Mahmoud Al Mabhouh, un Roméo et Juliette à la Palestinienne
Par
Thérèse ZRIHEN-DVIR
http://therese-zrihen-dvir.over-blog.com/
L'assassinat de Mahmoud Al Mabhouh continue, évidemment, à faire la une dans les journaux et sur les sites d'Internet, comme si le monde éprouvait quelques ressentiments pour la perte d'un homme de valeur.
Sur Wikipédia, ce dernier apparaît comme "personnalité palestinienne." Comme le disait Victor Hugo, la définition d'un traître et d'un héros dépend du versant de la frontière sur lequel il se trouve.
Personne, ou très peu ont osé rapporter ses activités, en tant qu'un des leaders des Brigades Izz Al-Din Al-Qassam du Hamas, ses enlèvements et assassinats de soldats Israéliens, et son agenda encore plus consistant dans les trafics d'armes pour les milices de la terreur.
Dernièrement, Mabhouh a été, également, soupçonné d'avoir joué un rôle fondamental, visant à forger des contacts secrets entre les dirigeants du Hamas à Gaza et les milices d'Al-Quds de la garde révolutionnaire de l'Iran.
La semaine dernière, Galei Tashal révélait en ligne, l'existence d'une belle-soeur et neveux/nièces juifs dans la famille Mabhouh. Cela s'est passé au courant des années 1970, quand une jeune israélienne juive, nommée Esther, tomba amoureuse d'un habitant de la bande de Gaza, changea son nom, et fonda avec lui une famille.
Esther qui avait grandit dans un moshav au sud d'Israeë, s'appelle aujourd'hui Shéhira, et habite à Gaza. Sa fille est la belle-sœur de Mahmoud Al Mabhouh!
"Je n'ai rien à voir avec le Hamas ni avec le Fatah! Je vis ma vie et n'ai aucun contact avec ces organisations," a plaidé Shehira, durant son entrevue avec Galei Tashal. Cela commença en 1977, dans une usine de conserves Yaffomor à Ashdod. Esther, alors âgée de 21 ans, fit la connaissance de Naadi Zinadin, résident de Gaza, qui transportait des ouvriers de Gaza à l'usine.
Les deux tombèrent amoureux.
Esther quitta le toit de ses parents au moshav pour épouser Naadi et habiter avec lui à Gaza. Elle dût renoncer à sa citoyenneté israélienne, se convertir à l'Islam et prendre le nom de Shéhira. Le couple eut trois garçons et deux filles.
"Je ne voulais pas avoir des problèmes dans ma vie et cherchais à vivre une existence calme," explique Shéhira.
Plus tard, quand le prisonnier Hamas Fayik Al Mabhouh fut libéré des prisons israéliennes, après 15 ans d'emprisonnement, un ami le présenta à Haba, la fille d'Esther/Shéhira. Ils se marièrent et fondèrent une famille à Gaza.
"Nous fûmes informés qu'ils avaient une jolie fille. Nous nous rendîmes chez les parents pour demander sa main et nous renseigner sur les parents. J'ai tout de suite compris que la mère était juive de naissance," raconte Fayik Al Mabhouh.
Shéhira précise que son gendre est une bonne âme. "Nous n'avons jamais eu de problème avec lui. Depuis qu'il a quitté la prison, il a tout laissé de côté."
Fayik Al Mabhouh est le frère de Mahmoud Al Mabhouh, qui a été tué à Dubaï. Mahmoud Al Mabhouh savait que sa belle-sœur était juive. Shéhira et sa fille Haba aussi connaissaient le passé scabreux de la famille Mabhouh, notamment l'enlèvement et l'assassinat de deux soldats israéliens juifs : Avi Sasportas et Ilan Saadon. Pendant plus d'une vingtaine d'années, Mabhouh était membre de ce réseau qui avait enlevé et tué les deux soldats. Depuis, Mabhouh s'était enfuit de la bande de Gaza pour se joindre au Hamas à Damas.
"C'est une bonne famille. Le père, les frères et les sœurs ont fait des études à l'université," ajoute Shéhira.
D'après l'Islam, les enfants/petits enfants de Shéhira sont musulmans, mais la Halakha Juive reconnaît en eux des juifs. Ainsi, Mabhouh, l'assassin des deux soldats israéliens juifs, a des neveux juifs à Gaza.
"J'ai décidé de ne plus me livrer à ces activités," dit Fayik Mabhouh. "Si mon frère ne s'était pas chargé d'amener des armes, s'il en a jamais amené, chose dont je ne suis pas totalement convaincu, un autre s'en serait chargé. Avant mon frère, le conflit armé existait et se perpétuera après lui."
Chéhira maintient des contacts avec ses parents en Israël, particulièrement avec sa mère, malade. La dernière fois qu'elle la rencontra date de quatre ans, rapporta-t-elle.
Fayik aussi entretient des rapports téléphoniques avec la famille de sa femme.
"Ce sont des liens familiaux, je m'inquiète d'eux et je leur parle. Je l'appelle la grand-mère de mes enfants et quand ils grandiront ils connaîtront qui était leur grand-mère. Cela ni ne m'embarrasse, ni me fait honte et n'embarrassera pas mes enfants," poursuivit Fayik.
Quand les frontières sont franchies ou qu'elles s'estompent!
Thérèse Zrihen-Dvir.