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20 juillet 2010 2 20 /07 /juillet /2010 11:41

 

Le point sur les opérations de sabotage en Iran

 

Source : Eli LAKE,dans La Nouvelle République

Adaptation   :Marc Brzustowski

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info

 

 

 

Les efforts pour stopper le programme nucléaire iranien semblent se réduire à une peau de chagrin. Obama a passé sa première année de gouvernance à résoudre le problème par la détente ; il s’est montré lent et rétif  à soutenir du bout des lèvres les manifestations qui ont suivi les élections de juin 2009, à Téhéran.


Récemment, l’équipe Obama a changé d’optique pour adopter une approche plus ferme : les fameuses sanctions. L’Iran est, depuis longtemps, sous pression internationale. Les sanctions dépendent de la façon dont les pays les appliquent isolément. De quelle manière la Russie –qui a aidé l’Iran à acquérir des missiles balistiques et un réacteur nucléaire-  renforcera ou non le dernier train de sanctions ?, chacun peut le deviner. De plus, même si les sanctions étaient scrupuleusement suivies, il n’y a aucune garantie qu’elles aient finalement l’effet escompté. Des sanctions bien plus paralysantes n’ont pas amené Saddam Hussein à coopérer avec les inspecteurs de l’ONU pour le désarmement. Qui peut avoir le moindre doute sur le fait que les hommes en charge de l’Iran laisseront leurs citoyens endurer des difficultés économiques dans le seul but d’atteindre l’arme nucléaire ?


Mais, bien que les efforts de sabotage n’attirent guère l’attention du public, presque tout professionnel averti en matière de contre-prolifération explique que ces modalités sont organisées à l’encontre du programme nucléaire iranien. Dans le livre du journaliste du New York Times, David Sanger, L’Héritage, publié à la fin de l’Administration Bush, celui-ci raconte les efforts de sabotage qui ont pris l’Iran pour cible. David Kay, qui a dirigé l’équipe d’inspecteurs en Irak, entre 1991 et 1992, autant que les efforts américains pour retrouver ces armes après 2003, se déclare affirmatif quant au fait que de telles entreprises de sabotage ont bien lieu. « Je suis certain, en me fondant sur l’histoire d’autres programmes contre l’Irak et d’autres proliférateurs possibles, que des activités sont en cours pour rendre plus difficile l’obtention et l’opérationnalité de certains articles sensibles pour leur programme d’armement atomique », explique t-il. « Les Israéliens ont pratiqué cela durant des années, ainsi que les Britanniques ».

Michael Adler, expert du programme iranien au Centre International Woodrow Wilson de Washington, présente cela de la façon suivante : « Il semble clair qu’il existe un programme actif et imaginatif de sabotage, de la part de plusieurs nations occidentales, entre autres, qu’Israël introduit des engins piégés dans les équipements que les Iraniens se procurent, jouent d’astuces avec les trafiquants du marché noir, réalisent des cyber-opérations et recrutent des scientifiques (iraniens) ». Trois responsables de l’actuel gouvernement US confirment que les opérations de sabotage ont bien été un mode opératoire-clé pour ralentir le programme iranien et qu’elles continuent sous Obama.

L’Iran, apparemment, dispose de plusieurs entités qui pourraient être les équivalents de l’ancien Line X soviétique [opérateur de collectes de données d’espionnage scientifique sur  les projets technologiques les mieux gardés par l’Occident]. Ce sont des unités spéciales des Gardiens de la révolution qui se consacrent à l’achat de technologies illégales pour le programme de missiles iraniens, par exemple, l’Organisation Iranienne à l’énergie atomique, qui possède des bureaux spéciaux focalisés sur l’approvisionnement. Et l’Iran dispose de sociétés-écrans comme la Kalaye Electric Company, qui a été sanctionnée par le Département du Trésor pour tentative d’achat d’aimants spéciaux nécessaires au fonctionnement des centrifuges.

Les efforts pour acheminer des produits défectueux à l’intérieur de l’Iran ont pris de nombreuses formes. Par exemple, selon un ancien officier des opérations du Mossad qu’on connaît sous le pseudonyme de Michaël Ross, en 1998, le Mossad et la CIA ont développé un plan pour vendre à l’Iran sur le marché noir, une substance chimique supposée utile – qui, en fait, finirait, avec le temps, par coller les éléments à l’intérieur des centrifugeuses –.

