Il est plutôt rare que l’Arabie Saoudite soit citée en exemple. Mais quand les saoudiens méritent cet honneur, il est de notre devoir de le faire savoir. Ainsi, alors que la France (et avec elle quasiment toute l’Europe) est en train de dire que, finalement, les Frères Musulmans d’Egypte ne sont pas si méchants, le ministère saoudien de l’Education a publié une directive ordonnant de retirer de toutes les bibliothèques les livres écrits par des Frères Musulmans. Le Ministre explique sa décision en expliquant que ce mouvement incite à la violence.
Il est amusant de constater le paradoxe. Dans combien d’émissions avons nous entendu, ces derniers jours, de la part de journalistes ou d’invités tels que Tariq Ramadan, qu’ils ne sont pas méchants. Qu’ils ne veulent pas le mal des gens. Qu’ils ne sont pas là pour terroriser et inciter à la violence. Et pendant ce temps, c’est le Royaume saoudien qui ose montrer l’exemple aux européens. On a du mal à y croire. Et pourtant !
“Les livres accusé d’avoir un impact négatif sur les élèves, comme les écrits des dirigeants des Frères musulmans d’Egypte, comme le cheikh Hassan al-Banna, le fondateur du groupe, et Sayyed Qotb, l’un des penseurs et leader du groupe, sont désormais interdits” explique le ministère de l’éducation.
Le ministère a annoncé son intention d’organiser des visites surprises et régulières dans bibliothèques scolaires pour veiller à ce que ces livres et d’autres ne soient plus accessibles pour les étudiants. Mohammed al-Zulafi, ancien membre du Conseil de la Shura (une sorte de conseil islamique de ce qui est censurable ou non), pense toute fois que cette décision, malgré sa justesse, est prise beaucoup trop tard: “les bibliothèques scolaires saoudiennes ont toujours eues des livres qui encouragent la violence et l’extrémisme”, a t-il déclaré sur Al Arabiya. “Les écrits des dirigeants des Frères musulmans ont eu une forte influence sur l’éducation en Arabie Saoudite depuis 30 ans.”
Zulafi a exprimé son scepticisme quant à la mise en œuvre de la décision du ministère car une grande partie des bibliothécaires dans les écoles, adoptent le point de vue développé dans les livres interdits. “J’appelle les citoyens à prendre part à la mise en œuvre de cette décision. Ils doivent savoir ce qui se passe à l’intérieur de ces écoles et des bibliothèques. “ Zulafi a ajouté que pendant longtemps, les livres extrémistes ont inondés les bibliothèques scolaires alors qu’il y avait des restrictions sur les livres d’art qui parlent des valeurs de tolérance et de modération.
“Il ya des gens qui soutiennent la circulation de ces livres. Certains même les impriment et les distribuent gratuitement sans prendre en considération les graves conséquences sur les étudiants. ” Zulafi averti que ces livres ne sont pas seulement dans les écoles, mais aussi dans plusieurs autres endroits comme les cliniques. C’est pourquoi, a t-il dit, il doit y avoir un plan pour les retirer de tout le royaume.
«Si ces livres ne sont pas retirés, nos jeunes se retrouveront en Somalie ou Tora Bora en Afghanistan à cause des idées extrémistes qu’ils y lisent” , a t-il conclu.
Voilà un discours bien loin des considérations amicales entendues dans les médias français. C’est vraiment le monde à l’envers ! Et bien que personne ne souhaite bafouer la “liberté d’expression”, je pense qu’il faut faire la différence entre un message que l’on pourrait décrire de “normal” et les livres d’incitations à la haine et au jihad. Enfin, il est intéressant de constater que les Frères Musulmans se plaignent déjà de cette annonce et dénonce, justement, “une privation de la liberté d’expression”, alors que s’ils étaient au pouvoir, ils seraient les premiers à mettre en place une machinerie de nettoyage de cerveaux pour conditionner un maximum de jeunes au martyr.
Jonathan-Simon Sellem – JSSNews