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24 mai 2012 4 24 /05 /mai /2012 20:40

 

TRIBUNE
Publié le 24 Mai 2012

Par Hélène Keller-Lind

 

http://www.crif.org/fr/tribune/

 

Nouvelle découverte archéologique attestant de l'ancrage juif dans la région de Judée : un sceau en terre cuite portant des inscriptions en hébreu ancien datant du VIème ou VIIème siècle avant l'ère chrétienne a été retrouvé, confirmant de manière tangible pour la première fois l'existence de Bethléem, ville mentionnée dans la Bible. Cela vient peu après l'annonce d'une autre découverte archéologique résultant de fouilles à Khirbet Qeiyafa dans la vallée d’Elah, montrant la réalité du règne du Roi David. Alors même que l'Autorité palestinienne continue à prétendre que les Juifs n'ont aucun lien avec la terre d'Israël.

« c'est là la première fois que l'on trouve une preuve concrète de l'existence de Bethléem et de son appartenance au royaume de Judée, à l'époque du Premier Temple. Une bourgade juive, mentionnée dans la Bible dans la Genèse, le Livre de Ruth et dans Samuel »

 

C'est un fragment de 1cm 5 venant d'un sceau de terre cuite qui avait été apposé par son expéditeur à Bethléem sur un envoi officiel pour le roi de Jérusalem. Il porte des caractères en hébreu ancien :

 

Bishvat           בשבעת

Bat Lechem    בת לים

[Lemel]ekh     [למל]ך

 

Il a été découvert par des archéologues qui passaient au tamis de la terre provenant de fouilles archéologiques dans la Cité de Davidhttp://www.cityofdavid.org.il/en dans le Parc Emek Tzurim, situé sur la partie haute de la Vallée du Kidronhttp://www.mountofolives.co.il/eng/panorama.aspx?index=18 Fouilles entreprises de longue date par l'Autorité pour les Antiquités d'Israëlhttp://www.antiquities.org.il/home_eng.asp

 

Eli Shukron, directeur de ces fouilles, explique que ce sceau était apposé sur un envoi destiné à payer des impôts au roi de Jérusalem, ce qui pouvait être fait sous forme d'argent, un  métal précieux, ou de produits agricoles comme du vin ou du blé. Il souligne que c'est là la première fois que l'on trouve une preuve concrète de l'existence de Bethléem et de son appartenance au royaume de Judée, à l'époque du Premier Temple. Une bourgade juive, mentionnée dans la Bible dans la Genèse, le Livre de Ruth et dans Samuel.

 

La découverte est annoncée peu après qu'ait été annoncé le résultat d'autres fouilles conduites à Khirbet Qeiyafa dans la vallée d’Elah dans le royaume de Judée. Elles confirment également des passages de la Bible, montrant la réalité de l'existence du Roi David mais aussi celle d'un culte monothéiste, sans représentations humaines ou animales, différent de ceux pratiqués alors dans la région.http://www.desinfos.com/spip.php?page=ispip-article&id_article=31158

 

Histoire et réécriture palestinienne actuelle

 

Ces découvertes ont un intérêt historique évident. Mais elles ont également une portée politique primordiale  étant donné que l'Autorité palestinienne s'emploie d'une manière systématique à affirmer et enseigner aux Palestiniens et au monde arabo-musulman qu'il n'y aurait aucun lien entre le peuple juif et la terre d'Israël. Ce que démontre clairement Palestinian Media Watch, Observatoire des Médias Palestiniens à travers de nombreux exemples http://www.palwatch.org/main.aspx?fi=157&doc_id=6548

 

Une réécriture de l'histoire prenant parfois un tour cocasse quand, par exemple, un shekel portant des inscriptions en hébreu, datant de l'an 66 de l'ère chrétienne, atteignit un prix record dans une vente aux enchères à New York en mars 2012. Le quotidien officiel de l'Autorité palestinienne n'hésita pas alors à affirmer qu'il s'agissait d'une pièce de monnaie palestinienne appartenant à “la tradition culturelle palestinienne” http://www.palwatch.org/main.aspx?fi=157&doc_id=6541

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20 mai 2012 7 20 /05 /mai /2012 18:52

 

 

la fête de Jérusalem, on observe que Shalom Archav continue d’appuyer la division de Jérusalem préconisée par les "Accords de Genève".

dimanche 20 mai 2012  
- Lire la version pour téléphone mobile (iPhone, smartphone, etc.) -



Il tend à affaiblir la position israélienne, en soutient des offensives des adversaires le Jérusalem Une et indivisible. Comme en témoigne une étude de 1982 mais il était jadis un partisan affirmé de son unité. Mais les financements qéé’il a reçus principalement de pays européens ont visiblement modifié son jugement.C’est ce que montre une vidéo réalisée par Im Tirtzu et sous-titrée en français qui mérite une large diffusion.

 

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1 mai 2012 2 01 /05 /mai /2012 10:48

 

Cet article est extrait de “50 idées reçues sur la Shoah » un livre qui vient d’être publié.


Marc-André Charguéraud

 

 

 

 

 

Le financement des communautés juives d’Europe de l’Est        

  réduit à néant par les régimes communistes

 

EOY11 (Copier)

 

 

L’American Jewish Joint Distribution Committee (JOINT) est l’admirable et vaste organisation de secours financée et administrée par l’American Jewish Committee qui regroupe les Juifs les plus riches, la plupart d’origine germanique. Les programmes du JOINT en Europe dépassent en importance ceux additionnés de toutes les autres organisations caritatives présentes.-1- Entre le début 1945 et la fin 1947, le JOINT a dépensé en Allemagne, Autriche et Italie, $ 17 millions et en Pologne, Roumanie et Hongrie $ 47 millions soit près de quatre fois plus.-2-

 

Dans le premier cas il s’est agi de secourir les survivants de la Shoah. Dans l’autre le JOINT s’est principalement consacré à financer la renaissance des communautés juives nationales. Cet engagement considérable sera brutalement réduit à néant avec l’arrivée de gouvernements communistes dans ces trois pays. Un revers majeur peu connu du JOINT.

