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ISRAËL : HARCÈLEMENT ET DÉLÉGITIMATION (1/4)
Par Dora Marrache
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Nous vivons à l’heure actuelle de grands bouleversements dont personne ne peut prédire sans risque d’erreur les conséquences qui peuvent être pour le meilleur ou pour le pire. Et dans cette situation, Israël, pour le moment du moins, s’en tire à bon compte. Pour une fois, Israël n’est pas tenu responsable des révolutions dans les pays arabes, même si des hommes politiques laissent entendre que la dégradation de la situation dans les pays arabes est imputable à Israël. C’est le cas notamment du Président Saleh du Yemen qui vient d’affirmer que les soulèvements des populations arabes « sont une tempête orchestrée depuis Tel-Aviv, sous la supervision de Washington », tandis que Kadhafi, lui, rend responsable Al-Qaïda. Très étonnant de la part de ce dernier, un antisioniste de principe qui prônait le démantèlement de l’État, qui spolia les biens des Juifs et qui les contraignit à partir en laissant se développer une atmosphère anti-israélienne et anti-juive.
Mais pour une fois, le peuple ne semble guère concerné par le conflit israélo-palestinien. Dans les manifestations, on ne voit pas de
pancartes criant «Mort aux Juifs !», «Israël assassin!». Les peuples auraient-ils enfin compris que leurs gouvernements se servaient d’Israël comme bouc émissaire pour faire diversion et leur faire oublier leurs problèmes intérieurs : chômage, misère, absence des libertés les plus fondamentales ? Peut-être pas, mais ils ont au moins compris qu’ils doivent prendre leur destin en main, ils ont compris que ce n’est pas en rejetant la responsabilité sur Israël qu’ils réussiront à obtenir tout ce qu’ils envient à ce petit pays.
Toutefois, ne nous berçons pas d’illusions : la diabolisation d’Israël se poursuit, le désir de s’approprier la Terre d’Israël est toujours bien vivant et ce désir ne peut qu’engendrer la violence et perpétuer le conflit, un conflit qui dure depuis 63 ans. Certains évoquent l’urgence de le résoudre, veulent mettre des dates-butoirs. Mais où est l’urgence ? S’il attend depuis plus d’un demi-siècle, il peut encore attendre quelques années. D’ailleurs, pour le résoudre, il faut d’abord que les deux partenaires veuillent la paix et qu’ils affirment la vouloir. Il faut que soit mis un terme au double langage, il faut des gestes réciproques. S’il existe une solution, comme le dit Joseph Farah, un journaliste arabo-américain, « elle se doit de commencer par rétablir la Vérité. La poursuite du mensonge n’apportera que plus de chaos »
De toute façon, aujourd’hui avec les révolutions qui secouent le monde arabe et dont on ne peut prévoir les conséquences que ce soit à court ou à moyen terme, ni les Israéliens ni les Palestiniens ne pensent à s’asseoir à la table des négociations. En attendant de voir si la démocratie peut s’installer dans ces pays, c’est plutôt la politique du « wait and see » qui doit prévaloir.
Mais aujourd’hui, ce qui doit nous inquiéter au plus haut point, c’est le harcèlement et la délégitimation dont l’État d’Israël est victime. Les Nations-Unies, cette assemblée de nations qui étaient unies pour proclamer la création de l’État d’Israël, a tourné casaque et les États membres sont unis maintenant pour délégitimer l’État qu’ils ont créé.
Aujourd’hui, au sein de cette organisation, et un peu partout dans le monde, on remet en question jusqu’au droit à l’existence d’Israël. Des 200 états membres de l’ONU, seul l’État d’Israël est celui dont l’existence pose problème. L’ONU n’a qu’une politique quand il s’agit du conflit israélo-palestinien: celle de deux poids deux mesures. On ne se contente plus de critiquer son gouvernement, on met en cause l’État d’Israël dans sa totalité et, par voie de conséquence, son peuple auquel on dénie le droit de vivre sur sa terre. Israël pose et posera toujours problème aux peuples de la région et même au reste de la planète.
Au temps de la Guerre froide, le grand problème concernait l’antagonisme Est/Ouest ; aujourd’hui, il concerne l’antagonisme Israël/ le reste de la planète. Souvenons-nous de ce sondage commandé par l’Union européenne en 2003 et qui révélait que pour les Européens l’État d’Israël est perçu comme la plus grande menace pour la paix dans le monde. Et c’était en 2003 !
Aujourd’hui tout se joue entre ennemis d’Israël qui souhaitent rien de moins que sa disparition et quelques voix qui s’élèvent par ci par là pour exprimer leur soutien à Israël et défendre son droit à l’existence. Le monde est devenu un immense tribunal où l’accusé est Israël. L’État hébreu, et à travers lui le peuple juif, est ainsi mis continuellement au banc des accusés et c’est, comme le disait Camus, « une sentence insupportable d’être éternellement accusé ». Mais il est venu le temps où les juges doivent être jugés pour leur aveuglement, pour leur verdict qui n’est rien de moins qu’une condamnation à mort. Sous quelle accusation ? Coupable d’exister !
