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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 17:51

Manipulations du journal Le Soir sur les signes religieux : la polémique rebondit

 

Dans un article publié sur le site du R.A.P.P.E.L. (Réseau d’Actions pour la Promotion d’un État Laïque), Claude Javeau, Sociologue de réputation internationale et professeur de sociologie à l'Université Libre de Bruxelles, homme de gauche affirmé, revient sur l’étrange sondage du journal bruxellois Le Soir tendant à démontrer que les citoyens ne sont pas hostiles au foulard islamique.

Une manipulation destinée à être ultérieurement utilisée par les parlementaires hostiles à un bannissement des signes de l’Islam politique.

 

Un point de vue que nous relayons

 

Les Résistants

 

« Les Résistants » forment un réseau international  d’intervenants laïques, soucieux de combattre l’intégrisme musulman sous toutes ses formes.

 

http://www.le-rappel.be/FR/spip.php?article90

 

 

Un sondage (très) tendancieux

 

 

A la une du Soir des 20 et 21 février derniers, un large titre, barrant la quasi-totalité de la page : « Le port du voile dérange moins de 10% des Belges ». Il s’agirait du principal enseignement d’un « sondage exclusif », commenté dans le sous-titre de la manière suivante : « Face au port des signes religieux, c’est la tolérance qui domine. Sauf pour la burqa, majoritairement rejetée ».

 

Voyons cela de plus près. Et d’abord du point de vue technique. Sous trois tableaux statistiques résumant les résultats de l’enquête, p. 4, un très court texte rédigé en petits caractères nous apprend que l’officine spécialisée Dedicated Research a mené du 12 au 18 janvier 2010 un sondage auprès de 1.205 personnes, chiffre non justifié, censées constituer un échantillon « représentatif » de la population belge de 16 à 75 ans, interrogées par téléphone. La population de référence n’est pas celle qui est qualifiée de « belge », mais celle des personnes ayant accès à un téléphone, que l’on suppose être du type « fixe » ! En outre, je mets au défi quiconque de m’indiquer comment prouver qu’un interlocuteur, au téléphone, est d’une nationalité donnée et appartient à une tranche d’âge donnée. Les déclarations des répondants ne peuvent évidemment servir de garantie. Peut-être la distorsion est-elle faible, mais le risque existe, qui empêche d’attribuer à ce sondage, comme à bien d’autres, un label de scientificité.

 

Le sondage a consisté en trois questions :

 

1. êtes-vous dérangé … par le port de signes religieux distinctifs ? (question posée à tous les sondés)

 

2. Affichez-vous des signes religieux distinctifs de votre religion ? (question posée à tous les sondés)

 

3. Pourriez-vous me dire le(s)quel(s) vous dérangent ? (question posée aux seuls sondés se déclarant dérangés par certains signes distinctifs).

 

Abordons une critique sémantique de ces questions. Tout d’abord, qu’est-ce qu’un « signe religieux distinctif » ? Le tableau reprenant les réponses à cette question ne propose aucune illustration de cette notion. Or, entre une petite croix ou une étoile de David pendant discrètement à un collier et une burqa, la variabilité est considérable. Il y a bien un item libellé « seulement certains signes distinctifs », mais sans aucune précision. Une kippa ou l’uniforme complet des Juifs ultra-croyants ? Un bandana en guise de voile ou un tchador ? Une croix au revers du veston, s’agissant d’un clerc catholique, ou une soutane ?

 

En second lieu, que signifie « être dérangé » ? Il en est, dont je suis, que le port du foulard dit islamique ne « dérange » pas dans la rue, mais dérange s’il s’agit d’une agente des services publics ou d’une élève dans l’enseignement obligatoire. Aucune nuance de ce genre n’est proposée par le sondage. Du reste, on peut être « dérangé » par d’autres signes que religieux, comme certains insignes politiques portés de manière provocante : croix gammée ou épinglette avec le portrait de Mao, par exemple.

 

Le dernier tableau reprend, pour les répondants s’étant déclarés « dérangés » (15% de l’échantillon, ce qui peut apparaître discutable), huit illustrations de « signes distinctifs », de la croix chrétienne à la burqa. Si la première n’est rejetée que par 2% de l’ensemble des répondants, la dernière l’est par 91%. Ce sont les personnes ayant déclaré ne professer aucune religion qui sont les plus hostiles à cet égard, avec 94% de leurs réponses. Notons que le niqab n’est rejeté que par 54% des répondants, et le hijab, par 24%. D’où la conclusion affichée de manière tonitruante par le quotidien : « le signe religieux dérange peu ». Est-il curieux de constater que c’est celui de ces signes qui est le moins souvent rencontré, en l’occurrence la burqa, qui est le plus rejeté ? Comme dans beaucoup d’enquêtes de ce genre, on a affaire à ce que les sociologues appellent des attentes normatives, sans doute couplées ici à une certaine dose d’ignorance.

