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28 juin 2010 1 28 /06 /juin /2010 10:55

 

 

 

 

 

editorialàGad 

 

 

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Remontées de bretelles pour Erdogan, bruits de bottes en Iran et appel d'Obama au "Roi David" pour sauver l’Afghanistan... 

 

Marc Brzustowski,

pour http://lessakele.over-blog.fr et www.aschkel.info

 

Les coups d’accélérateur de la semaine écoulée, en matière d’info-guerre, ont eu pour première conséquence de renvoyer les présumées « flottilles » libanaise et iranienne à leurs ports d’amarrage : les bienfaiteurs de l’humanitaire, Nasrallah, pas plus que son mentor Ahmadinedjad, n’ont osé égaler la Turquie d’Erdogan par tentatives de briser l’embargo maritime israélien autour de Gaza.

 

Cet abandon par forfait ne signifie pas qu’il n’y aura pas de nouvel épisode de ce genre à l’avenir. Cela veut simplement dire que l’effet de surprise s’est dissipé et que l’outil médiatique s’est érodé, dès qu’il est tombé entre les mains d’ennemis avérés d’Israël. Connaissant la propriété des navires, dont celui d'un cousin du despote syrien, leurs financeurs, comme Yasser Kashlak, Palestinien, intermédiaire de Téhéran dans l’acheminement de fonds au Hezbollah et au Hamas, il devenait simple à Israël de déclarer ces navires « ennemis » et de leur appliquer les mesures qui s’imposent. Les loups de mer formés par les Gardiens de la Révolution iranienne savent, désormais, qu’ils auront beaucoup de mal à se faire passer pour des agneaux. Pasdaran et Hezbollah ont promis des représailles en cas de prise d'assaut ; les uns comme les autres ont flanché face à Israël et devant leur public pourtant acquis.

 

Le tableau des « erreurs » commises lors de l’arraisonnement du Mavi Marmara n’en devient que plus clair : seul un pays passant encore pour un « allié stratégique » pouvait se permettre de tromper son monde, au point que le renseignement israélien baisse la garde et ne voit rien venir. Qu’advient-il, alors, de la fameuse « libération de Gaza » par les pseudo-humanitaires, alliés objectifs du Hamas, du Hezbollah, de la Syrie et de l’Iran, qui, tous, ont préféré plier les gaules ? Que reste t-il de la brillante, quoiqu’un brin perverse, initiative d’Erdogan? Sans réitération, sans continuité, elle semble bien tomber à l’eau et cingler comme un désaveu pour celui qui comptait bien en tirer des bénéfices inouïs, en terme de leadership régional. Sans l’intercession d’Erdogan, les ennemis restent les ennemis et il n’y a rien de nouveau sous le soleil, hormis l’allègement des mesures israéliennes visant Gaza. Du même coup, il rend les flottilles inutiles et purement provocatrices.

 

Sans affirmer que l’arroseur devient l'arrosé, l’affaire du Marmara a valu à Erdogan une autre défiance : les remarques acerbes du représentant américain en Europe, chargé des questions de l’OTAN : Philip Gordon. Celui-ci l’a accusé d’aliéner les Etats-Unis et l’Occident et lui a demandé de faire la démonstration de l’engagement de son pays dans le partenariat envers les forces atlantiques. Gordon a ajouté que : « des gens se posent des questions sérieuses à ce propos, et c’est une mauvaise affaire qui rend particulièrement difficile pour les Etats-Unis de soutenir certaines choses que la Turquie aimerait nous voir créditer… ». En se servant de l’IHH, un groupe connu pour ses liens avec le terrorisme, le Cacique d’Ankara est allé un pont trop loin. Il a attiré l’attention globale sur l’arrière-cour du projet politique et stratégique de l’AKP islamiste.