 

Pour comprendre comment on en est arrivé là, il faut rappeler la politique  constamment suivie par le JOINT : « Les Juifs ont le droit de vivre dans leur pays de naissance ou dans leur pays d’adoption. (...) Le succès du JOINT dépend de la vitesse avec laquelle il peut rendre ces Juifs et ces communautés juives économiquement indépendants, pouvant ainsi arrêter son assistance. »-3-

 

C’est sur cette base que Joseph Schwartz, le directeur du JOINT en Europe, décide d’apporter une aide massive sur plusieurs années aux populations juives survivantes de Pologne, de Roumanie et de Hongrie. Il ne s’agit pas seulement de secours ponctuels dans l’attente d’un départ ailleurs, mais de contribuer à une implantation en profondeur de ces populations pour qu’elles puissent aussi rapidement que possible devenir autonomes, indépendantes économiquement et rester dans leur pays d’origine.

 

Trois cas importants sont particulièrement intéressants. En Basse Silésie polonaise en juillet 1946 après l’expulsion des Allemands, 70 000 Juifs polonais rapatriés d’URSS et 15 000 venus d’autres parties de la Pologne y sont regroupés par le gouvernement.  Dans une perspective à long terme, le JOINT met en place des coopératives dont il assure le financement.-4- Il installe des structures communautaires, hôpitaux, écoles, homes d’enfant, hospices pour vieillards… La même politique est suivie en Hongrie pour les 150 000 Juifs qui y vivent encore. Le JOINT y finance entre autres 119 entreprises agricoles et 60 entreprises industrielles. Il en va de même en Roumanie, mais avec plus d’assistance et moins d’investissements. Malheureusement la situation va rapidement  tourner au cauchemar.

 

Le 31 juillet 1947, le ministre hongrois de la Protection sociale envoie un signal négatif fort. Il déclare que « le JOINT finance des coopératives industrielles, des usines et des coopératives agricoles qui constituent des centres d’infection pleins de pus sur le corps de la démocratie hongroise tant à Budapest que dans le reste du pays ».-5- Puis, en décembre 1949, le régime communiste met fin aux investissements du JOINT en arrêtant et en expulsant pour espionnage son directeur américain Israel Gaynor Jacobson.-6-

 

C’est la conséquence d’une politique de capitalisme d’état. Elle est brutalement exposée le 8 septembre 1949 dans Uj Elet, le journal juif hongrois d’obédience communiste : « Les classes moyennes en tant que telles ont désormais accompli leur mission. Que cela leur plaise ou non, elles doivent se retirer de la scène de l’histoire pour laisser la place aux classes sociales montantes : les ouvriers et les paysans…. Ceux qui s’accrochent au vieil ordre économique et au style de vie petit-bourgeois favorisent une situation qui ne peut conduire qu’à un nouvel Auschwitz, à de nouveaux massacres. » Les Juifs sont particulièrement touchés. Sur 1 721 magasins nationalisés en Hongrie en 1949, 1 504 appartiennent à des Juifs.-7-

 

En Pologne, le 21 mai 1948, les coopératives juives passent sous le contrôle d’un organisme d’Etat, l’Union centrale des coopératives. Début 1949, les écoles juives sont reprises par l’école publique polonaise.

En octobre 1949, toute autonomie des services de santé et des organisations juives est supprimée. Fin 1949 le gouvernement de Varsovie ferme les bureaux polonais du JOINT. -8- En Roumanie la situation est similaire. Fin 1947 la monarchie est remplacée sous l’influence de Moscou par une « République démocratique ». Une loi d’août 1948 abolit tous les crédits juifs. C’est la faillite programmée des entreprises financées par le JOINT. Avant la fin de l’année, les homes d’enfants, les hôpitaux, les écoles et d’autres structures communautaires juives sont nationalisés. -9-

 

Dans les trois pays la politique du JOINT de reconstruction des communautés juives est un fiasco. Au-delà des pertes financières, des centaines de milliers de Juifs qui ont choisi de ne pas fuir leur pays au lendemain de la Libération vivent une tragédie. Ils avaient confiance dans les plans du JOINT pour un renouveau juif. Spoliés de nouveau des biens qu’ils viennent d’acquérir, victimes d’une vague d’antisémitisme meurtrière et violente orchestrée par Moscou, ils sont de nouveau réduits à la misère et aux persécutions.

 

Après un long processus de « déshumanisation », ces Juifs sont devenus des « morts sociaux », comme le furent leurs coreligionnaires allemands avant la guerre. Pour leur malheur, après la prise de pouvoir des communistes et l’établissement du « rideau de fer », ils ne peuvent plus émigrer que très difficilement. Des centaines de milliers de ces « morts sociaux » sont pris au piège. Ils vont devoir survivre, des mois pour certains, des années  pour d’autres sous la dictature communiste, parmi une population hostile. 

 

A la suite des accords de Yalta de février 1945, le monde occidental savait que les pays du Centre et de l’Est de l’Europe allaient tomber sous l’influence soviétique. N’était-il pas raisonnable pour le JOINT de prévoir que Moscou allait imposer progressivement son modèle politique et économique à ces pays ? Ce modèle, qui ne laisse aucune place aux investissements privés, vouait au désastre les efforts d’investissement du JOINT.

 


-1- HYMAN Abraham S. The Undefeated, Gefen Publishing House, Jérusalem and Hewlett NJ, 1993, p. 386.

-2- BAUER Yehuda, Out of the Ashes, The Impact of American Jews on Post Holocaust European Jewry, Pergamon Press, Oxford, 1989, p. XVIII. Chiffres dérivés du tableau des dépenses du JOINT. 

-3- BAUER Yehuda.  American Jewry and the Holocaust : The AJJDC 1930-1945,Wayne State University Press , Detroit, 1981, p. 182. Déclaration de Moses Leavitt, secrétaire général du JOINT, en 1943.

-4- HYMAN, op. cit. p.180.

-5- FROJIMOVICS Kinga, in BANKIER David éd. The Jews are Coming Back: The Return of the Jews to their Country of Origin after WW II, Berhahn, New York, 2004, p. 287. Rapport du ministre au parti.

-6- Ibid, p. 291.

-7- WASSERSTEIN Bernard, Les Juifs d’Europe depuis 1945, Calmann Lévy, Paris, 2000, p. 67.

-8- BAUER, op. cit. p. 165, 167 et 168.