 

Qu’est-ce que Le Soir a voulu prouver avec ce sondage mal ficelé, tant du point de vue technique que du point de vue sémantique ? On ne s’étonnera pas de constater que le signataire de l’article traitant dudit sondage est Ricardo Gutierrez, qui s’est souvent signalé par des prises de position communautaristes et anti-laïques. Est-il vraiment certain, comme il l’écrit, qu’en Belgique « la tolérance domine » ? Se référant à une enquête réalisée en 2007 par le Centre de psychologie de la religion de l’u.c.l., dont les résultats étaient fort différents (plus de la moitié des Wallons et Bruxellois s’y déclaraient hostiles au port du foulard islamique), l’auteur de l’article, que cette contradiction n’a pas l’air d’émouvoir, affirme que le racisme est le « facteur prédictif le plus déterminant du rejet du foulard. Ce qui ne signifie évidemment pas que tous ceux qui s’opposent au port du foulard islamique sont racistes ». Soulignons que le sondage du Soir ne propose aucune évaluation de positions racistes éventuelles. Cela dit, remercions Ricardo Guttierrez, tous ceux et celles qui, comme moi, sont parfois dérangés par le port de signes religieux très distinctifs, ne sont pas, selon lui, nécessairement racistes. Ouf !

 

Claude Javeau

 

 

 

 

