Washington Post 28 09 2012
Adaptation française de Sentinelle 5773 ©
A la mi-septembre 2008, ‘Lehman Brothers’ s’est effondré et le sol s’est dérobé sous le système financier. Barack Obama a traité cela avec décontraction. Pas John McCain. Obama a gagné l’élection présidentielle. (selon l’état du pays, il aurait gagné de toute façon. Mais cela l’a scellé).
Quatre ans plus tard, à la mi-septembre 2012, le consulat des USA à Benghazi est parti en flammes, comme toute la politique d’excuses et d’accommodements d’Obama au Moyen-Orient. Une fois de plus, Obama l’a ‘joué’ décontractée, ignorant effectivement l’attaque et l’humiliation américaine dans toute la région. « Des bosses sur la route », dit-il. Les principaux media ont hoché docilement la tête, alors qu’ils auraient fait pleuvoir une semaine de vitriol sur Mitt Romney s’il avait écarté avec autant de décontraction le meurtre d’un ambassadeur américain, le drapeau salafiste noir hissé sur quatre ambassades et l’épidémie de manifestations anti-américaines virulentes de la Tunisie au Sri Lanka (!) et à l’Indonésie.
Obama semble ne même pas comprendre ce qui est arrivé. Il a répondu par un discours obséquieux à l’Assemblée Générale de l’ONU, avec pas moins de six dénonciations d’une vidéo dingue, offrant des platitudes serviles sur le besoin des gouvernements de s’élever aux idéaux des Nations Unies.
Les Nations Unies étant une institution d’un cynisme exceptionnel avec une propension au mensonge, le discours était tellement naïf qu’il aurait fait un bon discours de début de deuxième cycle universitaire. Au lieu de cela, c’était un appel plaintif de la superpuissance présumée du monde à être traité gentiment par une salle emplie de régimes de pacotille, répressifs, les plus corrompus sur terre.
Pourtant, Romney a totalement laissé échapper l’opportunité. Il y avait là une chance de monter un dossier honnête sur l’approche irresponsable d’Obama des tyrans que la région a générés, reliant les points des attaques dispersées comme une réponse naturelle des éléments islamistes les plus virulents à un pouvoir autrefois hégémonique en retraite. Au lieu de cela, Romney a fait deux choses :
Il a publié une critique en deux phrases de la déclaration initiale publiée par l’ambassade américaine au Caire sur le jour où la foule a attaqué. La critique n’était pas seulement correcte mais justifiée quand le département d’Etat a désavoué la déclaration de l’ambassade. Cependant, parce que la critique n’était pas dans le cadre d’une discussion plus large sur la mauvaise direction de la politique des USA au Moyen Orient, elle aurait pu être – et a été – décrite comme une attaque partisane contre le chef de la nation à un moment de crise nationale.
Deux semaines plus tard, lors de « l’Initiative Mondiale de Clinton », Romney a fait un discours de politique étrangère. Il tenait là son opportunité. Qu’a-t-il souligné ? La réforme de l’aide à l’étranger.
Oui, reformer l’aide à l’étranger ! Une question intéressante pour un déjeuner où hocher le menton à la Ligue des Electrices et au Conseil des Relations Etrangères. Mais comme cœur du discours de politique étrangère du principal compétiteur dans la Doctrine Obama s’effondrant comme Lehman ?
Cela vous fait songer combien Romney se retrouverait en tête si il menait vraiment campagne. Son manque de volonté d’y aller franchement, d’avancer l’argument le plus important, est tout simplement étonnant.
Depuis six mois, il a échangé une petite baballe d’Obama contre une autre. Une critique type « frappe et cours » ici, un slogan de la semaine là. Son seul élan est venu quand il a choisi Paul Ryan et a semblé prêt à s’engagé dans la grande affaire : ‘Medicare’, droit de vote, réforme fiscale, solvabilité nationale, un état d’assistance sociale restructuré. Pourtant, il s’est depuis replié vers ‘petit et sûr’.
Quand vous êtes derrière cependant, le ‘sûr’ est fatal. Même sa frappe en contre est devenue miniature. Obama a décrit avec succès Romney comme hors de portée, un ploutocrate insensible dont le seul intérêt est de supprimer les impôts pour les riches. Romney s’est plaint dans des entretiens que ce n’est pas vrai. Il a proposé de supprimer les taux de l’impôt, tout en promettant que le partage de la charge de l’impôt payé par les riches demeure inchangé (« en élargissant l’assiette » comme dans la réforme de l’impôt extrêmement réussie de Reagan-O’Neill en 1986).
Mais combien de gens savent-ils cela ? Où est le discours qui martèle à la maison précisément ce point, défend une réforme du code de l’impôt qui accélère la croissance sans laisser les riches à l’abri et fait mentir la démagogie d’Obama sur le démantèlement du réseau de sécurité sociale pour enrichir les riches ?
Romney a cumulé des tonnes d’argent frais pour des pubs de 30 secondes. Mais à moins qu’elles ne soient placées sur l’échafaudage de discours sérieux qui comportent l’argument le plus large, elles seront traitées comme rien de plus qu’un prêté pour un rendu.
Défends le dossier, vas de l’avant. Sur une politique étrangère en ruines. Sur un Etat redistributif sur le modèle de 20ème siècle qui garantit l’insolvabilité au 21ème siècle. Et sur une vision alternative d’une Amérique sûre d’elle-même sans avoir à s’excuser à l’étranger et sans crainte d’un changement structurel fondamental à l’Intérieur.
Cela pourra tout simplement marcher. Et ce n’est pas trop tard.
jacobitus 01/10/2012 19:38
vainopoulos 01/10/2012 11:27
jacobitus 30/09/2012 19:48