Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 mai 2012 5 25 /05 /mai /2012 15:33

 

editorialaGad-copie-1

 

 

 


Par Marc Brzustowski

 

A l’heure qu’il est, en attente de résultats définitifs, mardi prochain, le dirigeant des Frères Musulmans, Mohammed Morsi, -qui veut faire de Jérusalem, la « capitale régionale de l’Islam », (sic.)- mène la course en tête, lors des Présidentielles égyptiennes, avec 2,7 millions de suffrages. La moins mauvaise nouvelle, c’est que son concurrent, l’ancien premier ministre de Moubarak, Ahmed Shafiq, le talonnerait de près, avec 2, 5 millions de votes favorables déjà validés. Mais, avec un parlement déjà conquis à 75% par les Islamistes de la confrérie ou les Salafistes, le gouvernement le plus hostile à Israël et à l’Occident tiendra les rênes du pouvoir au Caire, disposant de succursales à Tunis, Tripoli, Khartoum, à Doha, grâce à Al Jazeera et, pourquoi pas ?, dans quelques mois, à Damas.


Les plus naïfs des experts nous font croire qu’il suffirait de laisser s’épuiser les Islamistes dans l’exercice du pouvoir qu’ils n’ont jamais détenu, et la régulation démocratique provoquerait naturellement un rejet, par la population qui les aura élus, au prochain rendez-vous électoral. Cela fait trente ans que l’on attend un tel « miracle » à Téhéran, et la clique des Mollahs menace le monde de ses engins nucléaires en voie d'achèvement, tout en terrorisant le moindre souffle aspirant au « changement ». L’autre « arme fatale » de nos experts, c’est de maintenir l’Egypte sous dépendance économique et financière à l’égard de l’Amérique, qui saura pondérer la nouvelle dictature verte, lorsqu’elle deviendrait trop vindicative et renoncerait aux traités de paix. Si l’on veut, c’est le meilleur moyen d’attiser la haine agressive et dépendante contre les Etats-Unis, pour jeter la « Nouvelle Egypte » dans les bras de son prédécesseur chi’ite, l’Iran des Mollahs. Les slogans : « mort à l’Amérique et mort à Israël » sont déjà tout prêts à fleurir au gré du « Printemps ».


Bien évidemment, le conflit sunnites/chi’ites reste prégnant et sur le point d’accoucher de nouvelles fractures. La plus importante se déroule, depuis plus de 15 mois, dans la guerre civile syrienne, réplique des autres chocs sismiques de Bahreïn et du Yémen. Cette crise déborde, par intermittence, sur le nord du Liban, ce qui gêne considérablement l’effort de mainmise du Hezbollah sur le pays du Cèdre. L’Iran y a perdu une partie de son influence sur le Hamas palestinien, qui est son principal médiateur avec les Frères Musulmans d’Egypte et sa porte d'entrée directe dans le conflit israélo-palestinien. Progressivement, la Turquie d’Erdogan et le Qatar ambigu ont repris la main sur la mouvance palestinienne. Ils font également partie du groupe de tête, qui se confronte à Téhéran, avec l’appui de l’Arabie Saoudite et du Conseil de Coopération du Golfe, qui soutiennent les rebelles de Syrie, à majorité sunnite.


Récemment, les services d’Assad ont fait pression sur la sécurité libanaise pour qu’elle obture les bases logistiques et idéologiques des rebelles, à Tripoli, ville du nord du Liban. Il y a eu des affrontements entre sunnites, alaouites et l’armée libanaise et plus d’une dizaine de tués, de part et d’autre. La menace semblait claire : « si vous ne stoppez pas cette aide, nous entraînerons le Liban dans la guerre civile ». A ce stade, la tentative a échoué et les Libanais pro-Assad ont dû relâcher, sous la pression de la rue sunnite, des dirigeants arrêtés, qui assurent la liaison idéologique et sûrement plus, en direction de leurs frères syriens.


