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24 avril 2011 7 24 /04 /avril /2011 10:41


 


DEBKAfile Reportage spécial 24 avril 2011, 8:29 AM (GMT+02:00)

 

Adapté par Marc Brzustowski

 

Pour © 2011 lessakele  

 http://www.debka.com/article/20870/

Tags:  Syria    Syrian uprising    Bashar Assad 

 

La Syrie plonge dans un bain de sang

 

Le Samedi 23 avril a été témoin d’un soulèvement en constant augmentation contre le régime d’Assad, qui a finalement atteint la capitale Damas, où Debkafile rapporte que 300 000 personnes – 15% des résidents de la ville – ont pris possession de la rue en criant : « Bashar El Assad, tu es un traître ! ». Ce jour également, le dictateur syrien a lâché ses forces de sécurité dans la plus violente répression depuis le début des manifestations, dans le but évident de briser les reins de cette insurrection qui dure depuis 5 semaines. Résultat : 350 morts, triplant le nombre de morts et les milliers de blessés du bain de sang de vendredi.

 

Tôt ce dimanche, les voyous des services secrets ont tiré des milliers de manifestants à l’extérieur de leurs maisons. Ils ont brisé les portes dans les quartiers damascènes de Harasta et Ghouta, traînant leurs victimes et les entassant dans des camions bâchés qui se sont dirigés ensuite vers des destinations inconnues. Ghouta et le quartier du jardin antique de Damas.

 

Le nombre croissant de blesses sont condamnés à être traités par des moyens privés ou à ne pas être soignés du tout. Les autorités ont ordonné aux ambulances de ne pas les rapatrier vers les hôpitaux et les salles hospitalières subissent les raids des agents de la sécurité qui, soit, achèvent les blessés, soit les arrêtent.

 

Les sources du renseignement militaire de Debkafile rapportent qu’Assad prendra sa décision finale, dimanche 24 avril à minuit, s’il ordonnera aux 11 divisions de son armée de dissoudre à toutes forces l’insurrection. Nous avions rapporté vendredi que le Président dans la tourmente avait ordonné aux troupes de commencer à se positionner dans les villes pour le jour suivant. Nos sources ont confié plus tard qu’il avait changé d’avis et inversé le sens de ces ordres à la dernière minute, réticent à gaspiller sa dernière carte, dans sa tentative désespérée de survie, par crainte d’un retour fatal de manivelle. Plusieurs unités ont déjà quitté leurs casernements et restent stationnées à l’extérieur des villes-cibles qui leur ont été attribuées, attendant les ordres d’y pénétrer en force.


Alors que le désordre qui défie son pouvoir gagne du terrain, les options disponibles pour le Président syrien s’amenuisent. Des groupes des forces de sécurité en petit nombre ne sont plus en mesure de s’aventurer dans plusieurs des secteurs les plus agités du pays, où règnent en maître des manifestants armés, à moins d’y être accompagnés par des forces de grande envergure, appuyées par une puissance de feu massive.


Debkafile mentionnait, vendredi soir, que :


Les unités de l’armée syrienne sont déjà en position, prêtes à pénétrer dans les villes, rejointes pour la première fois par des troupes normalement en service à la frontière israélo-syrienne.


Les sources militaires de Debkafile dévoilent ainsi les zones de leurs diverses affectations :

 

Le 1er Corps s’est vu attribuer la responsabilité de la capital Damas et des villes et quartiers qui en dépendent.

Le 2ème Corps doit prendre la responsabilité du Centre de la Syrie et des villes d’Alep, de Homs et d’Hama.

Corps No. 3 doit déferler sur le Sud et le Jebel druze.

Assad a vécu comme un comble que, vendredi, la ville stratégique de Katana, à l’Ouest de Damas, entre de plain-pied dans le mouvement et le rejoigne contre son régime. Katana abrite les principales bases des corps blindés, qui font partie de la 7ème Division et sert de ville administrative centrale de division et répartition logistique. Sa population est constituée essentiellement d’officiers, d’hommes de troupe et de personnel civil travaillant au sein de ces bases.

 

Constater que Katana s’est retournée contre le régime a poussé ses dirigeants à se résoudre à jeter toutes leurs ressources disponibles pour briser définitivement l’insurrection.

 

Pour le dictateur syrien, déployer son armée toute entière est un pari risqué, pour la bonne raison que plus de 75% des 220 000 hommes de rang constituent l’armée syrienne sont des musulmans sunnites, des Kurdes, des Druzes et, par conséquent, des membres appartenant à des groupes ethniques et religieux qui ont subi la répression de longue haleine de ce régime dominé par les Alaouites. Les troupes en uniforme pourraient très bien faire fi des ordres de tirs à munitions réelles dans les foules, où se produisent les membres de leurs communautés, voire même de leur propre famille. Ceci pourrait bien sonner le point de rupture au sein de l’armée syrienne, conduisant à des défections de grande ampleur d’officiers et d’hommes de troupe. 

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23 avril 2011 6 23 /04 /avril /2011 23:07

Libye : L’aviation française a « légèrement » accentué son effort

22 avril 2011 – 15:22

Le président Sarkozy a promis au président du Conseil national de transition libyen (CNT), le 20 avril, une intensification des frappes aériennes de l’Otan contre les forces du colonel Kadhafi. La veille, le Premier ministre, François Fillon, avait fait une annonce similaire.

