Les vents de la guerre au Levant et au Moyen-Orient (3/3)
Les cas Hariri et AMIA
Par Horacio Calderon
Adapté par Gilles
Pour aschkel.info et lessakele.
Première partie
Par Horacio Calderon
www.horaciocalderon.com
(Horacio CALDERON est expert un du Moyen Orient et un spécialiste de la lutte anti-terroriste. Il consacre actuellement ses efforts à l’étude, le suivi et la dénonciation du terrorisme mondial et régional, du trafic de drogue et de la criminalité transnationale organisée.)
Le Souffle de la guerre
La situation au Liban est complexe, fragile et très dangereuse parce que le Hezbollah peut déclencher un nouveau combat inter sectaire interne comme celui qui s’est produit à Beyrouth en 2008. Mais l’organisation terroriste libanaise pourrait également lancer une reprise de la guerre contre Israël qui est toujours en suspens depuis le cessez le feu du mois d’août 2006.
Il existe plusieurs indicateurs d’alerte précoce signalant la possibilité d’une guerre au Levant et peut-être dans l’ensemble du Moyen-Orient dans les mois à venir, qui dépendent d’un ou de plusieurs déclencheurs imminents.
En outre, et en dépit de graves dissensions internes vis-à-vis de sa méfiance et de sa rivalité croissante avec le gouvernement syrien, le Hezbollah est le vecteur le plus puissant et fiable de l’Iran dans la région pour affronter Israël.
Le Hezbollah a eu la possibilité de se réarmer et d’améliorer la qualité ainsi que la quantité de son armement utilisé en 2006 au cours de la guerre contre Israël. Merci à l’aide de l’Iran et de la Syrie.
Le Hezbollah a déjà dépassé la limite qu’Israël peut tolérer à moins que ce pays ne choisisse de voir sa population vivre dans des abris souterrains, telles des colonies de môles. Merci pour les systèmes modernes de missiles et de roquettes fournis par l’Iran et la Syrie.
Par rapport à cela, l’Iran pourrait encourager les dirigeants du Hezbollah à attaquer ou à provoquer Israël afin de détourner l’attention accordée à son programme nucléaire suspect.
Une autre hypothèse de guerre étant que l’Iran préserve le Hezbollah jusqu’à ce que le pays soit attaqué et lance une contre offensive alliée contre Israël, ses alliés et d’autres ennemis ciblés.
De nombreux experts ont convenu que les stratèges iraniens sont conscients qu’il doit être difficile pour Israël d’attaquer leurs sites nucléaires, de défendre son propre territoire face à une contre attaque et en même temps d’ouvrir un théâtre de bataille au Liban.
L’un des cauchemars les plus importants pour les stratèges occidentaux – y compris Israël – est d’évaluer avec précision la nature des processus complexes de décision iranienne et donc l’ensemble des résultats probables susceptibles de sortir de tous et de chacun des scénarios très contradictoires.
En ce qui concerne l’Iran, ses dirigeants, décideurs politiques, planificateurs militaires et chefs des services de renseignement sont également inquiets et tout à fait préoccupés d’envisager les possibilités israéliennes d’une attaque militaire contre les installations nucléaires de leur pays.
Un expert américain qui a été consulté avant la conclusion de ce document pense qu’il n’y a pas beaucoup de chance qu’Israël attaque la centrale nucléaire de Bushehr parce que cela semble difficile pour différentes raisons. Il pense également que si Israël doit frapper des sites en Iran, les objectifs seront les installations liées au programme d’armement nucléaire.
Certains analystes pensent qu’Israël pourrait également utiliser ses missiles balistiques nucléaires tactiques contre les sites iraniens, mais cela est hautement improbable à moins que l’Iran ne lance une contre-attaque à des bombardements conventionnels avec des armes de destruction massive (ADM).
Concernant l’Iran, il existe d’autres scénarios clés qui doivent sérieusement être pris en compte.
Le 22 avril 2008, en tant que candidate à l’investiture du Parti démocrate à l’élection présidentielle américaine de 2008 Hillary Clinton a déclaré sur ABC Good Morning America News : « Que serait notre réponse si l’Iran lançait une attaque nucléaire sur Israël ? Je veux que les Iraniens sachent que si je suis élue Président, nous attaquerons l’Iran. C’est ce que nous allons faire. Il n’y a pas d’alternative ». Elle a également déclaré : « Quel que soit le stade du développement de leur programme d’armes nucléaires dans les 10 prochaines années au cours desquelles ils pourraient bêtement envisager une attaque contre Israël, nous serons en mesure de les effacer totalement ».
