Le régime a de son côté décidé d’accentuer la répression, faisant la sourde oreille aux appels arabes et internationaux à la retenue (comme le souligne un journal satirique français, « Assad fait toujours semblant de rien entendre »).

Plus aucun jour ne passe sans que les chars d’assaut ne bombardent les villes syriennes, à tour de rôle. Après Deraa, Homs, Banyas, Jisr al-Choughour, Idlib, Palmyre, Talbisseh et Hama... les forces du régime pilonnent ce dimanche la ville de Deir Ezzor. Ce faisant, le régime met à pied d’égalité les communautés ethniques syriennes (après les Arabes, il réprime les Kurdes et les Assyriens), mais surtout, il exerce la même violence étatique à l’encontre des musulmans, mais aussi des chrétiens (après les vendredis, il pilonne le dimanche). Assad, qui a toujours vanté un rôle très fictif dans la protection des minorités, vient de prouver le contraire et de souder davantage l’union nationale islamo-chrétienne, une union baptisée désormais par le sang et l’avenir commun. Le dénominateur commun entre toutes les composantes est leur rejet du régime usurpateur, qui a longtemps exploité l’arabisme et le nationalisme pour des intérêts claniques et familiaux. L’objectif commun à toutes les communautés syriennes est de ce fait la chute du régime.

La preuve, si besoin était, demeure la mobilisation intacte des Syriens qui ont déjà brisé le mur de la peur, respiré la liberté, et écarté toute possibilité de compromis avec un régime assassin. Ce dimanche, le bilan encore provisoire de la répression est déjà de près de 60 morts et des dizaines de blessés, notamment à Deir Ezzor. Le régime lance également une virulente offensive sur front politico-diplomatique en dénonçant les appels du Conseil de Coopération du Golfe lequel avait critiqué la poursuite du massacre. Les observateurs du Golfe redoutent désormais une déstabilisation de ces monarchies, à la demande de Damas en guise de riposte. Car, selon ces observateurs, « les pays arabes du Golfe avaient observé le silence face au massacre en Syrie pour obtenir, en contrepartie, l’approbation syrienne de l’intervention du Bouclier de la Péninsule à Bahreïn ». Mais face aux horreurs commises en Syrie, rien ne peut plus justifier le silence, qui s’apparente désormais à la complicité de génocide.

Après avoir longtemps privé son peuple de liberté et de dignité, Assad lui enlève aujourd’hui la vie. Il tue les Syriens sans doute pour les délivrer de sa propre tyrannie. Car Assad est le mieux placé pour savoir que ses réformes promises n’auront jamais lieu et que le peuple ne s’en contentera pas. Il lui est plus facile de décimer quelques millions de Syriens que de sacrifier son pouvoir.

Moins grave, Assad nous prive aussi de vacances et nous oblige à intervenir pendant la semaine de repos que nous nous sommes attribués. Mais les activistes syriens nous rassurent que c’est la dernière fois qu’Assad nous gâchera notre vie(*). Mais à quel prix ?

(*) Les activistes syriens rappellent, non sans raison, que le régime a régulièrement allumé des feux et des contre-feux par le biais des Palestiniens et/ou du Hezbollah au Liban et dans les Territoires palestiniens, ou à la frontière israélienne et en Jordanie, ou encore par l’intermédiaire d’Al-Qaïda en Irak et dans le Golfe... Ces interlocuteurs rappellent aussi que de la même manière, le régime s’est longtemps servi du PKK pour harceler la Turquie... Le tout pour mieux négocier sa stature régionale ! A cause de ce bellicisme, insistent les opposants, « la région n’a jamais connu de répit depuis les années 1970 ». Mais tout a une fin !

Bernard K. (Rome)

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