Par Khaled Asmar
Assad dégarnit le front face à Israël pour diriger son armée contre Deraa.
lundi 25 avril 2011 - 15h41, par
Selon des témoins syriens, qui ont fui Deraa vers la Jordanie, la mosquée Al-Omari a été détruite ce lundi matin, sur les citoyens qui s’y sont réfugiés depuis le début de l’assaut donné par les unités spéciales de la Garde présidentielle syrienne.
Saad Silawi, le correspondant de la télévision « Al Arabiya » en Jordanie, cite une syrienne mariée à un jordanien, qui a réussi à quitter Deraa ce matin, selon laquelle plus de 150 personnes ont été tuées ce matin, et des centaines d’autres ont été blessées. Les forces spéciales dirigées par Maher Al-Assad, le frère du président qualifié en Occident de « réformateur », ont investi la ville et bombardé aux chars d’assaut le quartier de la mosquée Al-Omari. Cette mosquée a été détruite sur la tête des habitants qui s’y étaient réfugiés.
Selon plusieurs interlocuteurs, les similitudes sont frappantes entre Hama en 1982 et Deraa en 2011. Ils rappellent comment « le président Hafez Al-Assad, qui bénéficiait déjà de la complicité israélienne et américaine, et qui se présentait comme modéré face aux intégristes, s’est appuyé sur son frère sanguinaire Rifaat pour réduire la contestation à Hama. Près de 30 ans après, le même scénario se reproduit avec Bachar Al-Assad, l’ami de l’Occident (il a étudié en Grande-Bretagne et a été invité au pays des droits de l’homme et honoré un certain 14 juillet) qui se présente comme réformateur pris en otage par les caciques du Baas, et qui sous-traite le génocide à son frère Maher ». Mais contrairement à 1982, l’information circule à la vitesse du son (par téléphones portables) et en 2011, les Syriens sont moins dupes. En outre, le régime est obligé de disperser ses forces, avec plus de dix villes qui sont déjà considérées comme rebelles. L’armée, qui sera vite débordée, ne peut que se diviser. A moins que le régime n’appelle l’Iran, l’OTAN ou Israël à l’aide pour décimer la population !
A cet égard, le soutien iranien à Assad n’est plus un secret pour personne. Le site « Beirut Observer » a révélé hier dimanche qu’un bâtiment de la marine iranienne, chargé d’armes chimiques destinées à la Syrie, a été intercepté à l’entrée sud du Canal de Suez par les Egyptien. D’ailleurs, avec beaucoup d’ironie, les Syriens soulignent que « l’armée syrienne s’est repliée du front du Golan, face à Israël, pour attaquer Deraa et réduire la population qui réclament un peu de liberté et de démocratie et un peu de dignité. Mais avec notre président réformateur, ami de l’Occident et complice d’Israël, nous n’aurons ni démocratie, ni liberté, encore moins de dignité. Au contraire, il est déterminé à nous reprendre notre vie ».
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Khaled Asmar
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