Mme Clinton a perdu l’élection présidentielle mais est Secrétaire d’Etat de l’administration Obama et maintient toujours une position ferme contre l’Iran.
Le président Obama a déclaré dans une interview qu’il n’utilisera l’arme atomique que dans des « circonstances exceptionnelles » et non pour attaquer des Etats non dotés de l’arme nucléaire, mais en même temps, il a précisé qu’il créait une exception pour « les situations aberrantes comme l’Iran et le Corée du Nord » qui ont violé ou renoncé au Traité de non prolifération nucléaire.
Par conséquent, le Président des Etats-Unis et le lauréat du prix Nobel de la Paix – alors qu’il n’a rien fait pour mériter cela – menace de recourir aux armes nucléaires contre d’autres pays n’ayant pas ces capacités militaires.
L’ensemble des messages menaçant à l’endroit de l’Iran mentionnés ci-dessus ont été récemment mis à jour par le Secrétaire américain de la Défense, Robert Gates.
Par conséquent, Benjamin Netanyahou ou ses successeurs pourraient avoir le même raisonnement que Barack Obama. Certes, Israël ne peut fournir aucune explication publique ou menacer ainsi l’Iran car le pays n’a jamais officiellement confirmé ou nié avoir un arsenal nucléaire, ni même un programme nucléaire militaire.
En fait, tous les pays dotés d’armement nucléaire ont toujours la capacité, le pouvoir et les moyens de faire usage de leurs arsenaux et d’utiliser leur leadership mais peuvent aussi se retrouver face à des conséquences des plus graves et des plus sévères.
En ce qui concerne l’attaque de la future et potentielle menace nucléaire iranienne, le meilleur résultat pour éviter un scénario de type Armageddon comme ci-dessus est de stopper le programme avant sa réussite.
En outre, l’arrêt du programme nucléaire iranien permettra d’éviter la mort de millions de ses citoyens car le pays sera vraiment « effacé » avant que ses dirigeants n’aient eu le temps de toucher un bouton déclencheur.
Le rôle des Etats-Unis
Barack Obama est flou et imprévisible, et son charisme – son principal atout – est en baisse constante quotidienne. Par ailleurs, un Président Commandant en chef des Etats-Unis ne peut pas gouverner son pays en perdant son temps en choses insignifiantes, parlant démagogiquement comme Hugo Chavez ou trahir ses promesses électorales.
Les piliers de la politique étrangère du président et leurs objectifs – ainsi que certains questions intérieures sensibles – sont irréalistes et ne pourront jamais être mis en œuvre.
Par conséquent, l’erratique Barack Obama et son absence de bon jugement rendent très difficile la prévision de la façon dont il va affronter le plus délicat, le plus menaçant et probable scénario actuel ainsi que ses développements futurs.
Le principal problème pour la sécurité du Levant et du Moyen Orient à l’heure actuelle est que le président Barack Obama – malgré ses déclarations menaçantes – ne voit pas l’urgence de stopper le programme nucléaire iranien et à long terme son programme de missiles balistiques.
Tout d’abord, parce son jugement n’évalue pas le danger réel que représente un arsenal nucléaire et des systèmes de missiles balistiques aux mains d’une organisation semi-apocalyptique clandestine comme l’Iran Hojjatie. L’ayatollah Mohammad-Taqi Mesbah-Yazdi est le chef spirituel de ce mouvement qui a été interdit par l’ayatollah Ruhollah Khomeiny en 1983. Le président Mahmoud Ahmadinejad est le disciple le plus important de l’ayatollah Mesbah-Yazdi et un membre présumé de haut-rang de la secte Jamkaran et de l’organisation Hojjatie. Leur doctrine est messianique et enseigne le retour de l’Imam caché (Madhi) et la violence peut aider à atteindre cette « céleste » prédiction. Ainsi, si une telle secte prend le pouvoir en Iran, son leadership n’hésitera pas à utiliser l’arsenal nucléaire, s’il pense que le Madhi reviendra après une catastrophe digne d’Armageddon.
Deuxièmement parce que les priorités urgentes de l’administration américaine ne prennent pas en compte les menaces existentielles iraniennes contre Israël et en particulier dans les négociations secrètes en cours avec l’Iran, principalement concentrées sur l’Irak et l’Afghanistan.
Mais les problèmes posés par le président Obama sont également liés à l’ensemble des défaillances du système de sécurité des Etats-Unis qui a été dévoilé par des études récentes.
