25.04.10
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Paul Schaefer, l'ancien nazi qui avait fondé la Colonia Dignidad de sinistre mémoire dans le sud du Chili, est mort samedi en prison, où il était incarcéré pour violations des droits de l'Homme et abus sexuels sur enfants pendant les années de la dictature du général Augusto Pinochet.
Paul Schaefer.
PHOTO: AP , JPOST
Paul Schaefer, 89 ans, était soigné dans l'hôpital de la prison, selon le communiqué de l'administration pénitentiaire, qui attribue sa mort à une insuffisance cardiaque causée par un rétrécissement de l'aorte.
Un espace "hors droit"
Exilé au Chili en 1961, Schaefer a fondé cette enclave coupée du monde à 340 km au sud de Santiago, où vivaient plusieurs centaines d'Allemands et de Chiliens. Dans cette étrange Colonie, il laissait libre cours à sa nostalgie du "Reich de mille ans", vivait entouré d'enfants et imposait un régime cruel aux pratiques sectaires à des habitants réduits quasiment en esclavage. Dans cet espace "hors-droit" s'était également installée une prison clandestine par la police politique de Pinochet, où des dissidents furent arrêtés, torturés et exécutés pendant les années de la dictature.
Selon les témoignages d'anciens résidents, à la "Colonia Dignidad", les couples étaient obligés de vivre séparés, les enfants éloignés de leurs parents. Ceux qui désobéissaient au chef étaient soumis à des électrochocs, de fortes doses de tranquillisants et de longues périodes d'isolement. A son maximum, Dignidad a compté 200 Allemands et 300 Chiliens, contraints à parler allemand. Certains "devenaient de véritables esclaves de Schaefer, des robots consacrés uniquement à lui obéir", ont raconté d'anciens membres dans la presse en 2006, reconnaissant les violations des droits de l'Homme à la Colonie et présentant des excuses publiques.
"Un passé difficile"
Après la fin de la dictature de Pinochet, confronté à des dizaines d'accusations d'abus sexuels sur enfants, Schaefer finit par fuir le pays en 1997, avant d'être arrêté en Argentine en 2005 et extradé vers le Chili. En 2006, il fut condamné à 20 ans de prison pour abus sexuels sur 20 enfants de la Colonia Dignidad, et à trois ans de plus pour possession d'armes illégales. En 2008, il fut à nouveau condamné pour tortures infligées à sept détenus dans la prison secrète de la dictature à Dignidad, ainsi que pour l'empoisonnement mortel d'un membre des services de sécurité passé à la dissidence.
Le porte-parole de ce qui reste de la Colonia Dignidad a fait part de sa tristesse, mais affirmé que l'enclave n'a aujourd'hui plus rien à voir. "Tout ce qui existe aujourd'hui n'a plus rien à voir avec le système hiérarchique, autoritaire qu'il y a eu à cette époque", a déclaré Martin Matthusen à la radio Cooperativa. "Ca reste difficile, parce qu'un passé si difficile ne se surmonte pas en peu de temps."