La seconde division du monde
Après le 8 mai 1945, le National-socialisme fut pratiquement banni à travers le monde. Dans le monde arabe, cependant, l’idéologie nazie continua de se propager. Dans son rapport sur le procès en 1961 d’Adolf Eichmann, Hannah Arendt discuta les réactions au procès dans les media arabes :
« … Des journaux à Damas et Beyrouth, au Caire et en Jordanie ne cachaient pas leur sympathie pour Eichmann ou leur regret qu’il “n’ait pas fini le boulot” ; Une émission au Caire le jour de l’ouverture du procès apporta même une note légèrement anti-germanique dans ses commentaires, se plaignant qu’il n’y ait pas ‘le moindre incident dans lequel un avion allemand ait survolé une installation juive pour y lancer une bombe pendant toute la dernière guerre ». [15]
Le vœu profond de voir tous les Juifs éliminés fut aussi exprimé en avril 2001 par l’éditorialiste Ahmad Ragab dans le second plus grand quotidien égyptien, Al-Akhbar, contrôlé par l’Etat : « remerciez Hitler. Il a pris une revanche en avance sur les Israéliens, au nom des Palestiniens. Notre seule complainte contre lui était que sa revanche ne fût pas assez complète ». [16]
Manifestement, après le 8 mai 1945, il survint une division en deux du monde. La division du système économique et politique est bien connue sous le nom de « Guerre Froide ». La seconde division – qui fut masquée par la Guerre Froide – concernait l’acceptation et la poursuite de l’influence des modes de pensée national-socialiste.
En Novembre 1945, tout juste six mois après la fin du 3ème Reich, les « Frères Musulmans » réalisèrent les pires pogromes antijuifs de l’histoire de l’Egypte, quand des manifestants pénétrèrent dans les quartiers juifs du Caire lors de l’anniversaire de la Déclaration Balfour. Ils mirent à sac les maisons et les boutiques, attaquèrent des non musulmans, et mirent le feu aux synagogues. Six personnes furent tuées, et plusieurs centaines blessées. Quelques semaines plus tard, les journaux ‘islamistes’ se tournèrent vers une attaque frontale contre les Juifs égyptiens, les insultant comme sionistes, communistes, capitalistes et suceurs de sang, comme proxénètes et marchands d’armes, ou en général, comme éléments subversifs dans tous les Etats ou sociétés », comme Gudrun Krämer l’écrivit dans son étude « les Juifs en Egypte 1914 – 1952 ».
En 1946, les « Frères Musulmans » s’assurèrent que Amin al-Husseini, l’ancien grand mufti se voyait accorder l’asile politique et un nouveau bail dans la vie politique en Egypte. A cette époque, al-Husseini était recherché pour des charges de crimes de guerre par, entre autres, la Grande Bretagne et les Etats-Unis. Entre 1941 et 1945, il avait dirigé les divisions musulmanes SS dans les Balkans, et avait été personnellement responsable du fait que des milliers d’enfants juifs, qui auraient pu autrement être sauvés, furent envoyés à la mort dans les chambres à gaz. Tout cela était connu en 1946. Cependant, la Grande Bretagne et les Etats-Unis choisirent de renoncer à une poursuite criminelle d’al-Husseini de façon à éviter de gâter leurs relations avec le monde arabe. La France, qui détenait al-Husseini, le laissa délibérément s’échapper.
Les années de propagande nazie en arabe avaient fait du mufti la personnalité politique de loin la plus connue dans le monde arabe et islamique. Mais en 1946, l’amnistie de facto par les puissances occidentales augmenta encore le prestige du mufti. Les Arabes voyaient dans cette impunité, écrivit Simon Wiesenthal en 1946, « non seulement une faiblesse des Européens, mais aussi une absolution pour les évènements passés et futurs. Un homme qui est l’ennemi n°1 d’un empire puissant – et cet empire ne peut pas l’écarter – apparaît aux Arabes comme un chef convenable ». [17] Désormais, le passé pro-nazi commença de devenir une source de fierté, non pas une honte, et les criminels nazis sur la liste des recherchés en Europe affluèrent dans le monde arabe. Quand le 10 juin 1946 les titres de la presse mondiale annoncèrent la « fuite du mufti de France »… les quartiers arabes de Jérusalem et toutes les villes et villages arabes furent couverts de guirlandes et de drapeaux, et le portrait du grand homme pouvait être vu partout », rapporta un observateur contemporain. [18] Mais les plus grands partisans du mufti furent les « Frères Musulmans », qui à cette époque pouvaient mobiliser un million personnes en Egypte seulement. [19] Ce furent eux, en effet, qui avaient organisé le retour du mufti, et avaient défendu ses activités nazies contre toute critique.
