Juifs d’Europe, il est temps de se réveiller
Par ISI LEIBLER
Jerusalem Post 14/11/2012
http://www.jpost.com/Opinion/Columnists/Article.aspx?id=291890
Adaptation française de Sentinelle 5773 ©
Le temps est venu pour les Juifs de faire le point et d’envisager l’aliya en réponse à la haine croissante qui menace de les engloutir.
Le temps est venu pour les Juifs et sortir la tête du sable, de faire face à la réalité et de se demander honnêtement s’il peut exister des perspectives sensées pour leurs enfants en restant des Juifs fiers d’eux-mêmes dans des sociétés qui en sont revenues à les traiter comme des parias.
Il y a moins de 70 ans, le sol de l’Europe était détrempé de sang juif. Orchestré par l’Allemagne, considérée comme le pays le plus cultivé d’Europe, six millions de Juifs ont été brutalement assassinés lors d’une campagne méticuleusement programmée. La grande majorité des Allemands et des citoyens des territoires occupés par les nazis ont soit collaboré, soit fermé les yeux alors que des millions de leurs voisins juifs étaient déportés et systématiquement exterminés.
Après cette ère terrible, l’appel a surgi : « Plus Jamais ça ». Pourtant, quelques décennies plus tard, les vents mauvais de l’antisémitisme viscéral font de nouveau rage à travers l’Europe avec, en plus, un Etat juif qui tient le rôle de substitut à la diabolisation habituelle des individus juifs. Pour beaucoup de Juifs, cela a aujourd’hui un impact direct sur la qualité fondamentale de leur vie quotidienne.
La grande source de préoccupation est le degré d’extension à laquelle les Européens de souche ont repris l’hostilité et les préjugés profondément incrustés dans leur religion et leur culture, que beaucoup pensaient par erreur avoir éliminé de façon permanente après les horreurs de l’Holocauste.
De plus, dans la majorité des pays européens, les immigrants musulmans, en nombre croissant, assument un rôle de plus en plus puissant dans la société et la politique. Ils ont importé des concepts abominables provenant de leurs anciennes sociétés et culture antisémites, imitant et même dépassant l’obscénité de la propagande nazie. Cela est démontré par l’exemple de portraits de Juifs tuant des enfants musulmans pour recueillir leur sang et cuire des matzot, ou de mollahs appelant les fidèles à tuer les descendants juifs des singes et des porcs. Sans surprise, les immigrants musulmans sont impliqués de façon disproportionnée dans la montée de la violence physique dirigée contre les Juifs.
Les sondages d’opinion en Europe expriment une version contemporaine de cette approche quand ils considèrent explicitement Israël comme la plus grande menace à la paix et à la stabilité mondiales – dépassant la Corée du Nord, l’Iran ou la Syrie. De quoi s’agit-il si ce n’est une interprétation du 21èmesiècle de la haine médiévale dans laquelle les Juifs étaient perçus comme les représentants de Satan sur la terre et blâmés
pour les désastres naturels, comme les tremblements de terre, la peste et les puits empoisonnés ?
La version des européens de souche est bien plus sophistiqué. Elle prend pour cible l’Etat nation des Juifs, diffamant l’armée d’Israël – la force militaire armée la plus humaine dans le monde – l’accusant de crimes de guerre, de tuer délibérément des enfants, et même de se comporter comme des nazis. L’inversion de l’Holocauste a désormais pénétré le courant de pensée dominant et est devenue un véhicule essentiel de promotion de la haine des Juifs et de diversion de la culpabilité européenne dans l’Holocauste, en accusant de façon obscène ses survivants de se livrer à des activités génocidaires similaires.
Les attaques antisémites affectent tous les Juifs de diaspora, sauf ceux qui cachent leur identité juive ou qui caressent dans le sens du poil les ennemis d’Israël en collaborant. La concentration du venin dirigé contre l’Etat juif est particulièrement grotesque quand on prend en considération le fait qu’Israël est le seul Etat démocratique dans une région où le fondamentalisme musulman règne en maître, imposant des pratiques barbares, déniant les droits de l’homme élémentaires et la liberté de prier et se complaisant sans vergogne dans la violence et le meurtre de minorités et la persécution sanctionnée par l’Etat. Alors que les Etats arabes comme la Syrie font une boucherie de masse et au grand jour, de leurs citoyens, l’éclairage demeure centré dans la condamnation d’Israël dans ses efforts pour se défendre contre des voisins cherchant sa destruction.
