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30 décembre 2009 3 30 /12 /décembre /2009 22:58

A sa demande, nous publions l'article d'Arnold Lagémi sur terred'israel.com, "surpris" par l'exigence de clarification historique émanant d'Israël, qui ne demande jamais que l'établissement de la vérité pour l'histoire, n'ayant pas à se mêler de la procédure en soi de "Béatification", qui ne concerne que ceux qui y croient. J'y adjoins, en commentaire de bas de page, mon point de vue.


La voix des israéliens francophones

La campagne organisée en vue empêcher la béatification de Pie XII a de quoi surprendre à maints égards.

Non pas que Pie XII ait été bienveillant au destin des Juifs plus que ses prédécesseurs ou successeurs ou qu’il ait manifesté un intérêt particulier à la chose juive. Certes pas. Il est le Vicaire du Christ et à ce titre, il est le Chef de la Nouvelle Eglise qui prétend avoir remplacé le peuple Juif dans sa mission rédemptrice.

Soit, mais cela étant dit, a-t-on bien conscience des conditions dans lesquelles s’est effectué le pontificat d’Eugenio Pacelli, devenu Pie XII le 2 Mars 1939? A-t-on médité sur ce qu’en dit de lui, l’immense historien de cette période tragique, le grand Léon Poliakov qui affirme dans « le bréviaire de la haine »:

« Face à la terreur nazie, avec l’accord ou sous l’ordre du Vatican, les Eglises manifestèrent sur le plan humanitaire une action permanente et inoubliable. »

Ne confondons pas les époques. Aujourd’hui, on peut dire, des énormités avec le mensonge ou la dissimulation pour fondement, on ne risque pas grand-chose. On peut traîner dans la boue un gouvernement. A l’époque, un discours public contre le régime hitlérien était immédiatement suivi de voies de fait.

Les nazis disposaient d’énormes moyens de chantage inimaginables aujourd’hui qui empêchèrent le pape de prononcer une condamnation du nazisme que les persécutés attendaient.

Notons aussi l’édition plus récente du rabbin David Daline qui, en 2005 publie « Pie XII et les Juifs. » Il écrit notamment : « Imputer la condamnation et la réprobation qui revient à Hitler et aux nazis à un pape qui s’opposa à eux et était l’ami des Juifs est une abominable calomnie et une regrettable diffamation. »

En 1958, lors du décès de Pie XII, Golda Méïr, alors en charge des Affaires Etrangères, affirmait :

« Quand le malheur et le martyre d’Israël se produisirent durant l’avènement du nazisme en Allemagne, la voix qu’on entendit pour la sauvegarde des victimes fut celle du pape. Nous pleurons aujourd’hui un grand serviteur de la paix. »

Dans cette même perspective, ne perdons pas de vue les travaux de l’historien Israélien Pinhas Lapide qui soutint que l’Eglise catholique a sauvé plus de 8OO.OOO Juifs dans les territoires occupés par le IIIèm Reich. Et, récemment le grand rabbin de Rome Toaff affirmait :

« Les Juifs n’oublieront pas, les ordres donnés par le pape à l’Eglise, en vue de protéger le maximum de Juifs au moment des persécutions raciales. »

Cette campagne visant à empêcher la béatification est surprenante parce qu’elle témoigne d’une singulière méconnaissance de la fonction pontificale, garante des intérêts de la chrétienté. Si le pape Pie XII n’a pas, durant son pontificat condamné le nazisme, il l’a fait avant, quand Secrétaire d’Etat, il rédigea en 1937 avec le cardinal archevêque de Munich, l’encyclique Mit brennender Sorge. Il y condamna sans réserve le type d’homme nouveau que l’Allemagne voulait enfanter et qu’il identifia au paganisme.

Par ailleurs, de nombreux incidents démontrent une opposition au national socialisme, à ses chefs ainsi qu’à son maître suprême. Il ne condamna pas, le nazisme, il est vrai, une fois élu au trône de Saint Pierre. Mais ses initiatives en vue de sauver de très nombreux Juifs sont à verser aux débats pour une vision moins passionnelle et plus objective.

Une question fondamentale doit être posée pour cerner ce douloureux problème dans toute sa complexité. Si le pape avait condamné le nazisme ou excommunié Hitler, les conséquences n’eussent elles pas été plus dramatiques ? Le pape privé de tout moyen d’action aurait-il pu sauver autant de Juifs ? Aurait-il pu, mis au secret, donner l’ordre aux couvents et monastères d’accueillir les Juifs pourchassés ? Sait-on, le nombre de fois où Radio Vatican a été brouillée par les Allemands parce que les propos du pape étaient jugés déplaisants ? Mesure t-on les conséquences d’un silence imposé au pape ?

En 1944, Isaac Herzog, grand rabbin de Jérusalem et, père de l’ancien Président d’Israël, me semble t-il, déclarait :

« Ce que Votre Sainteté et ses éminents envoyés ont fait pour nos frères persécutés, le peuple juif ne l’oubliera jamais. »

Et, pourquoi, le grand Rabbin de Rome, Israël Zolli, converti au catholicisme à la fin de la guerre avec sa femme et sa fille, choisit-il comme nom de baptême, Eugenio, le prénom de Pie XII, si ce dernier avait été l’ange exterminateur des Juifs comme certains le prétendent ?

Eugenio Pacelli devenu pape sous le nom de Pie XII, reste une personnalité complexe, contradictoire, dont le destin exceptionnel dans une des périodes les plus tragiques de l’histoire exige de jeter loin, très loin, toute approche qui se fondrait sur ce qu’il aurait du faire, ce qu’il aurait pu faire, pour ne retenir essentiellement que ce qu’il a fait. Le pape s’éloigne alors. Il reste l’homme dont la main fut souvent tendue aux Juifs, dans le silence, certes, mais tendue !

Si une pétition avait bien sa raison d’être, c’était plutôt celle qui serait allée à l’encontre de la réhabilitation de l’évêque Williamson !

NB/ Les éléments constitutifs de cet article ne sont pas une étude chronologique. Ils visent à replacer dans leur contexte des évènements complexes et à permettre par l’anecdote d’interpeler le lecteur sur ce qui, à première vue semble une évidence et qui est loin de l’être. Je n’ai pas cité les références bibliographiques pour ne pas alourdir cet article. Je les tiens néanmoins à la disposition de celles et ceux qui le souhaiteraient.

