Sa disparition représente une lourde perte pour le Hamas, non seulement sur le plan opérationnel mais aussi et surtout sur le plan moral. En effet, ce sanguinaire meurtrier, proche de KHaled Machaal, responsable de l’enlèvement et de la détention de Guilad Shalit agissait sur le terrain comme un électron libre, en défiant même à plusieurs reprises les responsables politiques du Hamas à Gaza.
Agé de 52 ans, Al Jabari était parvenu à sa position grâce à son mariage et à plusieurs attentats terroristes qui portent sa signature. Appartenant au clan des Jabari de Hebron, il a commencé sa carrière terroriste dès l’âge de 18 ans au sein du Fatah.
Arrêté à 22 ans par les forces de sécurité, il est condamné à 13 ans de prison pour sa participation à un attentat meurtrier. Pendant son séjour dans les geôles israéliennes, il apprend l’hébreu et se rapproche des milieux islamistes, notamment d’un des groupes les plus extrémistes "Al Gemaya el Islamya" où il rencontre plusieurs des fondateurs du Hamas : Abdel Aziz ek Rantissi et Salah Chkhade, qui devinrent ses maîtres. Il est libéré en 1995 et rejoint les rangs du Hamas.
Il épouse la fille de Rantissi, éliminé par Israël en 2004 après avoir succédé au sheikh Yassin à la tête du Hamas. Il profite de cette union pour progresser dans les rangs de l’organisation. Proche de deux autres figures du terrorisme islamiste, Muhamed Def et Adnan El Roul, il est arrêté par l’Autorité palestinienne en 1998 et sera libéré en 2000 au début de la seconde Intifada. Il rejoint alors les brigades Iz Adin el Kassam et devient le numéro de cette organisation. Après avoir échappé en 2004 à une attaque israélienne, il en prend la direction en 2006 après la neutralisation de Schkhade et Def.
Prenant comme modèle les techniques de guérilla du Hezbollah au Liban, Al Jabari modifie la stratégie militaire du Hamas en instaurant une véritable hiérarchie pour lui enlever son caractère de milice et la transformer en branche armée soumise à son autorité. Responsable de nombreux attentats contre des soldats de Tsahal jusqu’en 2005, il est un des artisans de la prise de contrôle du Hamas sur la bande de Gaza en 2007.
Mais l’opération qui lui donna sa plus grande aura au sein de la population palestinienne est sans aucun doute l’enlèvement de Guilad Shalit, dont il fut le cerveau et le coordinateur, puis l’homme qui mena les négociations pour sa libération. Il est également à l’origine de l’attaque au missile sur un bus scolaire bondé d’enfants en avril dernier, probablement sans l’accord du chef du gouvernement du Hamas, Ismail Hanyeh.
Certes Al Jabari n’est ni le premier, ni le dernier d’une longue liste de terroristes mis hors d’état de nuire et il est probable qu’il sera remplacé par un autre assassin. Néanmoins le coup porté par Tsahal est la preuve qu’Israël n’a pas perdu sa force de dissuasion et on peut espérer que le Hamas comprendra rapidement ce message.
Michaël Bar-Zvi
Chronique Radio.J du 15 novembre 2012 Alef Kislev 5773