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23 juillet 2010 5 23 /07 /juillet /2010 05:36

 

 

En cette période estivale, c’est le moment ou jamais de faire plus ample connaissance avec nos voisins de palier et de plage ! Nous avons convenu, avec Bonapartine - qui excelle dans ses articles percutants sur « Riposte Laïque » (http://www.ripostelaique.com/), notamment autour de l’affaire al-Dura (http://www.ripostelaique.com/Philippe-Karsenty-Affaire-Al-Doura.html)- de croiser nos regards sur l’actualité républicaine en France et la façon dont le conflit israélo-arabe sert souvent d’écran pour y projeter bien des questions d’identité, de règle et de société. Elles concernent la permanence ou le reflux de la présence juive en Europe. Tâchons de les concevoir avec légèreté et un brin de sérieux, tout de même. Relax ! On discute, de tout, de rien… Ce n’est pas la fin d’un monde. Enfin…

Dans ce contexte, nous ouvrons avec Bonapartine un carnet de bord  que nous intitulons « Conversations estivales » et que nous vous proposerons  chaque vendredi au cours de cet été.


Lessakele – Bonjour Bonapartine, tout d’abord simple curiosité : pourquoi ce pseudo-phrygien, « Bonapartine » ? Êtes-vous en reconquête ?

 

Pour des raisons personnelles et familiales, j’ai effectivement pour Napoléon Bonaparte une certaine admiration et ce, malgré toutes les horreurs que l’on peut encore de nos jours entendre à son sujet, au nombre desquelles celle particulièrement choquante pour moi de ceux qui le comparent à Hitler ! Comme quoi, voyez-vous, les discours propagandistes n’ont aucune limite de frontières ....


Mais entendons-nous bien, je parle là d’une "admiration"néanmoins critique, en aucun cas d’une fascination comme c’est parfois le cas de ceux qui vouent un culte quasi aveugle à cet homme, qui a incontestablement tant apporté à la France mais qui a su aussi se mettre toutes les monarchies d’Europe à dos – certes dans l’objectif d’unifier l’Europe en la dotant de lois communes - et se créer, à tort ou à raison, des ennemis bien au-delà des frontières d’Europe comme peu, reconnaissons-le, y étaient parvenus avant lui.


A titre personnel, j’ai toujours été intriguée par le caractère particulièrement marqué chez Napoléon Bonaparte de sa part d’ombre et de lumière qui tient probablement à l’extrême complexité de sa personnalité. A ce titre, beaucoup ont décrit un Napoléon Bonaparte autoritaire, aux nerfs d’acier, dévoré par une ambition démesurée mais peu ont osé relever le caractère également dépressif, voire suicidaire qui avait été aussi parfois le sien comme ce fut le cas en 1814 où il tentera de se suicider en s’empoisonnant. Pour moi, personne d’autre que Jean Tulard n’a su donner de description plus complète de la personnalité de Napoléon Bonaparte que celle qui suit :

 

« Le destin de Napoléon est fait d’intuitions géniales et d’erreurs graves. Il est l’homme de l’offensive, de l’audace, du risque, ce qui suppose un caractère bien trempé, des nerfs d’acier et une totale confiance en soi. Mais dans cette splendide mécanique, on note des ratés, des hésitations – en 1815 surtout – et des effondrements qui conduisent à la dépression et à la tentation du suicide. »

 

Alors, pour illustrer ce que j’ai appelé la  part d’Ombre et de Lumière de Napoléon Bonaparte, prenons l’exemple de la relation à la fois si passionnelle et à certains égards également dramatique qu’il a entretenue avec les Juifs. Je crois qu’elle reflète assez fidèlement à elle seule à quoi ressemblait la réalité du  chemin de vie de Napoléon Bonaparte.

 

J’ai toujours été convaincue que Bonaparte avait été scandalisé de découvrir dans quelles conditions vivaient les Juifs d’Ancône lors de la campagne d’Italie. Il y rencontre alors des Juifs parqués dans un ghetto, vêtus de bonnets jaunes et de brassards recouverts de l’étoile de David afin de pouvoir les identifier. Plutôt que de passer son chemin comme beaucoup l’auraient fait à sa place, Bonaparte décide alors de remplacer le bonnet jaune et le brassard par la cocarde tricolore. Toujours cet autoritarisme qui conduit irrésistiblement Bonaparte à imposer ses idées, sa vision du monde, bref ce qu’il est : lui, Bonaparte …. qui ne supportait finalement pas qu’on le contredise sur ce qu’il considérait être l’essentiel. Et en la circonstance, il avait raison. C’est ce qui explique aussi je crois que malgré "les décrets infâmes"sur lesquels je m’exprime un peu plus loin, les Juifs ont finalement toujours continué d’admirer Napoléon Ier.