En fait, les avocats qui représentent la partie civile ne sont pas, contrairement à ce qu’ils laissent entendre, des gens animés par un sens aigu de la justice. Les événements en Lybie nous fournissent une preuve supplémentaire de leur hypocrisie, de leur soi-disant empathie pour les Palestiniens. Toutes ces organisations et tous ces intellectuels de Gauche, qui se prétendent animés par des principes humanistes et des valeurs universelles, nous assourdissent par leur silence dans le cas de la Lybie. Comment peut-on se dire humain et plein d’empathie face à la souffrance d’autrui quand on reste les bras croisés face aux massacres qui se déroulent en Lybie ? C’est maintenant qu’ils devraient parler de génocide, mais ils ne le feront pas, la Lybie n’est pas Israël. Qu’ils le veuillent ou non, leur silence doit être interprété comme un refus de parler et nous sommes par conséquent en droit de leur demander pourquoi ils ont choisi de se taire. Quand a éclaté l’Opération Plomb durci, les manifestants anti-israéliens ont envahi toutes les grandes villes du monde pour crier au génocide avec pour conséquences inévitables un augmentation des actes antisémites à travers toute l’Europe. Et aujourd’hui, où sont-ils tous ces manifestants soi-disant solidaires de ceux qui souffrent? Sont-ils en train de lutter aux côtés des Lybiens? Sont-ils à la solde de Kadhafi ? La vie d’un Lybien a-t-elle à leurs yeux moins de valeur que celle d’un Palestinien ?
Ce qui est sûr, c’est qu’ils ont en commun la haine de celui qu’ils considèrent comme l’agresseur des Palestiniens, Israël en l’occurrence. Sinon pourquoi ne s’insurgent-ils pas contre les autres agresseurs dans le monde qui sont infiniment plus nombreux et plus virulents que les Israéliens ?
La Gauche et toutes les nations comprendront-elles un jour que leur souhait de voir une paix juste et durable s’établir au Moyen-Orient passe par l’éradication pure et simple du peuple juif de la Terre d’Israël?
D’ailleurs, une publicité publiée récemment dans le National Géographic nous apprend que « la Palestine s’étend de la Méditerranée au Jourdain, là où l’Afrique et le Moyen-Orient se rencontrent » et invite le touriste à visiter « cette Terre sainte ». Et voilà comment on s’y prend pour faire disparaître Israël ! Certes, l’Autorité de contrôle de la publicité a été saisie de l’affaire, mais quand bien même elle exigerait le retrait de cette publicité, le mal aura déjà été fait et cette pub se sera gravée dans l’esprit d’un grand nombre de lecteurs. Israël est un territoire minuscule, mais il est depuis toujours très convoité : « Israël, nous dit Joseph Farah, ne représente que O,1% de la superficie régionale !
Mais cela est déjà trop pour les Arabes. Ils veulent tout. »
Quoi qu’il en soit, si l’État d’Israël aspire à la paix- et il y aspire peut-être plus qu’aucun autre peuple- l’alternative qui s’offre à lui est la suivante : soit il abandonne sa Terre au profit des Palestiniens qui lui concèderont éventuellement le droit d’y vivre sous contrôle islamique avec au mieux le statut de dhimmis, soit il accepte « le droit au retour » des quelque 4,5millions de Palestiniens. Dans un cas comme dans l’autre, Israël signe son arrêt de mort.
Certes ce n’est pas la première fois, et ce ne sera certainement pas la dernière, que dans l’histoire du peuple juif on aspire à l’éliminer. Et sa façon de se défendre consiste finalement en un mot : RÉSISTER! « Je plie, mais ne romps pas», tel est le message qu’il envoie. On peut vouloir le supprimer, mais même s’il est coincé avec pour seule issue la mer, il tient bon. Il n’a d’autre choix que la résistance à l’ennemi grâce à Tsahal, qui pourrait avoir pour devise« pro aris et focis », donc « pour un dieu et le pays » ou littéralement « pour nos autels et foyers ». Et j’ajouterais pour que jamais plus les Juifs ne connaissent l’errance.
Comment en est-on arrivé là ? Comment en est-on arrivé à contester le droit à l’existence d’un État légitime ? Comment peut-on contester le droit à la l’auto-défense d’un État légitime ? Je n’ai nullement la prétention de répondre à la question, je voudrais juste tenter de remonter le fil des événements et essayer de comprendre.
En 1948, l’ONU procède au partage de la Palestine et, aussitôt, les États arabes s’y opposent et se jurent d’éliminer le nouvel État. Comme Israël est né trois ans après la Shoah, on en a donc conclu que, n’eût été ce génocide, l’État d’Israël n’aurait jamais vu le jour. Or, nous savons qu’il n’en est rien, et que bien avant l’arrivée des rescapés de la Shoah, déjà des centaines de milliers d’habitants juifs s’y étaient installés.