En ce qui concerne la sécurité nationale, les Etats-Unis sont face à risque d’échec et il existe un besoin très urgence de faire de sérieuses réformes dans l’ensemble d’un système dépassé qui est à un pas de s’effondrer. La récente affaire Wikileaks ne représente que l’un des chapitres de cette situation.
Les échecs liés entre eux et la faiblesse déclarée à la fois de la sécurité des Etats-Unis avec sa politique étrangère, ainsi qu’entre la sécurité nationale et les systèmes de la défense nationale, ont des effets négatifs globaux et internationaux qui doivent être pris en compte par les autres pays.
Ces résultats négatifs sont souvent issus d’un manque d’analyse et de planification face aux menaces qui ne peuvent conduire qu’à des résultats catastrophiques comme les attaques du 11 septembre 2001 et les guerres en cours en Afghanistan et en Irak.
Une équipe américaine d’experts et de spécialistes très importants intitulée : « Vision Working Group Report and Scenarios » a établi un rapport non classifié et un projet de réforme de la sécurité nationale américaine.
En ce qui concerne la planification fondée sur des scénarios en laissant de côté les causes, ce groupe d’experts, après examen du fonctionnement du gouvernement américain et de ses composants propose d’utiliser une autre méthode afin d’obtenir des réussites :
« Vue d’ensemble - Dans l’ensemble des situations, les organismes de sécurité nationale sont rarement préparés, organisés et / ou ont les ressources nécessaires pour relever les nouveaux défis de sécurité nationale. »
« Globalité des problèmes – Le système de sécurité nationale n’a pas de compétence de base dans la vision stratégique. »
« Conséquence - Le système de sécurité nationale ne peut pas identifier les capacités stratégiques nécessaires pour répondre aux futures menaces et opportunités ».
En outre :
- Problème 1 – il existe de nombreux obstacles à la construction de base d’une vision stratégique reposant sur une planification fondée sur des scénarios.
- Problème 2 – il y a une incompréhension de ce qui est une vision et de la valeur qu’elle apporte.
- Problème 3 – la nécessité d’une planification fondée sur des scénarios n’est pas bien comprise.
- Problème 4 – le système de sécurité nationale favorise les résultats à court terme plutôt que ceux à long terme.
- Problème 5 : sans moyens pour adapter les ressources à la stratégie, le système de sécurité nationale sera incapable d’agir sur des idées de planification fondées sur des scénarios pour trouver des solutions.
Le Groupe de travail a également critiqué le Conseil National de sécurité (NSC) et son système de « Comités de coordination politique » (CCP). « Le processus des CCP est orienté comme une boîte de réception quotidienne de l’administration, des questions à court terme et des objectifs de campagne ». Enfin, il recommande : « un but beaucoup plus précis et une capacité globale sont nécessaires au pouvoir exécutif ».
Son évaluation concernant les principaux problèmes et la mise en cause du système américain de sécurité nationale est réellement inquiétante car ces défaillances ont une incidence sur le monde entier.
Après avoir lu les paragraphes cités on pourrait penser que ce type d’évaluation concernerait l’Argentine ou tout autre pays, mais pas les Etats-Unis …
Donc, en relation directe avec l’un des principaux points de cette analyse – la publication imminente de l’acte d’accusation du TSL – on pourrait dire que toute guerre au Liban nuira probablement à la stratégie fragile du Président Obama pour le Levant et le Moyen-Orient.
Par ailleurs, la Maison Blanche ne fait pas confiance aux Syriens et suit de très près toutes les manœuvres et négociations complexes précisées ci-dessus. En outre, Barack Obama n’a pas abandonné l’ancienne option militaire pour renverser le régime syrien, qui est toujours et reste sur la table.
La chute du régime syrien semble être une obsession permanente des Etats-Unis et n’aurait probablement pas d’autre bénéficiaire que le djihadisme sunnite incarné par la branche nationale des « Frères musulmans » égyptiens. Le feu général Hafez Al-Assad, le père et prédécesseur de l’actuel président syrien avait anéanti des milliers de ces militants djihadistes. Cela s’est produit en février 1982, au cours d’une offensive militaire visant à vaincre une révolte qui a eu lieu dans la ville de Hama. Les successeurs de ces djihadistes sunnites abattus attendent depuis ce temps le match de revanche contre les laïques Alaoui du régime syrien qu’ils haïssent.
Ils espèrent que les Etats-Unis leur faciliteront le travail, comme cela s’est passé en Irak. Ce scénario probable terrifie Israël mais aussi l’Egypte et la Jordanie dont les régimes laïcs sont menacés par les Frères musulmans.
