Plus à redouter du « magasin » syrien, après la brèche facile creusée à la frontière israélienne du Golan
DEBKAfile Reportage spécial 15, mai 2011, 7:27 PM (GMT+02:00)
Adapté par Marc Brzustowski
Pour © 2011 lessakele et © 2011 aschkel.info
http://www.debka.com/article/20936/
Tags: Nakba Day Syria Israel Golan Binyamin Netanyahu
Pas suffisamment de troupes israéliennes gardant la frontière syrienne.
Ce dimanche 15 mai, les ennemis d’Israël ont creusé une brèche à trois de ses frontières, lors d’une opération qui a pris à l’improviste son gouvernement, son armée et ses services de renseignement. Leur réaction à la violation massive de leurs frontières syrienne, libanaise et de Gaza a démontré que tous trois s’avéraient désordonnés et incapables d’une réponse tactique, rationnelle et organisée, en cas de crise sécuritaire multiple. On doit s’attendre à ce que cette faiblesse (« retenue maximale »), qui a, sans aucun doute, été prise en compte à Téhéran, Damas, Beyrouth et Ramallah, conduise tout droit la Syrie à engager la prochaine phase, dans le but de reconquérir le Golan – pas cette fois, avec des milliers de civils, mais à coups de forces militaires et terroristes.
Les sources militaires de Debkafiles rapportent que le Premier Ministre Binyamin Netanyahou, le Ministre de la Défense Ehud Barak, le chef d’Etat-Major et son adjoint, plutôt que de suspendre leurs occupations de routine et prendre en charge la crise, ont préféré la prendre à la légère. Des commandants locaux, ont été laissé à eux-mêmes en situations extrêmes qui se sont développées à toute vitesse, au cours de cette journée, et ont été, naturellement, réticents à prendre la responsabilité de lourdes décisions qu’elles requéraient.
Il y a 11 mois, les services de renseignement ont manqué l’arrivée du Mavi Marmara turc, à la tête d’une flottille qui cherchait à briser le blocus de Gaza. Les commandos israéliens qui sont passés à l’abordage du navire, n’étaient, par conséquent, pas préparés au type de violence qui venait à leur rencontre.
Le gouvernement israélien et Tsahal n’ont pas tiré les leçons de l’incident. Alors que la Syrie, le Hezbollah, le Hamas et la Turquie (qui est en préparation d’une seconde flottille pour le mois prochain) l’ont fait, et ont ajusté leurs tactiques aux lacunes flagrantes d’Israël. Les soulèvements populaires qui balaient les pays arabes ont confirmé ces forces anti-israéliennes dans leur conviction que les civils massés, quand on les manipule comme une arme par surprise, sont capables de réaliser des performances plus spectaculaires que les armées ou les terroristes, au coup par coup. Les foules de civils mises en branle sur plusieurs fronts synchronisés sont extrêmement difficiles à contenir.
Cette coalition, organisant les évènements exceptionnellement violents du jour de la “Naqba” (« Catastrophe ») palestinienne, dimanche, marquant la fondation d’Israël en 1948, a, juste, goûté la température de l’eau, le matin : un Arabe israélien a fait rouler son camion à grande vitesse à travers une rue encombrée de Tel Aviv, puis s’est fracassé contre plus d’une dizaine de véhicules et a continué d'écraser des piétons. Il a tué un civil et blessé 17 autres, sur une distance s’étirant sur plus de deux kilomètres, avant d’être maîtrisé et appréhendé.
Alors que les chefs de la police étaient réticents à désigner l’attaque comme un acte terroriste et insistaient sur le fait que ce pouvait être un accident de la circulation, Damas, le Hezbollah et le Hamas ont pu sentir qu’ils étaient en bonne posture pour permettre à leur maître-plan d’aller plus loin : il n’y avait aucun risque de rencontrer une réplique ferme de la part d’Israël. Et, effectivement, le Premier Ministre israélien Benyamin Netanyahou, a admis, plus tard, que les commandants locaux et les chefs de la police avaient reçu l’ordre de gérer tous les fronts « avec la retenue maximale, dans leur défense des frontières et de la souveraineté d’Israël ».