Puis, il y a eu le cas étrange des Tinner, une famille d’ingénieurs suisses qu’on a longtemps cru être un rouage dans le réseau des proliférateurs organisé par le scientifique pakistanais Abdul Qader Khan. En 2008, Urs Tinner a admis avoir été un élément de la CIA. Puis, il a affirmé qu’il avait joué un rôle crucial dans des actions visant à saboter le programme nucléaire iranien. Selon le New York Times et d’autres sources, les Tinner vendaient des pompes de refoulement de haute qualité aux Iraniens et aux Libyens.

Les pompes sont essentielles pour l’enrichissement d’uranium parce que les centrifugeuses doivent opérer totalement à vide. David Albright –Président de l’Institut pour les Sciences et la Sécurité Internationale et auteur d’une nouvelle histoire de l’approvisionnement illégal iranien de technologie nucléaire, Péril ambulant- explique qu’alors que les pompes qui ont abouti en Iran et en Libye étaient produites en Allemagne, on y travaillait aussi dans les laboratoires d’Oak Ridge et de Los Alamos. Ces laboratoires, dit-il, avaient modifié les pompes pour les gérer à distance ou les faire tomber en panne sous certaines conditions opératoires. Si on peut rompre la chaîne de maintien à vide dans une cascade de centrifugeuses, on peut détruire des centaines de centrifugeuses, ou des milliers si vous avez réellement beaucoup de chance ! » (Un responsable important du renseignement a confirmé les informations d’Albright. On doit remarquer que tout le monde n’est pas d’accord sur le fait que les Tinner aient bien été ceux qui ont vendu ces pompes aux Iraniens et aux Libyens. Albright, pour sa part, n’en est pas sûr).

Parfois, ces opérations ne se terminent pas bien. Ali Ashtari, un vendeur de matériel électronique High Tech, a été capturé en Iran en 2008, après avoir confessé le sabotage des équipements de personnages importants des Gardiens de la Révolution à l’aide de virus et d’unités GPS que lui aurait fourni Israël. Ronen Bergman, le journaliste écrivant sur les affaires sensibles de renseignement au Yedioth Aharonot, pense qu’Ashtari  est « un exemple de la façon dont quelqu’un – dont les Iraniens disent qu’il s’agissait du Mossad Israélien – a tenté de saboter le projet nucléaire iranien par des moyens clandestins, plutôt qu’au moyen d’une frappe aérienne ». Bergman ajoute : « Ashtari a été exécuté, mais d’autres entités continuent de saboter le projet ».

Alors, faute d’autre procédé, les efforts de sabotage sont-ils opérants ? A la fin de 2008 et au début de 2009, l’AIEA a commencé à constater une chute dans la quantité d’uranium faiblement enrichi (UFE) produit à Natanz, l’installation bien connue du programme d’armement nucléaire qui se situe au centre de l’Iran. Au début de 2008, ses centrifugeuses produisaient 90 kgs d’UFE par mois. A la fin de l’année, cependant, elles n’en produisaient plus que 70 kgs. Ce dont on peut être sûr, c’est que ce chiffre est revenu à 85 kg/m à la fin de 2009, et qu’il est remonté à environ 120 kg/m depuis ; mais ces augmentations surviennent après l’installation de centrifugeuses plus nombreuses – le tout suggérant qu’au moins quelques-unes des machines étaient d’une efficacité moindre qu’elles auraient dû l’être.

Ivan Oelrich, un scientifique nucléaire, vice-président du programme de sécurité stratégique de la Fédération des Savants Américains, estimait cette année dans une étude, que les centrifugeuses opèrent à 20% de leur efficacité. « Nous savons que l’efficacité moyenne de ces centrifugeuses est médiocre. Nous ne savons pas si cela est dû à la qualité de chaque centrifugeuse isolée ou à la façon dont elles sont reliées entre elles. On ne peut pas évacuer l’idée que ce soit aussi le résultat de sabotages, comme l’un des facteurs conduisant à ces altérations ». Greg Jones, analyste nucléaire à la Rand Corporation explique que les Iraniens « n’opèrent qu’avec moins de 4000 machines, alors qu’ils en ont installées environ 8500. Ces machines non-opérationnelles ont été installées depuis de nombreux mois. La raison pour laquelle elles ne sont pas fonctionnelles n’est pas claire.