 

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Monsieur Arnold Lagémi, bonsoir,
 
j'ai bien pris connaissance de votre désir de témoigner en faveur de la Béatification de Pie XII, via notre blog : http://lessakele.over-blog.fr, sans plus vouloir examiner la complexité que vous dites servir. Ce texte sera publié dans le contexte d'une polémique qui n'est pas prête de s'éclaircir, par fait du Prince épiscopal.
 
Vous vous appuyez, pour ce faire, sur un ensemble de déclarations et de témoignages d'éminents thuriféraires, tous connus à cette heure. Mais, précisément, depuis les débuts de cette polémique, il existe clairement deux camps, les pro et les détracteurs et vous vous faites fort d'apporter votre inconditionnel soutien aux premiers en déniant les critiques, doutes, questions des seconds, dont le rôle d'aiguillons est limité, comme par destinée, à "surprendre" l'homme de bonne foi que je ne doute pas que vous êtes.
 
Or, voilà, il y avait une façon simple, sinon de trancher dans ce qui échappe à notre jugement humain "trop humain" (!), du moins, d'accepter que les faits soient connus et explorés dans leurs moindres détails par une commission mixte d'historiens-experts, à même de dépassionner le débat. Ceci ne nous exonère pas de la complexité, du contexte et des difficultés  de l'époque, mais, au moins eût permis d'approcher autant que faire ce peut, la "vérité" de l'homme, de ses actes ou non-actes, dans la pluralité des points de vue appuyés aux faits.
 
Le Pape actuel a tranché : il n'y aura pas de commission,, ou le plus tard sera le mieux, pas d'établissement des aspects connaissables de la réalité historique aussi complexe soit-elle, non! Juste une simplification à l'extrême qui consiste à élever le personnage, marche après marche, vers la Sainteté, Amen. Cela dit, des historiens qui ont eu la chance unique, mais éphémère, d'être brièvement mis en rapport avec les quelques milliers de documents que nous ne lirons sans doute jamais, sont guidés vers de toutes autres conclusions que les vôtres et ne constatent aucun comportement particulièrement "héroïque", chez ce(t), par ailleurs, excellent diplomate ayant parfaitement conscience des attributs de sa fonction et des rapports de force, priorités en présence.
 
Personnellement, j'ai un faible pour ces études approfondies, plutôt que foi béate dans les hagiographes. Quoi qu'il en soit, nous serons tenus à l'écart du processus en cours et les historiens visiblement court-circuités dans leurs savantes explorations du détour par la connaissance des événements tels qu'ils furent vraiment, par l'énoncé du fait papal accompli. Ainsi va la stratégie du silence qui fait que pour le dogme de l'Eglise, avec toute la charité qui émane d'elle, consistant à sauver une partie de cette masse vouée à l'extermination, celle-ci reste, néanmoins dans la "logique" de la Vérité qu'elle soutient, en liant le sort des Juifs à la dispersion, la destitution de leur mission universelle, au pire, aux aléas de l'histoire les plus défavorables. Et, ma foi, il est bien dommage qu'Hitler ait vu le jour et mené ses desseins jusqu'à leurs plus tragiques extrémités, mais il faut bien entendre qu'il devait, lui-même, faire partie d'un Projet qui nous échappe, dans laquelle l'eglise pouvait encore tirer son épingle du jeu en s'affirmant aux dépends de la disparition d'un frère aîné, voué, de tous temps, à devoir s'effacer de la planète.
 
Je crois aussi, que la recherche de la vérité, quelle qu'elle soit, et dut-elle nous en coûter, est plus proche dans son exigence, du Judaïsme, tourné vers la connaissance et l'éthique de responsabilité, que du Christianisme fondé sur un ensemble de dogmes, en tant que religion du Salut, sauvée une fois pour toutes par un Messie autrefois venu, reparti, mais un jour, sûrement, qui lui sera de retour (sans nécessairement en devoir repasser par le "Salut-qui-viendrait des Juifs", à ce qu'il en disait à l'époque, selon d'autres témoins sûrement partiaux).
 
Je vous transmets, par l'occasion, le témoignage de l'un de ces savants, un temps mobilisés pour attester de la bonne foi de cette église prête à ouvrir ses archives, avant de les refermer sans plus "d'explication"., ou, pour le moins, différant. La Béatification, en effet, n'est qu'affaire de foi et non de raison, contrairement au discours qui nous fut un jour tenu à Ratisbonne, par le même Ratzinger.
  Bien cordialement,   Gad, descendant aléatoire d'un certain nombre de Juives et Juifs qui n'ont pas eu l'heur de croiser la main tendue du Saint Père Pie le XIIè.  
- Croyez-bien, Monsieur Arnold Lagémi, que je le déplore et que vos hagiographies enthousiastes n'y changeront pas grand-chose-.
    http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3826497,00.html  
Promoting Pius XII

Pope's serious mistakes may indicate regression from progress in Catholic-Jewish relations

Robert S. Wistrich
Published: 12.29.09, 12:07 / Israel Opinion

Exactly 10 years ago, on a cold winter morning in New York City, the Catholic-Jewish Historical Commission, established to investigate Pope Pius XII’s response to the Holocaust, met for the first time to discuss its future work. I was the only Israeli historian among the six scholars (three Catholics and three Jews) designated by the Vatican and leading Jewish organizations to study this hotly contested issue.


A little under two years later, the project was abandoned as a result of the Holy See’s unwillingness to release materials from its own archives that could help clarify issues that our team of scholars raised in our provisional report.

Lire la suite : http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3826497,00.html
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30 décembre 2009 3 30 /12 /décembre /2009 20:10



Adapté par Aschkel




Vidéo tellement , tellement émouvante !



 


COMMENT TRANSMETTRE LA MÉMOIRE DE LA SHOAH ? 

ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION PAR LE GRAND RABBIN GILLES BERNHEIM


La question de la transmission de la Shoah pose le problème de savoir comment transmettre la mémoire d’une catastrophe inouïe en acceptant d’emblée qu’il nous est impossible d’en saisir les causes et le sens. 

C’est précisément pour éluder le vertige ou la désespérance qu’inspire cette impossibilité qu’on a tenté maintes explications de la Shoah.

Jusqu’à invoquer le Nom et les desseins du divin, là où la seule attitude éthique est celle de la retenue et du silence. 

On retrouve ici la condition de Loth quittant Sodome, quand Dieu lui
dit, ainsi qu’à sa famille, de ne pas se retourner lors de la destruction des villes.
S’il est demandé à Loth de ne pas se retourner, c’est d’abord pour l’empêcher de vouloir interpréter les desseins divins. 