Il n’est pas exagéré de décrire la situation comme pire que dans les années 1920. A l’époque, les Juifs pouvaient au moins se fier aux libéraux des fractions de la Gauche pour les soutenir contre les nazis. Hélas, aujourd’hui, ces groupes mènent aujourd’hui fréquemment la diffusion du package antisémite.
Il suffit d’observer les media européens et les reprises de communiqués adoptant le ton des attaques antisémites pour mesurer combien les niveaux de la paranoïa antisémite ont maintenant un impact direct sur la qualité fondamentale de la vie quotidienne des Juifs d’Europe.
Dans la société « policée » et parmi la soi-disant intelligentsia éclairée, cela est rationalisé comme un post-modernisme associé à une extraordinaire culpabilité au sujet du passé colonial de l’Europe. Ces concepts ont occupé un rôle crucial dans le mode de pensée européen et sont fréquemment employés comme motif de diabolisation d’Israël, assimilé à une implantation coloniale.
Ce qui est particulièrement choquant, c’est l’extraordinaire croissance de l’antisémitisme populaire au sein de la Gauche et de la Droite, même en Allemagne, pays qui à l’évidence doit garder ses distances par rapport à tout vestige d’antisémitisme.
Le coup d’éclat extraordinairement brutal de Günther Grass contre Israël s’est gagné une immense vague de soutien populaire.
Le gouvernement allemand a tenté de résister à ces poussées, mais si l’on remarque que le Musée juif financé par leur Etat a invité comme hôte une femme qui justifie le Hezbollah et le Hamas et promeut la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), l’impact des courants antijuifs radicaux sur les institutions n’est que trop évident.
Les Juifs européens aujourd’hui ne sont pas seulement confrontés à des media antijuifs hostiles. Ils font face à une violence croissante et même à des assassinats. Le massacre à Toulouse en France, au lieu d’agir comme un appel au réveil, a généré une plus grande violence contre les Juifs et conduit à la mise en évidence de cellules terroristes se préparant à tuer des Juifs. Il y a des manifestations anti-israéliennes en cours avec des signes et des chants « Gazez les Juifs », non seulement en France mais aussi en Grande Bretagne, en Suède, en Hongrie, en Allemagne et à travers la plus grande partie de l’Europe.
Ce n’est pas seulement que de jeunes enfants juifs rencontrent de plus en plus l’antisémitisme dans les écoles et que les Juifs deviennent progressivement considérés comme des parias détestables.
Aujourd’hui, dans de nombreux pays européens, il existe même un agitation croissante pour interdire la circoncision et la sch’ita – l’abattage rituel juif. Dans certaines zones, les Juifs se sentent même obligés de retirer leur kippa pour éviter d’être attaqués dans la rue.
Le critère le plus effrayant de l’antisémitisme florissant en Europe est qu’il n’émane pas des gouvernements ni des dirigeants mais qu’il a infecté les masses et il est donc probable qu’il s’intensifie.
Ces développements affreux représentent certainement des signaux clairs que les Juifs ne sont plus les bienvenus. Comment est-il possible d’éduquer des enfants à maintenir fièrement leur identité juive dans un tel climat ? Des Juifs ont la faiblesse de nier la réalité et la toxicité de l’antisémitisme jusqu’à ce qu’il atteigne des niveaux insupportables.
Mais aujourd’hui le temps est venu pour les Juifs de faire le point et d’envisager l’aliya en réponse à la haine croissante qui menace de les engloutir.
A l’opposé de leurs prédécesseurs dans les années 1930 qui se voyaient refuser des visas d’entrée et n’avaient nul lieu où fuir, aujourd’hui, Israël avec sa Loi du Retour apporte un havre et accueille les immigrants juifs – jeunes ou vieux. De façon compréhensible, beaucoup peuvent trouver économiquement prohibitif de faire leur aliya, mais ils peuvent au moins s’assurer que leurs enfants ne restent pas pris au piège dans des sociétés qui les considèrent avec mépris.
Des Juifs engagés, vivant dans un Etat juif, ne trouveront pas seulement un refuge. Ils découvriront aussi qu’il améliorera leur qualité de vie et assurera que leurs enfants grandissent pour être des Juifs fiers, capables d’intégrer au mieux leur patrimoine culturel et religieux.
Site Internet de l’auteur : www.wordfromjerusalem.com.
Mail : ileibler@leibler.com.