 

Par décret du 30 mai 1806, Napoléon Ier prévoit la réunion à Paris d’une assemblée composée de Juifs les plus distingués mais aussi de rabbins venus de toutes les régions de France. Leur mission : répondre aux douze questions que leur soumettait l’Empereur. Parmi ces questions, notons celle-ci qui montre combien la réflexion engagée est déterminante pour l’avenir des Juifs de France : « Aux yeux des Juifs, les Français sont-ils leurs frères ou sont-ils des étrangers ? »

 

A l’issue de ces débats, Napoléon Ier décide de convoquer le Grand Sanhédrin dès lors chargé de convertir les réponses apportées par l’Assemblée en réponses doctrinales.  Ce qui chose faite le 09 février 1807. Il sera dès lors clairement établi que les Juifs auront accès à l’égalité des droits civiques et à la liberté de circulation mais à la condition que les lois talmudiques s’effacent devant les lois nationales. En d’autres termes, Napoléon Ier a permis aux Juifs de devenir des citoyens à part entière à la condition incontournable d’éliminer les dispositions qui, dans les lois de Moïse avaient été jugées incompatibles avec les lois de l’Empire. C’est à cette condition là que les Juifs de France furent intégrés à la Nation. De ce point de vue et à titre personnel, je considère encore aujourd’hui que les décisions doctrinales prises par le Grand Sanhédrin en 1807 constituent le texte fondateur du Judaïsme français.


Cet épisode va provoquer des réactions virulentes, d’abord de la part du tsar de Russie Alexandre Ier où l’Eglise orthodoxe désigne "Napoléon comme l’antéchrist et l’ennemi de Dieu" puis de la très catholique Autriche, de l’église luthérienne en Prusse, en France également. Le Pape Pie VII interdira quant à lui aux catholiques de soutenir « un gouvernement protecteur de toutes les sectes et de tous les cultes, sans en excepter la religion juive, cette ennemie implacable de Jésus-Christ, un gouvernement dont les constitutions, les lois et les actes respirent l’indifférentisme(sic), le système le plus injurieux et le plus opposé à la religion catholique (…) ». Il n’y a par ailleurs rien là de véritablement surprenant quand on sait que les intégristes des églises chrétiennes ont toujours décrit Napoléon comme l’incarnation de Satan ! De quoi sans doute encore surprendre les gens qui me disent parfois, à tort : « Je n’aime pas Napoléon parce qu’il était trop proche du Pape ».

Faire d’un constat à un moment X une donnée définitive sur une ligne de vie est assurément le meilleur moyen de ne rien comprendre à ce que furent la vie et l’oeuvre de Bonaparte puis celle de Napoléon Ier. Ainsi, en la circonstance qui nous intéresse ici, la décision de réunir le Grand Sanhédrin eut pour conséquence directe de précipiter la rupture de Napoléon avec la Papauté.


Nous ne sommes qu’en 1807, soit 98 ans avant la Loi de Séparation des Eglises et de l’Etat. Pourtant, dès 1807, Napoléon Ier pose les bases fondamentales du concept de laïcité tel qu’il évoluera tout au long du XIXème siècle jusqu’en 1905, en rejetant le communautarisme d’une part et surtout en faisant clairement comprendre pour les années à venir que le concept de laïcité allait désormais être indissociable de celui de la Nation. Voilà pour ce que j’appelle « la part de Lumière de Napoléon Bonaparte ».

 

Observons désormais sa part d’Ombre. Ici, elle a pour nom ce que l’on a appelé les décrets discriminatoires dits "décrets infâmes" pris en 1808. Ces décrets prévoyaient notamment des mesures :

 

-       qui empêchaient les Juifs de créer des commerces s’ils n’obtenaient pas l’accord des autorités locales. De fait, les Juifs devaient désormais se faire délivrer par les préfets une patente annuelle et révocable. Les créances pouvaient donc être remises en question : les Juifs devaient prouver que l’argent prêté l’avait été selon des règles légales, ce qui laisse entendre que les Juifs auraient été par nature des menteurs ou des faussaires !


-       qui empêchaient les Juifs de créer des entreprises.

