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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 12:48

 

 


 

Retrait du Liban mai 2000 : quelles leçons pour aujourd’hui et demain ?

 

ECOUTEURS AUDIO>>>écoutez l'audio avec Aschkel

 

Marc Brzustowski

pour http://lessakele.over-blog.fr et www.aschkel.info

 

On a commémoré silencieusement et de façon bien singulière les dix années de retrait de Tsahal du Sud-Liban, cette semaine. Un exercice de grande envergure, « Tournant 4 », a concerné toute la population du pays. Il consiste à se préparer à des évacuations de masse en cas d’attaque simultanée sur plusieurs fronts. D’autre part, les aveux de deux espions arabes israéliens, participant officiellement à la démocratie parlementaire, mais travaillant officieusement pour le Hezbollah, ont fait la une de l’actualité.


La nature ayant horreur du vide, chaque retrait a stimulé l’émergence et le renforcement de groupements islamistes appuyés par l’Iran et la Syrie, dans les zones délaissées : Liban-Sud ou Gaza. Ces retraits étant, chaque fois, interprétés comme un signe de faiblesse, ils ont été retournés en « divine victoire » par l’ennemi et en instrument puissant de guerre psychologique. Affaiblissant le caractère dissuasif d’Israël, on peut même dire qu’ils ont favorisé le retournement d’alliés hésitants, s’alignant sur l’axe qui tirait le maximum de bénéfices de la situation de vide ainsi créée : c’est le cas de la Turquie s’alliant à Téhéran et Damas, à la suite de ses déboires vis-à-vis de l’Europe, mais aussi parce qu’elle sent un vent puissant se lever à l’Est.


Ces points faibles remettent en cause ces stratégies globales, bien qu’ils n’enlèvent rien à la valeur tactique intrinsèque du retrait. Durant 18 ans, les unités stationnées dans cette zone de sécurité ont, continuellement, servi de cibles relativement fixes à la mise en œuvre d'une guérilla de harcèlement, de plus en plus sophistiqués, de la part de cellules combattantes terroristes. Celles-ci ont pu aiguiser leur savoir-faire en matière de coups tordus : fortins, bastions, tranchées, routes chaotiques devenaient un théâtre favorisant l’ingéniosité du Hezbollah. Il affinait ses façons d’attaquer par surprise, à la faveur de la nuit, puis de se retirer rapidement, ou de piéger les voies de passage. Contre son gré et au prix de près d’une dizaine de tués par mois, Tsahal est devenue experte dans les méthodes de guerre contre-insurrectionnelles. Ce qu’elle a retenu a, ensuite, été transféré et appliqué sur d’autres scènes de guerre des armées occidentales, comme en Irak ou en Afghanistan. L’armée de défense d’Israël reste un corps militaire en mouvement, plus à son affaire dans une incursion de quelques jours au cœur des dispositifs adverses, que dans une guerre de position durant une vingtaine d’années.


La question des retraits est donc moins un problème intrinsèquement militaire que conditionné par le type de processus décisionnels et politiques qui l’entourent. Tsahal dispose, a priori, de la même force de rétorsion qu’auparavant, si ce n’est plus. C’est la conséquence supposée du retrait dans l’attitude de l’adversaire qui est hautement erronée. Croire qu’on retire le bénéfice de la « légitime résistance » à l’ennemi et qu’il devra se conformer à des résolutions internationales tient du rêve éveillé. Il constitue une faille grave dans l’identification du type d’ennemi auquel on a affaire.

Du moins, chaque retrait s’est accompagné de fanfaronnades justifiant d’une réplique décisive, si jamais l’ennemi repassait à l’offensive.

Dans le cas du retour du Liban, l’exemple typique en a été donné au mois d’octobre 2000 : trois soldats du génie étaient enlevés sur le Mont Dov. Quoi qu’ayant promis des représailles radicales avant le retrait, Ehud Barak s’abstint d’entreprendre quoi que ce fut de sérieux. On se trouvait aux prémices de l’Intifada et la situation intérieure devenait menaçante. Les différents groupes terroristes, libanais ou palestiniens esquissaient alors une distribution des rôles qui augurait déjà de cette prise en tenaille qui caractérise la situation actuelle de ni guerre ni paix. Chacun s’accorde à penser que le retrait de 2000 a donné le coup d’envoi de l’Intifada de septembre de la même année dans les territoires. De même, plus la pose « résistante » du Hezbollah devenait « sexy » dans l’imaginaire arabe, plus on a eu d’occasions de constater que la loyauté des Arabes de Galilée s’effritait et que certains de leurs chefs n’hésitent pas à travailler comme espions pour la milice libanaise. La "souveraineté" du Liban, déjà sujette à caution, échouait entre les mains de l'entité non-étatique ou "Etat dans l'Etat".

