Par Maître Bertrand Ramas-Mulhbach
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Le 15 décembre 2011, le Tribunal Correctionnel de Muhlouse a relaxé les militants du collectif BDS (boycott désinvestissement sanctions) poursuivis pour « discrimination et incitation à la haine et à la violence envers un groupe ou une personne à raison de son appartenance à une nation ». Le Tribunal a considéré que les prévenus ayant participé à la campagne pour le Boycott de produits israéliens dans une grande surface de Illzach, n'étaient pas "susceptibles de se voir imputer une attitude hostile vis-à-vis du peuple israélien". Cette décision qui confirme le revirement jurisprudentiel opéré par la 17 eme Chambre du Tribunal Correctionnel de Paris le 8 juillet 2011, a naturellement rassuré les militants qui doivent comparaître en 2012 (pour des faits identiques) devant les juridictions repressives le 8 mars à Paris, le 15 mars à Bobigny, le 28 mars à Pontoise ainsi que le 24 mai prochain à Perpignan... Le Tribunal de Mulhouse a par ailleurs ravi les ardants défenseurs de (ce qu'ils nomment) la cause palestinienne en ce qu'il a validé l'appel au boycott des produits israéliens, autorisé (ce qu'ils estiment être) une critique de la politique israélienne (sans risquer d'être taxés d'antisémitisme), donné un blanc seing pour employer des moyens (qu'ils qualifient de légaux) dans le but d'exiger (ce qu'ils affirment être) l'application du Droit international notamment en Palestine... L'incrimination visée était en effet celle de la discrimination et de l'incitation à la haine et à la violence à l'encontre de personnes ou d'un groupe en fonction de son apparteance. Effectivement, ce n'est pas stricto sensu le cas, la méthode employée par le collectif BDS étant plus insidieuse. Elle consiste en une diffamation d'Israël avec la reprise en boucle de mensonges ou de contre vérités distillés pour diaboliser l'Etat juif et le rendre responsable d'une injustice dont les palestiniens seraient victimes. Le colectif BDS a en effet pris soin d'évoquer Israel, non en tant que peuple, mais en tant que pays, ce qui est subtil car l'association est immédiate sans pour entrer sous le coup de la prévention. . Pour ce faire, la campagne BDS use d'un procédé tout à fait habile en se réfugiant derrière des principes vertueux qu'elle s'approprie pour salir Israël et convaincre le plus grand nombre de l'ignominie de l'Etat juif à qui il est imputé le non respect du droit international et ce, en toute impunité. L'examen des 5 articles de la Charte BDS est à cet égard édifiant. Dans son premier article, la Charte BDS se présente à la fois comme une prise de position politique mais également comme une dénonciation. Ce faisant elle se positionne comme participant du droit à l'expression démocratique mais sous un aspect manichéen incarnant le "bien" et Israël, le mal.
Aussi, dans cet article, elle indique sa détermination avec l'engagement de poursuivre sa politique jusquà ce qu'Israël s'engage dans le respect du Droit international, et qu'il cesse l'occupation et la colonisation. (le Droit c'est eux, le non droit c'est Israël). Suivant un canneva traditionnel, Israël est pésenté comme un Etat qui occupe (sans précision de ce qui est occupé) mais également un Etat qui colonise (sans plus d'explication). le procédé est donc simple; une vérité est fabriquée pour une majorité naïve et crédule afin de fustiger l'Etat juif avec des termes repris en boucle dans les article suivants, comme si un Etat palestinien existait (ce qui n'est pas le cas), et qu'Israël s'y serait établi sans droit ni titre (ce qui est également faux, faute d'Etat palestinien).