Comme indiqué précédemment, la priorité actuelle des Etats-Unis est principalement axée sur une stratégie de sortie d’Irak et d’Afghanistan. Le président Obama et ses proches conseillers pensent certainement que ces objectifs ne seront pas atteints sans l’aide iranienne, ce qui pourrait s’avérer dangereux comme l’étreinte d’un grizzli.
Israël est pleinement conscient que le Hezbollah a acquis une capacité dévastatrice et qu’il est capable de lancer des missiles balistiques de gamme moyenne ainsi que des roquettes profondément au cœur de son territoire. Pour cette raison, il est fort probable qu’Israël devra lancer une attaque préventive afin de détruire les dépôts contenant les armes les plus dangereuses livrées au Hezbollah par l’Iran et la Syrie depuis 2006.
La classique sagesse militaire d’Israël fait qu’il devrait attaquer le Hezbollah – avec ou sans l’aide de la Syrie – avant que les dirigeants militaires ennemis n’aient eu l’occasion d’utiliser leurs arsenaux meurtriers contre des cibles militaires ou civiles.
Stratfor, une société de renseignement global basée au Texas, a également confirmé que « certains faits semblent indiquer que les Etats arabes travaillent en étroite collaboration avec Israël – qui a jouer un rôle déterminant en minant le réseau de télécommunication du Hezbollah – afin d’entraver la capacité du cette organisation à frapper ».
La Turquie a adressé un message secret mais tout à fait clair au Hezbollah en précisant qu’elle ne tolèrerait pas de nouvelles attaques contre les communautés sunnites libanaises. Une source de haut-rang de Beyrouth assure aussi que l’Egypte a déjà envoyé au Liban un contingent de forces spéciales déguisées en ouvriers.
Lors d’une conférence de presse au Pentagone en présence du ministre israélien de la Défense Ehud Barak, le ministre américain de la Défense Robert Gates a dit : « Nous avons atteint le point où le Hezbollah dispose maintenant de beaucoup plus de roquettes et de missiles balistiques que la plupart des gouvernements dans ce monde. Ceci est déstabilisant pour toute la région et nous suivons cela de très près ».
L’Iran et le Hezbollah se sont préparés à une guerre probable contre Israël, qui pourrait concerner la région, des pays entiers et des acteurs étatiques mondiaux tels les Etats-Unis et la Russie.
L’Iran est depuis longtemps un réel danger et le centre de gravité d’un axe historique géopolitique qui serait très vulnérable si la Syrie se retournait contre le Hezbollah, le premier mandataire de l’Iran au Levant. Mais personne n’est capable de préciser quand et comment ce nouveau conflit éclatera. Ce conflit est principalement basé sur la menace existentielle que porte le futur potentiel nucléaire iranien sur Israël et les pays arabes.
Métaphoriquement parlant, ce conflit est un tremblement de terre uniquement causé par le volcan Iran, qui pourrait entrer en éruption à tout instant et lancer un torrent de lave qui couvrirait une grande partie du Moyen-Orient.
Cependant, un Iran en passe de devenir une puissance nucléaire est confronté à une menace stratégique pas seulement portée par des pays nucléarisés comme Israël et les Etats-Unis. Une alliance formée par l’Arabie saoudite, l’Egypte, la Turquie et d’autres pays sunnites est maintenant en œuvre pour faire face à l’influence iranienne en Irak. Nonobstant, et pour autant que la Turquie soit concernée, ce pays de l’Otan cherche à organiser un front visant à réduire l’influence de l’Iran ainsi que l’influence américaine en Irak.
Tous ces pays cités ci-dessus ont une menace stratégique commune : l’Iran. Par conséquent, ce n’est pas surprenant et il y a longtemps qu’Israël est devenu de facto un allié clé de certains Etats sunnites mentionnés précédemment, partageant un même objectif, celui de faire face à la menace que pose le Hezbollah.
En raison de sa portée terroriste mondiale, le Hezbollah est un grand danger et une honte non seulement pour le Levant, mais aussi pour le monde entier. Il n’est donc qu’une question de temps avant que les Nations-Unies et les acteurs régionaux et mondiaux décident qu’il est l’heure de désarmer le Hezbollah. D’ailleurs cette organisation terroriste a toujours violé le cessez-le-feu de 2006 avec Israël, à l’encontre de ce qu’exige la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations-Unies.
