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7 février 2010 7 07 /02 /février /2010 09:15

Sept mythes à propos de l’Iran

par Bret Stephens, Wall Street Journal
Thème : International


Publié le 2 février 2010

Titre original : Seven Myths About Iran

Traduction : Objectif-info



« Nous avons tenté de négocier [avec les iraniens] pendant cinq, six ans. Nous avons tout essayé. Nous avons rencontré tous les iraniens que nous pouvions rencontrer. Nous avons tenté d’ouvrir tous les canaux possibles. Nous avons eu des idées nouvelles et le résultat de ces efforts est celui-ci : néant »

Voila ce que m’a dit un diplomate occidental qui me décrivait les efforts de son pays pour parvenir à un règlement négocié avec Téhéran sur son programme nucléaire. Ce faisant, il exposait un mythe élaboré depuis une dizaine d’années, selon lequel l’Iran était prêt à abandonner ses programmes en échange d’un « grand marché » avec l’Occident.

Examinons un petit nombre d'autres mythes sur le même sujet et espérons qu’il ne faudra pas des années pour que la leçon entre dans les têtes :

(1) Les frappes militaires sur les installations nucléaires ne servent à rien.

C’est l’argument qu’a avancé le secréatire à la Défense Robert Gates qui disait l’an dernier devant la Commission du Sénat « qu’une attaque militaire ne permettra que de gagner du temps et elle rendra le programme plus opaque et dissimulé. »

Peut-être, mais est-il inutile de gagner du temps ? L’attaque d’Israël contre le réacteur Osirak en 1981 a donné du temps même s’il a conduit le programme de Saddam à devenir clandestin. Il a permis que l’Irak qui a envahi le Koweit et menacé l’Arabie saoudite soit un pays non nucléaire neuf ans plus tard. Ce point avait été reconnu par le Secrétaire à la Défense de l’époque, Dick Cheney, qui a remercié le chef israélien de l’opération Osirak d’avoir « rendu notre travail plus facile dans l’opération Désert Storm.*

(2) Une frappe rallierait le peuple iranien au régime.

Cette hypothèse serait plus convaincante si le régime avait conservé des revendications fondées sur le partiotisme iranien. Si ça a été le cas, cela n’a pas duré longtemps. Ce serait aussi plus convaincant si le programme nucléaire était plus populaire que ne le prétendent ceux qui veulent justifier le régime. Au contraire, l’un des chants les plus répandus des manifestants dit : « l’Iran est fertile et verdoyant, il n’a pas besoin de bombes nucléaires ».

Même si le programme nucléaire bénéficiait d’un vaste soutien, on ne sait pas vraiment comment les Iraniens réagiraient dans l’hypothèse de frappes militaires. Le dictateur argentin Leoplodo Galtieri déclencha une vague ferveur nationaliste quand il envahit les iles Falkland en 1982. Mais il fut débarqué une semaine à peine après la chute de Port Stanley entre les mains des Britanniques. Quand un régime joue son prestige sur une entreprise unique et controversée, il ne peut pas se permettre d’échouer.

(3) Les sanctions ne marchent pas, et général elles aboutisse à renforcer le régime au détriment du peuple.

Il en est ainsi à condition que les régimes soumis à des sanctions exercent un contrôle puissant sur la société, qu’ils aient des populations relativement soumises et qu’ils ne soucient pas le moins du monde de leur respectabilité internationale. Il est vrai aussi que les sanctions seules ne sont jamais des balles d’argent. (**) Mais comme l’a souligné Mark Dubowitz de la Fondation pour la Défense des Démocraties, elles peuvent être des « éclats d’obus d’argent », en particulier quand le pays cible est aussi vulnérable que l’Iran aujourd’hui, et quand il est aussi dépendant de ses importations d’essence

C’est pourquoi la Chambre des Représentants a eu raison d’approuver en décembre, à une majorité écrasante, la loi instaurant des sanctions sur le pétrole raffiné ; et le Sénat a bien fait d’adopter à l’unanimité un texte similaire jeudi dernier, malgré les objections de l’administration.Dans la durée, le régime trouvera certainement le moyen de contourner les sanctions qui interdisent aux entreprises qui travaillent avec l’Iran dans le secteur de l’énergie de travailler avec les États-unis. Mais à très court terme, ces sanctions peuvent provoquer des troubles de masse qui peuvent faire pencher la balance contre le régime.

(4) Le monde peut vivre avec un Iran nucléarisé, tout comme nous vivons avec d’autres puissance nucléaires peu ragoutantes.

Je suppose que c’est vrai. Pouvons-nous vivre aussi avec une Arabie saoudite, une Égypte et une Turquie nucléaires ? Le problème avec les visions « réalistes », c’est qu’elles ne parviennent pas à prendre en compte la peur que l’Iran nucléaire inspire aux régimes conservateurs de son voisinage. Pendant la guerre froide, la politique de « containment » *** [ou d’endiguement] était déjà difficile à mener. Imaginons à présent qu’il y ait quatre ou cinq courants divergents parmi les Arabes, les Perses, les Turcs et les Israéliens, certains d’entre eux étant des fanatiques religieux, dans la region du monde la plus instable.

(5) Le régime iranien va tout droit dans les poubelles de l’histoire. La meilleure politique est d’en faire le moins possible jusqu’à ce qu’il s’effondre de l’intérieur.

Les régimes communistes étaient aussi destinés à la poubelle de l’histoire. Malheureusement il a fallu des décennies pour y arriver, au cours desquelles il a tué des dizaines de millions de personnes. Qu’il y aille lentement est un enjeu d’importance pour le peuple iranien et ses voisins. Mais il est aussi important qu’il y aille vite, et rester à la traine des évènements n’est pas une politique.

(6) Plus nous affichons notre soutien aux manifestants plus nous portons préjudice à leur cause.

C’était l’opinion de l’administration après les élections du 12 juin : elle marchait sur la pointe des pieds pour éviter d’être accusée d’ingérence dans les affaires intérieures de l’Iran. Le régime a néanmoins formulé l’accusation d’ingérence des États-Unis.

Mais les mouvement de protestation semblables à ceux de l'Iran (ceux des Polonais ou des Sud-africains) ont été renforcés par un sentiment de légitimité morale que le soutien international peut seul conférer. Quand la gauche américaine soutiendra-t-elle les droits des Iraniens comme elle l'a fait, admettons-le, pour ceux des Tibétains? Peut-être quand le président Obama le lui dira.

(7) En dernier recours, Israël liquidera les installations nucléaire iraniennes.

Plus les responsables politiques tomberont dans le panneau des six premiers mythes, moins le septième relèvera du mythe.


(*) Ndt « Tempête du désert » était le nom de campagne de la première guerre de la coalition contre l’Irak en 1991.
(**)Ndt Dans le folklore la balle d’argent est seule capable de tuer une créature anthropomorphe, le loup-garou ou lycanthrope.
(***)Ndt Politique du président américain Harry Truman visant à prévenir l’extension du communisme.
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Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

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Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

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Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

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Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

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