-9- BAUER, 1989, p. 156 et 157.

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6 avril 2012 5 06 /04 /avril /2012 08:43
Le PCF a trahi le groupe Manouchian et la résistance.

http://jforum.fr/forum/france/article/le-pcf-a-trahi-le-groupe

vendredi 6 avril 2012, par PCF, par Manouchian , parRésistance, par Juifs

Suite à l’excellent film « L’armée du crime » réalisé par Robert Guédiguian diffusé sur France 3 le 5/4/12 à 20h40

A Paris, pendant l’Occupation, Missak Manouchian, ouvrier, poète et intellectuel d’origine arménienne, prend la tête d’un groupe de résistants, les FTP-MOI, essentiellement composé d’italiens, d’espagnols et de nombreux Juifs d’origine polonaise, hongroise et roumaine.

Après la fameuse rafle du Vel d’Hiv’, ils s’engagent dans l’action anti nazie. Manouchian, d’abord réticent à tuer, transgresse son éthique au vu des circonstances.

Sous son impulsion, le groupe se structure et commet près d’une centaine d’actes de résistance au cours de l’année 1943.

Les résistants sont alors traqués par les nazis et par la police française. Filatures, dénonciations, chantages, tortures : toutes les méthodes sont utilisées pour mettre fin à l’activité des membres du réseau Manouchian...

" Filé " à partir de son domicile parisien, Missak Manouchian devait rencontrer, sur les berges de la Seine, Joseph Epstein, responsable des Francs-Tireurs Français pour l’Ile-de-France.

Ils seront capturés sur la rive gauche après avoir tenté d’échapper aux policiers en civil lancés à leurs trousses. Ainsi a pris fin l’une des plus grandes opérations de police contre la résistance, notamment la formation militaire des volontaires immigrés d’origines juive, italienne, espagnole, arménienne... dont les faits d’armes, dans la capitale même, furent autant de coups portés au prestige de l’occupant.

Ce qui leur valut la colère de Berlin qui exigeait de mettre rapidement les "terroristes juifs et étrangers hors d’état de nuire".

Selon Adam Rayski qui était responsable national de la section juive du PCF de 1941 à 1949, le PCF est responsable de la chute du groupe Manouchian . En mai 1943, devant le bilan des pertes des organisations juives, j’ai demandé le repli. le transfert de notre direction dans la zone Sud. Le Parti communiste a refusé, qualifiant cette attitude de « capitularde ».

Le PC voulait continuer à frapper dans la capitale, avec ce qui restait son unique bras séculier : les FTP-MOI. Stratégiquement, la direction, pour affirmer sa suprématie vis-à-vis de Londres et du Conseil national de la Résistance, désirait capitaliser les actions d’éclat de la MOI.

La direction nationale juive est partie in extremis pour Lyon, mais les FTP ont continué à lutter sur place avec acharnement.

Le Parti a sous-estimé l’impératif de la guérilla urbaine – savoir décrocher – et a tiré un rendement politique maximum des coups d’éclat de la MOI.

A terme, c’était donc bien une grave erreur politique. La part de responsabilité du PC dans les arrestations de résistants - dont les 23 de l’Affiche rouge - est indiscutable.

En 1985, L’histoire de ces combattants est revenue sur le devant de la scène après le bouleversant documentaire de Stephane Courtois et Mosco Boucault, « Des terroristes à la retraite « est diffusé malgré les tentatives de censure du PCF.

On y voyait les derniers survivants du groupe racontant, avec encore un très fort accent yiddish, leur combat.

Et quarante ans plus tard certains n’avaient toujours pas obtenu la naturalisation. Ce documentaire accuse la direction de l’époque du Parti communiste français (PCF) d’avoir lâché voire vendu le groupe Manouchian. Il y a les mots accusateurs de la dernière lettre de Missak Manouchian : « Je pardonne à tous ceux qui m’ont fait du mal ou ont voulu méfaire du mal, sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus. »

Celui qui a trahi, c’est Joseph Davidowicz, le commissaire politique du groupe qui, après son arrestation, a craqué sous la torture et a commencé à travailler pour la Gestapo…

Mais qui sont les autres ? Ces accusations étaient relayées par Mélinée, la veuve de Missak, d’où l’émoi du PCF.

Le grand historien du communisme français, Philippe Robrieux, évoqua une trahison au plus haut niveau mettant en cause Jean Jérôme - à l’état civil Michel Feintuch - grand argentier du Parti communiste et homme du Komintern qui fut arrêté en avril 1943 et emprisonné à Fresnes jusqu’à la libération.

Il y a eu trahison du Parti communiste et la volonté d’éliminer sciemment ces combattants étrangers pour franciser la résistance. un choix lâche de sacrifier ces héros de la résistance.

Le PCF avait besoin de maintenir ces combattants sur le terrain pour montrer à une résistance gaulliste en exil qui attendait le D-Day que les communistes, eux, se battaient les armes à la main.

Liste des membres des 23 membres du groupe Manouchian exécutés le 21 février 1944 par les Nazis

• Celestino Alfonso (Espagnol) • Joseph Boczov (Boczor József ; Wolff Ferenc) (Hongrois juif) • Georges Cloarec (Breton) • Roger Rouxel (Français) • Robert Witchitz (Français juif) • Rino Della Negra (Italien) • Spartaco Fontano (Italien) • Césare Luccarini (Italien) • Antoine Salvadori (Italien) • Amédéo Usséglio (Italien) • Thomas Elek (Elek Tamás) (Hongrois juif) • Emeric Glasz (Békés (Glass) Imre) (Hongrois juif) • Maurice Fingercwajg (Polonais juif) • Jonas Geduldig (Polonais juif) • Léon Goldberg (Polonais juif) • Szlama Grzywacz (Polonais juif) • Stanislas Kubacki (Polonais) • Marcel Rayman (Polonais juif) • Willy Szapiro (Polonais juif) • Wolf Wajsbrot (Polonais juif) • Arpen Lavitian (Arménien) • Missak Manouchian (Arménien) • Olga Bancic (Roumaine juive)

• Les 22 premiers cités sont fusillés au fort du Mont-Valérien le 21 février 1944. • La dernière citée, Olga Bancic, est décapitée à Stuttgart le 10 mai 1944.