Le Casus Belli contre l’Iran et le Hezbollah
L’invasion de l’Irak et le renversement du régime sunnite de Sadam Hussein suivi de l’occupation du pays ont démontré que le déclanchement d’une guerre n’a besoin de rien d’autre que d’un prétexte très bien organisé et propice à un objectif politique planifié. En particulier lorsque les faits postérieurs à l’invasion irakienne ont clairement montré que les accusations de Tony Blair contre Saddam Hussein, concernant les allégations des capacités militaires irakiennes à lancer des armes de destruction massive en moins de 45 minutes, étaient un tissu de mensonges. Ces prétextes, soutenus par de nombreux Etats et acteurs publics, y compris les liens entre le gouvernement irakien et Al-qaïda, ont été suffisant pour lever un casus belli afin d’attaquer et d’occuper le pays. En outre et sans surprise, l’Iran appartenait à ce réseau mortel d’un ensemble très sophistiqué de préparation et d’exécution d’opérations de renseignement visant à encourager l’invasion et faire glisser les Etats-Unis dans un piège, réseau auquel appartenaient de nombreux agents doubles comme le politicien chiite irakien Ahmed Chalabi.
Cela ne ressemble en rien à l’Afghanistan qui était un pays utilisé par Al-Qaïda comme une base territoriale afin de planifier et de lancer des attentats terroristes aux Etats-Unis comme celui du 11 septembre 2001.
En ce qui concerne l’Iran et par procuration le Hezbollah, le principal casus belli est représenté par les menaces publiques et officielles lancées à l’encontre d’Israël et d’autres pays par le Guide suprême iranien Ali Khamenei, le président Mahmoud Ahmadjinejad, d’autres ayatollahs importants ainsi que des hauts fonctionnaires. En outre, ajoutons l’interminable et stressante campagne de relations publiques concernant le processus d’enrichissement d’uranium, les systèmes de missiles balistiques et toutes réalisations liées à la défense.
Néanmoins, et malgré le fait que cet ensemble de menaces représente le défit le plus sérieux à l’échelle régionale et pour la sécurité internationale et mondiale, ces casus belli ne peuvent justifier une guerre. Par conséquent, et cela grâce à l’expérience irakienne, toutes les théories de complot sont en cours de préparation pour fournir des preuves de casus belli contre l’Iran et le Hezbollah et seront dévoilées le moment opportun.
Ayant dit cela comme une brève introduction à ces sujets sensibles, il convient de noter qu’il existe une triple belli conséquent et un réel casus qui peuvent faire partie du paquet à déclarer pour justifier une attaque contre l’Iran et/ou le Hezbollah :
- Tout d’abord les attaques terroristes contre l’ambassade d’Israël et le Centre AMIA qui ont eu lieu respectivement en 1992 et en 1994 à Buenos Aires ;
- Deuxièmement, l’assassinat de Rafiq Hariri à Beyrouth le 14 février 2005 ;
- Enfin les liens présumés entre les militants du Hezbollah inculpés aux Etats-Unis et le VEVAK iranien par le biais de son agent Mohsen Rabbini actuellement recherché par la justice argentine dans le cadre de l’attentat contre le Centre AMIA et qui a été l’attaché culturel de l’ambassade d’Iran à Buenos Aires.
Il existe des connexions très intéressantes et des liens entre les acteurs étatiques ou non étatiques ainsi qu’entre les personnes impliquées dans les deux cas que sont l’AMIA et Hariri :
1. Le Hezbollah est responsable de ces crimes liés entre eux par son commandant militaire Imad Moughniyed a été tué pour cela. Il a toujours été loyal envers l’Iran et ce même s’il n’était pas sympathique à Hassan Nasrallah. Il a également participé à des opérations conjointes entre le Hezbollah, les services de renseignement iraniens et l’appareil de sécurité dirigé par le VEVAK. En outre, l’Iran doit avoir un lien avec le complot visant à tuer Rafiq Hariri en raison de la participation de Moughniyed dans la planification de l’attentat et de sa relation avec le terrorisme lié à l’Iran et le Hezbollah dans des opérations internationales et mondiales.
2. Les dirigeants iraniens ont ordonné l’attaque contre le bâtiment du Centre juif AMIA à Buenos Aires. Cette opération terroriste majeure a été planifiée et coordonnée au plus haut niveau en particulier par Ahmed Vahidi, nommé au gouvernement par Mahmoud Ahmadinejad avec la bénédiction du guide suprême Ali Khamenei, et ce bien qu’il soit poursuivi par un tribunal argentin. Le tribunal a demandé et obtenu six notices rouges d’Interpol dans le cadre de l’attentat du Centre AMIA en 1994 à Buenos Aires. La collecte de renseignements dans le cadre de la préparation de l’attentat et les étapes ultérieures a été exécutée par des diplomates iraniens, stratégiquement placés dans des cellules logistiques ou opérationnelles et par les réseaux du Hezbollah qui siègent dans la zone de la Triple Frontière. Le Hezbollah a également fourni le terroriste suicide qui conduisait le véhicule qui a détruit le centre communautaire Juif, tuant 85 personnes et en blessant plus de 300 autres. De plus, le 17 mars 1992, le Hezbollah et l’Iran ont mené une attaque terroriste conjointe qui a détruit l’ambassade israélienne à Buenos Aires.
