Ayant eu connaissance de ce retour par Ynet, on est stupéfait de l'amateurisme du Diplo : quiconque remontant du Neguev vers Beer-Sheva risque... une halte à Ourim pour que le bus y dépose des permissionnaires, qui n'en font pas des tonnes... La rentrée est source d'ennui dans les rédactions. Pas la moindre guerre ni le moindre conflit social à l'horizon.
Merci à Dominique BOURRA
de nanojv
de remettre les pendules parisiennes à l'heure...
« Ici travaillent des espions israéliens » l’article du Monde diplomatique de septembre prétend annoncer un scoop et porte à la connaissance de ses lecteurs « la base israélienne d’Ourim, l’une des plus grosses stations d’espionnage du monde, cachée du public des décennies durant ». Des révélations éventées qui pourraient prêter à sourire si elles n’émanaient d’une référence de la presse française. Plus grave, l’article lourd de sous-entendus et de clichés vénéneux s’inscrit dans un courant de pensée à la mode associant l’image du Juif- par essence comploteur- au rejet d’Israël. Avec, en figure de proue, quelques riches Etats pétroliers. La police de Dubaï a pu par exemple annoncer, toute honte bue, en début d’année, qu’elle allait désormais procéder à une identification au faciès des visiteurs Juifs (on a bien lu) dans l’Emirat, le président vénézuélien vient de relancer le mythe séculaire du protocole des sages de Sion et le régime iranien réaffirme à toute occasion la négation de la Shoah pour mieux accabler Israël.
C’est dans ce nuage de miasmes que le monde diplomatique se livre à une violente charge sur le thème d’Israël Etat- Espion (s’inspirant sans doute de Libération qui fanfaronnait il y a trois mois : « Israël : Etat-Pirate »). Faut-il préciser que le dossier du Monde Diplomatique est vide ? (Le Canard avait drolatiquement ouvert la voie il y a quelques semaines sur le thème des stations d’écoutes et de l’espionnage). Passons sur le fait que la station d’Ourim est connue de tous en Israël. Son dôme immaculé caractéristique est visible à des kilomètres à la ronde depuis la nuit des temps, sans que ne plane aucune ambigüité sur ses fonctions de sigint (signal intelligence) et elint (electronic intelligence). On ne voit que cela, par exemple depuis la grande base d’entraînement de Zeelim située à quelques kilomètres, où la moitié d’Israël est déjà passée dans le cadre du service actif ou des périodes de réserves. C’est un donc un secret de Polichinelle absolu dont la divulgation ne vise qu’à abuser les lecteurs étrangers.
Au delà du bidonnage du journaliste néo-zélandais auteur de l’article, le problème tient à la rhétorique sulfureuse portée de bout en bout par le texte. Il n’est question que de surveillance, de clandestinité, d’espionnage, d’écoute, voire de trahison puisqu’on écoute aussi bien les amis que les ennemis, sans parler des sociétés étrangères et même, détail qui tue, des emails en français…. Le journaliste affiche cependant une méconnaissance stupéfiante des rouages sécuritaires israéliens et une carence technologique affligeante. Le néo-zélandais un peu largué, s’abrite donc derrière des informateurs (en fait une secrétaire) qui, soit disant ont travaillé dans « le milieu du renseignement israélien » et “connaissent cette base de première main”. Du bluff ! La preuve ? L’auteur de l’article s’empêtre dans une vision simpliste des services israéliens qu’il limite au Mossad (comme beaucoup de ses collègues étrangers imprégnés des « Patriotes » d’Eric Rochant et nourris aux vieux récits deVictor Ostrovsky), en un sens ce n’est pas plus mal. Quant aux cyber-unités ( il ne dit pas cyber-unités mais centrale de renseignement à l’ancienne) elles se résument sous sa plume à la « 8200 » ultramédiatisée et fourre-tout, tarte à la crème pour étudiant en école de journalisme. Wikipedia fait mieux. Bien entendu, , aucune référence aux autres –excellents- services israéliens en émulation permanente, ni aux vraies unités informatiques secrètes. Par contre, grande virtuosité à titiller le fantasme au grand régal de la ménagère. Verbatim: « l’oeil averti y distingue sans peine tous les éléments d’un poste de surveillance électronique » (ndlr même si l’oeil n’est pas averti, il suffit de demander à n’importe qui dans la région de quoi il s’agit pour obtenir une indication sans ambigüité. La réponse sera assortie d’un traditionnel « va t’acheter un eskimo » mais vous aurez l’info). D’ailleurs le rouletabille admet que sur google earth le site n’est pas flouté. Le plus fort c’est que “des hauts grillages, des barrières et des chiens protègent le domaine”… Comme c’est le cas même pour un entrepôt de supermarché, mais en Israël, bien sûr, un chien et un grillage cela prend tout de suite une autre force.
Le journaliste est présenté comme un spécialiste des questions de défense – on nous fait vraiment prendre des vessies pour des lanternes- et la aussi le résultat est consternant. Ses « sources israéliennes » lui décrivent comment « les ordinateurs sont programmés pour distinguer des mots et des numéros de téléphone intéressants »…On en reste pantois, quel scoop ! Quant à l’ancienne « analyste » appelée à la rescousse (cela intéressera au passage les unités en charge des fuites au sein de l’armée), elle travaillait à plein temps à traduire en hébreu des appels et courriels en anglais et…en français. Etonnant pour l’anglais quand on sait que tous les officiers maitrisent la langue de Shakespeare, mais l’auteur de l’article n’en est pas à un bidonnage près. Et que dire de la remarque : “elle passait beaucoup de temps à explorer des sites internet publics”…Désolant. Ah n’oublions pas “pour compléter le tableau” que la base d’Ourim traiterait paraît-il les écoutes placées sur les câbles sous-marins, “notamment ceux qui en Méditerranée relient Israël à l’Europe” (bravo les israéliens s’écoutent donc eux-mêmes, de plus en plus forts, on serait très curieux au passage de savoir où se trouvent les fameux branchements) et perle absolue : « la base d’Ourim dispose de stations clandestines dans les bâtiments des représentations d’Israël à l’étranger ». Le gag ! Pas un mot en revanche des satellites d’intelligence israéliens (le patron de l’agence spatiale israélienne déclarait pourtant récemment sur une télé arabe qu’il permettaient de voir le président iranien en train de boire un café turc), pas un mot de la super station d’écoutes du Golan, pas un mot des Awacs interopérables… L’article est frelaté, mais la propagande acérée. Du grand art. A lire avec modération et entre les lignes uniquement dans le Monde Diplomatique de septembre,4,90€ en kiosque.
DB.
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