Dans les décennies suivantes, de grands tirages des écrits diffamatoires les plus infâmes sur les Juifs, « les Protocoles des Sages de Sion », furent publiés sur l’ordre de deux anciens membres très connus des « Frères Musulmans », Gamal Abdel Nasser et Anouar Sadat. Aussi bien la solidarité inconditionnelle des « Frères Musulmans » avec al-Husseini, et leurs émeutes antijuives quelques mois après Auschwitz montrent que les « Frères Musulmans » ne firent aucune objection, c’est le moins qu’on puisse dire, à la tentative d’Hitler d’exterminer les Juifs d’Europe.
Les conséquences de cette attitude, cette cécité à l’impact international de l’Holocauste, continue d’affecter le cours du conflit entre Arabes et Juifs aujourd’hui. Nous en voyons une expression à travers le refus permanent de « Conseil Musulman de Grande Bretagne », une branche britannique des « Frères Musulmans » de reconnaître la nature spécifique de l’Holocauste et d’assister aux évènements de « Holocaust Memorial Day » [jour de Commémoration de l’Holocauste] [20] Comment les islamistes expliquent-ils le soutien international à Israël en 1947 ? Ignorant le destin réel des Juifs pendant la seconde Guerre Mondiale, ils se tournent vers des théories de la conspiration, considérant la création de l’Etat juif comme une attaque inspirée par les Juifs, par les Etats Unis et l’Union soviétique sur le monde arabe. De même, les « Frères Musulmans considèrent toute l’intervention des Nations Unies comme un complot international mené par les Américains, les Russes et les Britanniques, sous l’influence du sionisme ». La notion folle d’une conspiration juive mondiale, supprimée en Allemagne depuis le 8 mai 1945, a survécu et prospéré dans la culture politique du monde arabe.
Un exemple particulièrement frappant est la Charte adoptée en 1988 par les “Frères Musulmans” en Palestine, mieux connus sous le nom de Hamas. Dans cette Charte – qui semble avoir été copiée dans les feuillets de « Der Stürmer » [journal antisémite allemand paraissant avant et pendant la 2ème Guerre mondiale, Ndt] ; comme Sari Nusseibeh, ancien représentant de l’OLP à Jérusalem l’a écrit – le Hamas se définit lui-même comme le « fer de lance et l’avant-garde de la lutte contre le sionisme mondial ».
Dans la Charte, les Juifs sont accusés d’être derrière tous les chocs de la modernité : « ils tentent de saper les sociétés, de détruire les valeurs, de corrompre les consciences, de détériorer l’identité et d’annihiler l’Islam. Ils se trouvent derrière le commerce de la drogue et l’alcoolisme sous toutes ses formes, pour faciliter son contrôle et son expansion ». De plus ils sont tenus pour responsables de toute catastrophe majeure dans l’histoire moderne : les Juifs étaient derrière le Révolution française et la Révolution communiste… Ils étaient derrière la Première Guerre Mondiale… Ils furent derrière la Seconde Guerre Mondiale, grâce à laquelle ils firent d’énormes profits financiers dans le commerce des armements, et ouvrirent la voie à l’établissement de leur Etat…
Il n’y a aucune guerre en cours nulle part où ils n’aient leur part de responsabilité… « Leur plan, déclare l’article 32 de la Charte, est incarné dans le ‘Protocole des Sages de Sion’, et leur conduite actuelle est la meilleure preuve de ce que nous disons”. Comment se peut-il que d’ardents partisans du Hamas comme Azzam Tamini, qui est un invité régulier sur la BBC et Channel 4, ne soit jamais sérieusement mis en question sur le contenu antisémite de la Charte ?