Cette tentative de déstabilisation du Liban apparaît encore un acte désespéré du régime Assad, lorsqu’on sait que l’essentiel de l’aide aux rebelles est devenu plus active, par l'entremise de la Turquie, jusque-là plus timorée :


Michaël Weiss, dans le Telegraph de Londres, rappelle que, depuis longtemps, les insurgés réclamaient des armes pour faire face aux Tanks de l’armée régulière de Damas. Jusqu’à la semaine dernière, ces plaintes restaient sans effet. Or, les renseignements turcs auraient reçu le « feu vert » pour transférer de vastes cargaisons d’AK-47 et assurer l’entraînement de l’Armée Syrienne Libre à Istanbul. Debkafile, toujours en avance sur l’information, parle, quant à lui, de transferts de lance-missiles antitanks portés à l’épaule, de types 9K115-2 Metis-M et Kornet E, qui ont déjà fait des dégâts contre les convois de chars syriens T-72, de fabrication russe. Il s’agit de gêner considérablement les cortèges de blindés qui assurent le quadrillage du pays, d’une ville-rebelle à l’autre, depuis 15 mois. Weiss mentionne, également, la rumeur qui court depuis une semaine :


un attentat au poison aurait décimé la « cellule de crise » des 6 Généraux autour de Bachar Al- Assad. Si des images de la télévision officielle, dont l’authenticité n’est pas avérée, ont exhibées deux de ces généraux, le sort des autres, dont Assaf Chawkate, le beau-frère du tyran de Damas, est incertain.  D’après certaines sources rebelles, la dépouille de l’ancien homme fort du régime, aurait été ramenée dans son village natal d’Al-Medehleh, dans la province de Tartous, par hélicoptère depuis Damas. Le cadavre de Chawkate a fait une escale dans l’hôpital Al-Bassel de Tartous (du nom du fils aîné de Hafez Al-Assad, Bassel, tué dans un accident de la route en 1994), vidé de ses patients par la force, pour l’occasion. La dépouille a été inhumée ce lundi 21 mai, alors que les jeunes du village ont déployé des drapeaux noirs en guise de deuil. D’autres se sont rendus dans la région de Talkalakh, près de la frontière libanaise, et y ont incendié une dizaine de maisons appartenant à des sunnites, en guise de représailles ». Si l’information était confirmée, ce sont les piliers du régime, dont le sort est implicitement joué, qui tremblent, désormais, sur leurs bases.


L’une et l’autre source britannique et israélienne pointent le fait que la Turquie n’aurait pas autorisé l’alimentation de ces filières, essentiellement par l’entremise des services de renseignements qataris et saoudiens, sans le consentement de la Maison Blanche et de l’Etat-Major de l’OTAN. Cette pression turque, même lorsqu’elle reste discrète, devrait attiser le courroux de Moscou et Téhéran, les deux parrains d’Assad, à l’encontre d’Ankara.


De son côté, Téhéran renforce les menaces envers la nouvelle alliance stratégique de Riyad avec le Bahreïn, qui fait de ce petit îlot à gouvernance sunnite, un quasi-protectorat saoudien. Au moment même où cet accord devient officiel, les Etats-Unis dévoilent leur nouvelle stratégie de combat aéronaval coordonné (Air-Sea-Battle), parfaitement adapté aux risques de fermeture du Détroit d’Ormuz, qu’érige fréquemment le régime des Mollahs, pour répliquer aux sanctions. Et Israël déploie la même doctrine dans ses exercices de défense de ses propres côtes, en parfaite harmonie avec les manœuvres américaines de protection des Emirats pétroliers. Parallèlement les Etats-Unis ont organisé de grandes manœuvres des forces spéciales de 17 pays, à la frontière jordanienne de la Syrie. Cette conjonction permet à Joe Tuzara, un expert américain d’origine saoudienne, de postuler que le temps est venu d’une reconfiguration des alliances, même sur le plan purement tacite au départ, entre Israël et l’Arabie Saoudite, à l’aune des crises en cascades qui affectent le Moyen-Orient. On constate que, même séparés par des positions idéologiques antinomiques, ces deux ennemis ontologiques se retrouvent dans le même camp, contre l’Iran, à travers un dédale d’intermédiaires pour ne pas se rencontrer officiellement. Le lâchage d’Hosni Moubarak, par l’Administration Obama et la crainte de déstabilisation régionale qui en découle, n’ont fait que renforcer cette configuration apparemment « contre-nature ». Dès décembre 2010, nous rappelions que des rencontres secrètes, généralement, par l’entremise d’Amman, avaient lieu, depuis un an, entre le Prince Muqrin ben Abdul Aziz, directeur général du renseignement saoudien et Méir Dagan, puis Tamir Pardo, son successeur aux services israéliens, au sujet de la préoccupation commune : l’Iran (Signaux de Riyad : les rencontres secrètes saoudo-israéliennes doivent se poursuivre ). On peut croire que le creusement du fossé entre le Caire et Israël ne laisse guère d’alternative à ce travail d’échanges épisodiques, sur les différents fronts de crise ouverte.


