Zones d'ombres dans le parcours du médecin rwandais suspendu
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Publié le mardi 20 octobre 2009 à 06h00
Le CHRU de Lille dément avoir employé le Dr Eugène Rwamucyo comme médecin, ce qu'il nous déclarait en 2006. Et Marine le Pen s'en prend au député UMP Thierry Lazaro qui l'a aidé à être régularisé FLORENCE TRAULLÉ > florence.
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Si l'on en croit Eugène Rwamucyo, il a travaillé comme médecin au CHRU de Lille où il aurait effectué des gardes mais également comme infirmier aux Urgences de l'hôpital Calmette. C'est ce qu'il déclarait en mai 2006 pour exposer son cas de « médecin sans-papiers ». Au CHRU de Lille, on conteste, « Chez nous, Eugène Rwamucyo n'a pas été recruté en tant que médecin. Il a travaillé en 2004 et 2005, dans le cadre d'une formation qui permet aux étrangers de valider leurs diplômes en France ».
Après la suspension de ce médecin, recruté par l'hôpital de Maubeuge, après que la direction de l'établissement a appris qu'il faisait l'objet d'une fiche de recherche d'informations d'Interpol pour « génocide et crime de guerre » au Rwanda, le CHRU de Lille précise qu'il a travaillé « comme assistant des médecins travaillant au centre anti-poison sur des données informatiques en toxicologie ». Il y travaillait comme « infirmier autorisé jusqu'en 2008 sur des contrats à durée déterminée. Il avait demandé le renouvellement de son dernier contrat, ce qui n'a pas été fait ».

Sans papiers, comme il le déclarait ? « Pour nous, il avait des titres de séjour ». Thierry Lazaro, député UMP de la circonscription dans laquelle il vivait, à l'époque, (il habitait Bouvines), l'a aidé à obtenir une carte de séjour. « Je l'ai reçu fin 2005. Il a eu l'honnêteté de me dire qu'il était sous le coup de recherches par Interpol, manipulé à ses yeux par le régime rwandais de Kigali. Il m'a dit n'avoir jamais participé au génocide ». Thierry Lazaro reconnaît « des choses troublantes, mais à charge comme à décharge » et déclare que « si, au travers d'un procès équitable, il était établi qu'il a des responsabilités dans ce qui est arrivé au Rwanda, je serais horrifié car je me serais trompé ». Ajoutant qu'il « n'a pas été le seul parlementaire à intervenir auprès du directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur de l'époque (Nicolas Sarkozy) » il dit demander « seulement que la présomption d'innocence soit respectée ».
Marine Le Pen n'a pas manqué de bondir sur cette affaire et, elle, ne s'embarrasse pas de la présomption d'innocence lançant, sans aucune précaution, que « cette affaire démontre que non seulement l'UMP n'expulse pas les criminels mais les régularise », accusant Thierry Lazaro d'avoir « aidé à la délivrance de carte de séjour (...) sans même demander un minimum d'informations sur le bénéficiaire du coup de pouce ».
Maintenant que l'affaire a éclaté publiquement, peut-être la justice française se montrera plus empressée à démêler le vrai du faux. L'ouverture d'une information judiciaire par le parquet de Paris remonte à février 2008.