Dieu confère à l’homme la conscience de sa responsabilité à l’égard des
autres hommes, mais Il le dispense de vouloir interpréter Son propre comportement, et lorsque cela lui semble nécessaire, Il l’en empêche. Car l’homme doit renoncer à se croire dans une certaine connivence avec Dieu. 

Il doit se libérer de la tentation de se prendre pour Dieu. Il importe de poser cela comme un préalable.
Sauf intolérable presbytie intellectuelle, il n’y a aucune commune mesure entre la tragédie de la Shoah et la captivité biblique d’Égypte, les souffrances endurées après la chute du premier ou du deuxième Temple, à l’époque des Croisades ou de la Peste noire, sous l’Inquisition ou au cours des pogroms. 

C’est d’une solution finale dont, cette fois, il s’agissait,
diaboliquement programmée et exécutée, réalisée dans les conditions d’humiliation et d’annihilation les plus extrêmes, et sans aucune possibilité d’y échapper par la reddition ou par la conversion. 

Même en Égypte, dont le souvenir reste si fort et si présent dans notre
rituel, les familles n’ont pas été détruites, on n’a massacré que des garçons, les Hébreux ont conservé leurs maisons et leurs troupeaux et ils étaient relativement bien nourris.
Il est capital que tout homme se dispense de vouloir justifier l’injustifiable, c’est-à-dire d’introduire une théodicée dans la Shoah. 

Toutes les broderies autour de ce thème impossible sont dérisoires au regard des témoignages bruts, à l’exemple de l’un des plus hauts d’entre eux, celui de Primo Lévi.

Une telle tentation n’est d’ailleurs pas seulement le propre d’une certaine forme d’orthodoxie religieuse.

Les sionistes laïcs, dont une partie était très antireligieuse avant la guerre, ont souvent considéré que ce qui avait sinon provoqué, du moins rendu possible la Shoah, était l’incapacité des Juifs à quitter l’Europe pour réaliser le
projet sioniste.

Ajoutant que si toutes les communautés juives d’Europe s’étaient unies pour
mettre en oeuvre ce projet, la Shoah aurait frappé beaucoup moins de Juifs.

On trouve dans la philosophie juive la croyance qu’un bien peut naître d’un mal, démarche qui peut aller jusqu’à injecter de la finalité dans le mal et rendre ce dernier providentiel. La naissance de l’État d’Israël dans l’immédiat après-guerre a pu favoriser ce type d’approche, visant à donner sens, voire à justifier le mal absolu. 

Comme si le miracle israélien pouvait donner sens à la malédiction nazie…

On a pu entendre aussi que la Shoah s’inscrivait dans le registre du châtiment divin envers son peuple pécheur. Nombreux sont ceux qui excluent radicalement, comme contraire au génie juif et à la tradition biblique, la pensée que la Shoah puisse être une punition divine. Néanmoins, on trouve dans presque tous les textes une quête éperdue de sens : il importe probablement pour ces penseurs qu’un tel degré de
sophistication dans l’atrocité nazie relève d’un absolu et non pas de la simple et tragique absurdité de la condition humaine.


Méfions-nous donc de ces dangereuses constructions théoriques qui, en dernier ressort, font des bourreaux du peuple juif les instruments de la colère divine et les constructeurs de l’État d’Israël. Mais alors, comment ne pas rester muet, perplexe, traumatisé. 

Comment garder la foi du charbonnier, comment ne pas, en son for intérieur, mettre en cause Dieu ? Il ne s’est pas trouvé dix justes dans les camps de la mort ? 

Deux versets de la Torah me reviennent périodiquement à l’esprit et je ne peux les citer sans un profond désarroi.


C’est d’abord le cri d’Abraham : « Quoi, le Juge de toute la terre ne pratiquerait pas la justice ? » (Genèse, XVIII, 25). 
Il est vrai qu’Abraham n’a pas usé de cet argument à propos de son propre fils Isaac promis au sacrifice, mais en faveur d’étrangers.
L’autre verset provient de Lévitique (XXII, 28) : « Boeuf ou agneau, vous n’égorgerez pas l’animal et son petit le même jour. » 

C’est bien pourtant ce qui est arrivé, dans les conditions les plus horribles, à des milliers de créatures humaines, faites à l’image de Dieu.
Alors, j’ai recours à une troisième proclamation qui n’apporte guère de réconfort, mais renforce Son mystère insondable : « Car Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas Mes voies. » (Isaïe LV, 8). 

Non, ce deuil infini ne pourra être apaisé ni par le temps, ni par le pardon, ni par la vengeance, ni par une revanche quelconque. Nous sommes ici face au mystère absolu du Mal absolu.


Lire la suite

 

Comment transmettre la mémoire de la Shoah - Analyse du Gd Rabbin Bernheim. 2/2

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21 décembre 2009 1 21 /12 /décembre /2009 08:48
L’inscription "Arbeit macht frei" volée à Auschwitz, retrouvée

Romandie News | AFP - / 21 décembre 2009 02h39

lundi 21 décembre 2009

La police polonaise a annoncé dans la nuit de dimanche à lundi avoir retrouvé l’inscription en allemand "Arbeit macht frei", (Le travail rend libre), volée vendredi sur le site de l’ancien camp nazi d’Auschwitz-Birkenau (sud de la Pologne), et avoir arrêté ses voleurs présumés. "Nous avons interpellé dans le nord de la Pologne cinq hommes, âgés de 20 à 39 ans. L’inscription retrouvée a été coupée en trois morceaux", a déclaré à l’AFP le porte-parole de la police de Cracovie (sud), Dariusz Nowak.

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20 décembre 2009 7 20 /12 /décembre /2009 11:36
Béatification de Pie XII : Benoît XVI accusé de «forcer l'Histoire»
 

La décision prise samedi par d'ouvrir la voie à la béatification du pape Pie XII, controversé pour son silence pendant la Shoah, est très sévèrement critiquée depuis par les communautés juives dans toute l'Europe.

 

Benoît XVI ouvre la voie à la béatification de Pie XII
Portrait d'un pape controversé
 

«Toutes les indications que nous avons montrent que Pie XII s'est comporté sans élever la voix. A force d'être dans le compromis, il s'est compromis lui-même», a expliqué ce matin Richard Prasquier sur RTL. Le du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de ) réclame à ce sujet l'ouverture des archives du Vatican. «Celles-ci sont ouvertes jusqu'en 1939. Nommer Pie XII "vénérable", avant d'ouvrir les archives, c'est véritablement forcer l'Histoire.»