Sur ces deux fronts, ce sont les gouvernements ultérieurs :

- celui d’Ariel Sharon, avec l’opération Rempart, en 2002,

- celui d’Olmert, avec l’impréparation qui caractérisa la guerre du Liban II de 2006,

qui durent mettre les menaces de Barak à exécution. Concernant le Hezbollah, la réplique dut attendre 6 ans et fit preuve d’approximations. Elles nous reconduisent, 4 ans plus tard, au même scénario envisageable, mais avec des armements toujours plus performants : M-600 ou missiles Scud entreposés à Adra en Syrie, dans l’attente de leur transfert vers le front libanais.

On retrouve une configuration identique avec la sortie de Gaza. Elle se solde, durant l’hiver 2008-2009, par l’opération « Plomb Durci ». A ce même modèle répliqué trois fois, manque cruellement l’application de la doctrine énoncée : celle de la tolérance zéro.

Plutôt que d’attendre le moment politique opportun pour des représailles en conséquence, la notion d’attaque préventive -gagnante de façon magistrale en juin 67- semble avoir été la première "victime collatérale" de ces tergiversations politiciennes.

Un retrait tactique suivant une victoire stratégique considérable serait relativement indolore sur le plan de la guerre psychologique et de l’image, si importante en termes de dissuasion. C’est principalement ce qui a manqué en mai 2000 : si celui-ci avait été la conséquence de la destruction de plusieurs places fortes réputées et la disparition de plusieurs représentants de l’Etat-Major du Hezbollah, chacun ce serait écrié : «Khol Hakavod,  mission accomplie ». On évitait, peut-être, d’avoir à tenter de le refaire, avec un certain cafouillage, 6 ans plus tard.


Dans les deux cas, ce sont les buts de guerre précis qui se sont perdus dans les brumes des combats.


D’autre part, Israël n’est pas seul responsable du volume pris par une organisation tentaculaire comme les fous de D.ieu de Nasrallah. L’anticipation erronée pouvait être que le Hezbollah, perdant sa raison d’être, l’armée libanaise allait investir le Sud-Liban et ce pays recouvrer sa souveraineté relative. C’était sans compter avec le facteur syrien, qui contrôlait le reste du pays et a empêché l’armée libanaise de bouger le petit doigt. Damas avait encore besoin de Nasrallah dans son chantage permanent concernant le Golan. Depuis, la situation n’a fait qu’aller toujours plus loin dans l’inflation de la menace.

Concentré sur l’influence iranienne, on distingue mal le pas de deux qui s’est esquissé, entre le retrait syrien de 2005, après l’assassinat de Rafic Hariri et le besoin syrien de voir le Hezbollah semer le chaos en août 2006. Il a patiemment préparé le retour des Alaouites au Liban, tout en se jouant de l’ingénuité des Occidentaux (résolution 1559 et 1701, avances diplomatiques).

L'Iran y gagne en profondeur stratégique, simplement, grâce à l'excellente connaissance du terrain de la Moukhabarat damascène et sa proximité aux Libanais qu'elle maintient sous sa coupe réglée depuis si longtemps... Mais, cette fois, avec le consentement de Sarkozy et Obama.

L'Iran n'est pas un "conquérant", il ne fait qu'utiliser la main d'œuvre disponible et exploiter à peu de frais les intérêts particuliers des acteurs locaux....

 Les retraits ont profité à des milices non-étatiques directement entraînées, armées, et coordonnées par les Pasdaran de la Révolution islamique. Depuis la mort d’Imad Moughniyeh, l’afflux de conseillers iraniens au Liban n’a cessé. Environ 1500 d’entre eux ont été repérés, accompagnés d’interprètes arabes, supervisant l’installation de divers bunkers et canons à la frontière.

 Israël s’est, jusqu’à présent, abstenu de prendre le problème à la racine et de mettre un terme aux trafics planifiés qui alimentent les conflits et les rendent irrémédiables. Les maisons-mères s'en sortent indemnes et prêtes à récidiver. Il leur suffit de rechaper leurs succursales.

Il s'agissait, alors, de limiter les conflagrations et d'éviter qu'elles ne s'étendent à l'ensemble de la région. Jusqu'à ce qu'il devienne impossible de les empêcher? Ou l'art de reculer pour mieux sauter...

 

 

©Aschkel&Gad 

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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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