3. Le gouvernement syrien pourrait être dégagé de toute accusation en matière pénale sur l’affaire Hariri, parce que les liens humains et les preuves matérielles qui les reliaient au dossier ont disparus. Toutefois, il est clair que cette attaque criminelle complexe n’aurait pu être organisée et lancée sans une planification conjointe et une collaboration étroite de hauts-rangs syriens et iraniens.
En ce qui concerne le cas AMIA, et bien que la Syrie pourrait ne pas avoir d’implication directe dans cette affaire, il est très douteux que l’Iran et le Hezbollah n’aient par informé son président avant l’attaque. Pourquoi cette évaluation ? Parce que l’Argentine avait à l’époque un président d’origine syrienne, Carlos Menem, et que cela devait être une question très sensible pour les planificateurs de l’attaque. Ceci n’est qu’une hypothèse que l’auteur de ces lignes laisse entendre depuis longtemps, mais une hypothèse fondée sur l’analyse de plus de trois décennies d’expérience sur le terrain au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
4. Le procès des suspects de l’assassinat de Rafiq Hariri semble avoir une base juridique plus solide que celui de l’attentat AMIA à l’heure actuelle, mais ces deux cas peuvent être considérés comme un casus belli contre le Hezbollah et par extension contre son patron, l’Iran.
Le 2 août 2010, le Bureau du procureur des Etats-Unis du District Est de New York a publié un communiqué de presse précisant qu’un citoyen américain et un guyanais avaient été reconnus coupables de complot visant à lancer une attaque terroriste contre l’aéroport JFK. Le communiqué indique : « Russell Defreitas et Abdul Kadir ont été condamnés aujourd’hui par le Dictrict Est de New York de complot visant à attaquer l’aéroport international John F. Kennedy dans le Queens, New York, par l’explosion de réservoirs de carburant et du pipeline de l’aéroport. Les défendeurs estiment que leur attaque aurait causé des dommages considérables à l’aéroport et à l’économie de New York, ainsi que la perte de nombreuses vies. La détermination de la peine est prévue pour le 15 décembre 2010. ». En outre, le communiqué officiel déclarait : « Selon la preuve présentée au procès, les membres du complot ont également tenté d’obtenir le soutien de groupes terroristes internationaux de premier plan ainsi que de dirigeants du gouvernement iranien, y compris d’Abou Bakr, chef militant trinidadien du groupe Jammat Al Muslimeen, et Adnan El Shukrijumah, un chef d’Al Qaïda. En février 2005, Defreitas a recruté Kadir parce que Kadir, ancien membre du Parlement du Guyana, était ingénieur et avait des liens avec des groupes militants en Iran et au Venezuela. Au cours du contre-interrogatoire du procès, Kadir a admis qu’il transmettait régulièrement des renseignements aux autorités iraniennes et se croyait tenu de suivre les fatwas des chefs religieux iraniens. ».
En raison de cet acte d’accusation, Defreitas a été arrêté à New York le 2 juin 2007 et Kadir à la Trinité, à bord d’un avion en partance vers le Venezuela et en revenant d’Iran. Ibrahim et Nur ont également été arrêtés à la Trinité. Ces trois derniers individus ont été ensuite extradés vers les Etats-Unis.
Mais il existe une autre surprise qui pourrait officiellement identifier le lien entre la préparation de l’attaque terroriste contre l’aéroport international JFK et l’attentat contre le Centre AMIA. Le 21 juillet 2010, le New York Times a publié un article intitulé : « Les liens entre le suspect de l’aéroport Kennedy et l’Iran se définissent » et qui comprend les paragraphes suivants en ce qui concerne Abdul Kadir, un ancien responsable politique de Guyana : « L’ancien responsable, Abdul Karid, a admis en contre-interrogatoire, que dans le milieu des années 1980, il avait rédigé des rapports sur l’économie du Guyana, la politique étrangère et militaire – qui comprenaient des détails sur la baisse du moral des armées - et les avait transmis à l’ambassadeur iranien au Venezuela. Ces documents écrits à la main comprenaient un « plan quinquennal de développement » faisant référence à « l’infiltration de l’armée, de la police et d’autres organisations gouvernementales. ».
