Le gouvernement israélien vient de publier un rapport officiel commandé par le premier ministre Netanyahou pour mettre fin à la controverse autour du reportage de Charles Enderlin, que France 2 avait diffusé le 30 septembre 2000, montrant un enfant palestinien – Mohamed Al-Dura – touché par balles dans les bras de son père Jamal Al-Dura.
Cette enquête conclut que l’absence de preuves permettant d’appuyer les propos du journaliste était manifeste avant même la diffusion du reportage.
Autrement dit, il s’agit dans le meilleur des cas d’une faute professionnelle grave de la part des responsables de la télévision publique française qui ont décidé de diffuser les images et le commentaire qui les accompagne.
Malheureusement, les conséquences de ces erreurs sont terribles. Rapidement diffusé dans le monde entier, ce reportage erroné a gravé dans la mémoire collective l’image choquante d’un enfant mourant dans les bras de son père sous une pluie d’acier. Les dégâts se sont révélés particulièrement dévastateurs dans le monde musulman où elles ont encouragé la haine et la violence.
Pour Israël, il s’agit d’un véritable revirement car dans les jours suivant la diffusion du reportage, les officiers de l’état-major et du commandement du Front Sud avaient accepté la possibilité que des balles israéliennes aient pu accidentellement atteindre le garçon.
À l’époque, alors que la deuxième intifada faisait rage dans la bande de Gaza (où les images ont été filmées) mais aussi en Cisjordanie et dans certaines zones à l’intérieur des frontières internationalement reconnues d’Israël, le haut commandement de l’armée, tenant en estime Charles Enderlin et la télévision publique française, n’avait pas imaginé que de telles erreurs étaient possibles. Les propos d’Enderlin étaient donc pris pour argent comptant. Mais très rapidement, dès novembre 2000, des sources officielles israéliennes ont commencé à émettre des doutes quant à l’authenticité du reportage de France 2.
Pendant plus d’une décennie, l’attitude générale du gouvernement israélien a été de ne pas s’impliquer dans une affaire où il n’avait que des coups à prendre. Certains officiels ont espéré qu’en mettant de côté ces images, le reportage sur Mohamed al-Dura serait oublié et qu’il ne causerait plus de dégâts. Du coup, des particuliers comme Philippe Karsenty ont mené un combat quasi-solitaire, affrontant l’indifférence israélienne voire parfois une franche hostilité.
Aujourd’hui, après avoir examiné de façon exhaustive les éléments liés à l’affaire al Dura, la commission constate que les faits rapportés dans le reportage de France 2 sont sans fondements. C’est désormais la position officielle du gouvernement israélien. Contrairement à ce qui est affirmé dans le commentaire du reportage, les images montrent clairement qu’à la fin des rushes de France 2, le garçon est vivant et qu’il bouge de façon délibérée. Il n’y a aucune preuve que Jamal et son fils aient été blessés.
En revanche, de nombreux indices amènent à penser qu’ils n’ont reçu aucune balle. De plus, l’analyse balistique montre que les impacts de balles sur le mur, retrouvées autour des al-Dura, ne pouvaient venir de la position israélienne.
Quant aux déclarations du caméraman de France 2, Talal Abu Rahma (qui a filmé la scène, Charles Enderlin étant resté à Jérusalem), elles se sont révélées souvent contradictoires et mensongères. En dépit de tout cela, France 2 et Charles Enderlin, qui a commenté le reportage, ont refusé de reconnaître leurs erreurs. Ils ont même réaffirmé leurs accusations initiales.
Bien que tardive, l’adoption de ce rapport par le gouvernement israélien est néanmoins important. Depuis l’automne 2000, comme me l’avait objecté un ancien garde des sceaux, ceux qui se battaient pour rétablir la vérité dans cette affaire étaient obligés d’expliquer pourquoi le gouvernement israélien ne soutenait pas leur combat. Avant la décision de la cour d’appel dans le procès en diffamation engagé par France 2 contre Philippe Karsenty, attendue le 22 mai, c’est peut être un premier signe que les arguments avancés depuis si longtemps tombent enfin sur des oreilles attentives.
Gil Mihaely est historien et directeur de la publication de Causeur.
NDLR Il y a 13 ans l’affaire Al-Dura éclatait, faisant des dégâts considérables. Voilà que le Gouvernement d’Israël, dont le mutisme a servi d’argument pour la défense d’Antenne 2 et de Charles Enderlin, sort enfin un rapport qui rétablit tardivement la vérité.
Oui, Antenne 2 et Charles Enderlin sont coupables d’avoir sciemment menti, et d’avoir participé à la dégradation de l’image d’Israël et des Juifs, alimentant ainsi l’antisémitisme, en France et dans le Monde avec son cortège d’agressions.
Oui, le combat quasi solitaire de Philippe Karsenty, et de ses rares compagnons, était justifié. Il faut lui être reconnaissant de l’avoir mené au prix de son propre déshonneur dans les médias français, tant il a reçu des coups injustes. Mais il n’a pas eu le soutien clair de l’État qu’il a défendu contre vents et marées. Certes, des initiatives privées lui ont permis de mener à bien son combat grâce aux documents et analyses qu’il a produit, pendant ces longues années de procédures juridiques.