Bien des obstacles se dressent et, plutôt que de changement stratégique majeur, il est plus prudent de parler de partenariat de circonstances, alors que nombreux sont les outsiders, alliés de la Maison des Saouds, prêts à remettre en cause la moindre avancée.


L’équation à résoudre reste la mise en échec du modèle islamiste, qu’il soit nouvellement sunnite, en Egypte ou d’expérience chi’ite longue, à Téhéran. A ce jeu, l’Iran pourrait capitaliser le recours aux groupes révolutionnaires islamistes, qui veulent autant la destruction d’Israël que le renversement des pouvoirs traditionnels arabes. La crise syrienne est la pomme de discorde qui l’empêche de finaliser cette coalition des radicaux terroristes.


Plutôt qu’une intervention-éclair contre les installations nucléaires iraniennes, Washington semble miser sur l’érosion lente de l’axe irano-syrien, accentuant le malaise du Hezbollah au Liban et réduisant l’influence de Téhéran sur les groupes palestiniens. Mais, puisqu’il perd son chemin conventionnel pour menacer directement Israël, par le Liban ou le Golan, l’Iran est, plus que jamais, pressé d’aboutir dans son programme d’arme atomique et de fournir rapidement des moyens non-conventionnels à ses supplétifs.


Si l’Amérique d’Obama est rétive à toute attaque frontale, Israël et l’Arabie Saoudite pourraient au moins s’entendre sur le fait que l’avancée des travaux, à Fordo ou ailleurs, est une menace imminente pour chacun d’entre eux. Que l’heure est venue, élections américaines ou pas, pour mettre en route un plan d’éradication de ce projet. D’autre part, grâce à son jeu d’alliance stratégique bien réelle entre Israël et l’Azerbaïdjan, Jérusalem ne semble pas avoir besoin d’attendre, ni la permission de Washington et probablement pas celle, non plus, du Roi Abdallah d’Arabie. Simplement, la multiplication des voies de frappe possibles contribue à l’aveuglement perplexe de la défense iranienne. Il est préférable que des alliés stratégiques, comme Washington et l'OTAN, ou « objectifs », comme Riyad, puissent être partie prenante de la transmission des informations, en cas d’échecs répétés des négociations, comme c’est le cas à Bagdad. Mais, Jérusalem pourrait se contenter de condamnations de surface et d’applaudissements de coulisse, sachant que lorsque l’œil borgne du « géant » iranien aurait été crevé, ses ennemis intimes du voisinage se précipiteront certainement pour lui planter le dernier poignard dans le cœur…

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Gad
  • : Lessakele : déjouer les pièges de l'actualité Lessakele, verbe hébraïque qui signifie "déjouer" est un blog de commentaire libre d'une actualité disparate, visant à taquiner l'indépendance et l'esprit critique du lecteur et à lui prêter quelques clés de décrytage personnalisées.
  • Contact

Traducteur

English German Spanish Portuguese Italian Dutch
Russian Polish Hebrew Czech Greek Hindi

Recherche

Magie de la langue hébraïque


A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

Les news de blogs amis