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11 juillet 2010 7 11 /07 /juillet /2010 00:37

 

 

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Qui a perdu la Turquie ?

par Daniel Pipes
National Review Online
10 juin 2010

http://fr.danielpipes.org/blog/2010/06/qui-a-perdu-la-turquie

Version originale anglaise: Who Lost Turkey?
Adaptation française: Anne-Marie Delcambre de Champvert

Deux explications principales circulent, lesquelles abordent cette question pressante :


  • Rejeter la faute sur l'Union Européenne: le Secrétaire d'Etat américain à la Défense Robert Gates dit que si la Turquie est, comme il le formule avec tact, en train de se déplacer en direction de l'est, « c'est la conséquence » en grande partie parce qu'elle y a été poussée, et poussée par certains en Europe qui ont refusé de donner à la Turquie cette sorte de lien organique avec l'Occident que la Turquie demandait.. "


  • Rejeter la faute sur l'Islam: Un de mes lecteurs soutient que la révolution d'Atatürk,vieille aujourd'hui de près de quatre- vingt- dix ans, « avait tous les ingrédients pour réussir (l'occidentalisation, la modernité, la laïcité, la démocratie, la croissance économique) - et tout ceci n'était pas imposé de l'extérieur, mais s'est produit naturellement de l'intérieur. Cette expérience « Atatürkiste » a rapidement perdu des points en essayant en vain de moderniser l'islam ».


Je rejette ces explications (La Turquie n'a guère essuyé de rebuffade de la part des Européens, et son retour à l'islamisme est un cas isolé, pas une preuve de quoi que ce soit sur l'islam). Au lieu de cela, je propose une troisième explication :


  • Rejeter la faute sur les hasards de l'histoire: (1) la réglementation turque exige qu'un parti obtienne un minimum de 10 pour cent des suffrages exprimés pour entrer au parlement. (2) L'élite politique laïque dans les années 1990 s'est fractionnée en plusieurs petits partis dont les dirigeants égocentriques ont refusé d'unir leurs forces. Gardez ces deux facteurs à l'esprit, puis regardez les résultats des élections décisives de 2002 et pleurez.


    Les partis du centre-droite et du centre-gauche exclus du parlement avaient 9,5, 8,3, 7,2, 6,2 et 5,1 pour cent du vote, faisant un total de 36,3 pour cent en tout. Ajoutez à ces pourcentages les 19,4 du CPH et ils contrôlaient 55,7 pour cent de la Chambre. Si le troupeau de tyrans égoïstes des partis avaient uni leurs efforts, ils auraient tous été représentés au parlement et les laïcs seraient probablement toujours au pouvoir.


Commentaire : Ce désaccord a des implications majeures. Si l'une ou l'autre des deux premières explications est juste, la Turquie est perdue pour toujours. Mais si la mienne est juste, le passage de la Turquie à l'islamisme est dû à un hasard de personnalités et de dispositions règlementaires qui peut être réparé. Le pays peut sortir de l'abîme. Nous qui apprécions la Turquie de jadis nous ne devons pas laisser tomber le pays, mais travailler pour la ramener en faisant pression sur elle avec précaution tout en travaillant avec les alliés des Turcs. (Juin 10, 2010)

 


Mise à jour du 10 juin 2010 : Les lecteurs mentionnent deux autres explications importantes.

  • Rejeter la faute sur les changements démographiques : L'analyste français Michel Gurfinkiel attire l'attention sur la croissance inégale de la population au cours du siècle passé. Comme il l'explique:

    Les zones rurales de l'Anatolie centrale et orientale ont connu une forte croissance sous Atatürk et Inönü, et ont été principalement responsables de l'augmentation de la population turque de 14 millions en 1923 à 21 millions en 1950. Depuis lors, l'ensemble de la population a plus que triplé pour arriver à 70 millions, le gros de la croissance se produisant dans les zones rurales ou parmi la première génération des migrants ruraux vers les grandes villes. En conséquence, les héritiers politiques du [parti d'opposition avec la base en Anatolie] les Démocrates- incluent le parti de la Justice de Süleyman Demirel dans les années 1960 et 1970, le Parti conservateur de la Mère Patrie de Turgut Özal dans les années 1980, et enfin les islamistes, - ils ont bénéficié d'une marge qui n'a cessé d'augmenter [mordant] sur le vieux CHP et ses héritiers.

    Exposé d'une autre manière, à nouveau par Gurfinkiel, observant le gain de voix pour les partis politiques extrémistes, sur une période de vingt ans:

    En 1987, les extrémistes, tous courants confondus, obtiennent 10,1% des voix. Mais ils passent à 16,9% en 1991, 29,9% en 1995, 34,9% en 1999, 54% en 2002 et enfin 66,2% en 2007. Et parmi eux, les Islamistes sont nettement en tête: de 7,2% en 1987 à 36,8% en 2002, puis 48,9% en 2007. Des 1993, toutes les grandes villes turques ont des maires islamistes. En 1996, à l'issue de querelles interminables qui discréditent la droite classique, le président conservateur Süleyman Demirel fait appel à Erbakan pour diriger un gouvernement de coalition réunissant les islamistes et une partie des conservateurs.

  • Rejeter la faute sur l'argent des islamistes :: Les Saoudiens, les Libyens, et d'autres ont fait passer de l'argent en Turquie depuis des années. Je ne connais aucune étude sur ce sujet antérieure à 2002 (même si j'ai effleuré le sujet dans un livre de1983). Michael Rubin couvre ce sujet, après l'ascension de l'AKP au pouvoir dans un ouvrage Green Money, Islamist Politics in Turkey (L'or vert, politique islamiste en Turquie), où il établit « un modèle qui constate un lien de la politique intérieure et étrangère turque avec l'afflux de ce qu'on appelle [en langue turque] Yesil Sermaye," l'or vert, " provenant de riches hommes d'affaires islamistes et d'États du Moyen-Orient."


Commentaires : (1) La thèse démographique indique les changements majeurs dans la vie turque, mais les islamistes sont une forme particulière d' «Anatoliens» et leur 1 / 3 de l'électorat en 2002 est parvenu au pouvoir uniquement à cause des raisons énumérées ci-dessus. (2) Le coup de pouce financier de l'étranger a existé au fil des décennies, mais hors règles et [cela a décollé]seulement lorsque les règles parlementaires ont laissé le champ libre.

 

 

Mise à jour du 11 juin 2010: Pour en savoir plus sur l'impact de Turgut Özal dans la montée des islamistes, voir le commentaire approfondi de Ognyan Minchev.


Et un lecteur répond avec un peu de véhémence à la thèse de Robert Gates selon laquelle les sentiments turcs auraient été heurtés par les Européens: «Erdogan a été le bien-aimé prince charmant de l'Europe. Même du Vatican! Les Européens voyaient en lui le modèle de l'islam modéré avec lequel ils pourraient vivre . Ce n'est que lorsque Erdogan a commencé à montrer son vrai visage qu'ils ont commencé – progressivement, à contrecœur et sans vraiment croire à ce qui se passait – à rejeter sa demande d'adhésion à l'Union européenne. "

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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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