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commentaires

F
<br /> Portez un foulard en soie et la polémique s'en va! En tout cas plus sérieusement je partage voir vision du sujet.<br /> <br /> <br />
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G
<br /> Perspective scientifique très intéressante! Merci Michel Thys.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Merci à Claude JAVEAU d'avoir expliqué les raisons pour lesquelles ce "sondage" ne reflète pas la réalité sociologique.<br /> Je suggérerais même une raison supplémentaire : bien que le port du voile islamique, en rue, soit évidemment légal, certains "sondés", afin de ne pas paraître intolérants, voire racistes, ne se<br /> déclarent-ils pas "non dérangés" ?<br /> <br /> Je (me) pose une question, fondamentale à mes yeux :<br /> Vraiment libres, les musulmanes voilées ?<br /> <br /> Je respecte l’opinion de ceux qui pensent que oui, mais je voudrais, sous forme interrogative et sans chercher à les convaincre, proposer un point de vue différent.<br /> Exception faite des rares musulmanes dont le père ou le mari est progressiste et accepte la liberté individuelle, et, dans le cas contraire, de celles qui ont le courage de ne pas leur obéir, les<br /> musulmanes de chez nous, même universitaires, et quoi qu’elles en pensent et en disent, portent-elles le voile islamique (et a fortiori la burqa/niqab) "en toute liberté" ?<br /> Ou bien sont-elles contraintes de se soumettre au coran, aux traditions et au pouvoir patriarcal fondamentalistes ?<br /> <br /> N'ont-elles pas été conditionnées dès l'enfance à la soumission au point d'être sincèrement convaincues d'être libres ?<br /> Ont-elles eu la possibilité de changer de religion, ou de choisir le déisme, ou l’agnosticisme, ou l’incroyance, ou l’athéisme, conformément à l’article 18 de la Déclaration Universelle des Droits<br /> Humains de 1948 ? : "Toute personne a droit à la liberté de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction (...)".<br /> Certes, la liberté de conscience et de religion est inscrite dans la Constitution, mais ses conditions d'émergence sont-elles effectives ?<br /> A mes yeux, il est évident que non. J'ai donc cherché à comprendre pourquoi.<br /> <br /> Les observations psycho-neuro-physio-génético-cognitivo-éducatives (notamment sur des religieuses carmélites canadiennes) tendent, me semble-t-il, à relativiser la part de liberté individuelle et à<br /> confirmer que la liberté de croire ou de ne pas croire est souvent compromise, à des degrés divers. D'abord par l’imprégnation de l’éducation religieuse familiale, forcément affective puisque<br /> fondée sur l’exemple et la confiance envers les parents; ensuite confortée par l’influence d’un milieu culturel unilatéral excluant toute alternative laïque non aliénante.<br /> <br /> D’ailleurs, a contrario, en l’absence d’éducation religieuse, la foi n’apparaît pas spontanément, et la religiosité à l’âge adulte en dépend, comme l’avait déjà constaté en 1966 le<br /> psychologue-chanoine Antoine VERGOTE. Son successeur Vassilis SAROGLOU le confirme.<br /> La soumission à un dieu et à des textes "sacrés", imposée dès l'enfance, est certes commune, à des degrés divers, aux trois religions monothéistes, mais elle est hélas totale dans l'islam.<br /> L'alternative de l'autonomie et de la responsabilité individuelle proposée par l'humanisme laïque y est totalement occultée et l'apostasie théoriquement punie de mort ...<br /> <br /> Comme on pouvait le prévoir, des neurophysiologistes ont constaté que chez le petit enfant, les amygdales (du cerveau émotionnel) sont déjà capables, dès l’âge de 2 ou 3 ans, de stocker des<br /> souvenirs inconscients (donc notamment ceux des prières, des cérémonies, des comportements religieux des parents).<br /> Ces « traces » neuronales sont indélébiles ... L’ IRM fonctionnelle tend à confirmer que le cortex préfrontal et donc aussi bien l’esprit critique que le libre arbitre ultérieurs s’en trouvent «<br /> anesthésiés » à des degrés divers, indépendamment de l’intelligence et de l’intellect, du moins dès qu’il est question de religion. Cela expliquerait qu’au-delà de 25 ans environ, il devient<br /> difficile, voire impossible, de remettre en question ses options fondamentales, quelles qu’elles soient, et donc l’imperméabilité des croyants à toute argumentation rationnelle ou scientifique,<br /> sans doute pour ne pas se déstabiliser (cf les créationnistes : "S'il n'y a pas eu "Création", tout le reste s'écroule !" (Pasteur Philippe HUBINON à la RTBF).<br /> <br /> Le neurobiologiste Henri LABORIT l’avait bien compris :<br /> « (...), Je suis effrayé par les automatismes qu'il est possible de créer à son insu dans le système nerveux d'un enfant. Il lui faudra, dans sa vie d'adulte, une chance exceptionnelle pour s'en<br /> détacher, s'il y parvient jamais.(...) Vous n'êtes pas libre du milieu où vous êtes né, ni de tous les automatismes qu'on a introduits dans votre cerveau, et, finalement, c'est une illusion, la<br /> liberté ! ».<br /> On comprend que, dans ces conditions, certains athées comme Richard DAWKINS, ou certains agnostiques, comme Henri LABORIT, au risque de paraître intolérants, aient perçu l’éducation religieuse<br /> précoce, bien qu’a priori sincère et de « bonne foi », comme une malhonnêteté intellectuelle et morale.<br /> <br /> La neutralité de l’Etat ne devrait pas être synonyme d’indifférence, voire de laxisme.<br /> Dans le but de réduire les inégalités socioculturelles, l’école - enfin devenue pluraliste - devrait dès lors compenser l’influence des parents, certes légitime et constitutionnelle mais<br /> unilatérale, par une DOUBLE information minimale, objective et non prosélyte : d’une part, au cours d’histoire ou de philosophie, sur le « fait religieux » ET d’autre part, sur le « fait laïque<br /> ».<br /> <br /> La laïcité philosophique, si elle refuse toute référence transcendantale, n’est pas pour autant antireligieuse et elle ne prône évidemment pas l'athéisme. Elle souhaite seulement que le choix des<br /> convictions philosophiques OU religieuses devienne plus effectif que théorique et symbolique …<br /> Cela permettrait enfin d’améliorer l’adaptation des jeunes à l’actuelle pluralité des cultures et des convictions et de tendre ainsi vers un meilleur « vivre ensemble » ainsi que vers une<br /> citoyenneté responsable.<br /> <br /> Michel THYS, à Waterloo.<br /> http://michel.thys.over-blog.org<br /> <br /> Mes hypothèses explicatives quant à l’origine psychologique et éducative de la foi, ainsi que sa fréquente persistance neuronale sont le résultat de nombreuses lectures. Notamment :<br /> <br /> - Antoine VERGOTE, chanoine, « Psychologie religieuse », du, Ed. Dessart 1966.<br /> ancien professeur à l’Université catholique de Louvain..<br /> - Vassilis SAROGLOU (son successeur) & HUTSEBAUT, D<br /> « Religion et développement humain »,. 2001.<br /> - Patrick JEAN-BAPTISTE « La biologie de dieu » 2003 Agnès Viénot 2003.<br /> - Jean-Didier VINCENT : « Voyage extraordinaire au centre du cerveau » Odile Jacob 2007.<br /> - V.S. RAMACHANDRAN « Le fantôme intérieur ». Odile Jacob 2002.<br /> - Jean-Pierre CHANGEUX « L’homme neuronal »1993, « L’homme de vérité » 1994<br /> - Pascal BOYER « Et l’homme créa les dieux ».<br /> - Antonio DAMASIO « L’erreur de Descartes »2001 et « Spinoza avait raison’.<br /> - Henri LABORIT « Une vie » 1996 « Derniers entretiens »<br /> - Mario BEAUREGARD « Du cerveau à Dieu » « The spiritual brain »<br /> - Michaël PERSINGER « On the possibility of directly accessing every human brain by<br /> electromagnetic induction of fundamental algorythms ».1995.<br /> - Paul D. Mac LEAN « Les trois cerveaux de l’homme » 1990.<br /> - Joseph LEDOUX « Emotion, mémoire et cerveau » 1994.<br /> - John SAVER & John RABIN « The neural substrates of religion experience » 1997.<br /> - Francis CRICK « Une vie à découvrir »<br /> - Via Internet : « Le cerveau à tous les niveaux ».<br /> Etc …<br /> <br /> <br />
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G
<br /> Et n'oublions pas que le déguisement, cagoulé, n'est autoriser que pendant la prériode de carnaval.<br /> Nous avons bien vu que revetus de bouquas, des voleurs se sont introduis dans une banque, et on immobiliser clients et employés, en sortant de dessous leurs burquas des pistolets pour braquer les<br /> gens présents Les lois existent, çà n'est pas pour rien.Shavoua tov Gerard David<br /> <br /> <br />
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Magie de la langue hébraïque


A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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