Mais sachons aussi dire, les erreurs voire les fautes commises en France et en Israël par la révoltante insuffisance d’écoute et de soutien aux militants de la cause sioniste, par des instances dont la tâche essentielle, voire primordiale, est la défense du peuple juif et pas seulement d’Israël.
Ce n’est malheureusement pas la première fois que ces instances se montrent inopérantes en termes de communication. Le récent silence de l’ambassade d’Israël sur la condamnation de l’OLP dans l’affaire VEOLIA-ALSTHOM, dans le scandale Goldstone et d’autres encore, en dit long sur la nécessité de revoir leur mode de fonctionnement et l’efficacité des personnes en charge de ces missions.
Il est anormal que pour certains combats, auprès d’instances nationales ou Européennes, les représentants d’Israël se dispensent de la mobilisation dont font preuve de simples militants.
19/05/2013
Publication of the Report of the Government Review Committee Regarding the France 2 Al-Durrah Report, its Consequences and Implications.
The Government Review Committee : "The France 2 report’s central claims and accusations had no basis in the material which the station had in its possession at the time…There is no evidence that the IDF was in any way responsible for causing any of the alleged injuries to Jamal or the boy".
Prime Minister Benjamin Netanyahu received today the report of the Government Review Committee on "The France 2 Al-Durrah Report, its Consequences and Implications." The report was presented by the Minister of International Affairs, Strategy and Intelligence Yuval Steinitz, in the presence of Director General of the Ministry of International Affairs and Strategy, Yossi Kuperwasser.
Prime Minister Netanyahu directed then Minister of Strategic Affairs Yaalon to set up the governmental review committee in September 2012. The purpose of the committee was to examine the Al-Durrah affair in light of the continued damage it has caused to Israel, and to formulate the Government of Israel’s position with regards to it.
Prime Minister Benjamin Netanyahu : "It is important to focus on this incident – which has slandered Israel’s reputation. This is a manifestation of the ongoing, mendacious campaign to delegitimize Israel. There is only one way to counter lies, and that is through the truth. Only the truth can prevail over lies."
Minister of International Affairs, Strategy and Intelligence Yuval Steinitz : " The Al-Durrah affair is a modern-day blood libel against the State of Israel, alongside other blood libels like the claims of an alleged massacre in Jenin. The France 2 report was utterly baseless."
The Al-Durrah affair has its origins in a media report first aired by the French public television channel France 2 on September 30, 2000. The report claimed to show the killing of a Palestinian boy, targeted along with his father, according to the report, by fire from an Israeli position. The story was quickly relayed worldwide by the international media, which repeated the report’s claim. The report had the immediate effect of harming Israel’s international standing and fanning the flames of terror and hate.
Since that day, the narrative spawned by the France 2 report has served as an inspiration and justification for terrorism, anti-Semitism, and the delegitimization of Israel. The echoes of the Al-Durrah report, both in terms of accusations against Israel and in terms of media reports adopted uncritically by the international media which are later revealed to be false or misleading, have continued to resonate in the media coverage of Israel’s operations against terrorist organizations.
In light of the Al-Durrah narrative’s continued deleterious consequences, Prime Minister Benjamin Netanyahu directed then Minister of Strategic Affairs Yaalon with setting up the governmental review committee. The committee was comprised of representatives of relevant government ministries and official bodies, and consulted with outside experts. Following an extensive review of materials related to the affair, the committee determines that :
• The France 2 report’s central claims and accusations had no basis in the material which the station had in its possession at the time of the report : o Contrary to the report’s claim that the boy is killed, the committee’s review of the raw footage showed that in the final scenes, which were not broadcast by France 2, the boy is seen to be alive. o The review revealed that there is no evidence that Jamal or the boy were wounded in the manner claimed in the report, and that the footage does not depict Jamal as having been badly injured. In contrast, there are numerous indications that the two were not struck by bullets at all. o The review showed that it is highly-doubtful that bullet holes in the vicinity of the two could have had their source in fire from the Israeli position, as implied in the France 2 report.
• The report was edited and narrated in such a way as to create the misleading impression that it substantiated the claims made therein.
• Over time numerous additional inconsistencies and contradictions have come to light, and question marks have been raised regarding nearly every aspect of the report.
• The report relied entirely on the station’s local stringer, without additional evidence for his claims, and this despite the fact that there were numerous other media crews on the scene. The stringer’s various claims regarding the affair in the years since the incident have been characterized by repeated contradictions and falsehoods.
The Al-Durrah affair demonstrates the need for media outlets to implement the highest professional and ethical standards when covering asymmetric conflicts. There is a particular need for international media outlets to critically evaluate information provided by local stringers, especially in arenas in which repeated attempts to stage or fabricate media items have been documented.
An additional lesson of the Al-Durrah affair is that countries which scrupulously adhere to the international laws of armed conflict must not remain complacent in the face of misleading or mendacious media coverage. Rather they must investigate the claims in a thorough and timely manner and present their findings to the public.