
ILAN HALIMI, A D.IEU
Par Claude Salomon LAGRANGE
Pour europe-israel,aschkel.info,lessakele
Le 1er février 2006, Ilan Halimi, parce que Juif, a été assassiné par Youssouf Fofana, « cerveau » du « gang des barbares », aidé de ses complices.
Quand il nous faut commenter de tels faits, il est des moments où nous hésitons à recourir à des superlatifs pour traduire la monstruosité de certains individus. Dans ce cas ces vingt-quatre barbares organisés en gang, impliqués à différents degrés dans cet assassinat, l’ont fait pour nous sans vergogne en étant en tout point conforme à leur appellation : le « gang des barbares » !
En effet, le « barbare », » c’est celui qui n’a pas accédé à l’humanité, celui chez qui l’« humanimalité » constitue son état.
Ilan vingt-trois ans au moment où il a été assassiné, après avoir été séquestré pendant trois semaines dans les caves d’une cité HLM de Bagneux, dans les Hauts-de-Seine, avait le visage recouvert, bâillonné et privé de parole.
A la barbarie du traitement qu’ils lui ont infligé, ils n’ont pas osé le regarder devant sa face, dans les yeux. Car le visage et le regard d’Ilan les auraient interpellés sur leur absence d’humanité.
Même cela, par lâcheté, ils n’ont pas eu le courage de l’affronter, allant jusqu’à ne pas le nommer pour s’adresser à lui.
Trois semaines qui durent paraître à Ilan l’éternité, où, désarmé de toute défense, il a subi des humiliations, des mauvais traitements, des tortures sadiques de toutes sortes de la part de ces barbares qui l’ont finalement abandonné au bord d’une voie ferrée, à proximité de la gare de Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l’Essonne, agonisant, nu, encore bâillonné, le corps couvert de brûlures, avant qu’il ne succombe à ses blessures.
C’est ainsi qu’Ilan fut arraché à sa vie, à ses parents et à sa famille, à ses amis.
Lors du premier procès en avril 2009, Y. Fofana, alias Django, alias Mohammed, musulman d’origine ivoirienne, qui avait déjà développé une carrière de délinquant, avait revendiqué être l’organisateur du guet-apens tendu par une jeune femme du gang qui a servi d’appât afin de kidnapper Ilan.
Y. Fofana entretenait également des « sympathies » avec diverses mouvances salafistes et autres officines prétendument « humanitaires » de soutien aux palestiniens dans lesquels il avait dû trouver son inspiration haineuse contre les Juifs.
Malgré tout ces éléments, les pouvoirs publics ont mis du temps à admettre les motivations antisémites de cet enlèvement. Ce n’est qu’après, à l’Assemblée nationale, que le Ministre de l’intérieur de l’époque confirmait non seulement « l’aspect antijuif des actes ignobles des jeunes ‘‘désœuvrés’’ du ‘‘gang des barbares’’, mais également ses liens avec divers mouvements musulmans. »
Car dans les fantasmes de ces monstres inhumains, prévaut la représentation que les juifs sont « blindés » d’argent ! C’est pour cela qu’llan a été visé, parce que Juif, donc supposé avoir de l’argent, afin d’extorquer une rançon de sa famille.,
Il n’y a que les avocats de ces diables qui persistent encore à nier la motivation antijuive de leur forfait, pour vouloir ignorer le comportement fascislamiste de leurs clients, en détention même à ce que l’on sait. ?
Lors du premier procès, Y. Fofana avait été reconnu coupable d’assassinat et d’actes de torture et condamné à la peine maximale assortie d’une période de sûreté de vingt-deux ans.
Ses barbares de complice furent condamnés à des peines allant de six mois avec sursis, à dix-huit ans « ferme », deux accusés furent acquittés.
Mais la famille d’Ilan Halimi, ainsi que des Associations juives trouvèrent ces peines trop clémentes et firent appel pour demander à ce qu’ils soient rejugés. De même, à la demande expresse de la ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, le Parquet général avait décidé de faire appel de certaines de ces condamnations, conduisant à ce nouveau procès.
C’est ce qui servit de prétexte à certains pour alléguer que la justice en France serait entre les mains d’un imaginaire « lobby juif » !
Le lobby antijuifs, encouragé par de complaisants souffleurs de haine « antisionistes », est quant à lui bien réel et conduit aux meurtres de Juifs.
Procès en appel sous haute surveillance
C’était le vendredi 18 décembre. Dans le hall du Tribunal de Créteil, à peine plus d’une centaine de personnes répondait à des appels à se rassembler en solidarité avec la famille d’Ilan.
Sans que cela soit une surprise, furent absentes à ce rassemblement les associations qui ont plutôt vocation à manifester spontanément contre tout ce qui symbolise Israël et les « Juifs-sionistes ».
On ne vit donc pas ni le MRAP, ni la LDH, ni SOS racisme, ni le NPA, ni les Verts, ni le PCF, ni le PS, etc. Leur conception de la défense des Droits de l’homme s’exerce, apparemment, à géométrie variable.