Les combattants des MOI (main d’œuvre immigrée) sont morts, mais en marchant !

Honneur à eux

Jean Vercors

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4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 08:10

 

Mouvements occidentaux pro-nazis

                        et antisémites.

                           1920-1945

 

                   Des crimes commis sans pression allemande.

Par Marc-André Charguéraud

 

3036-10 (Copier)

 

 

Dans les Etats démocratiques, les partis fascistes on eu un rôle important dans ce qu’un historien appelle « la rage antijuive ».-1-  Pendant l’entre-deux-guerres, presque dans tous les pays de l’Europe occidentale existe un parti fasciste antisémite qui se réclame du national-socialisme. Ils sont certes minoritaires, mais chacun connaît le danger de minorités bien organisées et déterminées, capables de déstabiliser un régime. Pour nombre d’entre eux, le parti nazi se trouve juste au-delà de la frontière, prêt à apporter son aide.

En Suède, c’est leSN Folkparti, au Danemark le parti National Socialiste Danois, en Finlande le Mouvement agraire antisémite Lappo, en Norvège le Rassemblement Nationaliste avec à sa tête Vidkun Quisling qui deviendra le chef du gouvernement lors de l’occupation. En Angleterre c’est Oswald Mosley qui dirige les Chemises noires de l’Union Britannique des Fascistes.

LeNationaal-Socialistische Beweging (NSB) en Hollande regroupe 100 000 membres, soit 1,25% de la population.-2-  En Belgique, le Vlaamsch Nationaal Verbond (VNV) compte également 100 000 membres-3-. Pour se situer au même niveau, la France, dont la population est cinq fois plus importante que celle de la Belgique ou de la Hollande, aurait dû compter 500 000 fascistes. On est loin du compte. Les principales organisations fascistes, le Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot, le Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat, et le Mouvement national révolutionnaire ne dépassent pas ensemble 65 000 membres à la vieille de la guerre.-4-

Aucun des partis français n’a adopté les thèmes politiques du National-Socialisme. Le fossé creusé vingt ans plus tôt par la Grande guerre dans l’opinion publique est bien trop profond. Déat et Doriot sont à l’origine des dirigeants marxistes militants. Or les pires ennemis des nazis ce sont les marxistes. Les deux hommes ont été les soutiens déclarés de la Ligue Internationale contre l’Antisémitisme (LICA), la grande organisation philosémite. « Doriot fut le héros et le leader des grandes campagnes antimilitaristes lancées par le parti communiste au cours de la décennie 1920 ». « Déat, pacifiste depuis toujours. Figure de proue du pacifisme français de la fin des années 1930 », écrit l’historien Simon Epstein.-5- Tous les deux sont en 1938 « munichois ». C’est le fameux cri de Déat en 1939 : « Mourir pour Dantzig, non ! »-6-Paradoxalement, l’occupation de la France va les faire basculer dans le camp des mouvements fascistes pro-nazis antisémites.

Aux Etats-Unis le soutien aux nazis prend au seuil de la guerre sa forme la plus spectaculaire. Le nom même du principal mouvement fasciste, German American Bund , affiche son allégeance à l’Allemagne. Des cohortes d’Américains, bottés de noir, uniformes bruns, portant brassards et drapeaux frappés de la croix gammée, descendent au pas de l’oie la cinquième avenue à New-York. Plus impressionnant encore, un rallye se tient le 20 février 1939 au Madison Square Garden à New-York. Plus de 22.000 manifestants conspuent Roosevelt et se lèvent aux cris de Heil Hitler. Des oriflammes à croix gammée flottent au vent. Les orateurs glorifient Hitler et l’Allemagne nazie, condamnent le communisme et appellent à l’élimination des Juifs.-7-

Avec l’occupation allemande, les mouvements fascistes passent des déclarations et des manifestations à une action antisémite dure, souvent meurtrière. En Hollande et en Belgique, dès l’automne 1940, aux côtés de la police nationale, des unités fascistes nationales ont été le principal soutien des activités antijuives de la Gestapo. Le 11 septembre 1940 déjà, Mussert, le chef duNationaal-Socialistische Beweging (NSB), crée une formation de SS hollandais. En août 1944 ces SS nationaux comptent 4 000 membres et plus de 4 000 sympathisants.-8-

En février 1941, près d’une année avant le début de la Shoah, des unités paramilitaires du NSB attaquent des restaurants et cafés juifs d’Amsterdam.-9- La police n’intervenant pas, de jeunes Juifs organisent leurs propres groupes de défense. Le 11 février 1941, lors d’une bagarre entre les deux groupes, un membre du NSB est tué.-10- La police allemande intervient et 389 Juifs sont envoyés à Mauthausen. Aucun ne survivra.-11- Haans Albin Rauter, chef de la Gestapo en Hollande, crée en mai 1942 une Police volontaire auxiliaire sous ses ordres directs. Forte de 2 000 Hollandais, elle se compose de SS et de SA du NSB. Leur seule mission, traquer et arrêter les Juifs.-12- Rauter est satisfait. Il écrit à Heinrich Himmler, le chef de la Gestapo à Berlin : « Les nouveaux escadrons de la police hollandaise font merveille en ce qui concerne la question juive et arrêtent des Juifs par centaines, jour et nuit ».-13-

De leur propre initiative des groupes de membres du NSB se constituent dans le seul but de « débusquer » et de se « saisir » de Juifs qu’ils remettent aux Allemands contre paiement de primes. Leur capacité à produire un maximum de résultats est effarante. La Henneike Column avec seulement 35 hommes est arrivée à arrêter ou faire arrêter 3 400 Juifs en moins de six mois. Ses méthodes sont si brutales, mêlant chantages, tortures, extorsions, que les Allemands mettent fin à ses activités en septembre 1943.-14-

 

En Belgique, des mois avant la Shoah, des centaines de militants du Vlaamsch National Verbond (VNV) organisent un vrai pogrom à Anvers. Ils mettent à sac le quartier juif d’Anvers, incendient deux synagogues, brûlent les rouleaux de la Tora et mettent le feu à la maison du rabbin Rottenberg.-15-

 

