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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 17:11

 

editorialàGad

 

Traînée de poudre verte autour du volcan moyen-oriental. L’Egypte à la recherche de l’improbable transition.

 

 

Par Marc Brzustowski

 

 

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info


 Egypte : le couvre-feu décrété (DR©)

 

Les mêmes phénomènes de contestation violente se propagent d’une capitale à l’autre du monde arabo-musulman,  contre des régimes autoritaires qui n’ont su user que de police et de torture pour se maintenir égaux à eux-mêmes au fil des décennies. La thèse du « cheval fort » vacille sur son socle, de Tunis jusqu’à Istanbul et Téhéran, en passant par Aman, Sanaa au Yémen ou Beyrouth. Ces vents incontrôlables n’épargnent ni Chi’ites ni Sunnites et risquent partout, de déboucher sur un bain de sang. Aucun pouvoir ne semble immunisé contre la colère populaire.

 

Qui n’avance pas recule et, longtemps, l’islamisme est devenu ce poison inoculé à l’échelle de la planète, depuis un 11 septembre 2001, pour dresser un contre-modèle ramenant ses adhérents talibanisés plusieurs siècles en arrière. Cette radicalisation ne fait jamais que trahir un mal-être plus profond, celui d’un monde en proie aux fièvres de l’auto-destruction. Une troisième alternative tente de se frayer un chemin dans la douleur, mais où aspirations démocratiques et solutions radicales semblent momentanément marcher main dans la main pour en finir avec la caste politique issue de la décolonisation.

 

L’heure des opportunistes et grands démagogues de la transparence a sonné. Des médias frénétiques, comme al-Jazeera s’immiscent dans le secret des dieux et liquident ce qui pouvait rester de diplomatie pour traiter les conflits. Des hommes prêts à toutes les compromissions, comme Mohammed El-Baradei, s’improvisent dans le rôle de l’homme providentiel, qui n’aurait, du reste, que des strapontins et des erzazt à redistribuer. Il vient d'être assigné à résidence.

 

C’est au Caire et dans les villes principales égyptiennes que se déroule le test majeur et, à la vitesse où vont les choses, nul ne peut prédire ce qu’il en adviendra. Cette ville qu'avait choisi un Président américain pour annoncer un programme, suite auquel il n'y aurait plus vraiment ni arbitre ni pilote dans l'avion, à l'ère de la paix universelle et de l'ambiguïté globalisée.

 

Déjà, les comptes se règlent à coups de roquettes dans le Sinaï. Préventivement, nombre de dirigeants des Frères Musulmans ont été mis en sûreté dans les prisons du Raïs, dont la foule réclame le départ. On s’achemine, à l’issue des prières du vendredi, vers une conflagration sanglante. A partir de là, les bords opposés deviendront vraisemblablement inconciliables, si l’affrontement déborde de tout cadre social et politique. S’il ne peut trouver aucune issue législative, parlementaire, assurant un déverrouillage progressif d’une « société civile » apathique ou inexistante jusqu’à l’avant-veille et qui se rue, devenue « Amok », sur les forces de l’ordre.

 

Le terreau est donc fertile pour les solutions simplistes, dressant les inspirés de l’Islam contre le pouvoir perçu comme « vendu à l’Occident ». Ceux qui attendent des changements en termes de libertés civiques en seraient pour leurs frais, entraînés dans une guerre civile qui n’est plus la leur, mais déjà d’un autre âge : celui des pierres, puis des bombes qu’on lance à l’aveugle dans les foules ivres de portraits et de corps à déchiqueter.

 

Surtout, si les pouvoirs régionaux n’endiguent pas cette marée humaine mue par le manque de moyens économiques et d’expression, pour trouver une voie de compromis acceptable, il est improbable qu’aucun pays de la rive nord ou sud de la Méditerranée s’en sorte indemne. Ce qui se déroule en direct au Caire aura des répercussions majeures dans tous les pays à fort taux migratoire : à Paris, Londres, Bruxelles et, par ricochet, à Washington.