 

A domicile, il a dû annuler l’invitation faite à Nasrallah de se rendre à Ankara. Ce dernier a, tout simplement, eu peur de se faire éliminer en route par une unité de « nettoyeurs » israéliens, tandis qu’Erdogan se faisait rappeler à l’ordre par son entourage. S’afficher avec le chef du Hezbollah n’aurait plus laissé aucun doute sur le revirement opéré au seul profit de l’axe irano-syrien. Alors que le 31 mai laissait entrevoir une victoire morale éclatante de cette alliance, elle a donc provoqué une réaction en chaîne qui l’a obligée à reculer sur à peu près toutes les suites que ce programme promettait : de nouveaux navires se lançant tour à tour pour profiter de « l’érosion » de la garde des côtes de Gaza ; une hausse de fréquentabilité pour le guide du Hezbollah auprès d'un allié apparent de l’Ouest ; des émissaires iraniens débarquant à Gaza pour venir au secours d’une population abandonnée du monde et punir le "méchant" Israël… De plus, Erdogan est sommé par ses généraux dont Ilker Basbug, son chef d’Etat-Major, de cesser ses accusations selon lesquelles Israël manipulerait le PKK pour se venger de l’affaire de la flottille. L’armée turque lui reproche de renforcer le PKK et de pousser le Kurdistan irakien dans les bras d’Israël, étoffant une coopération déjà ancienne. Un homme d’affaires israélien, Idan Offer, se serait ainsi rendu, il y a peu, avec une délégation consistante en Irak autonome kurde, afin de marquer sa solidarité.

 

L’isolement de l’axe va plus loin : cette même semaine, l’Iran mobilisait ses troupes au nord du pays, par crainte, disait-il, d’un rassemblement de forces israélo-américaines sur la frontière de l’Azerbaïdjan. On ne peut pas prendre au premier degré cette agitation militaire, qui trahit plutôt l'affolement au sommet de la hiérarchie des Mollahs, par crainte de soulèvements de plusieurs des groupes ethniques minoritaires à sa périphérie : Baloutches, en représailles de la mise à mort de leur chef mythique, Abdelmalik Rigi ; Kurdes d’Iran, en solidarité avec ceux de Turquie en nouvelle phase de rébellion contre Ankara ; Azéris, par fraternité avec leurs frères nouvellement indépendants à l’égard de la Russie et pro-occidentaux. Ce sursaut des Pasdaran attire également l’attention sur la possibilité que l’alliance Israël-Turquie permettait, sans doute, de surveiller l’Iran et la Syrie, grâce à des centres d’écoute turcs. Mais que ceux-ci ont vraisemblablement été remplacés depuis longtemps par des stations américano-israéliennes en Azerbaïdjan, renvoyant les précédentes au musée des vieilles gloires. Depuis Tbillissi en Géorgie, en passant par l’Arménie, en contentieux historique avec la Turquie, jusqu’aux frontières nord de l’Iran, l’Occident et Israël disposent ainsi de couloirs et relais bienveillants qui leur permettent de contourner Ankara, et de renvoyer ses prétentions à leur juste place : celle d’un pays qui doit, dorénavant, s’interroger sur les pertes, autant que les gains réalisés, en écornant sa propre réputation aux yeux de ses anciens alliés.

 

L’autre grand moment de vérité… ou d’intoxication désinformatrice (?) de la semaine a concerné la toute aussi fameuse « base israélienne » de Tabuk, installée en catimini, dans l’ouest de l’Arabie Saoudite. C’est-à-dire, à peine à 200 kms, à vol de F 16, de la ville balnéaire d’Eilat. Si l’impact politique est déterminant, en cela que les vieux ennemis jurés saoudiens et israéliens travailleraient main dans la main à la perte du régime tyrannique de Téhéran, l’intérêt stratégique du lieu laisse à désirer, en termes de proximité de l’objectif : après avoir déchargé cette cargaison, il faudrait alors confier les équipements sensibles au fret routier saoudien pour que ces livraisons parviennent à bonne destination : à l’Est de ce vaste territoire qu’est l'Arabie Saoudite. A travers un pays où vivent de nombreux chi’ites très sensibles à l’appel du Guide Suprême Ali Khamenei… En bref, des alliés médiatiques de Téhéran ont pu vouloir mettre en cause la neutralité de la Royauté wahhabite dans un conflit qui la concerne directement. On croit savoir, en revanche, que les contacts entre Riyad et « l’ennemi sioniste » sont devenus courants, par l’entremise indirecte des excellentes relations entre le chef du renseignement égyptien, Omar Suleiman avec Jérusalem. Certaines sources jordaniennes vont plus loin, en attestant de rencontres directes, à Amman. Si bien qu’on pourrait presque, désormais, parler de « secret de Polichinelle », en ce qui concerne un évitement qui n’aurait rien de nécessaire, face aux enjeux qu’affrontent de concert, l’ensemble des pays de la région.