Visite tendue à la synagogue de Rome le 17 janvier

Dans trois semaines, le Pape est attendu à la synagogue de Rome le 17 janvier. Une venue qui s'annonce tendue tant l'émotion suscitée par la décision de Benoît XVI de proclamer vénérable son prédécesseur Pie XII suscite l'incompréhension.

Le secrétaire général du Conseil central des juifs d'Allemagne, Stephan Kramer, s'est dit «furieux» et «triste». «L'Eglise catholique essaie là de réécrire l'Histoire», a t-il estimé.

Alors que l'actuel pape dit fonder sa décision sur des archives vaticanes, la communauté juive d'Italie a, elle aussi, rappelé qu'elle attendait toujours d'accéder à ces archives encore fermées et en cours de classement. «Nous n'oublions pas les déportations de Juifs d'Italie et en particulier le train qui a déporté 1.021 personnes le 16 octobre 1943, qui est parti de la station de Rome Tiburtina pour se rendre à Auschwitz dans le silence de Pie XII», ont souligné conjointement Riccardo Di Segni, grand rabbin de Rome, Renzo Gattegna, président de l'Union des communautés juives italiennes, et Riccardo Pacifici, président de la communauté juive de Rome.

Klarsfled : «Une décision qui ne me choque pas »

Dans ce concert de protestations, l'avocat Serge Klarsfled a défendu un point de vue qui contraste avec celui du Crif. «Cette décision ne me choque pas», explique au JDD le fondateur de l'association des fils et filles de déportés juifs de France. «Pie XII a défendu l'Eglise contre le nazisme, a effectué quelques interventions discrète pour sauver des gens. Et puis des gens comme Roosevelt qui ne se sont guère préoccupés du sort des juifs, sont considérés comme des grands hommes, alors...»

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19 décembre 2009 6 19 /12 /décembre /2009 21:09
« Arbeit Macht Frei »



Par Simon Frajdenrajch, analyste

samedi 19 décembre 2009


http://www.desinfos.com/spip.php?page=article&id_article=16321

Fils de déportée, je ne dois ma présence au monde qu’au courage – et à la jeunesse – d’une femme dont la famille a été « éliminée », réduite en esclavage puis cendres à Auschwitz. Hier, des malfaisants ignobles ont voulu encore une fois assassiné la mémoire de mes grands-parents, des proches que je n’aurai jamais connus à cause de leurs prédécesseurs de la même engeance.

Un million et demi d’êtres humains, juifs et tsiganes, après les prisonniers russes qui « firent l’ouverture » du camp n°1 d’Auschwitz, y ont été assassinés de sang-froid, suivant une méthode industrielle toute germanique, sous le regard plutôt bienveillant d’une population polonaise nourrie au lait de l’antisémitisme.


Mais comme Auschwitz est le symbole de l’inhumanité dans toute son horreur, et que ce frontispice « Arbeit Macht frei » est la substantifique moëlle de cette ironie de l’anéantissement, il fallait le faire disparaître, avant même que les témoins encore vivants n’aient disparu.


Les agences de presse se sont empressées de déclarer que cet acte était « probablement commandité par un collectionneur » !? De qui se moque-t-on ? Interrogé hier, Serge Klarsfeld répondait avec clairvoyance que ce frontispice sera probablement détruit, on ne le retrouvera pas, il sera fondu, réduit en cendres lui aussi.


On pourrait en forger un autre, pour remplacer l’original ? Ce serait farce, hein !
Les faussaires de l’histoire auraient alors beau jeu de répandre que la Shoah est une « fabrication », « a forgery » comme disent les anglo-saxons.


Pour que le crime soit presque parfait, il faut que la mémoire s’efface. Complètement ?
Voilà un objectif impossible.


La Shoah est probablement le crime antisémite le plus documenté de tous ceux, et ils sont nombreux, commis au 20ème siècle. C’est du moins une proposition que je tiens de la bouche d’Elie Wiesel lui-même, à la fin d’une conférence donnée à la Sorbonne en décembre 2002.

En 2009, presque jour pour jour, c’est un représentant du Hezbollah libanais, invité dans le grand amphi de la Sorbonne, temple de nos « humanités » à la française, qui intervenait sous les vivats des « indigènes de la République ». Ceux-là, perdant toute vergogne, rejetèrent avec violence les représentants de l’Union des Etudiants juifs de France, venus protester contre cette intrusion intolérable du représentant d’une organisation terroriste qui a juré la disparition d’Israël, refuge légitime du Peuple juif.

Et personne, ou presque n’a rien trouvé à redire, pas même la représentante du doyen.

Nous vivons une époque formidable !


Les actes antisémites ont doublé en France depuis le début de l’année. Les Français devraient se souvenir que tous les pays qui ont fait fuir leurs Juifs se sont irrémédiablement appauvris peu après leur départ.


Nos dirigeants devraient y repenser : songer que les synagogues, les centres culturels juifs, les célébrations organisées par la communauté juive lors des fêtes religieuses doivent se faire sous la protection de la police, est-ce normal ?


Mon père me racontait l’atmosphère de sa Pologne natale.
J’ai plus ou moins l’impression de revivre ce cauchemar.

Joyeux H’anoukah !

Dr Simon Frajdenrajch,

le 18 décembre 2009

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17 décembre 2009 4 17 /12 /décembre /2009 12:43




Théophile Larue, Juste parmi les Nations. Lire P. 42 de ce blog (Ph. Arch. fam.).

Nous souhaitons rendre hommage aux 54 policiers et gendarmes français mis à l'honneur, à l'initiative de la République Française et du Mémorial Yad Vashem (http://www.yadvashem.org/ ), dans une exposition itinérante qui se déplacera dans tous les départements français, écoles des jeunes enfants et centres de formation de la police et de la gendarmerie, tout au long de l'année 2010. Ces policiers et gendarmes ont, fréquemment mis leur vie en péril pour aider les Juifs, notamment des camps de Drancy, à fuir la concentration vichyste et l'extermination nazie. Nombre d'entre eux ont été torturés par la Gestapo et la milice française au service de l'occupant, des centaines fusillés ou déportés. "Désobéir pour sauver" aurait pu être la devise de ces derniers "gardiens de la Paix" authentiques jusqu'au sacrifice, aujourd'hui au fronton de l'éthique de leurs intitutions respectives.