Les « Mouvements de l’ordre nouveau », lisez pronazis, nombreux, particulièrement en pays flamand, comblent les insuffisances de la police régulière. Les plus radicaux sont les membres de la VNV. Une série d’organisations antisémites moins importantes les complète, telles que le Volksverwering, le Anti-Joodsch Front, le Nationaal Volksche Beweging.-16- Ces activistes ne feront jamais défaut à la Gestapo. Les formations de combat du Rex de Léon Degrelle sont directement rattachées aux SS. Elles s’occupent d’abord du repérage des Juifs avant d’être autorisées à opérer des arrestations en fin 1943.-17- « Une bande de crapules, traîtres à la patrie belge » seconde la Gestapo dans sa triste besogne, s’insurge en novembre 1943 Le Flambeau, une publication de la résistance.-18-

 

En France les mouvements fascistes n’ont joué qu’un rôle secondaire dans les arrestations. Leur principale intervention, ce sont les 300 à 400 militants du PPF de Doriot qui, en uniforme, participent à la rafle du Vel d’Hiv le 16 juillet 1942.-19- Les fascistes français prêts à rejoindre des milices antijuives sont peu nombreux.

 

Copyrigth Marc-André Charguéraud. Genève. 2012. Reproduction autorisée sous réserve de mention de la source.


 

-1- FRIEDLANDER, Saul, Les années d’extermination, l’Allemagne nazie et les Juifs, 1939-1945, Seuil, Paris, 2008, p. 161.

-2- HIRSCHFELD Gerhart,  Nazi Rule and Dutch Collaboration, Berg, New York, 1988, p. 285.

-3-STEINBERG Maxime,L'étoile et le fusil, Volume 1, La vie ouvrière, Bruxelles, 1983, p. 138.

-4-ZUCCOTTI Susan, The Holocaust, the French and the Jews. New York, 1993, p. 281. DREYFUS Francois George, Histoire de Vichy, Perrin, Paris, 1990, p. 686 cite un chiffre de 70 000 à 80 000 pour la zone occupée.

-5-EPSTEINSimon, Un paradoxe français. Antiracistes dans la collaboration et antisémites dans la résistance, Albin Michel, Paris, 2008, p. 368.

-6-IBID. p.196.

-7-LIPSTADT Deborah, Beyond Belief : The American Press and the Coming of the Holocaust, 1933-1945, The Free Press, New York, 1986, p.123.  WYMAN David, Paper Walls : American and the Refugee Crisis, 1938-1941, Pantheon, New York, 1985, p.14-17.

-8-HIRSCHFELD, op. cit. p. 287 et 288. 22 000 à 25 000 Hollandais rejoignirent les Waffen SS sur le front russe.

-9-MOORE Bob, Victims & Survivors : The Nazi Persecution of the Jews in the Netherland : 1940- 1945, Arnold, New York, 1997, p. 66.

-10-WARMBRUNN Werner, The Dutch under Occupation, Stanford University Press, Stanford, 1963, p. 107.

-11-MOORE, op. cit. p. 71 et 72. Weerafdeling . Nom de ces groupes paramilitaires fascistes du NSB.

-12-HIRSCHFELD, op. cit. p. 178 et 179. Proportionnellement aux populations respectives, ces 2 000 hommes seraient l’équivalent de 10 000 hommes en France.

-13-FRIEDLANDER 2008 op. cit. p. 507.

-14-HIRSCHFELD, op. cit. p. 176. MOORE, op. cit. p. 207. Il en va de même pour un groupe intitulé  « Département Juif » dirigé par un SS hollandais, membre du NSP, Dalmen von Buchholz.

-1(-BRACHFELD Sylvain, Ils n’ont pas eu les gosses, Institut de recherches sur le judaïsme belge, Bruxelles 1989, p. 14 au 17 avril 1941.

-16-SAERENS Lieven, Antwerp’s Attitude Towards the Jews from 1918 to 1940 and its Implications for the Period of the Occupation, in MICHMAN Dan, Belgium and the Holocaust, Yad Vashem, Jerusalem, 1998,  p. 193.

-17-STEINBERG,1983, op. cit. p. 143.

-18-STEINBERG Maxime, L'étoile et le fusil, Volume 2, La vie ouvrière, Bruxelles, 1986,  p. 123. La Feldkommandantur actera plus tard : « Etant donné l’insuffisance des forces de police, l’arrestation de dizaines de milliers de Juifs (sic) à Anvers n’a pu s’accomplir sans le concours des mouvements d’ordre nouveau pour les dépister et les amener à la police de sécurité.»

-19-IBID. p. 475.

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12 mars 2012 1 12 /03 /mars /2012 20:47
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12 mars 2012 1 12 /03 /mars /2012 20:20
Casher : les juifs ne sont-ils pas les victimes colatérales d’un combat contre l’expansionnisme musulman ?

 

http://ripostelaique.com/casher-les-juifs-ne-sont-ils-pas-les-premieres-victimes-dun-combat-contre-lexpansionnisme-musulman.html

Depuis longtemps, je publie des articles de Riposte Laïque dans les infos de la Loge Hatikva du B’nai B’rith. Je ne suis donc, en aucun cas, hostile à votre combat pour la laïcité, bien au contraire.

Mais je dois constater que nous, les Juifs, sommes les premières victimes, d’un combat légitime contre l’expansionnisme musulman. A cause de ce combat, nous devrions renoncer aux rares exceptions aux lois républicaines qui nous sont consentis depuis que ces lois ont été promulguées.

Jusqu’ici nous pouvions nous promener librement dans les lieux publics en portant une kippa, un bien modeste signe d’appartenance à une religion. Encore que je doive remarquer que les ecclésiastiques catholiques de haut rang la portent aussi.

Nous pouvions consommer de la viande issue de l’abattage casher sans que quiconque y voit un inconvénient, et pourtant, il était fréquent que les quartiers arrières des bovins étaient vendus en dehors des boucheries casher. Je me souviens même de boucheries qui vendaient à la fois de la viande casher et de la viande provenant de bovins abattus de façon classique. Je ne pense pas que ces boucheries aient perdu leurs clients non ,juifs!

Les Juifs n’ont jamais remis en cause le principe de la laïcité.