Puis, hormis des hommes comme Gil Taïeb qui est de tous les combats ou Franck Touati qui a été actif dans la mobilisation autour de ce procès, de Guershon Nduwa (FJN) de la « Fraternité Judéo-Noire de France », ou encore des responsables de l’Association « Europe-Israël », on ne vit pas, non plus, de manière fort dommage, les représentants des Institutions juives officielles qui depuis quelque temps ont pris le maquis du conformisme.
C’était donc, m’expliqua goguenard un policier en faction, pour prévenir tout débordement qu’un tel dispositif de sécurité avait été déployé pour la tenue de ce deuxième procès en appel.
Il y avait en effet presque autant de policiers en uniforme et en civil, filmant fébrilement tout ce qui pouvait « s’apparenter » à des soutiens potentiels à la famille Halimi , que de sympathisants.
D’ailleurs, à voir l’importance de ce déploiement de forces réservé à un rassemblement qui ne pouvait être que pacifique, on ne pouvait que se sentir rassuré à l’idée qu’avec une telle détermination des pouvoirs publics, les racailles et les barbares n’avaient désormais qu’à bien se tenir.
Ces gens étaient venus pour manifester leur solidarité, dans le calme et le recueillement, avec la famille d’Ilan. Pas un slogan, pas d’agitation, de la retenue et de la dignité chez toutes ces personnes présentes parmi lesquelles des gens de tout âge, mais surtout des jeunes encadrés par la Ligue de Défense Juive qui, graves et émus, se sentaient concernés par le sort réservé à Ilan par ces barbares. Ilan que certains dans la salle avaient connu comme ami.
Ce n’est qu’au moment de quitter le hall du Tribunal, vers 16 heures, pour allumer des veilleuses à la mémoire d’Ilan devant le Tribunal et réciter le Kaddish (« Prière de Sanctification de la Vie »), juste avant l’entrée du shabbat à la demande de la mère d’Ilan, que l’on entendit un chœur crier : « Justice pour Ilan ! ». Justice, et non vengeance.
« Tout ça pour ça ! », ont réagi de leur côté plusieurs avocats de la défense.
En effet, « tout ça pour ça », pour que la Justice soit rendue !
À ce deuxième procès, les peines ont été aggravées en appel pour sept des dix-sept accusés.
Nour, la jeune femme, qui avait servi à attirer Ilan Halimi dans ce traquenard, mineure au moment des faits, a été condamnée à neuf ans de réclusion, comme en première instance, et par le jeu des remises des peines, elle devrait être libérée dès l’année prochaine.
La plus grande peine, à perpétuité, incompréhensible, est pour la famille d’Ilan Halimi, pour son amie Stéphanie Yin, pour tous ses amis.
Que peut-on retenir de cette tragédie ?
Ce meurtre barbare d’un jeune homme, parce que Juif, ne doit pas avoir de cesse de nous interpeller sur ce qui, en France, a rendu possible un tel acte ; sur le fait que s’est désormais installée une sous-culture de prédation dans des centaines de quartiers qui sont soumis à la loi des gangs, à la loi du silence pour que s’opèrent à huis clos des rapts, des tournantes, des trafics en tous genres.
Des « zones de non-droits » ou des « territoires perdus de la République » où se propage la haine des Juifs, et plus généralement de la culture occidentale, des « mécréants » et des « kouffar ».
Une sous-culture prédatrice qui génère une violence au quotidien trivialisée et qui traduit une « psychopathisation » des comportements sociaux qui (les) autorise à étiqueter, de manière perverse, les victimes comme des coupables qu’il faut persécuter et châtier, et à glorifier les agresseurs comme des « héros » selon leur norme.
Tous ces comportements ne constituent pas une « génération spontanée ».
Ils sont la conséquence d’une criminelle mansuétude, de l’aveuglement et de l’irresponsabilité d’un système de pensée qui se pare des plumes de causes généreuses et d’une catéchèse tenant une phraséologie à connotation progressiste pour engendrer cette culture de l’excuse et de la transgression. Ce relâchement quasi total du code moral s’est installé furtivement depuis une quarantaine d’années. Ces dérives sont le fait de cliques, de groupes, d’associations, de partis idéologiques, de flagorneurs et démagogues en tous genres qui bénéficient des complaisances médiatiques, pour qui cette forme de délinquance est une forme de révolte, une nouvelle forme de « lutte des classes » qu’il faut comprendre, excuser, voire soutenir, ou du moins ne pas condamner.
Mais cet état de fait est aussi rendu possible par la poltronnerie généralisée et l’impéritie des pouvoirs publics, des politiques de gauche et de droite à assumer leurs responsabilités.
C’est aussi de tout cela dont Ilan Halimi a été la victime.
Dire à-D’ieu à Ilan, c’est l’accompagner par la mémoire au-delà de l’être vivant qu’il fut, outre sa mort, jusqu’à D’ieu, ce qui est plus fort encore que la mort.