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26 novembre 2010 5 26 /11 /novembre /2010 15:25

 

editorialàGad

 

 

Liban/Corée du Nord/OTAN : les conflits-test se multiplient. La Turquie et l’Iran profitent des rivalités sino-américaines

 

 

Par Marc Brzustowski

 

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info

 


 

 La Corée du Nord a tiré une cinquantaine d’obus sur l’île de Yeonpyeong, le 23 novembre. L’incident, qui s'est répété le 26, a fait 4 morts et 17 blessés, civils et militaires. Il faisait immédiatement suite à la publication du rapport de l’expert de Stanford, Siegried Hecker, qui met en lumière l’exploitation de plutonium à partir de nouveaux sites. Le « pays du matin calme » -comme le prouve son agression contre son voisin du sud- redouble d’efforts dans sa course à l’armement atomique. Faisant preuve d’une coordination parfaite des programmes nucléaires, avec l’Iran, la Syrie et, vraisemblablement, la Birmanie, il n’est pas envisageable que ses attaques délibérées n’entrent pas dans une stratégie concertée avec les autres membres de l’alliance prolifératrice, parrainée par la Chine.

 

Les salves mortelles de Pyongyang font suite aux délibérations de l’OTAN à Lisbonne, qui n’ont rien trouvé de mieux, en matière de must de l’apaisement, que de confier la protection anti-missiles au plus fluctuant de ses membres : la Turquie. Ouvrant un autre front en Asie, la dynamique de la prolifération est relancée et affirme, de façon insolente, que la côte de maille du modèle occidental n’est que béances et fragiles immeubles de verre à Séoul ou Tokyo, comme les attentats du 11 septembre 2001 sur New York l’ont montré.

 

La proximité de l’Empire du Milieu explique mieux que les ripostes soient demeurées circonstanciées, malgré les appels de Naoto Kan, Premier Ministre japonais, à une réplique de grande envergure. Celui-ci s’est instantanément fait rabrouer par la Maison Blanche. Le Pentagone a aussi répondu sèchement à la demande du Ministre de la défense de Séoul, de déployer des missiles nucléaires tactiques pour se défendre de toute tentative de destruction massive. Militairement, les moyens et appétits de la Corée du Nord sont bien supérieurs à ceux de la Corée du Sud et la vie humaine y coûte infiniment moins cher. Comme dans le cas des deux Allemagnes, durant la guerre froide, le Sud libéral et développé exerce une fascination sans limite sur le Nord affamé. Mais, au lieu d’influer sur un changement mimétique de régime, elle ne fait, au contraire, que le radicaliser. Kim Jong Il doit accomplir, à travers la passation du pouvoir à son fils, le destin et les promesses pour lesquels la RPDK s’est constituée contre sa jumelle capitaliste.

 

Evitant toute entrée de plain-pied dans le conflit, les Etats-Unis offrent de fâcheux précédents à toute puissance émergente qui souhaiterait tester sa détermination, et ainsi affaiblir sa domination militaire et technologique. Les différentes fenêtres de dialogue entrouvertes, ici et là, renvoient vers l’arène diplomatique et économique, sans la moindre résolution des conflits et litiges allumés à dessein.

 

Ajoutons à cela la prime à l’insolence octroyée aux puissances agressives, comme l’offre de bouclier anti-missile de l’OTAN établi sur le territoire turc et régi par un général ottoman. L’Occident, mené par Obama et les Européens, aime adopter des postures de dhimmitude qui complaisent au Calife. Ses alliés les plus sûrs sont appelés, par divers processus diplomatiques, à se comporter comme des agneaux face aux appétences de leurs agresseurs. Dans ce cadre, la tirade tonitruante de Nicolas Sarkozy, appelant « un chat un chat » et disant que l’Iran est clairement la menace pour l’Europe, relève de l’effet de manche, face au tapis vert où toutes les cartes sont truquées. Israël, pas plus que la Corée du Sud, le Japon, le Liban souverainiste, ou les pays du golfe arabo-persique, ne peuvent compter sur Washington ni Bruxelles, pour ce qui concerne les lignes rouges de leur propre défense.

 

Erdogan, plus intéressé par le partenariat avec la Russie et l’Iran, peut ensuite venir parader à Beyrouth et menacer Israël qu’il ne « restera pas silencieux » en cas « d’agression  du Liban, comme de Gaza ». Ce qui signifie aussi qu’il relaiera selon ses intérêts régionaux les informations dont ses services disposent, auprès de ses partenaires iraniens et syriens. Il s’associe déjà au coup de force éventuel du Hezbollah contre le Gouvernement Hariri, qu’il maquille en risque imminent et réflexe de de résistance face à une invasion sioniste délibérée.

