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10 août 2012 5 10 /08 /août /2012 14:52

 

editorialaGad-copie-1

 

 

Syrie-Egypte : Jihad Global contre Parrains et Prétendants au Qalifat

 

Par Marc Brzustowski.

 

L’attentat, le 18 juillet 2012, contre l’Etat-Major syrien réuni autour d’Assef Chawakte, beau-frère de Bachar al Assad, a entraîné dans la mort 4 des principaux chefs de la sécurité syrienne, dont cet homme-clé du dispositif de répression. Il constitue, sans aucun doute, l’un des revers les plus cinglants pour le régime de Damas, jusqu’à présent.

 

Ce coup fatal a, d'abord été attribué à des infiltrés de l’Armée Syrienne Libre, mais cette version est remise en cause. Selon des observateurs attentifs du terrorisme, américain, comme Thomas Joscelyn et israélien, comme Mordekhaï Kedar, cette élimination en bande organisée pourrait bien être un coup d’un groupe islamiste, selon le second, et, pourquoi pas, (sous l’influence) d’éléments d’al Qaeda en Irak, ayant traversé la frontière pour faire de la Syrie leur nouveau champ de bataille, selon le premier (http://www.longwarjournal.org/archives/2012/07/slain_syrian_officia.php).


 

Assef Chawkate (Copier)

Assef Chawkate, longtemps considéré comme "l'homme le plus puissant de Syrie"... jusqu'au 18/07 dernier.

 

L’expert US rappelle que, quel qu’ait été le modus operandi et ses auteurs réels, il s’agit là d’un remarquable retour de boomerang. A plusieurs reprises, le Général David Petraeus, responsable du Surge en Irak, et actuel chef de la CIA, avait exhorté le régime syrien à renoncer à son hébergement du réseau d’Abu Ghadyiah, lieutenant d’Abu Musab al Zarqawi, puis, d’Abu Ayyub al Masri, son remplaçant, également éliminé. Ghadyiah était responsable de la plupart des carnages en Irak, depuis la chute de Saddam Hussein. L’Amérique avait alors envoyé un avertissement sévère à la Syrie, en lançant un raid de commandos héliportés à l’intérieur même du territoire syrien, de l’autre côté de la frontière avec l’Irak, en octobre 2008, contre le bastion terroriste.

 

Un câble de Petraeus, daté du 26 décembre 2008, accusait la Syrie de jouer à un jeu dangereux, faisant semblant de se tenir à des accords sécuritaires régionaux, mais en facilitant, de fait, la pénétration d’al Qaeda en Irak et de l’axe chi’ite pro-iranien, au Liban, à Gaza, en Judée-Samarie et partout ailleurs. Il pointait du doigt le dictateur syrien et son beau-frère, Chawakte, alors chef des services de renseignements militaires. Le Commandant en chef américain avait acheminé son message de mise en garde, via les services du Président libanais, Michel Souleiman et ceux du Directeur des renseignements jordaniens, sans succès. Plusieurs tentatives avortées de cet acabit ont fait dire à Petraeus, à l’époque, que « tôt ou tard, ces « combattants étrangers » d’Al Qaeda courant, après leurs attentats, se refugier en Syrie, finiraient par se retourner contre leurs hôtes ». Il faisait aussi directement allusion au double-jeu mené par l’ISI pakistanaise finançant et croyant contrôler al Qaeda contre les Russes, puis les Occidentaux et les Indiens, mais, plus tard, victime de retournements d’alliance. La nébuleuse prenait possession des zones tribales ou agissait directement contre l’Etat d’Islamabad, depuis Karachi, la Mosquée Rouge ou ailleurs.

 

Aujourd’hui, Al Qaeda se mêle du combat d’autres mouvements insurgés en Syrie, et il s’est retourné contre le régime syrien, au point d’appuyer des groupes qui ont exécuté son ancien parrain et référent Assef Chawkate. Celui-ci était désigné, par le Département d’Etat, comme le commanditaire et coordinateur syrien du Hezbollah, du FPLP-Commandement Général d’Ahmed Jibril, du Hamas et du Jihad Islamique palestinien. Il était le grand inspirateur de cette alliance a priori contre-nature entre des groupes d’obédience chi’ite et sunnite, du moment que la cible à éliminer ou tenter d’atteindre reste Israël. Le modèle opératoire est, bien évidemment, celui du monstre enfanté qui dévore son père nourricier. Et ce, de toute évidence, sans que sa proie la plus en vue, Israël, n’ait le moins du monde à se salir les mains pour que quiconque joue avec le feu se brûle définitivement. La morale de l’histoire est qu’Al Qaeda ne roule que pour son propre compte, en surfant sur les retournements géopolitiques régionaux et qu'il se nourrit du chaos qu'on lui demande de répandre. Bien mal en prendrait à tout état qui, comme la Syrie ou l’Iran en Afghanistan et ailleurs, pensent manipuler cette arme à double-tranchant contre leurs ennemis congénitaux.