Afin justement d’éviter de confondre l’abattage casher et l’abattage halal, il faut s’élever contre les arguments fallacieux concernant la façon dont le premier est pratiqué. Pour le casher et contrairement au halal, il existe des règles concernant aussi bien l’obligation de faire subir à l’animal une souffrance minimum que des règles fixant des précautions évitant que la viande risque d’être contaminée d’une façon ou d’une autre.

Finalement, ne faudrait-il pas demander à ceux qui ont des préjugés concernant la souffrance de l’animal et l’hygiène dans l’abattage casher de se renseigner, auprès du rabbinat par exemple, sur la formation, les obligations du sacrificateur avant d’émettre des critiques sur ce sujet?

En 1995 des membres du B’nai B’rith ont suscité une étude scientifique qui a démontré que l’abattage casher minimisait la douleur ressentie par l’animal. Je peux vous faire parvenir ce dossier si vous le désirez.

Je reconnais que faire une loi qui viserait à contenir l’expansionnisme de l’islam sans toucher aux acquis dérogatoires du judaïsme est compliqué.

Gérard MARX

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7 mars 2012 3 07 /03 /mars /2012 09:54

 

 

 

Le site Lessakele en profite pour vous souhaiter Tsom Kahl et, par la même occasion, un joyeux Pourim Sameakh, en compagnie des acteurs du théâtre yiddish ci-dessous en représentation : du plus fin comique : 

 

(à lire également :  Le pseudo parlement juif européen, Chronique de Roger Cukierman sur Judaïque FM )

 


Sacha Baron Cohen et DSK bientôt élus députés du Parlement juif européen ?

 

http://www.jewpop.com/religion-et-politique/sacha-baron-cohen-et-dsk-bientot-elus-deputes-du-parlement-juif-europeen/

Par Alain Granat - Vendredi 18 novembre 2011

Sacha Baron Cohen et DSK bientôt élus députés du Parlement juif européen ?

 

Ca ressemble fort a un énorme gag et pourtant ce n’en est pas un. En avril 2011, les milliardaires ukrainiens Igor Kolomoisky et Vadim Rabinovitch fondaient à Disneyland (!) l’Union juive européenne (European Jewish Union, EJU), une « organisation dédiée à la promotion de la vie juive en Europe », dont le premier projet emblématique serait la création d’un « Parlement juif européen » visant à « rassembler et coordonner les voix des communautés juives et des personnes en Europe de l’Ouest, Centrale et Orientale ». Ce projet, inspiré par l’idée du Président israélien Shimon Peres d’une « Knesset de la Diaspora », prend aujourd’hui forme, et surtout une tournure franchement comique.

 

Igor Kolomoisky

 

Afin d’ancrer cet ambitieux projet dans un processus électoral démocratique et moderne, les membres fondateurs de l’EJU ont décidé d’ouvrir les élections des futurs 120 députés de ce Parlement à toute personne intéressée par le sujet, à la manière des récentes primaires socialistes. C’est sur Internet que vous pouvez donc, via le site de l’EJU, proposer votre candidat (ou votre candidature) et bien sûr voter (même à plusieurs reprises, quand on aime, on ne compte pas…).

 

Les organisateurs de l’EJU ont ainsi pu annoncer avec joie, après quelques semaines, que pas moins de 1000 candidats étaient inscrits à cette élection, pour représenter 54 pays parmi lesquels des nations de premier plan comme Monaco, Andorre, la République de Saint-Marin, le Lichtenstein, Gibraltar, ou encore le Tadjikistan (capitale Douchanbé).

 

 

Du côté des candidats, la liste est également à la hauteur de l’événement, puisque l’on a vu apparaître depuis quelques jours des noms aussi prestigieux que ceux de Sacha Baron Cohen, David Beckham, Stella McCartney, Roman Polanski… Tandis que côté français, c’est la publication d’un véritable Who’s who du judaïsme hexagonal, avec les candidatures des Grands rabbins Bernheim et Sitruk, de Simone Veil, mais aussi de Charlotte Gainsbourg et Enrico Macias, Alain Finkelkraut et BHL, Sonia Rykiel et Alber Elbaz,  et enfin le grand retour en politique (scoop Jewpop !) de DSK, parmi d’autres éminents membres des institutions communautaires et certains illustres inconnus, qui tenteront également leur chance.

Léger problème toutefois, il semblerait que certains candidats ne soient pas au courant de leur désignation, telle la députée bruxelloise Viviane Teitelbaum, qui a découvert sa candidature par hasard et a cru devoir « décliner cet honneur », comme le rapporte nos confrères belges de l’excellent site du CCLJ. On trouvait même il y a encore quelques jours, parmi les candidats, les noms de Constantin von Hoffmeister, membre éminent du parti néo-nazi allemand NPD, et Dieudonné M’bala M’bala, bien connu pour ses affinités sionistes.

 

 

Vous avez donc jusqu’au 15 décembre 2011, date de clôture des élections, pour vous porter candidat ou bien voter pour celui de votre choix. Chez Jewpop, c’est décidé ! Nous appelons à voter Sacha Baron Cohen, la personnalité la plus qualifiée pour présider avec efficacité et dignité cette noble institution représentative des Juifs d’Europe. Inclus le Tadjikistan et Monaco.

Alain Granat

Sources : European Jewish PressJTAJWeekly

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22 février 2012 3 22 /02 /février /2012 12:21
Pr Benno Gross

http://www.leptithebdo.net/2012/02/14/pr-benno-gross/

Le sens véritable du destin juif

Le professeur Benno Gross, doyen honoraire de la faculté des Lettres et Sciences humaines de l’université Bar-Ilan, est toujours aussi prolifique. Il vient de publier un nouveau livre, «Les défis du destin juif, politique et religion dans la pensée du Rav Kook».

 

Le P’tit Hebdo: Qu’est-ce qui vous a incité à écrire ce livre?

Pr Benno Gross: J’ai écrit ce livre parce que je pense que le rapport entre la politique et la religion est un problème essentiel de notre époque et qu’il n’a pas été résolu. Il m’a semblé très important de montrer le véritable sens de l’Etat juif à un moment où on assiste à une délégitimation de l’Etat d’Israël, c’est-à-dire à une incompréhension de sa véritable vocation.

