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1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 13:45

 

ANALYSE-A-LA-UNE

Tirs à vue sur Kadhafi et sanctions « ciblées » contre le «réformatueur » en Syrie ;

 

… ou la Justice internationale en drôle de dame de petite vertu

 

 

 

par Marc Brzustowski

 

Pour © 2011 lessakele 

 

Il est certain que l’élimination furtive de Mouammar Kadhafi, lors du raid de l’OTAN du samedi 30 avril, présenté comme purement « fortuit », comportait l’éventualité de s’extraire du « bourbier » libyen dans les heures à suivre. Décapité, le régime aurait fini, après le maintien résiduel de quelques poches de résistance, par déposer les armes et négocier une transition et/ou les conditions d’un exil familial. Il est très peu probable que le largage de trois missiles sophistiqués sur une résidence huppée d’un quartier gouvernemental soit dû aux hasards de la guerre. Elle "n'"a emporté "que" son fils Saïf al-Arab et trois de ses petits-enfants

 

Saïf al-Arab, dernier fils de Mouammar, était, sans doute, le moins engagé dans la direction des affaires, au sein de l’appareil libyen. Sa mort, conçue comme un « martyre », offre un certain nombre d’opportunités à son père pour chercher vengeance, directement, contre les pays impliqués et renforcer son offensive de reconquête des régions rebelles.

 

- S’il s’est, jusqu’à présent, abstenu de frapper directement les pays engagés, en Libye ou chez eux, la porte des représailles est, désormais, entrouverte. Il pourrait donc sortir ses missiles les plus performants de leurs étuis, ainsi que ses forces commandos pour des opérations spectaculaires.


- Il est susceptible de réactiver les filières terroristes qu’il peut couvrir de sa manne pétrolière pour porter des coups sévères aux membres de la coalition.


- Il dispose d’un outil de propagande, démontrant que les « civils » ne sont pas épargnés par les frappes occidentales, qui ne viseraient que la conquête de ses puits de pétrole. Cet argument pourrait sérieusement diviser les rares pays arabes et africains qui consentent encore à cette opération.


- La Russie et la Chine, hostiles aux frappes, pourraient être rejointes par la Turquie, l’Inde, et le Brésil, afin de remettre en cause, au Conseil de Sécurité de l’ONU, le genre de coups permis et ceux qui ne le sont pas, dans l’ordre de mission de l’Alliance…

 

En bref, plutôt que d’éteindre l’incendie, en « tuant le serpent dans l’œuf », cette « erreur de ciblage » pourrait bien avoir ravivé les flammes et apporté de l’eau au moulin du clan Kadhafi, en vue d’un nouveau cycle de violence…

 

Elle tend à confirmer, néanmoins, que des membres importants de la sécurité libyenne sont sur le point de trahir le Tyran, si ce n’est déjà fait, en apportant à l’Alliance des informations précises sur ses déplacements. Des rumeurs ont circulé dans les cercles décisionnaires occidentaux, affirmant que le chef des services secrets libyens, Abdullah Sanoussi, s’était échappé de Tripoli et faisait route vers le bastion de la Rébellion pour se rallier à elle. Il aurait même subi un interrogatoire de la part de ses homologues occidentaux. D’autres prétendent que Sanoussi, appartenant à une grande tribu originaire de Cyrénaïque, serait sous pression intense pour qu’il franchisse le Rubicon et s’exfiltre, ainsi que sa famille… (sources : Debkafile)

 

 

 

Comparativement, les « sanctions symboliques » arrêtées vendredi 29 avril par la Maison Blanche, contre trois membres de l’establishment syrien, s’enkystent dans le refus clair de soutenir l’autre rébellion, d’égale valeur humanitaire, contre le régime damascène.

 

En effet, elles sont porteuses du toujours même message creux de la part de l’Administration Obama : si les « durs » du gouvernement, de l’armée et du renseignement syrien font l’objet de sa désapprobation, Obama fait dire à son porte-parole, Jay Carney que : « Les Etats-Unis encouragent Bachar al-Assad à un « changement d’attitude » et à « honorer ses promesses faites d’instaurer des réformes » (????).