A titre personnel, mon père me contait comment les Juifs polonais, notamment, avaient pu aller faire du porte-à-porte dans Paris pour exhorter les Juifs de Paris et environs à quitter la capitale, dès le 10 juillet 1942. Sur une rafle prévue au nombre de 30 000 personnes, Bousquet n'est parvenu qu'à déporter qu'un peu plus de 13 000, signifiant que la moitié et plus des parisiens juifs avaient pris la tangeante. Cela n'a pu être possible, connaissant le quadrillage opéré sur la base de listes exhaustives, cage d'escalier par cage d'escalier, que grâce à des "fuites" venues de la Préfecture de police de Seine et, certainement, des cas de désobéissance passant les journées précédentes, pour freiner l'hécatombe planifiée... 

Des policiers et des gendarmes Justes parmi les Nations COMITE FRANCAIS POUR YAD VACHEM
http://blogyadvashemfr.blogspot.com/


(Dossier de Presse).

Exposition :

Cette exposition est répartie sur 19 panneaux dont voici les thèmes :

1. Editorial de Mme Simone Veil, marraine de l'exposition.
2. Avant-propos et présentation des partenaires dont le Comité Français pour Yad Vashem.
3. La reconnaissance des Justes (Yad Vashem et le Titre de Juste parmi les Nations).
4. Policiers, gendarmes et Juifs aux heures sombres de Vichy : 1940-1941.
5. Idem : 1942-1944.
6. Le choix de la désobéissance des Justes policiers et gendarmes à l'application des lois de Vichy.
7. Falsifier (identités, documents...).
8. Prévenir (rafles...).
9. Accueillir les persécutés.
10. Sauver des camps.
11. Franchir la ligne.
12. Le prix de la désobéissance.
13. Les amitiés entre sauvés et Justes.
14. Justes pour l'éternité.
15 - 16 - 17 et 18. Biographies des 54 policiers et gendarmes Justes parmi les Nations.
19. Témoignage de Boris Cyrulnik et appel à témoignage pour compléter la liste des Justes.

Réalisée par le Département de la mémoire combattante de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG), cette exposition a bénéficié d'un partenariat avec la Gendarmerie nationale, avec la Direcion de la mémoire, du patrimoine et des archives du ministère de la défense, avec la Police nationale, avec la Préfecture de police, avec l'Institut Yad Vashem de Jérusalem, avec le Comité Français pour Yad Vashem et avec l'Association des anciens combattants de la police nationale.


Simone Veil :

- "En France, 76.000 Juifs dont 11.400 enfants ont été ainsi déportés du seul fait d'être nés juifs (...). J'ai fait partie, avec ma famille, de ce terrible cortège. Pas un jour ne passe sans que je ne pense à ce qui s'est passé là-bas. Dans des conditions atroces, on nous enleva tout espoir et toute dignité. Nous avions la mort pour seul horizon (...).

La majorité des Français ne pouvaient s'imaginer le terrible sort qui nous était réservé, la plupart des policiers et des gendarmes non plus. Ils savaient cependant à travers les ordres qui leur étaient donnés que rien de bon ne nous attendait. En effet, policiers et gendarmes étaient chargés de faire respecter les lois racistes (...). Comme ailleurs, il se trouva parmi les agents de la force publique, comme parmi les employés des administrations, des personnes exécutant avec zèle les directives infâmes. Mais il y eut aussi des gens de bien qui souvent fermaient les yeux devant une évasion ou aidaient activement les Juifs malgré les risques encourus.

Au moment où la barbarie la plus absolue régnait dans les camps, ces Justes ont non seulement sauvé des vies humaines, mais ils ont aussi incarné l'honneur de l'humanité qui, grâce à eux, n'a pas totalement sombré à Auschwitz. En ayant eu le courage de suivre leur conscience plutôt que les ordres de leur hiérarchie, ils nous rappellent que l'Histoire est consituée d'une longue chaîne de responsabilités, individuelles et collectives, et que chacun de nous en est un maillon précieux qui fait que l'Histoire chavire ou au contraire avance.

Les Justes policiers et gendarmes l'ont fait avancer, ils ont été en cela des lumières dans la nuit de la Shoah."


Boris Cyrulnik :

- "A l'âge de six ans et demi, j'ai été arrêté à Bordeaux, la nuit, chez la famille Farges qui me cachait. J'ai le souvenir de quatre ou cinq policiers, autour de mon lit, lunettes noires (la nuit), arme au poing et torche électrique. Dans le couloir des soldats allemands, fusil à l'épaule regardaient le plafond. Mon souvenir est ainsi.

Madame Farges a dit : "On ne lui dira pas qu'il est juif". Un policier a répondu : "Il faut l"arrêter parce que plus tard, il commettra des crimes et deviendra un ennemi d'Hitler".

C'est ainsi qu'à l'âge de six ans j'ai appris que j'étais condamné à mort pour un crime que j'allais commettre.

Après mon évasion, au moment du transfert vers les trains qui emportaient les adultes et d'autres enfants à Drancy, relais vers Auschwitz, toute une chaîne de solidarité m'a protégé jusqu'à la Libération.

Récemment, j'ai découvert qu'une des premières personnes à participer à cette chaîne était un gardien de la paix (...). Il a gardé chez lui, un enfant qu'il ne connaissait pas et dont la simple présence compromettait sa carrière et peut-être même sa vie (...). D'autres policiers ont sauté sur leur vélo ou couru pour prévenir de l'heure de la rafle. Puis ils rentraient mettre leur uniforme et obéir : "Ca alors, l'appartement était vide !"

Parfois, c'est l'humanité d'un gardien qui s'exprimait plus fort que sa contrainte à obéir (...).

Par bonheur, il y aura toujours des Justes pour prouver la banalité du Bien."



Lire l'intégralité de l'article qui leur est consacré par le Matin.CH



http://www.lematin.ch/flash-info/monde/desobeir-sauver-policiers-gendarmes-sauvaient-juifs

 

"Désobéir pour sauver", la nouvelle exposition de l'ONACVG


Le Secrétaire d'Etat à la défense et aux anciens combattants, Hubert Falco, a inauguré cette exposition accompagné par l'Ambassadeur d'Israël, Daniel Shek, le Préfet Rémy Enfrun, Directeur général de l'ONACVG, Paul Schaffer, Président du comité français de Yad Vashem, Frédéric Pechnard, Directeur général de la Gendarmerie nationale et Roland Gilles, Directeur général de la Police nationale.

Au 1er septembre 2009, 54 policiers et gendarmes français ont reçu le titre de «Justes parmi les Nations» pour avoir sauvé des Juifs pendant la seconde guerre mondiale. Dans la France occupée par l'Allemagne nazie, ces hommes ont renoncé à l'obéissance que leur imposait leur fonction. Malgré les risques auxquels ils s'exposaient, mus par la seule voix de leur conscience et de leur humanité, ils ont refusé de « livrer » des Juifs à la Déportation, contrant les ordres donnés par les responsables du régime de Vichy.