Comme dans les années 1930 et 1940, la pure absurdité de telles proclamations rend difficile, pour des gens éduqués, de croire que quelqu’un puisse les prendre au sérieux. De telles proclamations, cependant, ont provoqué des pogromes en Russie, ont été utilisées comme le manuel de l’Holocauste en Allemagne, et ont motivé les perpétrateurs du 11 septembre 2001. L’antisémitisme islamique est la raison pour laquelle le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah a récemment prévenu l’Arabie saoudite et d’autres pays arabes « de ne pas normaliser les relations avec Israël ». L’antisémitisme islamique est la seule raison pour laquelle l’Iran – un pays qui n’a ni conflit territorial avec Israël, ni un problème de réfugiés palestiniens – appelle à la destruction d’Israël encore et encore.
Certains observateurs proclament que des concessions politiques d’Israël seraient suffisantes pour arrêter la haine antijuive au sein du monde arabo-islamique. Ils ont tort. Pour les islamistes, la question en jeu n’est pas le bien-être individuel des Palestiniens mais l’abolition des ‘Lumières’, de la raison, et de la liberté individuelle – réalisations dont l’extension est attribuée d’abord aux Juifs. Quand même aujourd’hui des Allemands à Beyrouth, Damas, et Amman sont couverts de compliments pour Adolf Hitler, cela peut difficilement être du fait d’Israël. Quand des graffiti dans la banlieue Hampstead Garden associent des swastikas avec les mots « Tuez tous les Juifs » et « Allah » - qu’est que cela a à voir avec le sionisme, au nom du ciel ? Notre incursion historique a, cependant, révélé que cette association n’est en aucune façon accidentelle.. Le lien entre « Tuez tous les Juifs », « Allah » et la swastika indique une idéologie spécifique, l’une de celle reliée aussi bien historiquement et idéologiquement avec le nazisme, et elle doit être combattue avec une détermination égale.
L’islamisme et la Gauche politique
Pourquoi cependant – s’avère-t-il si difficile de réaliser un tel effort – particulièrement, mais pas seulement, ici en Grande Bretagne ? Trois suggestions sur le pourquoi de ce fait : d’abord, cette lutte – au moins à l’heure qu’il est – doit être menée en opposition avec une Gauche politique qui a totalement perdu sa boussole morale et ses repères politiques. Il est vrai que Oussama ben Laden a ancré son objectif stratégique de « talibaniser » l’Amérique et le monde dans un langage qui cherche à se lier avec les mouvements de protestation occidentaux et, au-delà de cela, de mettre l’islam à la place de l’ancien système communiste. Ainsi, dans le dernier message de ben Laden le 11 septembre 2007, le combat contre le réchauffement global est souligné de façon à s’attirer le soutien des écologistes, le tambour anticapitaliste est battu (« vous devriez vous libérer de la tromperie, des chaînes et de l’usure du système capitaliste ») et enfin, Noam Chomsky, le gourou de la lutte anti-mondialisation gauchiste, est applaudi.
D’un autre côté, Oussama ben Laden et toute autre entité islamiste comme le Hamas, le Hezbollah et le régime iranien n’ont pas caché leur objectif – la destruction des sociétés démocratiques et leur remplacement par une dictature fondée sur la sharia. Le mode vie américain constitue, selon le dernier message de ben Laden « la plus grande forme de polythéisme et c’est une rébellion contre l’obéissance à Allah ». Elle doit être remplacée par la loi d’Allah : « une totale obéissance doit exister aux ordres et prohibitions d’Allah l’unique, dans tous les aspects de la vie ». [21] Et cela est en effet le cœur du programme islamiste : l’accusation d’hérésie que d’accorder aux personnes la liberté personnelle et politique.