 

Aussitôt ce drame survenu au sommet de la hiérarchie syrienne, la réplique ne s’est pas faite attendre. Apparemment sans se laisser démonter, les forces d’Assad reprenaient, d’abord, les quartiers de Damas menacés par la rébellion, puis, plus récemment, « purgeaient » Salaheddine, le bastion de l’insurrection à Alep, depuis début juillet, à coups d’armes à suppression thermobarique.

Type d'armes thermobariques utilisées par l'armée syrienne. Egalement en possession du Hezbollah (saisies lors de la Guerre du Liban II, 2006)

 

Au même moment, le gratin iranien se déplaçait aussi bien à Beyrouth, en la personne de Jalili, auprès de Nasrallah, qu’en Turquie pour émettre des sommations d’usage : elles réaffirment partout l’implication officielle de Téhéran auprès de son allié et sa volonté de détourner le conflit civil en guerre du Hezbollah et de la Syrie contre Israël. Comme Chawkate, le haut du pavé iranien mouille sa chemise depuis plus de 30 ans, pour dépêcher des groupes terroristes à la traque de cibles israéliennes partout dans le monde. Sauf qu’il n’est plus maître de tout le terrain en Syrie, ni de certains de ses anciens employés non-chi’ites. Les Ayatollahs sont les premiers commanditaires internationaux et planificateurs du terrorisme, y compris des groupes comme le Jihad Islamique, qui lui reste fidèle, à Gaza. Mais, à force de se pencher au balcon damascène et d’avoir pignon sur rue à Beyrouth, un jour ou l’autre, ils pourraient bien aussi subir le contrecoup de la prédiction de Petraeus. Récemment, l’Armée Syrienne Libre a affirmé détenir 48 Gardiens de la Révolution iranienne en otages, et que des centaines de cadavres de combattants du Hezbollah libanais tués à Alep, Homs ou Hama, étaient enterrés en toute discrétion dans la plaine de la Beka’a, après rapatriement, pour couvrir toute évaluation de l’effort et des pertes en vies humaines que lui coûte son implication aux côtés d’Assad.

 

Il est, également, possible que la tentative d’infiltration, dimanche dernier, à la frontière israélienne du Sinaï, soit, en fait, une manipulation, par des éléments pro-iraniens –comme le Jihad Islamique- de quelques têtes brûlées Salafistes, issues des tribus bédouines. Un groupe de Jihadistes en fourgons blindés, dérobés à l’armée égyptienne ont, d’abord, massacré 17 soldats de la Nouvelle Egypte, avant de réaliser un baroud de moins de 15 minutes du côté israélien de la barrière et de se faire pulvériser, comme fétus de paille, par Heyl Ha'avir. La tentative paraît claire : lancer des Bédouins salafistes contre la base de l’unité de reconnaissance bédouine de Tsahal et déclencher une guerre tribale d’un côté et de l’autre de la frontière. En fait, ce ne sont pas des Israéliens qui ont eu à en faire les frais, mais bien des soldats égyptiens sur la défensive. Une armée qui est directement sous la supervision d’un pouvoir islamiste, totalement dévoué à lever l’hypothèque du traité de paix avec Israël, dans le registre idéologique, tout au moins. Elle se retrouve à devoir compter sur les renseignements et le feu vert de l’Etat honni. Elle a dû exiger de son allié et bras armé, le Hamas, qu’il expulse trois membres de « l’Armée de l’Islam », un groupe jihadiste infiltré à Gaza, dont Mumtaz Durmush, son chef, mais aussi 3 membres de la Branche Ez-El-Din al Qassam, la branche armée du Hamas, après avoir encerclé Rafah, pilonné des tunnels et bloqué tout passage du terminal vers l’Egypte : un comble. Le Hamas n’a, depuis lors, de cesse d’implorer du Caire qu’il rouvre les accès et laisse le commerce des tunnels vaquer à ses occupations, jurant, mais un peu tard, pouvoir rétablir l’ordre qui lui échappe, à cause de plus islamistes que lui. D.ieu, décidément, hait les tièdes... 

