurité nationale syrienne, est rapidement apparu au fil des aveux de Michel Samaha et des éléments de preuves recueillis contre lui. Selon des informations précises, Assad aurait promis au chef de l’État de faire la lumière sur toute cette histoire et de le contacter ensuite pour l’informer des résultats de son enquête personnelle.

Sleiman attend toujours...

 


Mais Damas ne s’est pas contenté d’observer un mutisme assourdissant sur l’affaire Samaha. Comme d’habitude, ce sont ses hommes de main locaux qui se sont chargés de passer à l’action pour saper la stabilité du pays, et ce malgré l’attitude du Hezbollah, hostile à toute démonstration publique de force et d’appui au régime et à toute action qui viserait à allumer le brasier de la discorde confessionnelle au Liban, comme l’a confié un responsable du parti à un responsable sécuritaire. Réserves auxquelles il faudrait toutefois ajouter un petit bémol : hostile à toute entreprise à haut risque, le Hezbollah l’est dans les circonstances actuelles, certes, mais uniquement dans le cas où il devrait se retrouver sur le devant de la scène. Par contre, agir discrètement en coulisses, jouer aux maîtres de marionnettes en agitant de petites officines armées comme ladite « aile armée du clan Moqdad » – pour torpiller le prestige de l’État, bloquer la route de l’AIB, menacer les Libanais et les Arabes sur les écrans de télévision et faire enlever des ressortissants syriens –, c’est une autre histoire... D’ailleurs, le porte-parole dudit « clan Moqdad » n’a pas caché ses affinités politiques. Mieux encore, de source sécuritaire bien informée, il s’avérerait que les miliciens en cagoules que les téléspectateurs libanais ont découvert sur leurs écrans ont veillé à se voiler le visage... non seulement parce que certains d’entre eux sont déjà recherchés par la justice, mais parce que d’autres assument des postes de responsabilité au sein d’un parti connu.


Le plus grave, cependant, reste le coup retentissant porté à la réputation du Liban dans le monde arabe et international, ainsi que le choc traumatique au plan interne suscité par la réapparition de scènes indignes du pays du Cèdre et que l’on croyait disparues à jamais. C’est d’ailleurs cela qui a poussé le président de la Chambre,Nabih Berry, à exprimer son indignation et sortir à son tour de son attentisme pour défendre le concept de l’État face à ces exactions : le tort porté à la communauté chiite et à l’image de la « résistance » a en effet été énorme.


Et ce n’est pas fini : pour couronner le tout, et en signes de représailles après l’arrestation de Samaha, le régime syrien a demandé à ses officines locales de diffuser des rumeurs concernant de nouveaux mandats d’arrêt qui seraient bientôt lancés par la justice syrienne à l’encontre d’une cinquantaine de personnalités libanaises, dont l’ancien Premier ministre Saad Hariri, le président des Forces libanaises, Samir Geagea, le chef du Front de la lutte nationale, Walid Joumblatt, l’ancien Premier ministre, Fouad Siniora, ainsi que plusieurs députés, dont Boutros Harb...


En bon pyromane, le régime Assad exploite tout ce qui pourrait lui permettre d’incendier le Liban, comme par exemple l’affaire des pèlerins chiites enlevés en Syrie. Le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, qui s’active pour trouver une fin heureuse à ce dossier, rejette le dérapage violent de ces derniers jours avec les enlèvements de ressortissants syriens. Pour lui, il est évident que de telles méthodes ne règleront pas le problème, mais contribueront au contraire à l’érosion du rôle positif de l’État en tant que négociateur. M. Charbel souligne ainsi que cette question doit être absolument réglée loin du sensationnalisme recherché par les médias et de la violence inqualifiable de la mise en scène des Moqdad, lesquels n’ont fait, en définitive, que du tort à une cause juste et au pays tout entier.

 

Autre exemple : la tension sectaire croissante à Tripoli, qui a de nouveau permis de mettre le feu aux poudres entre Bab el-Tebbaneh et Jabal Mohsen. Le front a été rallumé... à la suite d’un feu d’artifice par des enfants, qui a dégénéré en affrontements miliciens de rue à l’artillerie lourde, souligne ainsi une source sécuritaire.


Pour l’opposition, il est évident que les milieux du 8 Mars, dans leurs attaques répétées contre l’État, le président de la République et les chefs de certains services sécuritaires, ne font que suivre un mot d’ordre du régime syrien dans l’objectif de saper le prestige, la stabilité et la sécurité de l’État, et de réveiller les démons de la discorde. En contrepartie, de plus en plus de parties manifestent leur attachement à la stabilité et la sécurité du pays face à cette terrible machination. Le président Sleiman a ainsi appelé les autorités judiciaires et sécuritaires à agir sans plus tarder pour mettre fin aux enlèvements et sanctionner les coupables, dans la mesure, notamment, où il est inadmissible que quelques vandales finissent par déterminer la politique étrangère et interne du pays. Parallèlement, l’État œuvre d’arrache-pied avec les autorités turques pour garantir le retour des otages libanais en Syrie et pour obtenir la libération de tous les ressortissants enlevés par le clan Moqdad.


Car c’est désormais cela, le mot d’ordre général : restaurer le prestige de l’État et sa souveraineté interne et externe – face à l’offensive tous azimuts du régime syrien.
Avant qu’il ne soit trop tard !

 

Lire aussi

Feltman : « L’alignement public de M. Samaha avec les positions du gouvernement syrien a aggravé les inquiétudes au sujet des tentatives d’entraîner le Liban dans des événements régionaux »

 

Pour mémoire

Liban : Préserver l’illusion de la République

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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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