Par Maxime Perez, à Tel Aviv
Rubrique: Défense
Publié le 1 avril 2010

Barrages de roquettes depuis Gaza et le Sud-Liban, tirs de missiles balistiques depuis l’Iran et la Syrie, tel est le scénario du pire imaginé cette semaine par l’armée de l’air israélienne. Intitulé « Tiramisu », l’exercice n’a rien d’un savoureux dessert toscan et s’inspire plutôt de l’adage si cher aux officiers supérieurs de Tsahal : « à l’entraînement plus dur qu’à la guerre ».

Les manœuvres, entamées dimanche dans un laboratoire tenu secret, ont pour objectif de tester la résistance des réseaux informatiques militaires en cas de bombardements tous azimuts sur le territoire israélien. Les ingénieurs de l’armée souhaitent en particulier analyser la réaction et la complémentarité des différents systèmes de défense s’ils devaient être soumis à des tirs simultanés de missiles ayant chacun des altitudes et des trajectoires différentes.

« Les résultats obtenus par nos ordinateurs nous donneront une idée plus précise des emplacements où devront être déployées les batteries (anti-aériennes), de même que le nombre d’unités nécessaires », explique un haut gradé de l’armée de l’air. A court terme, Tsahal envisage de créer un seul et unique poste de commandement qui servira à coordonner l’ensemble de son dispositif anti-missile.

Pour l’establishment sécuritaire de l’Etat hébreu, il ne fait guère de doute que la défense de l’arrière-front constituera le défi majeur du prochain conflit régional. Depuis la deuxième guerre du Liban, l’industrie militaire, qui semble littéralement engagée dans une course contre la montre, a redoublé d’efforts pour offrir à l’armée les moyens d’assurer la protection des localités israéliennes situées aux frontières nord et sud du pays. Ces trois dernières années, des centaines de millions de shekels ont été investis à cet effet.

Au total, sur les cinq systèmes anti-missiles testés par Tsahal au cours de l’exercice « Tiramisu », deux d’entre eux répondent spécifiquement à la menace posée par les roquettes de courte et moyenne portée. « Iron Dome », qui sera opérationnel au mois de mai, a été conçu pour intercepter les roquettes d’une portée de 4 à 70 km, tandis que « David’s sling » (fronde de David), dont le développement ne s’achèvera qu’en 2013, permet de neutraliser des roquettes dans un rayon de 70 à 250 km.

Très polyvalent, le bouclier israélien de défense anti-aérienne s’appuie également sur le système « Arrow », destiné à l’interception de missiles balistiques, des « Scuds » syriens au « Shahab » iraniens. Lancé conjointement par Israël et les Etats-Unis au lendemain de la Guerre du Golfe en 1991, le programme « Arrow » en est actuellement à sa troisième version (Arrow-3). Il est en mesure d’intercepter des vecteurs balistiques à plus haute altitude et avant même que ces derniers ne pénètrent dans l’espace aérien israélien.

Si aucun tir de missile n’a été effectué, les tests réalisés cette semaine par l’armée de l’air ont intégré l’activation de plusieurs systèmes anti-aériens américains qui sont actuellement déployés en Israël : Patriot-3, AEGIS (dont la mise à feu s’effectue à partir de navires de guerre) et THAAD. En novembre dernier, l’ensemble de ces équipements avaient été une première fois mis à l’épreuve en marge de l’exercice « Juniper Cobra », auquel avait pris part le commandement européen de l’armée américaine (EUCOM). Plusieurs batteries de ces systèmes sont depuis restées positionnées au large des côtes méditerranéennes et dans le désert du Néguev, prêtes à assurer la défense du territoire israélien en cas de conflit.—

M.P