 

Stratégiquement, politiquement, ce contre-sens, au lieu de précipiter la rupture des liens avec Israël, produit, au moins, dans un premier temps, un resserrement de ces relations indésirables pour assurer un minimum de sécurité égyptienne dans le Sinaï. La mort de 17 militaires marque profondément les esprits et attise la haine, d’abord, contre ces Salafistes, avant de provoquer quelques manifestations démagogiques exigeant la suspension irrationnelle des accords ou des accusations conspirationnistes de manipulation du « Mossad », dans la veine des contes à dormir debout qui nourrissent l’imaginaire moyen-oriental.

 

A cela s’ajoute la bride laissée sur le cou au PKK, que la Syrie souhaiterait bien utiliser contre Ankara, en abandonnant le contrôle du Kurdistan syrien à divers groupes de la mouvance indépendantiste kurde. Or, ceux-ci n’ont qu’un intérêt mal compris à se lancer dans trop d’opérations antiturques, alors qu’ils bénéficient d’une certaine autonomie, dans l’attente d’un dénouement des combats entre Sunnites et Alaouites syriens. D’autre part, le Kurdistan irakien, sous l’égide de Massoud Marzani, parvient à passer des accords minimaux avec Ankara, sur le gaz et le pétrole, jusqu’à faire accepter, sous cape, par la Turquie, de contourner le veto de Bagdad, dans les arrangements que passe directement la capitale du Kurdistan, Idbil, avec certaines compagnies pétrolières américaines et françaises (dont Total), du moment que les affaires tournent, autant pour Ankara que le Kurdistan. Si Nouri al-Maliki reste inféodé à Téhéran, qui contrôle peu ou prou Bagdad par son entremise, il n’en va pas de même avec Barzani, idéologiquement plus proche des Américains, et, malheureusement pour Téhéran, de Jérusalem.

 

Si bien que l’Iran, qui appuie Assad de toutes ses forces, se trouve, aujourd’hui, en conflit frontalier et diplomatique, avec, au moins, un autre pays chi’ite, l’Azerbaïdjan, allié d'Israël. Que devient donc la signification exacte du concept "d'Arc chi'ite", à cette notable exception près? Et il se trouve, déjà, en délicatesse avec le Kurdistan irakien, donc virtuellement, avec ses frères syriens, qui peuvent envisager comme très réaliste le contrôle relatif d’un couloir stratégique offrant une certaine continuité territoriale kurde. Le territoire obtenu, du fait de la vacance alaouite, ne serait plus disponible pour servir « d’autoroute » à l’acheminement d’armes et de renforts iraniens vers le Hezbollah libanais. Les Pershmergas ont, déjà, prêté leurs bons et loyaux services à l'armée US, lors de l'invasion d'Irak 2003. Un bien vaut mieux que deux tu l'auras.

 

Si les Kurdes jouent finement cette « partition », cela pourrait constituer une nouvelle « épine dans le pied d’argile » de l’Iran, au profit d’alliés potentiels d’Israël et des Etats-Unis, lors d’un nouveau retour de flammes à l’envoyeur… Il leur suffirait de privilégier, au moins provisoirement, la carte politique d'une autonomie grandissante et d'une reconnaissance progressive par les grandes puissances, plutôt que de porter trop de coups à la Turquie, empêtrée dans l'actualité syrienne immédiate. Après tout, Mahmoud Abbas ne s'expose t-il pas régulièrement devant l'ONU pour faire reconnaître un Etat non-viable économiquement et politiquement déjà failli... ? Cette leçon ne vaudrait-elle pas un Kurdistan? Au moins, que l'échec global palestinien serve à quelque chose, historiquement... 


La République Islamique est, à ce jour, le pire ennemi du monde arabe, alimentant le massacre de plus de 21.000 Syriens. A force de croire que le terrorisme est son meilleur bouclier contre une attaque de ses installations nucléaires, Téhéran pourrait bien, un jour, mesurer toute l’ampleur de son désarroi, la tête du serpent se retournant contre… elle-même. 

 

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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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