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22 décembre 2010 3 22 /12 /décembre /2010 12:38

       

 

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http://www.michelgurfinkiel.com/articles/333-Medias-Letrange-affaire-Wikileaks.html

 

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Médias/ L’étrange affaire Wikileaks

 

Les documents publiés par le « site de fuites » Wikileaks révèlent que tout le monde veut en finir avec l’Iran. Faut-il croire pour autant à une opération du Mossad ?

 

 

PAR MICHEL GURFINKIEL

 

 

Wikileaks a été créé voici quatre ans, en décembre 2006. Un réseau informel de journalistes et de blogueurs, dirigé par un jeune Australien, Julian Assange, décide de diffuser gratuitement, par le biais d’internet, des informations dites « confidentielles » de toute nature, afin de renforcer le débat démocratique là où il existe et de le susciter là où il n’existe pas. Une sorte de Canard Enchaîné planétaire en ligne A l’appui de cette action : l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui affirme : « Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit. » Mais aussi, aux Etats-Unis, le Premier Amendement de la Constitution, qui garantit et protège le droit à l’expression. 

 

Ce n’est pas le premier site de ce type et ce ne sera pas le seul. Mais c’est, à ce jour, le plus efficace. Dès avril 2007, Wikileaks publie des scoops retentissants sur la corruption au Kenya, qui valent à Assange un prix décerné par Amnesty International. Ce succès appelle le succès : il encourage d’autres informateurs à transmettre des dossiers. En 2009, le site fait voler en éclats le consensus qui entoure le réchauffement climatique : en publiant des e-mails et d’autres documents émanant du Climate Research Unit, un organisme centralisant les recherches sur ce sujet. Ces éléments révèlent en effet que certains scientifiques n’hésitent pas à manipuler ou à falsifier les données dont ils disposent afin de renforcer l’hypothèse selon laquelle le réchauffement serait principalement du aux activités humaines.

 

En 2010, les scoops s’enchaînent. Et ils sont de plus en plus dévastateurs. Wikileaks révèle que deux photographes de Reuters morts à Bagdad en 2007 ont été tués par l’armée américaine. Il diffuse 91 000 documents secrets relatifs à la guerre d’Afghanistan puis près de 400 000 documents relatifs à la guerre d’Irak. En fin, courant novembre et début décembre, c’est l’affaire des télégrammes diplomatiques, immédiatement baptisée Cablegate : 250 000 courriers internes du Département d’Etat américain, portant en particulier sur deux sujets,  la personnalité des chefs d’Etat ou de gouvernement étrangers et le péril iranien. Cette fois, les plus grands journaux occidentaux n’hésitent plus à reprendre ces informations.

 

Le gouvernement américain ne peut que contre-attaquer face à une telle hémorragie. Le secret est consubstantiel au pouvoir. Sans lui, un Etat ne peut remplir sa fonction par excellence : assurer la sécurité du pays et des citoyens, par la guerre ou la négociation. Mais la publication d’informations confidentielles, en soi, est bel et bien autorisée par la loi aux Etats-Unis et dans beaucoup de pays occidentaux. Les précédents,  à cet égard, ne manquent pas, notamment la publication de documents du Pentagone lors de la guerre du Vietnam, au début des années 1970. En revanche, ce qui peut être tenu pour criminel et relever, le cas échéant, de la haute trahison, c’est l’appropriation de ces informations et leur transfert à un média, y compris un site tel que Wikileaks : un des principaux collaborateurs d’Assange a été arrêté sous ce chef aux Etats-Unis et d’autres inculpations pourraient être décidées à brève échéance.

 

Au delà de cette contre-attaque judiciaire, Washington semble avoir monté une contre-attaque plus directe contre le site, en incitant ses hébergeurs à le fermer, ou en faisant arrêter Assange en Grande-Bretagne dans le cadre d’une affaire de moeurs examinée par la justice suédoise… Assange a été rapidement remis en liberté. Mais les poursuites ne sont pas éteintes pour autant.

 

La question que chacun se pose : Wikileaks travaille-t-il pour quelqu’un ? A-t-il un sponsor, obéit-il à un mentor occulte ? Certains milieux officieux, notamment en France, n’hésitent pas à mentionner Israël, en vertu du vieil adage : Cherchez à qui le crime profite. Le Cablegate révèle que l’Iran est considéré comme un danger absolu par la plupart des dirigeants arabes et une bonne partie des décideurs stratégiques occidentaux ; et accessoirement que les procrastinations de l’administration Obama à ce sujet suscitent beaucoup d’inquiétude dans les mêmes milieux. Rendre publics ces débats entre gouvernements, ou  internes à divers gouvernements, pourrait donc contribuer à créer un consensus, dans l’opinion publique internationale, en faveur d’un blocus de la République islamique, ou d’une opération militaire contre ses installations nucléaires ; ou convaincre le président américain à passer à l’action.