-       qui instituaient l’obligation de servir dans l’armée sans possibilité de se faire remplacer.

-       qui interdisaient aux Juifs de s’installer en Alsace-Lorraine. Autrement dit, les Juifs qui ne vivaient pas déjà en Alsace-Lorraine n’avaient plus le droit d’aller y vivre et de s’y installer. C’était évidemment là une remise en question complète de la liberté de circulation précédemment accordée aux Juifs.

 

Ces décrets vont mettre les Juifs quasiment au ban de la société pendant dix ans. Ils ont été abolis en 1818 par Louis Philippe.

 

Alors, Napoléon Ier serait-il soudainement devenu antisémite ? Je ne le crois pas du tout même si cet épisode révèle malgré tout la part d’ombre de la personnalité de Napoléon en nous dévoilant là un homme qui, soumis à des pressions politiques, aussi fortes soient-elles, avait pris des décrets dont les conséquences auraient pu être fatales au destin de la plus belle œuvre d’alliance construite avec les Juifs de France et d’ Europe. Simplement, il faut nous resituer dans le contexte décrit quelques lignes plus haut d’une part : l’Europe du début du XIXème siècle est profondément antisémite d’une part et elle le demeurera tout au long du XIXème siècle jusqu’à l’Affaire Dreyfus et même bien au-delà.  Un homme seul, fut-il Napoléon Ier, pouvait-il combattre le poids de cet antisémitisme virulent qui agissait comme une lame de fond que rien ne semblait pouvoir arrêter, nourrie et encouragée en grande partie par les églises chrétiennes d’Europe ? D’autre part, Napoléon Ier répond là, une fois encore à des intérêts stratégiques et politiques : en 1807, le traité de Tilsit vient d’être signé entre Napoléon Ier et le tsar Alexandre Ier et Napoléon cherche avant tout à entretenir avec la Russie qui avait déjà, on s’en souvient, dénoncé avec violence la décision de réunir et la réunion effective du Grand Sanhédrin, des relations de bons termes afin de parvenir à sauver la paix. Toutes ces raisons ne permettront jamais de justifier l’existence même de ces décrets mais elles peuvent néanmoins au moins nous permettre de comprendre ce qui avait conduit Napoléon Ier à un tel revirement.


Beaucoup ont coutume de dire ou d’écrire que la lumière a commencé à décliner pour Napoléon le jour où il a rompu avec Joséphine de Beauharnais. Pour moi, la lumière de la flamboyante destinée de Napoléon a commencé à décliner à compter du jour où Napoléon a décidé de convoquer le Grand Sanhédrin, non pas que cette initiative ait été en quoi que ce soit à remettre en cause mais tout simplement parce que les conséquences politiques d’une décision aussi révolutionnaire étaient telles qu’elles allaient conduire Napoléon à en payer le prix fort.

 

Pour le reste, j’ai toujours en mémoire le souvenir de la lecture des confessions bouleversantes de Napoléon Ier faites à Sainte-Hélène à son médecin personnel Barry Edward O’Meara à qui il avoue le 10.11.1816 :

 

« Mon désir était de libérer les Juifs et d’en faire des citoyens à part entière. Je voulais leur accorder les droits de liberté, d’égalité, de fraternité dont jouissaient les catholiques et les protestants. Mon souhait est que les juifs soient traités en frères comme si nous faisions tous partie du judaïsme. »

 

Incontestablement, la relation exceptionnelle qu’entretînt Napoléon Bonaparte avec le Peuple du Livre, même partagée entre lumière et ombre, demeure un des chapitres les plus réussis du chemin qu’il a tracé.

 

Lessakele : Récemment, Riposte Laïque a bousculé les habitudes des Français, en préconisant la tenue d’un apéritif « saucisson-pinard », le 18 juin. L’évènement mondial, peu avant la brillante performance de notre pays multicolore en coupe du monde, a suscité le scandale en Préfecture. Vous voilà classés à l’extrême-droite de la droite la plus « raciste ». Pourriez-vous nous dire en quelques mots ce que vous évoque ces récentes péripéties, dans un pays devenu rétif à ses propres traditions festives et culinaires? Que dire des alliances légitimes et de celles qui le seraient moins ?