Il s’en est suivi un conflit qui n’a jamais pris fin, un conflit qui s’éternise. Plus de soixante ans que ce petit pays ne peut vivre en paix, qu’il est contraint d’être toujours aux aguets. Comment expliquer qu’un conflit qui ne concerne qu’un tout petit territoire – 50 000 km2 et à peine un peu plus de 7millions d’habitants - puisse devenir le centre de l’actualité, le pays sur lequel se focalisent les medias du monde entier, celui qui attire le plus d’envoyés spéciaux, alors que d’autres conflits (Corée du Nord, Darfour, Soudan, etc.) qui ont fait des centaines de milliers de victimes, donc rien de comparable avec le conflit israélo-palestinien, semblent laisser les medias indifférents ?
Il est évident qu’Israël est victime de harcèlement de la part de ses voisins et d’un nombre sans cesse croissant d’États dont il est devenu le bouc émissaire. La relation qu’il entretient avec eux pourrait être qualifiée de perverse parce que teintée de sentiments ambivalents de la part de ses ennemis.
Alors, pourquoi ce harcèlement ? Pourquoi réserve-t-on à Israël un traitement particulier ?
ISRAEL, un état qui à première vue ressemble à beaucoup d’autres : un chef d’état, un drapeau, un hymne national, une armée et des citoyens qui ressemblent à s’y méprendre à tous les citoyens du monde.
Mais il n’est pas un état comme les autres :
c’est un État qui suscite la haine !
Qu’on déteste un État qui agresse ses voisins, qui le provoque sans cesse, qui viole ses lois, passe encore. Mais qu’on voue une haine farouche à un État qui ne demande que le droit de vivre en paix peut sembler aberrant. En réalité, on en veut à Israël non pas pour ce qu’il fait, ni même pour ce qu’il a, on lui en veut pour ce qu’il est, à savoir un État juif : c’est dans ces deux mots qu’il faut trouver la raison de la détestation d’Israël.
C’est un État juif, donc un État peuplé essentiellement de Juifs, ce qui veut dire de citoyens différents des autres citoyens du monde. Car les Juifs, où qu’ils soient et quoi qu’ils fassent, et même quand ils ne font rien, suscitent la haine. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils ont toujours été choisis comme boucs émissaires. Aujourd’hui, le rôle de bouc émissaire est tenu par l’État d’Israël. Cela fait-il une différence ? Je n’en vois aucune, l’existence d’Israël et celle du peuple juif étant à mes yeux indissociables.
Alors on en revient à la question fondamentale : pourquoi cette haine à l’égard du Juif, donc pourquoi l’antisémitisme ? Beaucoup ont tenté de répondre à la question et parmi la multiplicité des réponses, il en est une que presque tous retiennent parce qu’elle déresponsabilise en quelque sorte l’antisémite, c’est celle de Sartre qui pourrait se résumer ainsi : « L’antisémite, dit-il, est un homme qui a peur. » On pourrait penser qu’il a peur des Juifs, mais ce n’est pas le cas dans la pensée de Sartre. Alors peur de qui ? Peur de quoi ? « De lui-même, répond Sartre, de sa conscience, de sa liberté, de ses instincts… » et il précise bien : « de tout sauf des Juifs. L’antisémitisme en un mot, c’est la peur devant la condition humaine. »
Quant aux autres raisons qu’on invoquait pour justifier l’antisémitisme traditionnel, force est d’admettre qu’elles ont été reléguées à l’arrière-plan parce qu’elles ne résistent pas à l’examen. On ne hait plus le Juif parce qu’il est un peuple déicide, un peuple d’usuriers.
On nous dit qu’on le hait parce qu’il est sioniste, autrement dit favorable à l’existence d’un État pour les Juifs. Donc on le hait parce qu’il aspire, comme tous les peuples du monde, à vivre en paix dans son propre pays ! Donc on lui dénie le droit d’avoir comme tous les peuples un pays ! Certes, il suffit de voir les privilèges dont jouissent les juifs antisionistes pour en avoir confirmation. Ceux-là se fondent dans la masse, embrassent les idées de la masse, défendent les exigences des ennemis d’Israël, disparaissent. On ne devrait pas les considérer comme Juifs, même s’ils revendiquent ce « titre » car il leur ouvre toutes grandes les portes de tous les États ennemis d’Israël- et ils sont très nombreux - qui se servent d’eux pour légitimer leur haine d’Israël. Car pour moi être juif c’est s’engager, c’est militer en tant que juif dans quelque domaine que ce soit – culturel, politique, religieux ou autre – et on est juif même si on se limite à réagir aux propos haineux que lancent les détracteurs d’Israël ou encore à lutter contre la désinformation.
Dora Marrache
Chroniqueuse
Radio-Shalom Montréal