 

Qu'est-ce qui autorise encore ces calculs occidentaux autour d’Ankara? Ils ne tiennent qu’au pari sur l’affaiblissement du leadership iranien, grâce aux sanctions économiques et aux remous provoqués par le projet d’Ahmadinedjad de réduire progressivement les subventions accordées au peuple d’Iran. Si l’Iran basculait dans le charivari politique et empruntait la voie du réformisme islamique -plus ouvert sur l’Occident-, Washington pourrait, pense t-il, renverser en sa faveur les enjeux avec la Chine. Or, malgré les difficultés actuelles de la présidence Ahmadinedjad, face au Parlement et à la rue, celle-ci bénéficie toujours du soutien absolu du Guide Suprême Ali Khamenei. Pire, les litiges politiques et, désormais, judiciaires, n’empêchent absolument pas un total consensus autour des questions relatives à l’accession à la puissance nucléaire.  

 

Ainsi le dictateur-président s’est vu menacer d’une mesure d’empêchement par le Parlement iranien. Alors que le quorum de 74 signatures était nécessaire, 40 députés, cette fois, ont signé la pétition demandant son éviction. Mahmoud Ahmadinedjad est, également, responsable de 14 cas de violations de la loi iranienne, dont la contrebande de 76, 5 millions de barils d’une valeur de 9 milliards de $ et le retrait d’environ 600 millions de $ du fond de réserves étrangères, sans l’approbation des parlementaires.  Derrière ce volet judiciaire qui n’ira sans doute jamais à terme, Ahmadinedjad est, surtout, accusé de conduire le pays à la ruine. Le peuple, dans ces conditions d’isolement, n’aura pas les moyens de se priver des subsides de l’Etat, le chômage officieux se situant à 40% pour 25% déclarés, parmi les tranches les plus jeunes et potentiellement actives de la population. Là où le Président et ses porte-voix traitent avec dédain des sanctions comme d’une « plaisanterie », le Grand Ayatollah Nasser Makarem Shirazi et Hachemi Rasfandjani lui rétorquent que « ce n’est pas ce que le peuple voit de ses yeux ».

 

En contrepartie, la Chine a investi pour environ 40 milliards de $ dans la fourniture de gaz et pétrole iraniens et augmenté ses approvisionnements de 30% au cours de ces tous derniers mois. Un changement de Présidence ne signifierait pas un changement de régime ni de stratégie de long terme en Iran. Vraisemblablement composerait-il pour éviter la faillite et trouver un équilibre en jouant sur le velours des influences respectives de la Chine, des Etats-Unis et de la Russie, inquiète de ses vélléités sur la Caspienne. Le raffermissement stratégique de l’Axe turco-syrien sur la Méditerranée peut lui assurer un retour à la stabilité, à coups de concessions et de projets développés plus secrètement. Mais, si Ahmadinedjad se maintient, c’est simplement qu’il maîtrise parfaitement les débouchés offerts par les réseaux pasdaran, tant en matière de contrôle de l’économie effective du pays que de manipulation globale des filières terroristes. Sans ces accès directs qui sont les cartes maîtresses de son chantage sur la scène internationale, l’Iran ne saurait rivaliser avec l’Occident. Mais comme celui-ci ne lui met jamais comme garde-fous que des pays complices partageant les mêmes ambitions, ce type de régime peut, sans encombre, poursuivre sa route parsemée de provocations multiples.

 

La Chine est devenue la seconde puissance économique mondiale, devant le Japon, ancien dauphin depuis 40 ans, l’Allemagne, la France et le Royaume-Unis. La Russie n’apparaît plus que comme puissance secondaire, cependant renflouée par ses hydrocarbures et ses ventes d’armes. L'Empire du Milieu qui recouvre son prestige, est porteur d’un contre-modèle qui, tout en enrichissant une Upper-class, prétend pouvoir se passer de toute réforme politique, relative au pluralisme, à la distribution des richesses et aux droits de l’homme. Cette mandarinale locomotive entraîne dans son sillage bien des pays en recherche de développement, en-dehors de la sphère d’influence américaine. Elle peut se permettre le luxe de s’acheter les ports européens en faillite, en Grèce, au Portugal ou en Espagne, ceux de leurs homologues arabes, de l’autre côté de la Méditerranée, ou plus profondément en Afrique.

 

La flexibilité de l’Occident sur les dossiers où il se devrait, pour sa survie, d’être de marbre, trahit ses incertitudes face à ces évolutions où il n’est plus le maître du jeu. La prolifération se poursuit sous le parapluie diplomatique de Pékin, qui s’offre, pendant ce temps, des parts de marché. La sécurité de l’Europe, du Moyen-Orient et le retour de crise pour l’Amérique, dépendent autant de l’accent qui sera mis sur l’intelligence économique, diplomatique que militaire.

 

L’abstention et l’apaisement face aux défis nucléaires gémellaires iranien et coréen ne font qu'occasionner les actes de diversion qui progressent de concert et se substituent à toute dissuasion, rendue inopérante.

 

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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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