 

 

             L’organisation d’un « apéritif saucisson-pinard » lancé sur Facebook a suscité des propos outranciers et souvent mensongers de la part de personnes parfois élues qui se disent démocrates mais qui, à ce titre, semblent avoir oublié que le débat démocratique doit toujours se fonder sur une argumentation de fond rigoureuse et en toutes circonstances vérifiée. On peut être en désaccord avec certains aspects de cette initiative, ce qui est mon cas. Pour autant, nombre de détracteurs de Riposte Laïque auraient dû plus simplement garder raison dans cette affaire en évitant d’adopter des discours dont certains accents diffamatoires ou tronqués s’assimilent ni plus ni moins qu’à des comportements délictueux condamnés, je le rappelle, par le Code pénal français et donc susceptibles de poursuites judicaires.

Cette observation générale faite, mon analyse de l’épisode de cet « Apéritif saucisson pinard » portera sur les points suivants :

 

1.    Le caractère présumé "provocateur"de l’Apéritif saucisson pinard :

 

J’ai lu ou entendu, ici et là, que cet apéritif était une provocation contre l’islam, puis plus précisément contre les musulmans du XVIIIème  arrondissement de Paris. Plus inquiétant encore : j’ai observé que Madame Amara qui, en janvier 2010, n’hésitait à proposer de "nettoyer au kärcher certaines banlieues", avait en la présente circonstance condamné une initiative "porteuse de haine, de racisme et de xénophobie". Quel constat fais-je ? En dehors du fait qu’un(e) élu(e) de la République française devrait avoir pour qualité première de savoir réagir avec mesure et seulement après avoir analysé toutes les données d’une situation donnée X ou Y, moi je constate que lorsque Madame Amara propose de sortir "le kärcher", peu de commentateurs étaient en fin de compte au rendez-vous pour contester de manière argumentée ses propos. Autant que je me souvienne, les propos de Madame Amara n’ont pas en janvier 2010 enfanté de tollé médiatique. Mieux encore, si j’ose dire : pas une manifestation en banlieue dite "sensible"pour demander à Fadela Amara de s’expliquer, voire de développer son point de vue sur son projet de "karchérisation"des banlieues comme le permet pourtant le débat démocratique. A l’inverse, Madame Amara a été là pour s’associer de manière précipitée à la horde de loups qui ont envoyé dès avant le 18 juin Riposte Laïque au bûcher. Alors, moi, je m’interroge d’emblée sur les véritable intentions de tous ceux qui ont lancé des procès d’intention sans jamais engager, je le répète, un débat démocratique sur le fond : quels étaient les véritables objectifs des détracteurs de Riposte Laïque ? Condamner seulement l’organisation de l’Apéritif-saucisson-pinard comme une "provocation contre les musulmans de la Goutte d’Or", ou en vérité se servir de l’organisation de cet apéritif comme d’un prétexte qui permettrait ni plus ni moins que de masquer une opération beaucoup plus profonde de déstabilisation engagée à l’encontre du journal en ligne Riposte Laïque ?

 

Second point : où se situe la véritable provocation ? Dans un pays comme la France dont l’article 1 de la Constitution de 1958 dispose que « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale », la provocation vient-elle des musulmans qui, chaque vendredi soir, occupent des pans entiers de l’espace public en installant des barrières afin d’y interdire l’accès à certaines rues, aux piétons et aux voitures et prier, le tout sur fond sonore au moyen de hauts parleurs qui causent des désagréments aux riverains et commerçants ? Ou la "provocation"venait-elle des rédacteurs, contributeurs, lecteurs de Riposte Laïque qui annonçaient leur présence dans un quartier  habité certes par une population pratiquant majoritairement le culte musulman, mais pour y organiser un apéritif avec des produits culinaires qui font encore partie, à ma connaissance, de l’identité française même s’ils ne sont pas non plus forcément représentatifs de toute l’identité française, chacun de nous sachant bien que la pizza, la paëlla, le couscous ou encore la moussaka pour ne citer que ces exemples ont depuis bien des années également toute leur place dans les pratiques culinaires des Français ? Chacun comprend d’emblée que le discours des bonnes âmes qui alertaient en disant « Attention ! Manger du saucisson dans un le quartier de la Goutte d’Or est une provocation, une insulte à l’islam ! » ne tient pas la route une seule seconde dans un pays où, je le répète, personne n’interdit non plus aux musulmans de consommer des produits hallal, y compris parfois en pleine rue.

 

2.    L’interdiction de la Préfecture de police de se rassembler à la Goutte d’Or pour l’Apéro saucisson pinard :

 

Officiellement, la Préfecture de police a interdit ce rassemblement parce qu’il était "créateur de risques graves à l’ordre public".