 

LPH: Comment présentez-vous l’analyse du Rav Kook sur ce sujet dans votre ouvrage?

BG: Le Rav Kook, étant donné que sa pensée s’est développée à une époque récente, propose une approche intéressante des problèmes de l’heure et également, de façon plus générale, des problèmes profonds du judaïsme. Son idée de départ, sur la question qui nous préoccupe, est que l’humain repose sur deux points essentiels: la vie spirituelle et la vie sociale, que le Rav Kook appelle respectivement «l’idée divine» et «l’idée nationale». L’idée divine, c’est la spiritualité et l’idée nationale, c’est l’aspect plus matériel, sous-entendant une vie en société. Or dans la réalité, ces deux notions élémentaires se sont dissociées. La tendance générale veut qu’on donne la priorité soit à la vie spirituelle, en négligeant la vie nationale, c’est-à-dire la réalité sociale, soit au contraire qu’on mette l’accent sur la vie matérielle en dépréciant la vie spirituelle. C’est ce que montre l’histoire des sociétés. Lors de la Première Guerre mondiale, le Rav Kook a compris que les nationalismes établis en Occident menaient le monde à sa perte parce qu’ils impliquaient un renforcement de l’immanence sociale au détriment de la spiritualité de la société. Nous connaissons le même problème à notre époque. En France par exemple, les revendications de l’individualisme moderne exacerbé incitent à déprécier totalement la valeur sociale et cela entraîne notamment la violence dans les sociétés. Parallèlement à cette dépréciation, le Rav Kook a vu le peuple juif «rentrer dans l’histoire» après toute une série d’échecs. C’est-à-dire que le peuple juif, en tant qu’entité sociale, a été libéré dans l’exil, de façon providentielle, de toutes les responsabilités nationales pour apprendre à se débarrasser d’un nationalisme étroit et païen qui avait causé la ruine de sa société.

 

LPH: Comment le Rav Kook, qui n’a pas connu la renaissance du peuple juif sur sa terre, concevait-t-il l’avenir du destin juif?

BG: Au début du XXe siècle, le Rav Kook a vu en même temps la détérioration des sociétés et un certain réveil au sein du peuple juif signifiant un retour à l’idée de Nation. Le peuple juif, qui s’était entièrement spiritualisé dans l’exil et par conséquent coupé de toutes les réalités nationales, reprenait goût à cette vie nationale. Le Rav Kook a compris qu’une force intérieure, mue par la Providence, allait peut-être permettre, pour la première fois, au peuple juif d’arriver à maturité. Prévoyant la création de l’Etat, il lui semblait important que la société juive renaisse de manière saine dans le pays.

 

LPH: Vous êtes un intellectuel de culture française très concerné par la vie politique israélienne. Comment comprenez-vous l’évolution de l’Etat d’Israël?

BG: Il est évident que la vision du Rav Kook comporte une part d’utopie. Mais comme le dit Paul Celan, «la clarté de l’utopie, c’est la dignité de l’homme». La réalité actuelle de l’Etat d’Israël ne répond pas à cette vision idéale. Il faut dire, sur ce point, que notre confrontation avec le monde arabe constitue une difficulté qui nous empêche d’accomplir notre véritable existence. Mais même si, à l’heure actuelle, bien des réalités sont décevantes, nous devons œuvrer pour éviter l’échec et pour que cet idéal soit réalisé. Cela exige une grande patience: il faut savoir que les grandes choses ne peuvent s’accomplir de façon immédiate.

 

LPH: Après des événements traumatisants, comme ceux du Goush Katif, certains sionistes fervents ont perdu confiance, refusant même de fêter la Journée de l’Indépendance. Que pensez-vous de cette réaction?

BG: L’expulsion du Goush Katif constitue pour moi un grave échec. Mais des erreurs de gouvernements ne doivent pas nous conduire à désespérer de la réalité de notre vocation. Il n’y a pas de fatalité. Le Rav Kook a formulé une espérance pour l’Etat d’Israël et cela dépend de nous que cette espérance devienne une réalité.

 

LPH: Comment expliquer au monde le sens de l’Etat juif?

BG: La pensée du Rav Kook nous aide à expliquer qu’il n’est pas question pour nous d’un nationalisme étroit. Le retour du peuple juif sur sa terre n’a rien à voir avec un quelconque nationalisme, malgré les apparences. L’essentiel pour nous est de sauvegarder, pour l’humanité, la véritable nature de l’homme, c’est-à-dire l’idée divine et l’idée sociale. En cela, Israël peut être un exemple. Il nous appartient d’expliquer cela mais ce n’est pas facile. Tout au long de l’histoire, le peuple juif a tenté de réaliser sa vocation mais les nations ont toujours réagi par un recul, provenant à la fois d’une fascination et d’une opposition à la vocation même du peuple juif. On le voit à la sortie d’Egypte ou lors de la meguilat Esther. Nous espérons que la fascination prendra le dessus. Yitro et Amalek ont vu la sortie d’Egypte. Amalek a considéré que c’était un bluff et qu’il fallait anéantir Israël alors que Yitro a compris l’ampleur de l’événement. Nous assistons aujourd’hui au même phénomène: les nations nous disent: «vous êtes un Etat comme les autres» et n’acceptent pas la notion d’Etat juif avec ses singularités.

Benjamin Gross: Les défis du destin juif. Politique et religion dans la pensée du Rav Kook. Albin Michel.

En vente dans les librairies françaises. Pour tout renseignement: Tel/Fax: 025669974

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16 février 2012 4 16 /02 /février /2012 20:39

 

 

La trajectoire de deux fondateurs chrétiens d’un Institut anglais pour la mémoire de la Shoah

 

Commenté par Manfred Gerstenfeld


Stephen D Smith 1 (Copier)

 

Stephen D. Smith est un théologien chrétien âgé d’à peine quarante ans. Ensemble avec son frère James, il a fondé le Centre Beth Shalom sur la Shoah, près de Nottingham, en Angleterre, qui a ouvert ses portes en 1995. Smith dirige actuellement la Fondation de l’Institut sur la Shoah, à Los Angeles, où les archives Spielberg sont rassemblées. Elles contiennent plus de 100 000 heures de témoignages enregistrés, et recueillis auprès des survivants de la Shoah.