La naïveté ou la malignité selon laquelle la Gauche politique a cependant cédé au chant des sirènes de l’islamisme sont donc effrayantes. Ainsi, en mai 2006, Noam Chomsky a rencontré le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et a défendu et félicité l’insistance du Hezbollah à conserver ses armes :, en opposition aux décisions des Nations Unies ; [22] Ramadan, un islamiste éloquent, a reçu un traitement de star aux réunions anti-mondialisation européennes ; le prêcheur des « Frères Musulmans » à la Télé musulmane, sheikh Qaradawi, reçoit des invitations du maire rouge de Londres, Ken Livingstone ; alors que le « Socialist Workers Party » a pris la décision stratégique de s’allier avec une branche britannique des « Frères Musulmans » - l’Association Musulmane de Grande Bretagne – pour construire la coalition « Stop the war ». L’été dernier, des milliers de gens furent mobilisés par cette alliance pour marcher à travers le centre de Londres en chantant « Nous sommes tous du Hezbollah désormais ». [23]
Bien sûr, une gauche qui qualifie Israël abstraitement de « mal » ne va pas prendre l’antisémitisme islamiste au sérieux. Diaboliser Israël implique de devenir sourd à l’antisémitisme. Ou, comme Sigmund Freud le formula : « celui qui a une illusion ne la reconnaîtra bien sûr pas comme telle ».
2. beaucoup d’Européens considèrent que attirer l’attention sur l’antisémitisme islamique, c’est jouer le jeu des racistes. En Grande Bretagne, le multiculturalisme est devenu la religion civique officielle depuis si longtemps que toute critique de tout groupe minoritaire semble être devenue l’équivalent d’une profanation. Evidemment, le racisme, la discrimination contre des gens du fait de leur origine ou de leur couleur de peau, doit être combattu. Vous ne pouvez pas être, cependant multiculturel et prêcher la répugnance meurtrière contre les Juifs. [24] Selon moi, nous ne devons pas défendre la haine antijuive sur des fondements « antiracistes » fallacieux ; nous devons plutôt distinguer entre les antisémites et les non antisémites au sein des communautés musulmanes. Nous ne devons pas défendre une brutale dichotomie du haut et du bas, dans laquelle l’antisémitisme de gens des pays arabes serait excusé comme une sorte « d’anti-impérialisme des imbéciles » [25] Nous devons plutôt insister sur la lutte contre la discrimination comme universelle.
3. L’antisémitisme islamique est un tabou même dans certains secteurs de l’université : une histoire de trahison intellectuelle et l’influence corruptrice d’un engagement politique. Le Professeur Pieter von der Horst de l’université d’Utrecht aux Pays Bas l’a découvert quand il proposa de donner une conférence sur le thème du pamphlet antijuif. Le directeur de l’Université lui demanda de couper la partie de sa conférence traitant de l’antisémitisme islamique. Quand il refusa de le faire, il fut invité à paraître devant un groupe de quatre professeurs qui insistèrent pour qu’il retire ces passages. Une conférence sur l’antisémitisme islamique, selon leur argumentation, pouvait conduire à des réactions violentes des groupes d’étudiants musulmans bien organisés.
Des choses semblables me sont arrivées. Quand en avril 2003, je fus invité par l’université Yale comme intervenant principal sur le thème « terrorisme islamiste et antisémitisme : la mission contre la modernité », il y eut n tel débordement de protestations que les organisateurs modifièrent le programme. Le titre original de l’un des groupes – « jihad islamique : un exemple de terrorisme mondial non étatique » - fut changé en « Terrorisme mondial, non étatique ». De plus un intervenant fut ajouté au podium, dont la seule qualification était d’être le président local de « la coalition pour le droit au retour en Palestine ». Au moins, je fus autorisé à faire mon intervention. Mais il n’en fut pas ainsi en mars 2007 dans cette université [de Leeds, Ndt] Ici aussi, le terme « antisémitisme islamique » contrecarrait ce qui aurait dû être un débat vivant déjà en mars. Suite à des protestations par mails de certains étudiants musulmans, ma conférence intitulée « l’héritage d’Hitler : l’antisémitisme islamique au Moyen-Orient » fut modifié en « L’héritage nazi : exportation de l’antisémitisme au Moyen-Orient ». Cela s’avéra être une modification sémantique mineure : le jour de mon arrivée à Leeds, l’administration de l’université annula mon intervention « pour des raisons de sécurité ». Personne, y compris les étudiants musulmans, n’avait menacé de violence. Comme auparavant à Utrecht, la liberté d’expression était suspendue – selon moi – par un acte d’autocensure préventive. [26] Les administrations des deux universités ont probablement cru qu’elles répondraient aux vœux de leurs nombreux étudiants musulmans en suspendant une conférence sur l’antisémitisme islamique.