Si, sous couvert de risques graves à l’ordre public, le Préfet de police aurait disposé d’éléments d’information lui permettant de penser que les participants à l’apéritif saucisson pinard étaient susceptibles d’être la cible de provocations éventuellement violentes venues soit du quartier de la Goutte d’Or même soit de groupuscules ou de bandes extérieures à la Goutte d’Or mais qui auraient en quelque sorte volontiers fait le déplacement pour "assurer le spectacle"comme cela s’est déjà hélas vu en d’autres lieux et dans d’autres contextes, nul ne peut alors reprocher au Préfet de police d’avoir voulu éviter des débordements dont nul ne sait aujourd’hui où ils auraient conduit. Mais personne ne peut à ce jour et ne pourra confirmer cette hypothèse : sur ce point, seules la Préfecture de police et des autorités qui ont la maîtrise des données  nécessaires à la prise d’une décision d’interdiction d’un rassemblement, savent si l’autorisation de ce rassemblement aurait exposé ses participants à des risques de débordements verbaux ou pas, violents ou pas.

Plus difficile à comprendre : si à l’inverse la décision d’interdire ce rassemblement était uniquement motivée par le fait que "le trouble" dans la notion de "trouble à l’ordre public" se limitait à une nuisance à la quiétude (et non l’atteinte significative à l’ordre public, ce qui est encore différent), dans ce cas, chacun est en droit de se demander en quoi le rassemblement auquel appelait Riposte Laïque constituait une nuisance à la quiétude, là où l’occupation illégale et bruyante de l’espace publique chaque vendredi soir par les musulmans qui prient sur les trottoirs ne semble pas être considérée par la Préfecture de police ni d’ailleurs par le maire du XVIIIème arrondissement de Paris comme une véritable atteinte significative à l’ordre public qu’elle provoque pourtant chaque semaine.

 

Cette politique du deux poids deux mesures est plus gravement illustrée encore par l’exemple suivant : le 29 juin 2010, une réunion publique a eu lieu à la Bourse du Travail de Saint-Denis, organisée par l’Association France-Palestine, le Nouveau Parti Anticapitaliste et le Parti des Indigènes de la République pour évoquer la situation en Palestine. J’ouvre ici délibérément une longue parenthèse afin que chacun comprenne ce que signifie la décision prise d’autoriser cette réunion publique.

Au cours de cette réunion, la parole a été donnée à un membre du bureau politique du Front Populaire de Libération de la Palestine.


Qui est le Front Populaire de Libération de la Palestine ? Ni plus ni moins qu’une organisation terroriste à qui le droit a été accordé de s’exprimer sur le sol français et de surcroît en réunion publique ! En effet, le Front Populaire de Libération de la Palestine est à l’origine une organisation palestinienne issue du Mouvement nationaliste arabe crée en 1967 et dirigée par Georges Habache et Ahmed Jibril. Le 27 juin 1976, un vol Air France qui venait de Tel Aviv, décollait alors d’Athènes en direction de Paris. Le vol fut détourné par plusieurs terroristes ; deux se revendiquaient du Front Populaire de Libération de la Palestine et deux Allemands étaient membres de la tristement célèbre "Bande à Baader", ce qui donnait déjà un aperçu du profil pour le moins peu sympathique de ces individus.


Détourné dans un premier temps vers la Lybie, le vol repartira pour atterrir finalement à l’aéroport national d’Entebbe en Ouganda …. l’Ouganda où, ironie du sort, Theodor Hertzel avait présenté quelques décennies plus tôt devant le Sixième Congrès sioniste à Bâle son "Projet Ouganda"qui prévoyait d’installer initialement le futur Etat juif en Ouganda.


Une fois arrivés à Entebbe, les preneurs d’otage finiront par relâcher finalement un certain nombre d’otages pour ne garder comme otages que les otages juifs alors menacés de mort au cas où Israël n’aurait pas accepté de libérer quelques dizaines de palestiniens emprisonnés en Israël.


