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26 mai 2013 7 26 /05 /mai /2013 16:11

 

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Par Maître Bertrand Ramas-Mulhbach

 

 

Pour © 2013 lessakele



Le cinéaste palestinien Hany Abu-Assad (né à Nazareth en 1961) a présenté son film « Omar » au festival de Cannes dans la catégorie « Un Certain Regard ». Le film montre (comme tous ceux qui traitent de la question), une «occupation israélienne » d’un « territoire palestinien » et une résistance qui essaie de s’en défaire : trois jeunes palestiniens (dont Omar et  Tarek, frère de Nadia) décident de créer une cellule de résistance et, lorsque l’un d’eux lance : « On ne devient pas résistant juste en observant », un autre assassine un soldat israélien choisi au hasard.
Il s’en suit une réaction israélienne musclée qui conduit à l’arrestation de l’auteur du meurtre et à la découverte de ce que l’un des jeunes collaborait avec les autorités israéliennes. Pour sa part, Omar sera disculpé mais placé dans une situation inconfortable : soupçonné par les siens de travailler pour Israël et sollicité par les Israéliens qui veulent faire de lui un collaborateur.
Sans se livrer à une analyse politique de la situation, le cinéaste palestinien illustre la complexité de la situation des palestiniens (dans une violence des images), placés entre la monstruosité du geste et la banalité de leur quotidien. Le sentiment général est plutôt sombre. Le film donne l’impression qu’il n’y a plus d’espoir et que les évènements au jour le jour oscillent entre fusillade et course poursuite avec un sentiment de mort omniprésent. Il n’en demeure pas moins vrai que pour les jeunes palestiniens (enfermés dans une spirale dont ils n’arrivent plus à sortir), Israël reste l’usurpateur et « la lutte armée » le seul moyen d’accéder à la liberté.
Comme de son côté, Israël est obligé de se défendre et d’obtenir les renseignements (quel que soit le moyen employé), le film montre comment les palestiniens capturés sont contraints, par la violence, à donner des informations pour prévenir d’autres attentats, ce qui est vécu par eux comme une humiliation et une atteinte à leur honneur. (Rappelons qu’il arrive également que des palestiniens et des arabes israéliens aident les israéliens dans leur traque des terroristes et fournissent spontanément les informations aux autorités israéliennes). En tout état de cause, bon nombre de  palestiniens sont placés face à un dilemme en ne sachant plus quelle attitude adopter à l’égard des israéliens et des autres palestiniens.
Dans la photographie instantanée, le film présente la Cisjordanie sous un aspect tragique avec une jeunesse qui essaie de se libérer des obstacles impossibles à surmonter et une suspicion généralisée où les palestiniens ne savent finalement plus à qui ils peuvent faire confiance.
Sur un plan sentimental, Omar souhaiterait pouvoir vivre son histoire avec Nadia qui réside à l’intérieur de la ligne verte. Aussi, lorsque le  boulanger de Cisjordanie tente de la retrouver en franchissant  le mur de séparation (malgré les tirs israéliens), sa petite amie arrive à la conclusion : « j’ignorais que l’amour pouvait être aussi douloureux ». Le film montre ainsi une psychologie des personnages avec des moments d’amitié, d’amour, de liens sociaux perturbés par le doute, avec des individus qui deviennent paranoïaques, ce qui procure un sentiment d’impuissance exaspérant.
Tout comme les palestiniens âgés de 20 ans, le spectateur ne comprend la situation au Moyen Orient qu’à travers les photographies instantanées qui lui sont présentées. La situation factuelle définit l’ennemi et donnent l’impression que les israéliens sont bien les occupants d’un territoire qu’ils contrôlent militairement mais sans jamais rappeler que ce sont les palestiniens qui ont provoqué cette situation. Cela participe d’une forme de processus de désinformation involontaire.  