Parmi les gens auxquels Eli Lake a pu parler, il a semblé que se faisait un large consensus sur le fait que le sabotage, à tout le moins, ralentissait la quête iranien d’armes nucléaires. Un responsable important au sein de l’Administration lui a dit qu’il existait des preuves tangibles que les Iraniens faisaient l’expérience de retards dus à « une combinaison de raisons – certaines inhérentes à la nature d’incompatibilité de la conception et des machines elles-mêmes, et certaines à cause de l’action des Etats-Unis et de ses alliés ». David Kay explique que « l’Histoire dira si ce genre de choses a fait plus pour ralentir les programmes que n’importe quelle sanction que le régime subit ou est censé subir ».

Cependant, le gain le plus important qui résulte de ces efforts dépend peut-être moins du sabotage lui-même que de l’impact psychologique qu’il est susceptible d’avoir sur le gouvernement iranien. Au niveau le plus général, il existe probablement des bénéfices secondaires à maintenir les responsables des services de renseignement en état de paranoïa et de déstabilisation, tout simplement parce que cela peut leur causer une perte de temps et de ressources considérable. Cela semble bien ce qui se passe en réalité. En 2007, par exemple, le service de presse officiel de l’Etat iranien a publié un reportage selon lequel la police avait arrêté une cellule d’écureuils espions. L’année suivante, l’Iran affirmait avoir arrêté un groupe de pigeons espions.

Mais le bénéfice spécifique dû au sabotage est qu’il oblige les pays visés à rester prudents, sinon à s’interdire d’acheter du matériel sensible au marché noir. En 1982, quand Gus Weiss (Le Dossier « Farewell »/alias Vladimir Ippolitovitch Vetrov. En trompant les Soviétiques -CIA)- a proposé une opération de modification d’équipements au Directeur de la CIA d’alors, William Casey, il lui a expliqué qu’il s’agissait d’une tentative rare dans l’histoire de l’espionnage qui réussirait, même si elle était compromise. « Si un quelconque agent double raconte au KGB que les Américains ont été alertés de l’existence du Line X [opérateur de collectes de données d’espionnage scientifique sur  les projets technologiques les mieux gardés par l’Occident], et qu’ils cherchaient à interférer sur sa collecte en subvertissant, sinon en sabotant ces efforts, je pense, malgré tout, que les Etats-Unis ne peuvent pas perdre (cette manche) » écrit Weiss. « Les Soviétiques, devenant très suspicieux, se seraient alors posés bien des questions et auraient fini par rejeter toutes les informations que collectait Line X». C’est le même principe qui préside maintenant, avec l’Iran. Selon un responsable important de l’Administration, le sabotage « contraint les Iraniens à faire les pièces des machines eux-mêmes ». Et cela en retour, peut ralentir le processus de production d’armes nucléaires.

 

 Pour finir, cependant, il existe avec une quasi-certitude, des limites, s’agissant de savoir jusqu’à quel point cette campagne de sabotage contre l’Iran peut s’accomplir. « Ces programmes sont suffisants pour causer des problèmes aux Iraniens, mais ils ne mettent pas en péril la menée par l’Iran de l’enrichissement d’uranium », explique Adler du Centre Wilson. Adler pense que les dysfonctionnements sur le site de Natanz peuvent être attribués à l’inexpérience des scientifiques ou à la qualité pauvre de la conception, plutôt qu’aux seuls sabotages.

La vision partagée chez la plupart des responsables et observateurs semble être que les sabotages contribuent à l’effort global, mais ne sont pas en soi la réponse au problème. Uzi Dayan, un Major-Général de Tsahal à la retraite et ancien conseiller à la sécurité nationale auprès d’Ariel Sharon comme d’Ehud Barak, l’exprime ainsi : «  Au bout du compte, cette approche peut générer des retards pour le programme et le ralentir. Il s’agit de dresser des obstacles sur cette voie. Mais elle ne peut pas empêcher l’Iran d’atteindre son but ». Chaque Président, depuis Clinton a lancé des opérations clandestines pour interrompre le programme nucléaire iranien.

Bush l’a fait, Obama poursuit en ce sens. « Le problème c’est qu’il ne s’agit pas d’un substitut aux politiques officielles », explique Henry Sokolski, Directeur exécutif du Centre de formation aux politiques de non-prolifération. « Ce que cela ne remplace pas, c’est que, d’une manière ou d’une autre, on doit sortir ces dirigeants de la scène de l’histoire. C’est quelque chose de très dur à réaliser, rien n’est clair sur la façon dont on devrait le faire, et, d’une certaine façon, on a choisi de ne pas le faire… »

Eli Lake est éditorialiste associé à La Nouvelle République (The New Republic).

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