Fruit d'un riche partenariat entre ministères et associations *, cette exposition, au sujet inédit, souhaite rendre hommage à ces 54 policiers et gendarmes « Justes » et à leurs nombreux collègues restés, à ce jour, anonymes, en mettant en lumière les valeurs humaines et citoyennes qui les ont animés.

La responsabilité de l'État français et le rôle des forces de l'ordre dans la répression antisémite puis la Déportation des Juifs de France y sont bien entendu rappelés. Toutefois cette évocation ne prétend, en aucun cas, dresser un panorama exhaustif de la France occupée, de la seconde guerre mondiale ni de la Shoah.

Véritable outil pédagogique et vecteur de citoyenneté, cette exposition espère susciter l'intérêt des jeunes générations et contribuer au rapprochement des forces de l'ordre et de la Nation.

* les partenaires : l'ONACVG, la DMPA, la Gendarmerie nationale, la Police nationale, la Préfecture de police, l'association des anciens combattants de la Police nationale, Yad Vashem Jérusalem et le comité français pour Yad Vashem.


Ministère de la Défense

Voir en ligne : GouvActu AdmiNet France

l’actu publique, gouvernementale, parlementaire et territoriale française


-http://gouvactu.adminet.fr/
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14 décembre 2009 1 14 /12 /décembre /2009 18:34

Pour saluer Beate et Serge Klarsfeld




Bernard-Henri Lévy

http://laregledujeu.org/2009/12/10/582/pour-saluer-beate-et-serge-klarsfeld/


[Article paru dans le Point du 10 décembre 2009]
Serge et Beate klarsfeld

Serge et Beate klarsfeld

C’est à moi que revient, cette année, le privilège de remettre, en compagnie de Philippe Labro, le prestigieux prix Scopus de l’Université hébraïque de Jérusalem à Beate et Serge Klarsfled.

La première chose qui vient à l’esprit pour évoquer l’itinéraire des Klarsfeld, c’est leur éminente solitude. Cela peut sembler bizarre quand on les voit, comme aujourd’hui, si puissamment célébrés. Mais c’est pourtant la réalité. Comme Claude Lanzmann pendant les années de réalisation de son chef-d’œuvre « Shoah », comme Raul Hilberg mettant des décennies à imposer sa monumentale «Destruction des juifs d’Europe», tout ce que les Klarsfeld ont fait, ils l’ont fait seuls, c’est-à-dire contre. Je me souviens de ma première rencontre avec Beate. C’était en 1972. Philippe Tesson m’avait demandé un portrait d’elle pour Combat. Elle avait déjà, à son actif, la gifle au chancelier Kiesinger, la loi permettant de juger en Allemagne les nazis condamnés en France, et tant d’autres choses. Mais, pour tout cela, pour ces montagnes qu’elle avait soulevées, elle avait trouvé, en travers de son chemin: les intéressés qu’elle pourchassait; les Etats qu’elle provoquait; les institutions, y compris juives, qu’elle dérangeait. Les Klarsfeld étaient une institution à eux tout seuls. Mais ils étaient – ils sont encore? – terriblement, parfois désespérément, seuls.

Comment fait-on quand on est seul et qu’on a, comme Lanzmann, comme Hilberg, des montagnes à soulever? Eh bien, on ruse. On invente des stratagèmes. On s’engage dans la stratégie de la dissuasion du faible au fort qui est la stratégie des guerres de guérilla. Et c’est la seconde chose qui frappe chez les Klarsfeld. Ce sont des guerilléros. Ils se conduisent, ils se sont toujours conduits, comme des activistes de l’antinazisme. Ils croient, ils ont toujours cru, que tous les moyens sont bons, tous, quand on a sur le dos la bataille de la mémoire. Tous les moyens? Le kidnapping, pour Barbie. La mystification, comme dans l’affaire, si drôle, du faux communiqué annonçant – comment l’intéressé eût-il démenti? – que François Mitterrand renonçait à fleurir, chaque année, la tombe du maréchal Pétain. Des alliances tactiques étranges. Sans parler de telle déclaration de Serge avouant qu’il ne pleurerait pas s’il apprenait, un jour, qu’un Alois Brunner n’était pas mort de mort naturelle. La mémoire, pour les Klarsfeld, c’est la guerre.

La guerre pour quoi? C’est l’autre question. Et la réponse n’est, de nouveau, pas si évidente qu’il y paraît. En principe, bien sûr, pour le Droit ; sauf que les Klarsfeld ont toujours dit qu’ils n’aimaient pas tellement le Droit comme tel. En principe, pour la Justice ; sauf que les Klarsfeld savent qu’il y a des crimes si monstrueusement inhumains qu’aucun jugement humain ne pourra jamais les mesurer ni les réparer. En principe, pour la morale, sauf que les Klarsfeld sont bien trop froids, bien trop guerriers encore, pour se soucier de faire la morale à des Barbie, des Papon, des Touvier dont Arno Klarsfeld, leur fils, a maintes fois souligné qu’ils n’ont jamais manifesté le moindre regret ni remords. Non. Le vrai combat des Klarsfeld ce n’est ni le Droit, ni la Justice, ni la Morale, c’est la Vérité. Cette injection de Vérité dont un grand écrivain français, Louis Ferdinand Céline, disait, en 1933, dans son «Hommage à Zola», qu’elle est le seul antidote sérieux aux dictatures. Cette injonction de Vérité dont Sigmund Freud ajoutera, quelques années plus tard, qu’elle est la condition de la civilisation.

Et puis enfin l’essentiel : ce moment, le plus bouleversant dans l’aventure des Klarsfeld, où ils s’avisent que rien ne sert de poursuivre les bourreaux si l’on ne prend en compte leurs victimes – et où ils s’engagent, de ce fait, dans le grand œuvre de leur vie : la construction, dans sa double version de pierre et de papier, du Mémorial de la déportation des juifs de France. Beauté de cette vie d’homme habité par les morts, dialoguant en secret avec eux et qui, comme Solal, le héros de « Belle du Seigneur », vit une sorte de double vie : le jour avec les puissants, les princes de la gentilité ; la nuit avec les ombres, les fantômes, les enfants jamais grandis, les âmes tirées des limbes. Et beauté de ce geste de dénombrement qui retrouve, peut-être sans le savoir, le geste juif le plus ancien – celui des « Nombres », qui n’étaient qu’une longue énumération de noms ; celui de « L’Exode», dont le vrai titre, en hébreu, était « Les Nombres » ; et même celui de Franz Kafka se récriant, face au jeune musicien venu lui annoncer son intention d’écrire un drame juif prenant pour sujet la foule juive anonyme : « mais non, malheureux ! le judaïsme c’est le nom ; il ne reste rien du judaïsme s’il ne reste l’acte de nommer et de bien compter les noms ».