 

Comment a-t-on pu passer, en si peu de temps, de cette mobilisation pour des bateaux réputés « humanitaires » à ce branle-bas de combat aux frontières de l’Iran ? En quoi celui-ci permet ou pas de comprendre le renoncement temporaire d’Ahmadinedjad pour la première solution propagandiste, bien moins coûteuse, apparemment, et au seul détriment d’Israël ? L’annonce du passage du Canal de Suez par une Armada pilotée par l’USS Harry Truman a été l’un des tournants majeurs du changement d’appréciation de la situation par les Mollahs. Le pas de trop d’Erdogan, dans leur direction, lui valant les remontrances de Washington, accentue cette inquiétude, au sein de l’alliance turco-irano-syrienne. Leur précédente manipulation, le projet de transfert d’uranium iranien aux bons soins d’Ankara, par l’entremise du Président brésilien Lula, n'a fait qu'accélérer le vote de nouvelles sanctions. Même si celles-ci et peut-être parce que celles-ci, justement, resteront inefficaces, selon l’aveu même du patron de la CIA, Léon Panetta. Au moment où ce vote de la dernière chance commençait à prendre effet, tout se passe comme si aucun des belligérants potentiels n’était dupe et n'avait plus de raison valable d'y croire.

 

Jusqu’à présent, Jérusalem a laissé toute latitude diplomatique au Président Obama. Mais celui-ci, à l’instar d’Erdogan auprès des siens, semble tout aussi acculé à devoir redresser sa côte, en tant que Commandant en chef. Il a même dû congédier le Général Mc Chrystal, suite à des commentaires désobligeants pour son Administration, dans la presse. Il l’a remplacé par le prestigieux Général David Petraeus, surnommé « le roi David » après son succès en Irak. L’ancien Sénateur de l’Illinois devenu Président était le plus critique des élus à l’encontre du « Sursaut en Irak » alors prôné par Petraeus et soutenu par John Mc Caïn, à l'époque. Voilà qu'il en vient à remettre les clés de son propre destin présidentiel entre les mains de celui contre lequel il n’avait pas de mots assez durs, en 2006. Tancé par le Sénat et le Congrès, comme par le père d’Angélina Jolie, à cause de son parti-pris anti-israélien, mis à mal pour cause de pollution aggravée au large des côtes de la Louisiane, Obama apparaît plus faible que jamais. Le pouvoir réel semble lui glisser entre les doigts, à mesure que le sablier du programme nucléaire iranien continue de filer, quoi qu’il ait tenté pour réunir un consensus international autour de sa position d’ouverture. Il a promis un retrait d’Afghanistan en 2011 et, pour tenir parole, il ne trouve rien de mieux que d’appeler à son secours, le Général américain qui est, peut-être, le plus opposé à une échéance aussi courte, intenable sans dégâts considérables pour le prestige des USA…

 

Le dénouement de ce qui se profile, en ce début d’été chaud, n’aura sans doute pas lieu, sauf mouvement imprévu, avant l’automne : pour prévenir une élection défavorable au congrès ? Ou, parce qu’il est désormais clair que l’ouverture n’a pas stoppé le désir d’hégémonie iranienne ? Et que la situation en Afghanistan ne peut déboucher sans frapper l’agitateur régional et mettre indirectement au pas l’allié pakistanais ambigu, par l’exemple de la force que confère la suprématie militaire ? 

 

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commentaires

M
<br /> Merci à vous deux pour ces encouragements au saltimbanque!<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> Enfin une analyse globale intelligente et perpicace sur un echiquier politico-militaire tres sensible et souvent bien indechiffrable.<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Excellente analyse geo politique qui renvoie dos à dos les comtempeurs d'Israel et les critiques ( dits binveillants) de la politique de son gouvernement<br /> <br /> Merci et à diffuser<br /> <br /> <br />
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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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