 

Cette interprétation est séduisante mais peu convaincante. Les Israéliens n’ont pu créer Wikileaks dans un tel but. Pour monter et déployer à partir de 2006 une opération complexe devant aboutir en 2010, ils auraient du commencé à travailler, au moins sur le concept, deux ou trois ans plus tôt, vers 2004 ou 2003 : à une époque où internet n’avait pas encore atteint son développement actuel, où des opérateurs « neuronaux » comme Google et Wikipedia n’avaient pas encore acquis leur indépendance, où la blogosphère venait à peine de se constituer, et – last but not least – où les pays arabes n’avaient pas encore pris mesure de la menace iranienne. Absurde.

 

Les Israéliens se seraient-ils « emparés » d’un site qu’ils n’auraient pas créé ? Il aurait fallu, dans cette hypothèse, que les Israéliens organisent le vol de centaines de milliers de documents aux Etats-Unis. Ils ont sans doute la capacité technique d’espionner leurs amis américains. Mais il y a une différence énorme entre se procurer un document secret et le publier : dans la première opération, on se cache ; dans la seconde, on se montre. Toute « fuite » entraine une enquête. Et conduit, presque infailliblement, à la découverte des responsables. Israël ne pouvait se permettre de prendre un tel risque aujourd’hui, après l’affaire Pollard de 1985, cas d’espionnage avéré, et l’affaire Rosen de 2005, qui s’est conclue sur un non-lieu mais a ravivé les trensions et les suspicions, d’autant plus qu’il a besoin, face à un président relativement hostile, du soutien le plus large de la classe politique et de l’opinion américaines.

 

Les Israéliens auraient-ils payé Wikileaks, ou certains de ses dirigeants, pour empêcher la publication de documents pouvant leur nuire ? C’est ce qu’affirme Leah Abramovitch, une « journaliste israélienne », dans des propos diffusés sur internet. Mais cette personne est inconnue dans son pays, et l’adresse électronique qu’elle met en avant ne fonctionne pas. Elle prétend tenir ses informations de Daniel Domscheit-Berg, qui vient de quitter Wikileaks après en avoir été, pendant trois ans, le porte-parole. Mais ce dernier a déclaré au magazine français Le Point : « Non seulement je n’ai parlé à aucune journaliste de ce nom au cours des derniers mois, mais surtout je n’ai jamais rien dit de tel à quiconque. » Enfin, Wikileaks a bel et bien publié des informations défavorables à l’Etat hébreu : par exemple un rapport d’après lequel des « escadrons de la mort » israéliens auraient assassiné près de sept cents scientifiques irakiens.

 

Benjamin Netanyahu, le premier ministre israélien, a sans doute accueilli sans déplaisir la publication de documents fiables montrant que les décideurs occidentaux et arabes sont en fait plus proches d’Israël qu’il ne le disent, notamment sur la question iranienne. Mais cette mise en ligne est une arme à double tranchant. Elle peut renforcer, dans une partie de l’opinion, la volonté de désarmer l’Iran. Mais également susciter, dans une autre partie, un refus plus catégorique de toute « aventure » militaire. A plus forte raison chez les Arabes. Leurs dirigeants ne font pas mystère de leurs sentiments à l’égard de l’Iran dans leurs conversations avec des ambassadeurs américains – le roi d’Arabie Saoudite parle de « couper la tête du serpent » - ;  mais ils n’osent généralement pas adopter la même attitude en public, par crainte de leur propre opinion, où l’anti-occidentalisme est plus fort que l’anti-iranisme. De fait, les agences de presse iraniennes diffusent depuis plusieurs mois des informations exactes sur la coopération militaire triangulaire entre les Etats-Unis, les pays arabes et Israël, dans la mesure où celle-ci peut être considérée comme une « trahison envers la Communauté islamique ». Ces méthodes ressemblent d’assez près au « grand déballage » Wikileaks.

 

Il est assez improbable que Wikileaks travaille pour Israël, n’en déplaise aux excellents journalistes et analystes qui ont avancé cette hypothèse. Il est moins improbable, à tout prendre, que ce site travaille pour l’Iran. Mais l’hypothèse la plus sérieuse, c’est qu’il n’agit que pour sa propre gloire, ou si l’on préfère l’ivresse de se mesurer aux plus grandes puissances du monde. Un comportement humain, trop humain, et plus fréquent qu’on ne croit.

 

© Michel Gurfinkiel, 2010

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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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