Je termine en prononçant le nom d’un précédent lauréat du prix Scopus. Un autre fils de déporté. Un homme qui aurait pu être l’une de ces ombres pieusement archivées par cet homme-tombe qu’est devenu Klarsfeld. Mais un lauréat qui n’a pas pu être des nôtres car retenu par une de ces sombres histoires qu’aurait pu imaginer, justement, Franz Kafka et qui lui dessine une existence finissant comme elle a commencé – traquée, enfermée. Ce lauréat 2003 du prix Scopus, j’invite les responsables de l’Université hébraïque de Jérusalem à rappeler qu’il n’a, chemin faisant, et bien évidemment, rien perdu des vertus qui les ont conduits, il y a six ans, à l’honorer. Il se nomme Roman Polanski.

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13 décembre 2009 7 13 /12 /décembre /2009 21:40
Honneur à Jan Karski


Par RUTH EGLASH
13.12.09



 

http://fr.jpost.com/servlet/Satellite?cid=1260447426289&pagename=JFrench%2FJPArticle%2FShowFull

 

 

L'université de Tel-Aviv a rendu hommage jeudi dernier au plus grand des résistants polonais lors de la Seconde Guerre mondiale : Jan Karski. Une sculpture à été fabriquée à son effigie. S'il n'était pas le seul à avoir constaté le génocide qui avait lieu en Europe, Karski a été le premier à raconter à l'Ouest les horreurs de la Shoah.

 

Dévoilement du mémorial dédié à Jan Karski.
Photo: DR , JPost

"Ce n'est que le troisième monument de ce genre hors de Pologne", explique au Jerusalem Post Agnieszka Magdziak-Miszewska, ambassadrice polonaise en Israël. Les autres sites se trouvent aux Etats-Unis. L'ambassadrice espère que ce symbole renforcera les liens entre l'Etat hébreu et la nation polonaise. Après la guerre, Karski a été nommé citoyen d'honneur d'Israël. Il était membre de la résistance polonaise contre le gouvernement nazi de Varsovie. A deux reprises, il a pu entrer dans le ghetto en 1942. Au mépris du danger, il s'était également introduit dans le camp de concentration de Belzec. Témoin de premier ordre, Karski s'est alors rendu à Londres pour rapporter au gouvernement polonais en exil et aux responsables britanniques les atrocités que les Juifs polonais et autres prisonniers d'Europe subissaient dans les camps de la mort. En 1943, il a traversé l'Atlantique et raconté en personne au président Franklin Roosevelt ce qui se passait en Pologne. Après son déménagement aux Etats-Unis, il a enseigné pendant près de 40 ans à l'université Georgetown à Washington. Il est décédé en 2000.

Selon Magdziak-Miszewska, experte de l'histoire de la Shoah dans son pays, les prouesses de Karski ont d'abord été oubliées, enfouies sous les tensions d'une Guerre froide naissante. "Personne en Pologne n'osait parler de ce qui s'était passé au cours du génocide", dit-elle. Ce n'est que ces vingt dernières années que le personnage de Karski a ressurgi. Depuis, il est devenu l'un des plus grands héros de la Seconde Guerre mondiale.

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11 décembre 2009 5 11 /12 /décembre /2009 12:56

La voix des israéliens francophones

Ma cité d’exil en Bretagne, en novembre et décembre, n’en finit plus d’abattre sur nos fronts inclinés sa chape de grisaille, son manteau de tristesse et d’ombre. Tapi au fond de ma tanière, mon bureau enclos et muré de livres, je ne cesse, pourtant, d’aspirer à la lumière et au miracle du feu. Et de revoir cet Alger d’autrefois où nous aussi nous avons eu notre guerre des Macchabées. Non, non, je ne parle pas du désastre des « événements » d’Algérie et des sept ans de malheurs qui nous poussèrent sur le bateau. Rappelons le cadre et l’histoire : à partir du débarquement des Alliés à Sidi-Ferruch le 8 novembre 1942, les Allemands se mirent à nous bombarder toutes les nuits pendant de longs mois, peut-être toute une année. Les bricoleurs de l’immeuble — en petit nombre car nous vivions parmi des bancals, des estropiés et des gueules cassées au Foyer des Mutilés, 18 rue Danton, Alger — parcoururent tous les étages avec un pot de peinture bleue, un pinceau et une échelle. En un tournemain la clarté disparut sous une blafarde lueur, ciel d’étoiles barbouillées. Heureusement qu’il y avait une rampe pour se tenir en descendant les étages en courant quand vagissait l’interminable et stridente sirène…


Rien n’est pire que la nuit noire et nous en avions une si sainte horreur que papa ne fermait jamais les persiennes des chambres à coucher — cela date-t-il de ce temps des lumières interdites ? —, de sorte que dans la pièce à trois lits que je partageais avec mes sœurs, le plafond des ténèbres s’éclairait de toutes les infractions au couvre-feu, lampes égarées des vigiles ou voitures de patrouille nocturne, quand ce n’était pas un avion de reconnaissance en rase-mottes, malgré la mise en veilleuse des feux de position. Dans tous les cas, je rabattais le drap du haut sur mon visage et glissais le plus bas possible au fond du lit, pour ne rien voir et ne rien déchiffrer de l’horreur aux sporadiques fulgurances.

En ce temps-là nous retrouvions la vie nomade et l’errance de nos ancêtres hébreux, du temps qu’ils quittèrent la Chaldée d’Abraham ou la presqu’île de Goshem aux temps de Moïse. Il nous fallait toujours nous bouger, et à la hâte. Mais comme papa était là, toujours à côté de nous, veillant à tout, prévenant, rassurant, que pouvait-il m’arriver ? Ah oui ! l’alerte retentissait dès le premier sommeil. Qu’importe ! il me relevait du lit, retirait sans impatience ma chemise de nuit et m’habillait fort complètement, comme pour partir en voyage, sans omettre les chaussettes et les sandales, et le gilet de laine agrafé jusqu’au dernier bouton. Puis il m’abandonnait aux mains de maman, tandis que mes deux sœurs, elles, plus grandes, devaient se débrouiller toutes seules pour s’habiller en vitesse et nous suivre à la cave qui se trouvait au sous-sol, certes, sous l’ascenseur, que nous ne prenions jamais pour descendre, à cause du poids, si bien qu’il fallait dévaler les cinq étages, dans la pénombre douteuse, en se tenant à la rampe.

