Voici, en cette Journée mondiale du don d’organes et de la greffe (?),…les soldats dépeceurs!
Prenez un pays développé qui, pour des raisons principalement religieuses de ses citoyens ou de ses autorités religieuses, se retrouve avec un taux de dons d’organes et de porteurs de carte de donneurs parmi les plus bas (9 contre 26 par million en Espagne mais 0.1 auJapon! et un taux de consentement de 40% contre plus de 50% dans la majorité des pays occidentaux) …
Et qui, exclu de ce fait du programme européen de transplantation d’organes, dépend entièrement des dons faits en Israël et par conséquent contraint d’encourager les rares donneurs ou les greffes de ses citoyens à l’étranger, se retrouve (surprise!) “très actif dans letrafic international d’organes” …
Prenez d’autre part un journaliste vétéran du conflit israélo-palestinien déjà parti enquêter au début des années 90 pour un livre sur la lutte des Palestiniens dans les territoires occupés et en ayant rapporté sans l’ombre d’une preuve une rumeur de prélèvement d’organes de cadavres palestiniens de la part de l’Armée israélienne.
Et qui, suite à l’arrestation en juillet dernier d’un rabbin de Brooklyn impliqué dans un trafic d’organes entre Israël et les Etats-Unis, reprend des témoignages, non vérifiés, de familles palestiniennesinterprétant les autopsies de routine de leurs fils décédés suite à des accrochages avec l’Armée israélienne comme des prélèvements d’organes illégaux …
Et vous avez, à la Charles Enderlin, un article fracassant (sans compter un prix à Alger et une future tournée triomphale dans les capitales arabes!), repris par tous les médias du monde et notamment arabes.
Redécouvrant sans même s’en rendre compte les joies toutes simples des accusations médiévales de crimes rituels par ses insinuations que “les soldats israéliens tuaient de jeunes Palestiniens et volaient leurs organes” …Le journaliste suédois David Boström à Alger
Mohand Aziri
El Watan
Journaliste d’investigation, écrivain, photographe, spécialiste du conflit israélo-palestinien auquel il a consacré plus de 30 ans de sa carrière, David Boström était l’invité de la toute nouvelle Fédération nationale des journalistes algériens, un syndicat affilié à l’UGTA. Le 17 août dernier, Aftonblet, un tabloïd populaire suédois proche du parti social démocrate, a publié un article signé par le journaliste qui a fait état, pour la première fois, d’un trafic d’organes humains auquel s’adonnait Tsahal, l’armée israélienne. L’article osé et au vitriol intitulé « Les organes de nos fils pillés – Des Palestiniens accusent l’armée israélienne de voler des organes à ses victimes », fait vite sensation. Il ne manque pas de déclencher une vague d’indignation à travers le monde et sonne le glas des relations diplomatiques entre la Suède et Israël. Et pour cause ! Reprenant des témoignages de Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Ghaza, le journaliste suédois raconte comment l’armée israélienne, après avoir assassiné des Palestiniens, récupérait les corps, volait les organes internes puis remettait les dépouilles aux familles.
Les organes en question étaient soit transplantés sur des patients israéliens, soit destinés à la vente, à travers un réseau de trafic international, notamment aux USA. Procédant par recoupements, Boström lie les révélations des familles des victimes palestiniennes au démantèlement d’un vaste cartel dans le New Jersey. Une quarantaine d’individus, des élus et des religieux liés au parti israélien Shas, ont été arrêtés, soupçonnés d’avoir participé à un blanchiment d’argent lié à une revente de reins en provenance d’Israël. Le réseau était dirigé par un rabbin orthodoxe de Brooklyn, Lévy Izhak Rosenbaum. Ce trafic, a souligné hier le journaliste lors de la brève conférence de presse animée au Centre international de presse d’Alger, existe déjà depuis les années soixante mais ne prendra de l’ampleur qu’après le déclenchement de l’Intifada. « Nous n’avons pas de chiffres exacts du nombre des victimes, mais nous les estimons à plus de 1000, et pas seulement parmi les populations musulmanes », a-t-il déclaré. Des preuves ? « Bien sûr qu’elles existent », a-t-il affirmé. Les révélations du journaliste – auquel la FNJA décernera aujourd’hui un prix spécial – ont été rejetées avec véhémence par les officiels israéliens, qui invoquent « des autopsies de routine » en guise d’argument de défense. Le journaliste est accusé de tous les maux, entre autres d’antisémitisme, et surtout de recycler le mythe ancien « des juifs tueurs d’enfants » dont le sang est récupéré en vue de fabriquer le pain azyme pour la fête de Pâques. Yigal Palmor, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, qualifiait l’article de raciste : « Ce papier est tellement ouvertement raciste et propice à déclencher des crimes racistes que nous pensons que les autorités doivent s’occuper de cette affaire. » Pour l’ambassade de Suède à Tel-Aviv, l’article est « choquant et exécrable ».