Ahmed Shafiq et Muhammad Morsi se disputent le poste présidentiel.

L’Administration Obama se prépare pour le grand choc, marqué par le fait que l’Egypte devienne le premier pays arabe et le plus peuplé, à être dirigé d’une main de fer par les Frères Musulmans. Le dernier de trois sondages secrets que les renseignements américains ont conduits en Egypte accordait une victoire à 70% pour l prétendant des Frères Musulmans, Mohammed Morsi, lors de la course à l’élection présidentielle, samedi et dimanche 16-17 juin, contre 30% à l’ancien Premier ministre Ahmed Shafiq, selon des sources exclusives de Debkafile.

Bien que de tels sondages puissent se tromper sur le résultat final, les Etats-Unis, Israël et le Moyen-Orient apparaissent être confrontés à cette perspective qui approche à grands pas.

Le Conseil Suprême Militaire (SCAF) qui tient lieu de gouvernement de transition égyptien a publiquement promis de transférer le pouvoir au contrôle civil le 1^er juillet, quelque soit le vainqueur de l’élection. Il y a des signes de préparation pour ce changement des règles du jeu à Washington, même s’ils ne sont pas visibles à Jérusalem – à moins qu’ils soient mis en place secrètement – et bien que la situation stratégique et régionale d’Israël rencontre un changement radical. En même temps, alors que des sources américaines haut placées surveillant les évènements en Egypte le font remarquer, les pouvoirs du futur président restent encore imprécis et le SCAF pourrait prendre en charge le transfert de l’autorité jusqu’à ce qu’on y voit plus clair.

Définir le rayon d’action de l’autorité présidentielle est l’une des tâches à venir, pour l’Assemblée Constitutionnelle égyptienne, forte de cent membres, qui a seulement commencé à travailler, mercredi 13 juin. Il est impossible de prédire le contenu de ce document final, bien que cet organisme soit constitué d’une majorité de Frères Musulmans et du parti salafiste Nour.

De plus, un autre organe judiciaire, la Cour Suprême Constitutionnelle d’Egypte, doit émettre de nouvelles règles sur des sujets sensibles, jeudi 14 juin, à peine deux jours avant l’élection présidentielle. On s’attend à ce qu’elles aient des répercussions majeures sur les conduites de vote et le statut des deux prétendants et de leurs partis. L’une des recommandations de la CSC consiste à abolir comme inconstitutionnelle la loi votée par le parlement dominé par les Islamistes, en avril, rendant inéligibles les anciens responsables de l’ère Moubarak (tels qu’Ahmed Shafiq) et les empêchant de candidater pour le poste présidentiel.

La CSC pourrait, également, rejeter les lois électorales grâce auxquelles les Frères Musulmans et le Parti Salafiste ont obtenu 75% des sièges au Parlement, ordonnant ainsi sa dissolution et appelant à de nouvelles élections générales.

Si cela se confirmait, ces nouvelles lois pourraient provoquer l’élection d’un Président des Frères Musulmans sans pouvoirs constitutionnels ni appui d’une majorité parlementaire. Dans ces circonstances, Mohammed Morsi serait trop affaibli pour gouverner, ou même devenir un chef de fil, et le SCAF resterait aux commandes de l’Etat.

Tout ceci n’est, bien sûr, ue pure spéculation, préviennent les sources de Debkafile. Personne n’est en mesure de dire avec certitude de quelle façon cette première aventure vers ce qu’on annonçait comme la pleine démocratie tournera.

Les tactiques de campagne violente des Frères Musulmans ont eu, dans le même temps, des conséquences imprévues et attiré des compagnons de route indésirables.

Des gangs de voyous islamistes se sont jetés sur les locaux de la campagne de Shafiq et les ont brûlés, s’attaquant à ses rassemblements de campagne pour rompre les rangs et s’en prenant aux maisons de ses partisans et de leurs familles. Ils ont tournoyé dans les rues dans des voitures dotées de haut-parleurs, à la marge des rassemblements pro-Shafiq et ont crié des slogans hostiles, disant qu’il devrait être pendu, après que le dirigeant détrôné Moubarak ait été condamné à la prison à vie pour des crimes moindres. Ces tactiques ont fini par rallier, de façon absurde, quelques-unes des forces démocratiques et libérales, qui ont lancé la révolution Square Tahrir, dans le but de renverser Moubarak, dans le camp de son ancien Premier ministre et soutien, comme représentant un moindre mal.

Cependant, ces tactiques révèlent un aspect encore plus sinistre.

Les sources du renseignement de Debkafile dévoilent que des gangs locaux de voyous islamistes sont associés et affiliés à une organisation qui traverse toutes les sphères de la nation, pour laquelle les Frères Musulmans sont en train d’organiser les quartiers-généraux dans la région. Au Caire, cette semaine, un quartier-général central a commencé à coordonner leurs activités, à bord d’une flotte de véhicules transportant des escouades entre les différents quartiers, afin de générer du désordre.

Les gangs des Frères Musulmans acquièrent une structure hiérarchique rassemblant des milices paramilitaires encore embryonnaires, du même genre que celles qui avaient déjà fait surface au cours des premières années de la révolution chi’ite iranienne, à la fin des années 1970 et au début des années 1980, et qui ont évolué pour devenir le Corps des Gardiens de la Révolution d’Iran.

Ces manifestations ne disparaitront pas après les elections, mais seront présents pour rester, comme faisant pleinement partie du pâysage politique et de la rue égyptienne, quel que soit celui qui sera élu. Ce qui constitue une cause supplémentaire de fébrilité et de remous aux Etats-Unis et en Israël.

http://www.debka.com/article/22080/Secret-US-poll-projects-70-pc-lead-for-Muslim-presidential-candidate-Morsi