Mais — et tout est dans ce mais — avant de quitter l’appartement, maman n’omettait jamais d’aller dans la cuisine et là, devant la grande couverture de laine recouvrant hermétiquement la fenêtre, sur la table métallique où nous avions coutume de manger, elle approchait une allumette de la mèche qui flottait en permanence sur sa mare d’huile dans une coupe en verre. Nous ne partions qu’une fois orgueilleusement dressé ce doigt de flamme sur lequel veillait Rabbi Shim’on Bar-Yohaï, le saint constamment invoqué, le bouclier contre toute catastrophe bruyante, sirène ou tonnerre : « Ah Rab ya Sidi », s’écriait maman dans l’explosion des premières bombes. Et ce Sidi-là, c’était toujours le saint ermite de Safed en Galilée.

Puis maman me prenait par la main, et mes deux sœurs derrière, et nous dégringolions les étages sous la lueur blafarde des ampoules bleues. Tout en bas, les caves individuelles où nous poursuivions au début notre sommeil avaient été démolies pour faire comme une grande place. On avait abattu toutes les cloisons, et cela faisait un gros tas de pierres à l’entrée de ce qui était désormais une assez vaste salle aérée seulement par des soupiraux au ras de l’asphalte, par où entrèrent une nuit les gaz fumigènes d’une méchante bombe tombée dans notre rue et qui faillit nous étouffer — n’étaient les mouchoirs trempés dans l’eau que la mère Corot venait étaler sur chaque visage. On s’asseyait sur une serviette de plage posée sur le ciment par terre ― et ces dalles souterraines n’étaient en rien comparables aux blocs de ciment qui, sur la darse, contrariaient la montée des houles et profilaient un port ―, car la salle était complètement nue pour permettre à tous, si nombreux, d’y tenir. Il y avait là tous les habitants de l’immeuble, plus ceux des villas voisines de la rue Danton et du bas Télemly accourus à la hâte, des enfants dans les bras, ou même leur femme évanouie comme cet homme de la villa d’en face certain soir dramatique où la première explosion avait surpris tout le monde dans son sommeil. Enfin, moi je n’en avais que des images fugitives car, sitôt installés, tous quatre bien serrés, moi, poursuivant mon sommeil, je reposais ma tête sur les genoux de maman qui me grattait les cheveux et c’était délicieux ― ai-je jamais connu plus grand plaisir ? ― avec des frissons de bonheur sur tout le corps. Et rien ne me gênait, ni les déflagrations, ni les gémissements autour de nous, ni les cris, ni les hurlements extérieurs, perçus dans ma béatitude comme un accompagnement de timbales, grosse caisse, cymbales et percussions. Jusqu’à ce qu’un très long vagissement de sirène annonçât la fin de l’alerte. Nous remontions comme des automates, moi encore somnolent, et papa redescendait de la terrasse où, son casque de Quatorze vissé sur la tête, il n’avait cessé de réciter les psaumes du Tehilim avec une foi qui conjurait sans cesse le mauvais œil et détournait le chemin des bombes qui se sont toujours écrasées autour de notre maison, jamais dessus, malgré la proximité de la D.C.A. alliée dont les batteries pointaient leur bouche à feu sur la terrasse d’en face qui avait le privilège de couronner l’immeuble le plus haut de la ville.

La porte ouverte, on déchiffrait sur le mur du couloir la frêle clarté de la veilleuse et l’odeur d’huile consumée qui reste à jamais dans mes narines un parfum de bonheur et de survie. Nous allions aussitôt à la cuisine où maman remerciait en judéo-arabe le saint de Safed pour sa protection. Papa me ramenait dans ma chambre et me déshabillait pour de bon cette fois. En fait, j’avais des nuits très soutenues et nullement chaotiques, tandis que maman, des années après, prenait encore du Solucamphre, car son cœur, chaque nuit allemande, s’emballait d’angoisse et de terreur. Malgré la rassurante présence divine sur le doigt de lumière qui nous attendrait chaque soir, au cœur de la maison, bravant l’interdiction des clartés, et droit comme une corne.
Nous faisions cercle autour de la vacillante mèche qui nous avait attendus, avec la même piété qui nous habitait, huit soirs durant, lors de la fête des lumières, quand nous allumions les veilleuses sur le fer noirci de fumée de notre antique Hanoukia ― qui avait éclairé les plus longues nuits d’hiver dans la mechta de grand-mère, Lalla Sultana. Ce soir-là, comme toutes les nuits des alarmes, la lampe avait brûlé pour nous, conjurant définitivement les ténèbres, et nous la remercions en avançant nos deux mains vers la flamme, et les balançant pour que son reflet passât sur chacun de nos ongles, rituellement, et alors là il fallait réciter, répéter la prière que papa psalmodiait sur le miracle du D.ieu ardent : « Béni sois-tu, Seigneur, qui as fait la lumière et posé dans la nuit du ciel tes étoiles et tes luminaires ».
Albert Bensoussan

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10 décembre 2009 4 10 /12 /décembre /2009 19:31

Guide complet de 'Hanoucca 4/4



Aschkel a mis au point un guide complet de Hanoukha en 4 parties afin d'éclairer tous ceux avides de connaître ou re-connaître les origines, rites et coutumes liées à la fête des Lumières. A ne pas manquer!

http://www.aschkel.info/article-guide-complet-de-hanoucca-4-4-40924567.html

 

Source http://www.fr.chabad.org/ 

Adapté par Aschkel      


Retrouvez tous les articles sur 'Hanoucca dans la catégorie 'hanoucca

'Hanoucca dans la hala'ha - Guide 1/4

Guide complet de 'Hanoucca 2/4
http://www.aschkel.info/article-guide-complet-de-hanoucca-2-4-40919982.html

Guide complet de 'Hanoucca 3/4
http://www.aschkel.info/article-guide-complet-de-hanoucca-3-4-40924074.html

Texte du Rav Yossef Haouzi







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Présentation

  • : Le blog de Gad
  • : Lessakele : déjouer les pièges de l'actualité Lessakele, verbe hébraïque qui signifie "déjouer" est un blog de commentaire libre d'une actualité disparate, visant à taquiner l'indépendance et l'esprit critique du lecteur et à lui prêter quelques clés de décrytage personnalisées.
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Magie de la langue hébraïque


A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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