 

Ces pichenettes financières qui ne touchent réellement aucun des membres de son entourage, n’entretenant aucun commerce avec l’économie américaine, épargnent clairement le premier responsable de la répression en Syrie : Assad. Celui-ci est présenté comme un réformateur, de profil « pro-occidental », mais isolé, solitaire au milieu des loups qui rôdent et hurlent leurs appels aux Gardiens de la Révolution de venir « finir le travail ».

 

Il est, pourtant, évident que l’Administration américaine a commencé de se concerter avec cet autre membre de l’OTAN, qui a un intérêt énorme à rétablir  la stabilité dans la région : la Turquie frontalière.

 

L’armée de ce « réforma-tueur » en Syrie a laissé plus de cent morts dans les dernières 48H, principalement à Deraa et Homs, sans parvenir à éradiquer les racines de la contestation.

 

Les services occidentaux partagent l’évaluation pessimiste des décideurs turcs, qui pensent qu’à ce stade, Bachar al-Assad est débordé par les quelques 6 à 7 millions de contestaires (sur une population totale de 26 millions d’habitants) qui défient ouvertement son régime. Les centres névralgiques de l'agitation se répartissent, aussi bien au Sud-Est qu’au nord ou au centre et le long des régions côtières du pays. Les villes périphériques de Damas sont entre les mains des rebelles. Le tyran damascène a lancé toutes ses forces armées et de sécurité dans la bataille pour sa survie, sans autre résultat probant que l’accumulation de massacres en série.

 

A ce stade, le « soutien réservé» de la Maison Blanche et de ses alliés à ces tueries, assorti d’une vague demande de réformes, équivaut à un permis de tuer sans limite, sachant pertinemment que le peuple syrien souhaite sa chute et ne reviendra jamais en arrière. Ni pour les réformettes d’Obama, ni à aucun prix.

 

A la fin de la semaine dernière, Erdogan était suffisamment préoccupé des suites pour envoyer une délégation du renseignement turc à Damas, et mettre en garde le dictateur sur le fait qu’après plus de 800 morts, la répression devait cesser, sans quoi son gouvernement ne pouvait que sauter, à moyen terme.

 

Vendredi 29 avril, son Ministre des affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, de l’Intérieur, Osman Gunes, son chef d’Etat-Major, Aslan Guner, celui du renseignement, Hakan Fidan et son ambassadeur en Syrie, Omer Onhon, se sont réunis pour se concerter, à Ankara, sur la suite des évènements : selon eux, il est trop tard, désormais pour que la rébellion soit freinée, voire stoppée.

 

Le peuple syrien se trouve pris entre le marteau alaouite et l’enclume occidentale, tiraillé entre les pressions des pro-iraniens au sein de l’élite, prêts à un massacre de grande envergure, et les craintes turques de voir le mouvement s’étendre aux Kurdes vivant sur son territoire. Dans les tribunes, ils ne récoltent que le mutisme complice de l’Administration américaine et des Européens.

 

Les « appels à des réformes », de la part de Washington et Bruxelles équivalent à une fin de non-recevoir et à la trahison délibérée d’une population menacée de quasi-génocide. Que les forces militaires ne soient pas extensibles et difficiles, logistiquement, à déplacer d’un théâtre d’opération à un autre, est admissible, sur un plan matériel. Manquer d’équilibre dans la répartition et la fermeté des messages n’insiste que sur la vision de court-terme et l'incompétence qui se pose en gouvernance mondiale, sous l’égide d’Obama.

 

Celui-ci a toujours refusé de se confronter aux forces pro-iraniennes dans la région, souhaitant les intégrer à sa vision d’un Moyen-Orient pacifié. Il veut aussi ménager son "allié" turc n'agissant que selon ses intérêts propres et ses rêves d'hégémonie régionale. Les peuples paient chèrement cette obsession et cette absence de leadership mondial. Quant aux alliés, Sarkozy ou Cameron, disons-le, leurs déclarations restent sans effet concret sur ce dossier.

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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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