Aussi, et pour corroborer sa thèse, la Charte BDS affirme dans son article 2, que l'Etat colonisateur d'Israël pratiquerait une politique comparable à celle qui prévalait en Afrique du sud où le boycott était humainement justifié. La démonstration repose alors sur un postulat faux qui assimile la politique de l'Etat juif au système d'apartheid ayant mis en place une discrimination entre la race blanche (considérée comme supérieure) et la race noire (considérée comme inférieure). Non seulement les situations ne sont en rien comparables mais en outre, la clôture de séparation a pour objet de délimiter les territoires juifs et palestiniens dans le cadre d'un futur accord et ce, conformément aux voeux des palestiniens qui aspirent à l'autodétermination ( Il ne s'agit donc pas des banthoustan de l' Afrique du Sud). Enfin cet article exige d'Israël qu'il respecte les droits des palestiniens sans bien évidemment expliciter la nature de ces droits.
Pour donner du crédit à la thèse, l'artile 3 de la Charte présente l'action comme étant éthique, citoyenne et politique tout en opérant, dans une explication confuse, une distinction entre les produits israéliens concernés par le boycott et les produits simplement "cashers" qui ne le sont pas.
l'article 4 de la Charte se présente alors comme une sorte de profession de foi avec un engagement de refuser d'acheter ou de consommer des produits et services israéliens, expliquant les campagnes d'information et de sensibilisation du public et les raisons du boycott des entreprises françaises, en quelque sorte, complices de l'occupation et de la colonisation israélienne.
Enfin, et pour soigner son image, le 5° article pose que l'action est non violente et respecte les personnes et les biens, ( ce qui est faux sur un plan strictement juridique, puisque le mouvement BDS porte atteinte à la liberté du commerce, à la liberté d'entreprendre et à la liberté d'acheter dans une propagande digne des moments noirs de l'histoire française).
En réalité, non seulement les propos sont mensongers, diffamants et dégradants pour Israël mais en outre, ils sont d'une bêtise dont le collectif n'a manifestement pas conscience. En effet, les relations commerciales entre Israël et les palestiniens se portent à merveille et c'est d'ailleurs la seule chose qui fonctionne parfaitement entre juifs et palestiniens. Le collectif BDS gagnerait à s'y interreser de plus près.
Si les palestiniens boycottaient les produits israéliens en Cisjordanie et à Gaza, ils s'auto priveraient de l'electricité provenant à 60% des centrales israéliennes dans la bande de Gaza. Il refuseraient l'eau fournit exclusivement par la société Mekorot en Cisjordanie, mais également les soins qui leur sont dispensés dans les hopitaux israéliens..En outre, la Chambre de Commerce Israël-Palestine (qui a vu le jour en 2009) participe d'un reseau relationnel entre les secteurs privés israéliens et palestiniens qui favorise la circulation de l’information, organise des rencontres entre partenaires, organise des activités communes, encourage, développe, élargit les relations commerciales entre Israéliens et Palestiniens. C'est ainsi plusieurs milliards de dollars qui sont échangés chaque année dans les domaines agroalimentaires, agricoles, les matériaux de construction, l'électroménager, les services, le textile, la petite industrie, l’artisanat, ou la pierre pour l’habitat...Les échanges économiques sont donc bien une réalité quotidienne locale avec une multiplicité d'accords conclus, tel l’accord sur les taxes douanières prélevées par Israël au bénéfice de l’Autorité palestinienne et transferées tous les mois. Si le collectif se penchait un peu sur la question, il découvrirait qu'au cours de l'année 2011, ce ne sont pas moins de 4 milliards de dollars qui ont été échangés et qui font même d'Israël le premier partenaire de l'Autorité Palestinienne en matière économique.
Avec sa campagne de boycott des produits israéliens en France, le collectif BDS apparaît comme étant parfaitement déconnecté des réalités économiques du Moyen Orient, et ne fait que cultiver localement des dissenssions qui n'existent pas entre Israël et l'Autorité palestinienne (où les échanges sont fructeux pour les deux partenaires). Plus précisément, en essayant de profiter de l'assimilation naturelle qui est faite entre Israël et le peuple juif, il commet une erreur monumentale, d'une bêtise innomable. |