Ce film (comme tous ceux qui traient du sujet), oublie de montrer en quoi l’assassinat d’un millier d’israéliens et les violences palestiniennes dans la période dite d’ «Oslo », et au début des années 2000, sont à l’origine de la séparation des territoires de Cisjordanie et d’Israël, de l’édification d’une clôture de sécurité, de l’installation de cheik points entre les villes palestiniennes et d’une présence militaire israélienne pour prévenir la circulation des armes.
Entre 1967 et 1990, les relations entre israéliens et palestiniens étaient bien meilleures. Il n’y avait pas de points de contrôle entre les villes palestiniennes ni entre la Cisjordanie et Israël. Israéliens et palestiniens pouvaient travailler ensemble.  Le problème s’est posé le 31 juillet 1988, lorsque la Jordanie a renoncé à sa souveraineté sur la Cisjordanie, non annexée par Israël.
Il a fallu organiser un partage de souverainetés entre palestiniens et israéliens sur ce territoire qui n’a jamais été finalisé. D’un côté, les palestiniens pensait qu’il fallait faire la guerre contre Israël pour obtenir leur territoire, sans passer par la voie de la négociation. De l’autre Israël n’était pas enclin à renoncer à la souveraineté sur des villes de Cisjordanie qui renferment une partie de l’histoire biblique du peuple juif. C’est le point de cristallisation entre les deux camps avec une avance stratégique israélienne que les palestiniens voudraient rattraper par les armes.
Aujourd’hui, et c’est toute l’absurdité de la situation, les jeunes palestiniens vivent la relation avec Israël comme étant le résultat d’une occupation alors que ce sont les actes de leur parent qui ont provoqué la présence militaire israélienne.
Hany Abu Assad est un cinéaste parfaitement lucide qui a toujours pris du recul par rapport aux problèmes de sa communauté. Il a obtenu l’oscar du film étranger en 2006 avec « Paradise Now », l’histoire de deux jeunes Palestiniens de Naplouse choisis pour commettre un double attentat-suicide à Tel Aviv, qui débouche sur une situation kafkaïenne (Au moment du passage entre Israël et la Cisjordanie, une patrouille israélienne les surprend et les obligent à se séparer. Les deux hommes se retrouvent seuls, se cherchent, et finissent par se demander si la violence est la seule solution pour obtenir leur liberté).  Dans « le mariage de raina », il entendait dénoncer le poids de l’oppression d’un père et de la société palestinienne en 2002 et le combat d’une jeune fille pour l’indépendance et la liberté.
Le cinéaste palestinien pourrait donc bien essayer de rétablir la vérité, à l’origine de la situation contemporaine. La jeune génération de palestiniens est privée de liberté par les actes de leurs parents et de leurs gouvernants. Le recours systématique à la violence des générations précédentes de palestiniens est à l’origine des filtres qui sont installés par Israël. Ce que les « palestiniens » nomment « occupation » n’est que le procédé choisi par Israël pour se protéger, et ce qu’ils appellent « résistance », une présentation valorisée de leurs actes barbares. L’objectivité exige du courage pour accepter de remettre en question toutes les certitudes.
L’occupation inventée par les palestiniens n’est que le mal fait par leurs parents qui rejaillit sur eux.
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commentaires

C
Je n'ai pas vu ce film et probablement je ne le verrai jamais, tel qu'il se presente il m'a tout l'air d'un enieme film de propagande, du Pallywood comme on dit chez nous. Le seul "occupant" ici<br /> est arabe, et en Judee et Samarie, il est gras et prospere. Quel cineaste ira planter sa camera a Ramallah et Beit Lehem, devant les villas de millionaires de ces pauvres palestiniens opprimes ?<br /> Devant leurs hotels 5 etoiles et leurs centres commerciaux flambants neufs ? A quand un film sur la famille Fogel assassinee a Itamar, sur tous les Juifs egorges parce que Juifs ? Ce film devra<br /> etre realise avec la collaboration d'un psychiatre.
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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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