 

Dans son livre, l’auteur relate sa trajectoire spirituelle et son travail, ainsi que celle de son frère. Ils sont nés comme étant les enfants d’un ministre méthodiste, enseignant en éducation religieuse dans une école secondaire. Plus tard, leurs parents ont dirigé un petit centre de conférences, qui servait aussi de lieu de retraite.

 

En 1981, la famille Smith a pris ses vacances en Israël. Stephen et James se sont progressivement, de plus en plus, intéressés aux relations judéo-chrétiennes. Ils sont revenus en Israël pour un séjour plus long en 1991, qui s’est transformé en expérience de changement de vie. L’auteur écrit, à propos de leur visite à Yad Vashem : « Nous n’étions juste là qu’en tant que nous-mêmes, largement détachés et non-affectés, nous demandant ce que cela pourrait bien signifier pour nous, en tant qu’individus qui pourrions tout-à-fait prétendre que cela n’avait rien à faire avec nous. Notre question était, simplement : « Quel défi représente, pour nous, la Shoah ? ».

 

A la suite de cela, les deux frères ont décidé qu’ils devaient répondre, par des moyens pratiques, à ce qu’ils avaient vu, comme s’ils sentaient confusément qu’ils ne pouvaient pas continuer ainsi leur vie ordinaire, comme si de rien n’était. Ils considéraient alors que la Shoah n’était pas uniquement un problème juif, mais comprenaient que c’était bien la conséquence de la civilisation occidentale.

 

Un an plus tard, la famille entière a visité la Pologne, voyage qui a contribué à faire évoluer leur réflexion. Smith écrit : « J’ai réalisé qu’absolument rien de positif ne ressort de la Shoah. Si quoi que ce soit peut en être sauvé, ce n’est pas du fait de la Shoah, mais en dépit d’elle. Cela bouleversait radicalement un principe auquel je tenais particulièrement, qu’extraites du mal, les choses pouvaient toujours se bonifier ».

 

Tout en étudiant la tradition juive, Smith et son frère ont envisagé de se convertir au Judaïsme. Stephen pensait que : « Si un Chrétien méprise la seule pensée de la conversion au Judaïsme, alors, clairement, un tel individu est encore porteur des germes anti-judaïques de l’antisémitisme, responsables du contexte dans lequel le Nazisme a pu s’épanouir ». Il pensait aussi : « qu’il serait plus tolérable de se coltiner à la question de la Shoah, si nous étions Juifs ». Son frère a dit : « En nous convertissant, nous pourrions perdre le potentiel de notre message et de notre conviction, et, par conséquent, avoir bien moins à dire ». Leurs parents leur manifestait toute leur compréhension à ce sujet, mais, en définitive, les deux frères se sont décidés à laisser de côté cette idée de conversion.

 

Les frères Smith réfléchissaient, en avançant très vite, à la nature du centre pour la mémoire de la Shoah qu’ils voulaient créer. Ils en conclurent qu’il fallait aussi que ce soit un musée pour le public, mais que le principal centre d’intérêt devrait être de développer les rencontres pédagogiques, autant que les groupes de formation. Ils décidèrent également que leur centre ne devait pas avoir de caractère confessionnel, même si les motivations qui concourraient à son instauration restaient chrétiennes.

 

Ils estimaient aussi qu’ils devaient exprimer l’arrière-fond chrétien à partir duquel la Shoah a pu se dérouler. « Les Juifs ont été assassinés parce qu’ils étaient Juifs, et tout ceci, dans le contexte d’un environnement prétendument chrétien. L’opposition de tout leur cœur de la part des églises chrétiennes aux soi-disant « politiques juives » ne s’est pas manifestée, aussi, d’une certaine façon, le Christianisme est impliqué, aux côté de n’importe qui d’autre, dans la réalisation de ces crimes et de leurs conséquences. Cependant, simplement pour éclairer les manquements du monde chrétien, il fallait aussi suggérer qu’il disposait, pourtant, d’un socle de hautes valeurs morales, avant la Shoah ».

 

 

Durant la phase de réalisation du centre, ils ont ainsi continué à se poser de multiples questions, comme tant d’autres qui ont étudié la Shoah. Un problème crucial restait ce que les expériences des survivants et de ceux qui avaient été assassinés signifiaient pour la société en général.

 

Forts de cette expérience et de cet arrière-plan, les frères Smith se demandaient de quelle façon agir, lorsqu’encore une fois, survenaient des massacres de masse ou des génocides. Ils ont ainsi lancé un appel pour les Albanais du Kosovo, en 1999. Ils savaient que, bien qu’aucun génocide n’avait encore eu lieu, cela pouvait constituer une brèche susceptible d'y mener. Cela les amena à édifier une fondation, en 2000 : « Sous l’Egide de la Confiance », dont l’objectif de départ est la prévention des génocides. Cet organisme s’est, de plus en plus, étroitement rapproché du travail au quotidien du Centre pour la Shoah, alors qu’ils reconnaissaient que cela ne pourrait réussir que si on comprenait mieux les voies de passage vers le génocide.

 

C’est à partir de l’expérience de cette trajectoire que Smith a accepté l’offre de devenir le directeur de la Fondation de l’Institut de la Shoah, à l’Université de Californie du Sud. Il espère qu’on puisse éviter l’agression contre les victimes courantes de génocide, en écoutant le récit des autres ayant souffert une histoire semblable.

 

Ce livre est un important témoignage du travail de deux personnalités exceptionnelles. Une des leçons essentielles qu’on peut en tirer est qu’il n’est pas suffisant de recueillir la seule documentation des témoignages des survivants pour savoir faire face à l’avenir. On doit aussi enregistrer les souvenirs et impressions de ceux détenant des fonction-clés sur les sites de mémoire et les centres consacrés à la Shoah. C’est même plus vrai en Allemagne que n’importe où ailleurs. Il y a, en effet, des indications que des parties substantielles de la population locale désapprouvent le travail important que font ces personnes sur ces sites.

 

 

Le Dr. Manfred Gerstenfeld préside le Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem. Il a publié 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme.

 

Adaptation : Marc Brzustowski

Neve again, yet again, (Jerusalem: Gefen 2009), by Stephen D. Smith.

 

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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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