La fausseté de cette approche s’éclaire si nous réalisons que des Musulmans critiquent aussi l’antisémitisme islamique. « Pourquoi haïssons-nous les Juifs ? » demanda l’éditorialiste saoudien Hussein Shubakshi dans un quotidien en arabe publié à Londres en mai 23005. « L’étendue de l’immense haine des Juifs est déroutante. Si nous savions… la vraie raison de pourquoi les Juifs sont devenus l’origine de toute catastrophe, alors nous serions capables de comprendre l’idée de diviser les êtres humains en groupes… »
En Janvier 2006, le philosophe Mezri Haddad s’est plaint que l’opinion publique arabe ait trouvé dans l’antisémitisme le catalyseur parfait de toutes ses blessures narcissiques, et des ses frustrations sociales, économiques, et politiques. Les fondamentalistes, ajoutait-il, ont « réduit le Coran à un procès d’antisémitisme nauséabond », mais il faut admettre, « que quelques versets coraniques, isolés intentionnellement de leur contexte historique, ont contribué encore plus à ancrer les stéréotypes antisémites dans les mentalités arabo-musulmanes ». Cette « pétrification » de la mentalité arabo-musulmane peut être inversée, selon Haddad, mais cela nécessiterait « de l’audace intellectuelle » de la part des érudits islamiques. Puisqu’ils ne peuvent pas purger le Coran de son rebut potentiellement antisémite, ils doivent examiner de près ce corpus à travers un raisonnement herméneutique ». [27]
Aussi, alors que certains Musulmans soutiennent le combat universel contre l’antisémitisme, d’autres Musulmans veulent empêcher toute mention, sans parler de toute discussion publique, de l’antisémitisme islamique. C’est ce dernier groupe qui a profité – au moins au début – des actions dans les universités d’Utrecht et de Leeds.
L’historien britannique Elie Kedourie que j’admire beaucoup a déclaré que « l’intégrité morale et la rigueur universitaire sont toujours complémentaires » [28] et je souscris à ce point de vue. Aujourd’hui, un nombre croissant de Musulmans anti-islamistes se plaint du comportement « bien-disant » des universitaires occidents, qui manque d’intégrité morale et de rigueur universitaire. « Quand des Occidentaux donnent des excuses politiquement correctes à l’islamisme », déclare par exemple Tawfik Hamid, un ancien membre de l’organisation islamiste égyptienne Gama’a al-Islamiyya, « cela met vraiment en danger la vie des réformateurs, et dans beaucoup de cas, cela a pour effet d’éteindre leur voix ». Et il prévient que « si l’on ne se confronte aux racines idéologiques de l’islamisme, il sera impossible de le combattre » [29] - - réalité que les gouvernements ne sont pas seuls à devoir garder en tête.
L’islamisme n’est pas motivé par un concept de raison mais par le culte de la mort. Il ne lutte pas pour l’émancipation mais pour l’oppression. Il utilise le drapeau de l’anticolonialisme pour promouvoir l’antisémitisme. Il est vrai qu’aujourd’hui il n’y a pas d’autre mouvement anticapitaliste ou anti-occidental capable de mobiliser et d’influencer tant de gens. Le dernier message de ben Laden se fonde sur cette réalité. Mais c’est pour cette raison même, absolument essentielle pour toute personne responsable, qu’il faut tirer une ligne infranchissable entre un concept de changement enraciné dans les traditions des ‘Lumières’ et de l’émancipation, et un concept de changement qui a pour but une voie fasciste de destruction de nos sociétés et de la liberté individuelle. Vous pouvez être favorable ou opposé à l’islamisme et au fascisme, mais vous ne pouvez pas être antifasciste et pro-islamiste en même temps.
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[1] Report of the All-Party Parliamentary Inquiry into Antisemitim: Government Response, 29th March 2007, p. 12
[2] Joanna Bale and Anthony Browne, Attacks on Jews soar since Lebanon, in: The Times (London), September 2, 2006
[3] Melanie Phillip’s Diary, On February 3, 2007. She is referring here to the The Times of February 7, 2006. See also the Report of the All-Party Parliamentary Inquiry into Antisemitism, September 2006, p. 30.
[4] Robert Wistrich, Facing the “New” Antisemitism, Keynote address at the Conference of the Global Forum against Antisemitism in Jerusalem on 12 February 2007.