Les soldats israéliens sont parvenus à pénétrer sur le territoire ougandais, notamment grâce au gouvernement kenyan. Lors du raid israélien, un otage fut tué par les forces israéliennes et trois otages sur 103 otages Juifs décédèrent. Parmi les victimes, le colonel Jonathan Netanyahou, frère de l’actuel Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, a été tué durant le raid. Ce qui signifie au passage que lorsque Monsieur Mohamed Sifaoui écrit un article à proprement parler ordurier sur Benyamin Netanyahou    (« Le petit Netanyahu », publié le 1.06.10 sur le blog de       Mohamed Sifaoui), il eût été judicieux qu’il se souvînt, lui qui connut aussi le terrorisme en Algérie, de l’épisode d’Entebbe afin d’engager un débat sur le fond, en l’occurrence comment engager une guerre sans merci au terrorisme qui menace plus que jamais le monde dans lequel nous vivons tous, plutôt que de consacrer l’essentiel de son temps à détourner l’attention de l’opinion publique en publiant des papiers où il semble régler des comptes personnels dont on ne comprend d’ailleurs pas forcément bien la finalité.

 

Cette parenthèse refermée et à la lumière des faits que je viens de rappeler, je pose une question simple : qu’est-ce qui pouvait justifier que le 29 juin 2010, le Préfet de la République n’ait pas également interdit une réunion publique au sein de laquelle s’exprimait le membre d’une organisation terroriste au passé bien connu ? Au nom de quoi cette réunion publique n’aurait-elle pas constitué "un grave risque de trouble à l’ordre public" ? Le risque réel de "trouble à l’ordre public"était-il sérieusement à ce point d’importance comparable dans les deux cadres respectifs de l’Apéritif saucisson pinard et de la réunion du 29.06.10 ? Voilà ce que j’appelle « la politique du deux poids deux mesures ».

 

3.    La présence du Bloc identitaire :

 

Tout d’abord, je souhaiterais rétablir une vérité dans cette affaire : ce n’est pas le journal Riposte Laïque qui a invité le Bloc Identitaire à l’Apéritif saucisson pinard mais le Bloc Identitaire qui s’est invité auprès de Riposte Laïque. Ce qui est très différent.

 

A partir de là, la question est la suivante : peut-on accepter de discuter avec tout le monde ? Je pense que non et c’est vrai que sur ce point, j’ai une divergence avec Riposte Laïque sur la ligne de communication à adopter et les alliances à opérer en pareilles circonstances. Mais le débat contradictoire en démocratie implique de fait que chacun de nous puisse ne pas obligatoirement être en total accord avec ses interlocuteurs, ce qui ne remet en aucun cas en cause ma participation à Riposte Laïque.

 

Personnellement, je ne partage pas l’orientation idéologique du Bloc Identitaire concernant le dossier européen ni leur anti-américanisme primaire il est vrai très en vogue depuis quelques années en Europe. C’est déjà beaucoup !

J’ajoute enfin que j’ai été choquée par les propos quelque peu préoccupants à mon sens dont j’ai pu prendre lecture sur Facebook, notamment lorsqu’il y est question d’organiser des "ratonnades"à l’encontre de musulmans. Rien ne se résout jamais par la haine, qu’elle vienne de n’importe quel citoyen français, qu’il soit musulman ou pas. En conséquence, rien ne se règlera par des ratonnades tout comme rien ne se règlera en brûlant le drapeau français, en imposant la burqa à nos enfants de sexe féminin, en réclamant des horaires aménagées dans les piscines municipales …… Tout ne se réglera que par une volonté politique ferme de mettre fin à la progression exponentielle d’exigences communautaristes dans les institutions de la République française ainsi que dans l’espace public français. Le tout est-il encore que cette volonté politique existe !


Lutter contre l’islamisation de nos sociétés est un combat courageux et difficile. Mais aucune guerre déclarée ne doit conduire à l’exclusion sur le sol national de toute une communauté. Procéder de la sorte reviendrait à défendre l’idée selon laquelle tous les musulmans de France seraient incapables de respecter les valeurs universelles et laïques de la France. Or, il y a beaucoup de musulmans en France qui ne posent absolument aucun problème. Des musulmans que nous n’entendons ni ne voyons jamais car ceux-là ont peur de s’exprimer, ont peur des représailles des leurs. Quant aux partisans d’un islam libéral, ils sont aujourd’hui complètement marginalisés. C’est ce combat là aussi qu’il faut mener : encourager les musulmans de France à se lever et à dire : « L’islam ne permet pas l’intégration des concitoyens de confession musulmane dans la République laïque. Procédons à une relecture du Coran afin de permettre aux musulmans d’exercer leur foi sans que celle-ci ne porte jamais atteinte à la laïcité. » Car je le répète, ce n’est pas à la République de s’adapter aux religions de France mais aux religions de France de trouver les moyens de se conformer à l’esprit laïc de la République française.