Et le New York Times a ajouté : « bien qu’il ait catégoriquement affirmé qu’il ne travaillait pas avec le gouvernement iranien, ses liens avec l’Iran sont profonds et il a admis avoir continué à correspondre avec des responsables iraniens. Il est allé en Iran à deux reprises et y a envoyé plusieurs de ses enfants recevoir une instruction religieuse. Les procureurs ont indiqué qu’il avait communiqué à plusieurs reprises avec Mohsen Rabbani, un diplomate iranien qui a été accusé d’avoir dirigé une attaque terroriste meurtrière contre un centre Juif en Argentine. ».
M. Rabbani est recherché par la Cour d’Argentine et Interpol et est accusé de « crimes contre la vie et la santé, hooliganisme, vandalisme, dommages. ».
Bien que le gouvernement des Etats-Unis puisse posséder assez de renseignements et avoir recueilli assez de données sur les liens présumés entre Abdul Kadir et Mohsen Rabbani, il est très peu probable qu’il ait la moindre chance de capturer ce responsable iranien dans le futur.
Une fois de plus, l’aéroport international JFK peut être utilisé comme un casus belli, en collaboration avec l’attentat de l’AMIA et l’assassinat de Rafiq Hariri pour souffler les vents de la guerre contre l’Iran, le Hezbollah et d’autres acteurs non étatiques qui appartiennent au même réseau terroriste.
L’Argentine face aux menaces terroristes
En ce qui concerne l’Argentine, il n’y a aucun doute raisonnable quant à la participation de l’Iran et du Hezbollah dans les deux attentats qui ont détruit l’ambassade israélienne et le bâtiment de l’AMIA à Buenos Aires. Aussi, de futures attaques en Argentine sont très probables si l’Iran et le Hezbollah sont inquiétés sur la base des accusations concernant ces attentats, ce qui pourrait être utilisé comme un casus belli pour déclarer une guerre contre ces terroristes d’Etat et autres acteurs non étatiques.
En 1992 et 1994 l’Argentine avait été attaquée en représailles pour plusieurs raisons qui avaient été expliquées par votre auteur dès le jour de la première attaque. Le Département d’Etat américain a étudié la question dans son rapport 2009 sur le terrorisme paru en août 2010. Ce rapport précise en ce qui concerne l’Argentine que : « l’Argentine et les Etats-Unis ont coopéré pour l’analyse des menaces terroristes, les forces de sécurité argentines ont reçu une formation du gouvernement américain dans le cadre des enquêtes liées au terrorisme, des opérations spéciales liées à des incidents ou des menaces terroristes, pour le dressage des chiens renifleurs de drogues et d’explosifs. En outre, l’Argentine a accueilli des formations américaines destinées au rôle des commandants de police régionaux afin de répondre aux menaces terroristes. L’Argentine prend au sérieux sa responsabilité de protéger sa technologie et ses matières nucléaires et a commencé à offrir de la formation à d’autres pays pour développer les bonnes pratiques contre le commerce illicite de matières nucléaires. ».
En dépit de cette déclaration, l’Argentine n’est pas suffisamment préparée pour faire face à la menace de sécurité liée aux organisations terroristes régionales et mondiales.
L’Argentine pourrait de nouveau être une cible choisie pour être attaquée en représailles par l’Iran, le Hezbollah ou par procuration de tout autre de leurs alliés au terrorisme – comme les FARC colombiennes, bien qu’elles soient laïques – car tous ont des bases logistiques en Amérique latine, comme au Venezuela par exemple. En outre, les acteurs étatiques ou non ont de nombreux partisans et sympathisants en Argentine, ce qui est susceptible d’augmenter le niveau de menaces à la sécurité.
L’Iran – sponsor du terrorisme d’Etat – et son principal mandataire le Hezbollah ainsi que les réseaux respectifs des organisations et groupes qui leurs sont alliés continuent à poser des risques et des menaces qui doivent être correctement évaluées de manière très urgente. Néanmoins, de nouvelles attaques terroristes en provenance d’Iran et du Hezbollah en Argentine ou contre des cibles argentines à l’étranger ont une faible probabilité d’occurrence à l’heure actuelle, à moins que ces acteurs ne soient en guerre au Levant et/ou au Moyen-Orient. Si une guerre dans ces régions débute, il est fort probable que les bâtiments israéliens et des personnalités juives soient de nouveau des cibles de grande valeur pour les terroristes.
L’intelligence et les appareils de sécurité argentins devraient tenir compte du fait que les organisations sunnites et chiites pourraient coopérer en vue de lancer des attaques comme cela s’est déjà produit d’en d’autres régions.
