L’Iran et l’effet Hecker sur la Corée du Nord
DEBKAfile Exclusive Analysis November 22, 2010, 4:54 PM (GMT+02:00)
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Adaptation : Marc Brzustowski
Pour © 2010 lessakele et © 2010 aschkel.info
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Prof. Siegfried Hecker de l’Université de Stanford
Les 2000 centrifugeuses en activité visant à produire de l’uranium utilisable comme carburant pour les bombes nucléaires, dont la Corée du Nord s'est vanté durant la visite, le 12 novembre, du Professeur Siegried Hecker de l’Université de Stanford, ont démontré aux services de renseignements américains et occidentaux que Pyongyang avait orienté son programme d’armement vers la fabrication d’uranium enricihi.
Le scientifique américain en visite a jugé que les installations de plutonium qui ont produit un arsenal nord-coréen estimé entre 8 et 12 bombes nucléaires avait été mises en sommeil.
A la lumière du rapport Hecker, l’Amérique et Israël ne peuvent s’empêcher de soupçonner que l’Iran, avec sa furtivité caractéristique, peut avoir déjà réalisé une telle transformation. Après tout, les programmes nucléaires nord-coréens, iraniens et syriens ont collaboré étroitement durant la dernière décennie et maintiennent une relation d’échanges de procédés en développement qui devient progressivement plus intense.
Les sources du renseignement de Debkafile remarquent que Téhéran maintient une mission militaire permanente à Pyongyang en contrepartie d’une mission permanente nord-coréenne à Téhéran. Leur tâche fondamentale est de conserver les flux de technologie nucléaire ininterrompus entre leurs deux programmes et d'être sûrs qu’ils bénéficient réciproquement des innovations de chacun. De cette façon, ils évitent de dupliquer les recherches et gagnent du temps et de l’argent. Dans son rapport, le Prof. Hecker écrit : « J’avais fait état au préalable de ma préoccupation au sujet de la coopération potentielle et des échanges dans le domaine des technologies de l’uranium entre la Corée du Nord et l’Iran ».
Nos sources insistent sur le fait que Pyongyang, Téhéran et Damas partagent plus que la technologie ; ils se font la même représentation du nucléaire et de leurs stratégies diplomatiques propres qu’ils coordonnent. C’est une alliance nucléaire très unie, le trio défie les Etats-Unis et cherche à mettre en cause le niveau à partir duquel ils dictent quels pays sont appelés à être des puissances en droit de posséder l’arme nucléaire et lesquels ne le sont pas.
Ce bloc n’est pas apparu spontanément ; il a été secrètement ébauché par la Chine comme un instrument visant à affaiblir l’Amérique en tant que puissance militaire.
Depuis dix ans, Washington a tenté de persuader Pékin de mettre un coup d’arrêt aux entreprises nucléaires hasardeuses de Pyongyang. Pour détourner l’attention de ce manque de réussite, les analystes américains essaient de lier la publication des avancées nucléaires de la Corée du Nord du Prof. Hecker, comprenant les travaux sur un réacteur à eau légère, comme ayant fait un bond en avant au cours de la guerre de succession et du fait de la volonté de Ki-Jong-Il d’impressionner l’armée au sujet des compétences de son fils Kim-Jong Un en matière nucléaire.
Selon les analystes de Debkafile, la logique de Pyongyang va beaucoup plus loin :
Bien que traité par l’Occident comme un Etat-paria handicapé par une économie en faillite, la Corée du Nord s’est débrouillée pour développer deux programmes nucléaires avancés alimentés au plutonium et désormais à l’uranium enrichi et pour exporter ses technologies vers l’Iran, la Syrie et, selon ce que pensent certaines sources du renseignement asiatique, vers Myanmar.
Les sanctions initiées par le Président George W. Bush et son successeur à la Maison Blanche, Barack Obama ont été sans effet réel à cause du soutien de la Chine. Pékin a enlisé dans les sables les directives d’Obama de stopper la prolifération nucléaire, tout en développant ses intérêts stratégiques à Téhéran à un niveau comparable à ce qui est actuellement en jeu à Pyongyang.
Selon des personnalités de l’OPEP, le pétrole vendu par l’Iran à la Chine a augmenté de 30% durant les derniers mois, à 597 800 barils par jour. Agressif dans sa quête d’énergie, Pékin fera tout ce qui est en son pouvoir pour protéger ses sources et ses voies d’approvisionnement.
Le 10 novembre, Tong Xiaoling, responsable chinois de haut-rang a déclaré que son gouvernement devrait augmenter ses investissements dans le développement des champs de pétrole et de gaz iraniens et construire des raffineries. Ces investissements ont déjà dépassé le cap de 40 milliards de $.
Par conséquent , en ce moment, étant donnés les calculs de la Chine, l’intérêt de la Corée du Nord à vendre des technologies nucléaires pour obtenir coûte que coûte des devises étrangères et la poursuite inlassable d’armes nucléaires par l’Iran, il ne devrait pas être très difficile d’anticiper que Téhéran suivra l’exemple effronté de Pyongyang avant longtemps. Un expert nucléaire occidental ou arabe peut bien être invité pour jeter un coup d’œil à une installation nucléaire avancée –et prohibée- ou à des procédures jusqu’alors ignorées par le renseignement occidental, cela n'empêche nullement le pays de trouver moyen de l’afficher fièrement comme un fait accompli. Non seulement la Corée du Nord tend à obtenir la technologie nucléaire et balistique nord-coréenne et à la diffuser, mais l’effet Hecker la renforce également, du simple fait que rien ne se passe concrètement à la suite de sa visite.
Le lundi 22 novembre, les questions adressées à l’administration Obama au sujet du rapport du professeur ont eu droit à cette réponse : “Les Etats-Unis et ses alliés ont accusé, lundi, la Corée du Nord d’être un danger pour la région après qu’elle ait exhibé ses dernières avancées en matière d’enrichissement d’uranium, mais Washington laisse toujours la porte ouverte à des négociations. Les Etats-Unis espèrent toujours réanimer les discussions avec les 6 pays parties prenantes au sujet des installations nucléaires du Nord, basées à Pyongbyon.
Plus proche de la ligne de feu – et de ce fait bien plus réaliste – le Ministre de la Défense sud-coréenne Kim Tae-Young a déclaré que son pays pourrait envisager de déployer des armes nucléaires américaines tactiques sur son territoire, pour la première fois en 19 ans, à la lumière de la dernière escalade provoquée par la Corée du Nord.