 

 Le mouvement houleux entamé en Tunisie, après le départ précipité de Ben Ali, grâce au maintien de l’ordre par l’armée, est-il reproductible à l’infini, sans que cet ouragan ne se transforme en catastrophe planétaire ? L’ensemble territorial compris entre Alger et les confins de l’Asie centrale peut-il se permettre de se changer en un vaste laboratoire de la « transition politique » ?

 

 

Les observateurs des pays occidentaux qui ont achevé leurs révolutions il y a plusieurs siècles auraient beau jeu de se réjouir d’une comparaison qu’ils trouveraient flatteuse pour le modèle démocratique. Les troubles socio-politiques peuvent bien être devenus un mal pour un bien contaminant, que ventilent les nouveaux médias sms ou tweeter, il va falloir réinventer autre chose et il faudra du temps. La crise économique qui touche tous les secteurs des sociétés, la globalisation de l’information, mettent aux enchères la théorie du chaos, où le moindre battement de voile à Tunis a, désormais, des répercussions, la minute d’après, jusqu’aux déserts les plus reculés du Yémen.

 

Derrière l’écran des revendications légitimes de liberté civique et de redistribution des richesses, se profile aussitôt le théâtre d’ombre des agitateurs professionnels, dont les confréries musulmanes, les inconsolables du Jihad, ou les Emirs, prenant des postures d’empereur Néron : celui du Qatar trouve distrayant de jeter en pâture le peu de légitimité qui restait encore aux négociateurs palestiniens, pour être sûr qu’ils ne parviendront jamais à la plus hypothétique des solutions entre Arabes et Juifs. En cela, il vient de faire un magistral bras d’honneur à toute l’Administration Obama dont le sauvetage du processus de paix restait le principal cheval de bataille.

 

Le drame de cette « transition introuvable » ne se déroule donc plus dans une arène israélo-palestinienne que les cameramen plus ou moins bien intentionnés pouvaient capter de leurs appareils avides de scoops, en distribuant les rôles selon le manichéisme infantile des bonnes victimes sélectives et des méchants colons, à l’intention des opinions blasées, à l’indignation pavlovienne suggérée par un ex-diplomate sénile.  

 

A coups de remèdes de cheval ou de nouveaux « Plans Marshall », il va bien falloir traiter à la racine le mal qui ravage l’aire arabo-musulmane. Les solutions en termes de maintien de ce qui peut bien y rester d’ordre seront des palliatifs de première urgence. C'est un couvre-feu de cette nature qui vient d'être décrété dans toute l'Egypte, qui ne pourra qu'être temporaire. Mais force est de constater que c’est contre la décomposition même de ces sociétés qu’il faudra, pas à pas, lutter. Alors qu’on a voulu comprendre les données du problème selon des visions radicales religieuses ou de « choc des civilisations », l’immobilisme de ces régimes s’avère incapable de produire des cadres d’expression aux mouvances qui s’y mêlent et s’y affrontent, objets d’une vaste dérégulation.

 

Aux contempteurs d’Israël, de la démocratie et du libéralisme, aux spécialistes de l’indignation sur commande, on ne peut qu’opposer ce panorama chaotique, en leur demandant où ils sont encore capables de percevoir un îlot de stabilité, vecteur de progrès et de liberté, à plusieurs milliers de kilomètres à la ronde. L’antisionisme comme réponse toute faite aux multiples conflits régionaux est le baromètre qui indique l’intensité du malaise ambiant. Mais le mal-être est bien là, devant nos yeux et qu’on ne peut plus nier par des mises en scènes dérivatives, se servant du grand mot de "paix" pour perpétuer les conflits. On n’a jamais rien réglé en cassant le thermomètre. Dans cette aire géopolitique en proie à la dévastation, il faudra bien que quelques-uns conservent leur calme et aident les voisins à réinventer des règles du jeu. Elles ne viendront pas, lorsqu’exténuées, les foules succomberaient aux sirènes des milices pro-iraniennes comme le Hezbollah et le Hamas qui, dans l’ombre, attendent de se jeter dans la mêlée et de rétablir l’ordre, à leur façon.  

 

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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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