Quelques révélations sur la Turquie d'aujourd'hui,
Par
Thérèse ZRIHEN-DVIR
De source bien informée, il apparaît que la raison pour laquelle l'armée israélienne n'a pas été, préalablement, alertée et préparée à un éventuel guet-apens sur le bateau Marmara, découle directement des échanges diplomatiques menés entre le président turc Erdogan et les services de sécurité israéliens. Erdogan avait délibérément certifié à ces derniers que la flottille transportait uniquement des activistes pour la paix et qu'aucune violence n'était à redouter.
Ces échanges s’étaient tenus dans le cadre des efforts politiques, précédant le départ de la flottille. Un protocole établit les preuves de ces pourparlers. Rien d'étonnant à ce que le renseignement israélien n'ait pas envisagé l'éventualité que le commando des forces navales israélien soit confronté à une résistance autre que symbolique à bord des 5 navires + 1 (celui où était concentrée la cinquantaine de mercenaires).
A la grande stupéfaction de tous les échelons politiques israéliens, Erdogan s'est révélé être un fieffé menteur. La gifle retentissante qu'Israël a essuyée dépasse de très loin tous les principes et ententes concevables entre des pays amis. Leur violation est patente.
Elle confirme, en outre, qu'Erdogan a foncièrement réussi à annihiler de facto l'influence de l'armée turque en tant que protectrice de la démocratie laïque et que les variables précédentes sur lesquelles Israël basait sa coopération avec la Turquie, en dépit de la montée au pouvoir d'Erdogan, n'existent plus.
Dans les couloirs diplomatiques, cette information et ses conséquences circulent à plusieurs niveaux. C'est aussi pour une ultime tentative d'apaiser les esprits que le Ministre des affaires étrangères turc s'est rendu hier aux USA.
L'implication directe d'Erdogan dans la préparation et l'envoi de la flottille de la terreur en Israël, considérée comme une violation des principes élémentaires, pose un sérieux problème aux services secrets américains : ils se voient contraints de réévaluer leur confiance dans l'armée et les services de sécurité turcs et de se restructurer en conséquence.
Les services secrets américains ont aussi été stupéfaits par la découverte de l'identité d'une partie des passagers/mercenaires impliqués dans la flottille pour la paix. Leur majorité est composée d'agents affiliés à Al-Qaida, recherchés par les USA, et le fait qu'ils aient apparemment agi sous le parrainage d'Erdogan irrite sérieusement les services secrets américains.
Il est à noter que l'inexplicable indulgence d'Obama face aux agissements douteux de la Turquie et son attitude persistante anti-israélienne, place les services secrets américains dans l'embarras.
En Israël, il devient évident que le renseignement Israélien a été abusé en prenant pour argent comptant les déclarations d'Erdogan.
Entre-temps, des messages discrets ont été dépêchés à Erdogan, qui commence à comprendre qu'il n'opère pas seul dans un espace vide dont il peut s’emparer à loisir. Des bruits de couloirs à l’OTAN, révèlent que la coopération militaire et stratégique avec la Turquie, figée depuis un certain temps, résulte notamment des douteux rapprochements et manigances de la Turquie avec l'Iran radical.
Si l'ambassadeur turc en Israël n'a pas encore été sommé de retourner en Turquie, c'est surtout l’effet d’une crainte évidente que les langues se délient en Israël, sur quelques intrigues embarrassantes pour la Turquie. Boomerang qu'Erdogan redoute et cherche à éviter.
Rappelons, ici, que suite à la décision du congrès américain de reconnaître le Génocide arménien, Erdogan a rappelé son ambassadeur aux USA. Des rumeurs allaient beaucoup plus loin : elles affirmaient aussi qu'il avait même menacé d'annuler sa collaboration frontalière concernant l'Irak, en allant jusqu’à infiltrer des islamiques radicaux, aux confins d’un Kurdistan irakien dont l’autonomie le démange. En ce sens, l’avertissement du Mavi Marmara se serait servi des mercenaires d’al Qaeda contre Israël pour mieux frapper l’esprit des Américains, responsables de la situation en Irak : "- si vous ne cédez pas à mes chantages, voilà ce qui peut aussi se produire à plus grande échelle au Kudistan irakien!". De fait, la Turquie, la Syrie et l’Iran se coalisent d’abord pour éliminer l’émergence d’une enclave kurde indépendante à la croisée de leurs trois territoires. Ensuite vient le conflit avec Israël. Voilà aussi pourquoi Washington n’obtient aucune coopération syrienne contre al Qaeda. Et que les négociations sur le nucléaire iranien se sont, à nouveau, enlisés dans les sables de Gaza. Que se passerait-il, quelle pourrait être la réaction turque, si jamais, d'accord sur ce point avec les Etats-Unis, Israël décidait de nettoyer les convois de Scuds ou de M-600 syriens à la frontière avec la plaine de la Bekaa libanaise? La Turquie s'alignerait-elle sur les positions du Hezbollah et de Bachar al Assad? C'est plus que probable. Aussi cette flottille arrivait-elle à point nommé. L'idée qu'Erdogan en personne embarque, escorté de navires de guerre turque, pour forcer l'embargo international autour de Gaza, en geste de défi et casus belli à l'égard d'Israël et de l'OTAN n'apparaît plus aussi saugrenue...
Après les récents événements, il devient clair que la Turquie ne défend plus les intérêts américains, mais joue plutôt un double-jeu, en fonction de ses seuls intérêts régionaux. Les chefs du renseignement israélien pressent leurs correspondants américains de reconnaître l'absence totale de fiabilité de la Turquie dans leur lutte contre la terreur et, qu'au contraire, elle met en danger les intérêts américains. Erdogan a aussi, tout récemment, tordu le bras des USA en signant un accord ambigu avec l'Iran sur l'enrichissement de son uranium.
Thérèse Zrihen-Dvir
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