[5] New Al-Jazeera Videos: London Suicide Bomber Before ,Entering Gardens of Paradise’ in: MEMRI Special Dispatch Series, No. 979, September 3, 2005.
[6] MEMRI, Special Dispatch Series No. 1201, July 11, 2006.
[7] David Gelernter, Beyond Barbarism in the Middle East, Jewish World Review, 19 March 2002.
[8] Abd Al-Fattah Muhammad El-Awaisi, The Muslim Brothers and the Palesatine Question 1928-1947, London 1998, p. 118.
[9] Richard P. Mitchell, The Society of the Muslim Brothers, London 1969, p. 203.
[10] El-Awaisi, op. cit., p. 98.
[11] Brynjar Lia, The Society of the Muslim Brothers in Egypt, Reading (Ithaca Press 1998), p. 179.
[12] Seth Arsenian, ‘Wartime Propaganda in the Middle East’, The Middle East Journal, October 1948, Vol. II, no. 4, p. 421; Robert Melka, East The Axis and the Arab Middle 1930-1945 (University of Minnesota, 1966), pp 47ff; Heinz Tillmann, Deutschlands Araberpolitik im Zweiten Weltkrieg (East Berlin, 1965), pp. 83ff. (German)
[13] Report of the All-Party Parliamentary Inquiry, op. cit., p. 28.
[14] Communication of the German Consulate in Teheran to the Auswärtige Amt on 2 February 1941; cited in Klaus-Michael Mallmann und Martin Cüppers, Halbmond und Hakenkreuz. Das Dritte Reich, die Araber und Palästina, Darmstadt (Wissenschaftliche Buchgesellschaft) 2006, p. 42. (German)
[15] Hannah Arendt, Eichmann in Jerusalem (Middlesex: Penguin, 1965), p. 13.
[16] Al-Akhbar, 20 April 2001. Ragab reiterated this thoughts in the editions of 25 April 2001 and 27 May 2001. See Anti-Defamation League, Holocaust Denial in the Middle East: The Latest Anti-Israel, Anti-Semitic Propaganda Theme, (New York, 2001), p. 2 (http://www.adl.org/holocaust/Denial_ME/hdme_genocide_denial.asp#1).
[17] Simon Wiesenthal, Großmufti – Großagent der Achse, Salzburg (Ried-Verlag) 1947, p.2. (German)
[18] Daphne Trevor, Under the White Paper (Jerusalem, 1948), pp. 206ff.
[19] Mitchell, op. cit, p. 328.
[20] Daniella Peled, As British remember the Holocaust, Muslim group blasts commemoration, in: JTA, January 25, 2005.
[21] See: http://www.nydailynews.com/news/wn_report/2007/09/12/2007-09-12_translation_of_osama_bin_laden_video-1.html
[22] ‘US Linguist Noam Chomsky Meets With Hizbullah Leaders in Lebanon’, MEMRI, Special Dispatch Series, No. 1165, May 16, 2006.
[23] Udo Wolter, Rote Fatwa, in: Jungle World, 4. August 2004. Philip Spencer, The Left and Anti-Semitism today, in: Engage online journal Issue 5, September 2007.
[24] Christopher Hitchens, Londonistan Calling, in: Vanity Fair, June 2007.
[25] A century ago, August Bebel, the German Social Democratic leader, characterized antisemitism – because of its apparently antihegemonic character – as the “socialism of fools”.
[26] Matthias Küntzel, ‘Is there no longer room for debate?,’ The Times Higher Education Supplement, March 23, 2007.
[27] On the Saudi columnist in Al-Sharq Al-Awsat, see ‘We Must Discuss Why We Hate The Jews’, MEMRI, Special Dispatch No. 913, 27 May 2005. On Haddad: ‘Tunisian Philosopher Mezri Haddad: Islamists have reduced the Koran to a Nauseating Antisemitic Lampoon’, MEMRI, Special Dispatch Series No. 1362, 21 November 2006.
[28] Alain Silvera, Elie Kedourie, politique et moraliste, in: Sylvia Kedourie, ed. Elie Kedourie 1926-1992. History, Philosophy, Politics, London: Frank Cass, 1998, p. 101.
[29] Tawfik Hamid, ‘The Trouble With Islam’ Wall Street Journal, 3 April 2007.