Il faut dire que le pays présente de nombreux points faibles, ce qui facilite le trafic de drogue et tout type d’activité du crime organisé depuis longtemps. Il est à noter que l’Argentine a des frontières poreuses, que la corruption de fonctionnaires existe, que l’accès aux explosifs et détonateurs est aisé, qu’il y a des cibles sans défense et tout un lot d’autre avantages pour les terroristes déjà utilisés lors des précédents attentats.
Par conséquent, le Gouvernement argentin doit planifier et mettre en œuvre un renseignement, des mesures de sécurité et des contres mesures efficaces face aux menaces terroristes. Il contribuera à protéger adéquatement ses citoyens et leurs biens en neutralisant toute future attaque du Hezbollah, d’Al-Qaïda ou de toute autre organisation.
Enfin, il serait très utile de crée un centre interdisciplinaire pour l’évaluation et l’analyse stratégique sur les questions de sécurité, qui pourrait proposer des plans de prévention, de défense et de lutte contre de nouvelles attaques terroristes en Argentine.
Conclusions :
- Il existe trois casus belli –entre autre- qui pourraient aider à déclencher une nouvelle stratégie nationale dans le cadre de la lutte inter sectaire libanaise, ou encore la possibilité d’une grande guerre sur plusieurs fronts simultanés dans le Levant et le Moyen-Orient. L’assassinat de Rafiq Hariri, les attentats contre l’ambassade d’Israël et du Centre juif AMIA de Buenos Aires et l’inculpation récente de plusieurs personnes qui se préparaient à attaquer l’aéroport JFK à New York. Tous ces cas sont liés directement ou indirectement à l’Iran et donc à d’autres cas via le Hezbollah, son mandataire privilégié au Levant.
- Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) va annoncer un verdict dans l’affaire Rafiq Hariri dans les prochaines semaines, accusant le Hezbollah d’avoir assassiné Rafiq Hariri.
- Le roi saoudien Abdallah, le président syrien Assad, le président libanais Michel Suleiman et le Premier ministre Saad Hariri – et d’autres dirigeants- ont tenu plusieurs réunions à Beyrouth afin d’évaluer tous les aspects concernant les conclusions de l’acte d’accusation du TSL.
- Le roi saoudien est à la tête d’une sage manœuvre géopolitique dont l’objectif principal est la rupture de l’ancien axe liant l’Iran, la Syrie et le Hezbollah. Sa visite exceptionnelle à Damas et son voyage commun avec le président Assad à Beyrouth font partie de ce projet géopolitique.
- L’Iran et le Hezbollah sont au courant de cette opération et prennent des contre-mesures préventives.
- L’Argentine est toujours sous la menace de nouvelles attaques terroristes qui pourraient être lancées sur son sol. Surtout si l’Iran et / ou la direction du Hezbollah concluent que l’Argentine fournit le casus belli pour lancer des attaques contre eux, et cela plutôt que de régler les accusations devant un tribunal.
Enfin, il serait temps d’envisager une véritable punition pour tous ceux qui sont responsables de l’assassinat de Rafiq Hariri, des attentats contre l’ambassade d’Israël et le Centre AMIA et du complot dévoilé contre les Etats-Unis, pour ne citer que ces trois casus belli qui ont fait l’objet particulier de ce document.
En sus, pour tous les crimes commis par l’Iran et son mandataire le Hezbollah au cours des dernières décennies, qui ont également tué des milliers d’innocents chiites et sunnites dont des femmes et des enfants. Doivent être également ajoutés à cette responsabilité tous les enfants utilisés comme soldats et comme dragueurs de mines suicides au cours de la guerre Iran – Irak dans les années 80.
Suite et au final de ce document il est utile de se demander si oui ou non il est temps de contrer et de vaincre la menace que pose l’Iran et son réseau terroriste dirigé par le Hezbollah libanais, d’autres mandataires et leurs alliés.
Post-scriptum : quelques heures avant de publier ce document, des affrontements ont éclaté tôt dans la soirée de mardi entre les membres de l’Association des projets charitables islamiques « Al Ahbache » (également connue sous l’appellation Jam’iyyat al-Mashari ‘al-Khayriyya al-Islamiyya) et des partisans du Hezbollah. Mohammed Fawwaz, un responsable du Hezbollah dans la banlieue de Beyrouth, plus connu sous le nom de Burj Abi Haidar, a été tué durant les affrontements.
Al-Ahbache est un groupe pro syrien et cela pourrait signifier que les vents de la guerre ont déjà commencé à souffler…
Horacio CALDERON