 

Cette différence d’approche de la situation autorisait-elle Madame Fourest à prétendre que Riposte Laïque s’alliait avec des "néo-nazis antisémites" ?


En aucun cas. D’abord parce que par définition les néo-nazis étaient antisémites, ce qui démontre que les propos de Madame Fourest n’ont déjà pas de sens en soi. Ensuite parce que les propos de Madame Fourest vont bien au-delà de l’insulte et sont en fait d’une extrême gravité : elle laisse insidieusement croire que les membres de Riposte Laïque seraient ni plus ni moins par exemple que des partisans des purges ethniques à l’encontre des musulmans de France ! Enfin parce que je connais plusieurs des membres de l’équipe de Riposte Laïque et très honnêtement je suis encore aujourd’hui profondément révoltée quand j’entends une journaliste assimiler à des "néo-nazis"des personnes qui demeurent des républicains convaincus et ce quelles que soient, encore une fois, les divergences d’analyse ou d’opinion que nous pouvons avoir les uns les autres sur tel ou tel point. En d’autres termes, le choix des termes employés par Madame Fourest mériterait ni plus ni moins qu’une plainte au pénal et ce d’autant plus qu’une rédactrice de la revue Prochoix avait déjà en septembre 2009 qualifié Riposte Laïque de "néo-nazis", lui reprochant notamment son sionisme présumé exacerbé. Mais moi, je le dis clairement et sans complexe à Madame Fourest : mon sionisme, je l’assume d’une part ; il ne m’empêche d’autre part nullement de vivre en parfaite symbiose avec et dans l’esprit de la République laïque française et il ne fait pas de moi une "fasciste"sous prétexte que je n’adopte pas la ligne de pensée de Caroline Fourest. Et que je sache, être sioniste n’est pas un délit en France, n’est-ce pas ?


De plus, je le répète : être sioniste, ce n’est pas être d’extrême droite. L’extrême droite française et la droite israélienne n’ont historiquement et politiquement pas de points en commun. Monsieur Le Pen a consacré la majorité de sa vie à tenir des discours antisémites et antisionistes, allant jusqu’à comparer Gaza au moment de l’intervention israélienne en 2009 à "un camp de concentration", propos tenus de surcroît au Centre Zahra pour y célébrer les trente ans de la Révolution islamique. En quoi les discours de Monsieur Netanyahou auraient en quoi que ce soit un ou plusieurs points communs avec ceux de l’extrême droite française ?


Conformément à une conception classique du journalisme qui veut qu’un  journaliste soit en principe attaché à la démonstration par la preuve ainsi qu’à une certaine déontologie comme devrait l’être tout journaliste digne de ce nom, c’est donc à cette précédente question que devrait répondre Monsieur Sifaoui plutôt de que de tenir un discours propagandiste sur un gouvernement israélien qu’il réduit à l’extrême droite israélienne sans peur du ridicule au demeurant puisque chacun sait que l’actuel gouvernement israélien compte plusieurs ministres travaillistes d’une part, que le Likoud est un parti de la droite israélienne et non de l’extrême droite. Sur ce point, Monsieur Sifaoui aurait au moins dû précisément citer les noms des partis composant l’extrême droite israélienne au moment de la rédaction de son article intitulé « Le petit Netanyahu ».

 