Les sources militaires de Debkafile mettent à jour cette contradiction, au cours des heures de grande perplexité, alors que Tsahal ne réussissait pas à défendre les frontières et la souveraineté israéliennes contre les intrus.
A cause de cette directive, les Israéliens ont été choqués de découvrir, à 13h 30, que des centaines de Syriens, de Palestiniens et un groupe du Hezbollah avaient franchi la frontière et hissaient des drapeaux syriens et palestiniens au beau milieu du principal square du village israélien du Golan, Majd al Shams. Ils étaient déjà là depuis quatre longues heures et personne ne les arrêtait ou ne les empêchait d’aller et venir d’un côté et de l’autre de la frontière, durant tout ce temps. Tout au long de la journée, on a laissé à une petite escouade de soldats seulement, le devoir de garder cette frontière, parce qu’on ne s’attendait à rien de fâcheux à cet endroit-là
Ce n’est seulement qu’à 17h que sont arrivés les tanks et les renforts.
Les intrus avaient parfaitement raison de défiler tout autour du village en claironnant qu’ils avaient reconquis le territoire que la Syrie a perdu, il y a 44 ans, lorsqu’elle avait attaqué Israël.
Mais lors, les porte-parole de l’armée ont, de concert, tenu ensemble le même discours : "Encore heureux que nous ayons géré la situation à la frontière syrienne en sous-effectifs, sans quoi l’incident aurait pu s’achever par des centaines de morts". L’accusation selon laquelle l’Iran était derrière cette incursion massive n’a convaincu personne.
Les intrus syriens ont, finalement, été réexpédiés de l’autre côté de la frontière – mais pas par les troupes israéliennes – par l’action de chefs locaux druzes. Israël ne sait vraiment pas encore combien sont repartis et si certains sont restés.
On peut regretter que Tsahal n’ait pas rempli son devoir fondamental de defendre la frontière du Golan en envoyant plus de renforts pour encercler Majdal Shams, verrouiller la frontière syrienne et tiré des coups de semonce en direction des intrus essayant de franchir la ligne. On n’aurait pas dû relâcher les Syriens, mais les retenir sous bonne garde, jusqu’à ce que Damas force le Hamas à libérer le soldat israélien Guilad Shalit.
L’ancien directeur du Shin Beth, Israël Hasson, qui est aujourd’hui député de l’opposition, au sein de Kadima, a, plus tard, commenté, ce dimanche, en disant qu’Israël devait rendre clair comme le cristal aux yeux de Damas, du Hezbollah et du Hamas, qu’il ne leur serait pas permis de mélanger et de jeter leurs problèmes internes dans la cour d’Israël ni de violer la souveraineté israélienne. On a fait la sourde oreille à ces propos, si on en juge par la déclaration du Premier Ministre.
Les sources stratégiques de Debkafile craignent qu’Israël n’ait à acquitter un lourd tribut pour cette réponse molle et cette « retenue maximale » déplacée. On peut encore compter sur le Président syrien Bachar al Assad pour ne pas manquer l’occasion d’envoyer sur le Golan les unités terroristes syriennes et palestiniennes qu’il a gardées en réserve, depuis plus d’un an, en attendant la bonne occasion. Cette opportunité est clairement à portée de main, actuellement.
L’invasion de Majd al-Shams a été accompagnée par la violence de Palestiniens masqués à Jérusalem et d’une attaque terroriste à Tel Aviv. Tout ceci était synchronisé avec des incursions massives depuis le Liban et la Bande de Gaza. Ce cycle est loin d’être terminé. Et il ne pourra pas être arrêté par la simple retenue de l’armée.