Après les diatribes malsaines d’une Caroline Fourest ou d’un Mohamed Sifaoui, abordons un dernier chapitre en remémorant ici un épisode qui ne manque pas de sel non plus : la réaction des élus des partis de gauche après l’annonce de l’interdiction par la Préfecture de police de l’Apéritif saucisson pinard. Un certain nombre d’élus en effet se sont retrouvés aux côtés d’associations comme la Ligue des Droits de l’Homme pour se féliciter de l’interdiction de cet apéritif qualifié de "provocation inacceptable". Encore une fois, chacun de nous peut être en désaccord avec tel ou tel volet de l’épisode de l’Apéritif saucisson pinard mais pas au risque de se noyer dans un océan d’incohérences, voire de se couvrir de honte après avoir bafoué les idéaux politiques de gauche que les mêmes prétendent incarner. Or quand je vois le Parti socialiste français refuser – à quelques rares exceptions près - de prendre part au vote sur la loi interdisant le port de la burqa en France et donc assumer sans aucune vergogne l’idée de lâchement abandonner les jeunes filles des cités dites sensibles qui seront peut-être forcées de la porter, posture du Parti socialiste que Madame Roudy a du reste à juste titre condamné, je me dis que ces mêmes élus étaient alors bien mal venus pour stigmatiser quelques jours auparavant l’organisation d’un apéritif qualifié de "raciste", "xénophobe" ou servant la soupe à l’extrême droite. Soyons en effet honnêtes jusqu’au bout dans cette affaire : le Parti socialiste français a autrement plus contribué à faire gagner à l’extrême droite française des milliers de voix supplémentaires en ne participant pas au vote sur la loi condamnant le port de la burqa que n’y contribuera jamais un apéritif saucisson pinard. Autant dire que devant le spectacle affligeant donné par le Parti socialiste dans l’affaire du vote contre le port de la burqa à l’Assemblée nationale, l’extrême droite française doit désormais se frotter les mains en coulisses et remercier chaque jour un peu plus la providence d’avoir donné à la France une gauche qui prépare si efficacement et à peu de frais finalement le retour en grâce du Front national auprès de probables nouveaux électeurs ! Je crains que de ce point de vue, l’irresponsabilité du Parti Socialiste sur des sujets aussi fondamentaux pour l’avenir de nos sociétés, ne nous conduise hélas tout droit à un second tour « Martine Aubry-Marine Le Pen » aux prochaines élections présidentielles. Et que pourra répondre Madame Aubry lorsque dans le cadre d’un débat devant lequel chacun espère que personne ne se débinerait comme l’avait fait Jacques Chirac en 2002, Madame Le Pen fera l’inventaire de la politique menée par la gauche au pouvoir depuis François Mitterrand, plus encore depuis Lionel Jospin, puis lui fera remarquer par exemple : « Mais Madame Aubry, si je suis là aujourd’hui devant vous, il faut bien reconnaître que c’est en grande partie grâce à l’irresponsabilité des socialistes qui on refusé par exemple de voter la loi contre la burqa. » ? Il serait donc vraiment urgent que le Parti Socialiste réfléchisse enfin sérieusement à ceci plutôt que de se perdre en polémiques stériles sur des affaires de personnes qui ne préoccupent en fin de compte que peu de Français, légitimement plus inquiets de la montée du chômage dans ce pays et de la baisse de leur pouvoir d’achat.


Curieusement, Monsieur Sifaoui n’a pas jugé utile de faire de papier pour s’insurger sur les conséquences forcément désastreuses du silence du Parti socialiste français au sujet du vote de la loi sur la question de la burqa. Sans doute est-ce médiatiquement moins porteur que de consacrer l’essentiel de son temps à traîner dans la boue les rédacteurs et contributeurs d’un journal et un  Premier ministre israélien, cibles certes limitées mais apparemment seules cibles privilégiées de Mohamed Sifaoui depuis plusieurs semaines…. Du reste, Monsieur Sifaoui progresse, je dois l’avouer, de jour en jour dans les incohérences qui sont les siennes. Au moment où je vous parle en effet, j’apprends que Mohamed Sifaoui vient de mettre, à l’occasion d’une interview donné à Bulle d’encre le 23.06.10, Al Qaida, Ahmadinejad et Benyamin Netanyahu dans le même sac !


Et pour clore le tout, le plus stupéfiant dans l’histoire, c’est que Mohamed Sifaoui trouve encore des soutiens dans la communauté juive française, notamment celle du Président du C.R.I.F Monsieur Prasquier qui l’a soutenu dans un procès l’opposant à Pascal Boniface.  Pascal Boniface qui en son temps, rappelons-le aussi car au fond tout se tient dans cette mosaïque d’affaires successives, n’avait rien trouvé de mieux que d’associer sa signature à la pétition du Nouvel Observateur en soutien à Charles Enderlin dans l’Affaire Al-Doura.


Donc, si je résume la situation : Richard Prasquier ne tarit pas d’éloges devant le Premier ministre israélien Monsieur Netanyahu lorsque celui-ci se déplace en France mais, une fois le Premier ministre israélien reparti en Israël, à l’inverse il soutient dans le cadre d’un procès un journaliste qui rédige des articles orduriers à l’encontre dudit Premier ministre. Pire dorénavant : il soutient un journaliste qui désormais place sur le même plan Benyamin Netanyahu, Mahmoud Ahmadinejad et Al Qaida. Quelle curieuse conception de la défense de l’image de l’Etat d’Israël en France ! Non ?

 

 

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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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