En attendant, du 14 au 21 avril, l’aviation française a mené plus de missions au-dessus du territoire libyen que la semaine précédente. Au total, elle a effectué 255 sorties, soit 55 de plus. « C’est donc en légère augmentation » a estimé le colonel Thierry Burkhard, le porte-parole de l’Etat-major des armées (EMA).

Dans le détails, les avions de l’armée de l’Air et de la Marine nationale ont accompli 52 missions de reconnaissance, avec les pod Reco NG des Rafale et Presto des Mirage F1 CR, pendant que les Mirage 2000-5 basé en Crète ont effectué 26 sorties de défense aérienne, en coopération avec l’aviation quatarie. Les E3F Awacs et Hawkeye ont continué leur activité de contrôle aérien, avec 18 missions et les C-135, ainsi que les Rafale Marine et Super Etendard gréés en « nounous » ont assuré 44 sorties de ravitallement en vol.

Enfin, 135 missions d’attaque au sol ont été réalisées mais toutes ne se sont pas toutes conclues par des tirs, notamment en raison des difficultés rencontrées pour identifier les cibles. Quoi qu’il en soit, les frappes françaises ont détruit une dizaine de véhicules appartenant aux forces du colonel Kadhafi, ainsi que des sites de missiles, un lance-roquettes multiple, des dépôts de munitions et des moyens de communication et de commandement. Les raids ont concerné les régions de Misrata, Ajdabya, Zlitan, Tripoli et Syrte.

Au niveau de l’Otan, l’activité de l’aviation française représente 20% des sorties de l’opération Unified Protector et 25% des missions d’attaque au sol. Quant à l’article du Washington Post, selon lequel il y aurait une pénurie de munitions de précision pour les avions de la coaltion, le colonel Burkhard y a opposé un démenti catégorique.

« Il n’y a pas de problème avec les munitions » a-t-il affirmé. « Les stocks sont consommés mais cela n’a pas entravé la conduite des opérations » a-t-il ajouté. Quelques jours plus tôt, le commandait Eric Trihoreau, du Sirpa Air, avait dit la même chose, tout en précisant que la France pouvait « maintenir ce niveau sans limitation de temps ».

Par ailleurs, il y a quelques mois, les autorités françaises avaient commandé, auprès de Raytheon, des kits de guidage Paveway II pour les bombes GBU 12 et 49, afin de transformer ces dernières en munitions précises. Et la livraison de ces systèmes a commencé avant la campagne libyenne. Enfin, pour ce qui concerne les missiles de croisière, le colonel Burkhard a précisé que seulement environ 10 SCALP EG ont été tirés par l’aviation française.

Du côté britannique, les réponses sont les mêmes qu’à Paris : il n’y a aucun souci avec les munitions de précision. Les avions de la Royal Air Force sont également équipés de kits Paveway et tirent également des missiles Brimstone et Storm Shadow. En revanche, là où il y aurait eu un problème dans ce domaine, c’est avec l’aviation danoise… qui est équipée de F-16 et dont les stocks de munitions de précisions ont été complétés par l’armée américaine.

Un des responsables de la communication de la Danish Air Force a botté en touche quand il s’est agi d’aborder cette question puisqu’il a déclaré ne pas savoir si les bombes (GBU 49 et 31) étaient danoises ou américaines tout en assurant que les pilotes danois ne manquaient pas d’armes.

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23 avril 2011 6 23 /04 /avril /2011 22:43

 

120 personnes tuées dans les violences en Syrie

Les forces de sécurité syriennes ont tiré à balles réelles vendredi et samedi alors que des dizaines de milliers de personnes s’étaient rassemblés à travers le pays pour protester contre le régime autoritaire du pays.
 
Ammar Qurabi est le chef de l’organisation nationale syrienne pour les droits de l’homme. Il a déclaré que 112 personnes ont été tuées vendredi, et au moins huit autres samedi.
 
Plus de 300 personnes ont été tuées au cours des cinq dernières semaines.
 
La violence a incité deux députés syriens à démissionner pour montrer leur dégoût suite aux meurtres de civils. Ils sont de la ville de Daraa, dans le sud du pays, lieu du déclenchement du mouvement de protestation qui dure depuis la mi-mars.
 
Des dizaines de milliers de personnes en deuil se sont réunies pour les funérailles de samedi, après que les forces de sécurité aient tué plus de 100 personnes dans la journée la plus meurtrière de la rébellion contre le dictateur Bachar Assad.
 
Des personnes en deuil se sont rassemblées dans plusieurs villes du pays, scandant « le peuple veut le renversement du régime, » « Bachar al-Assad traître ! » et « vive la Syrie, fini avec Bachar ! ».
 
Les forces militaires syriennes ont tirés à balles réelles sur un des cortège funéraire dans la banlieue de Damas, à Douma, tuant plusieurs personnes et en blessant d’autres.
 
Un témoin oculaire a déclaré que des tireurs d’élite de l’armée en tenues civiles, postés sur les toits de Douma, avaient ouvert le feu sur le cortège funéraire. « Nous vivons une vrai guerre, » a-t-il dit. « Nous n’avons pas encore été en mesure d’atteindre le cimetière parce que des tireurs d’élite et les forces de sécurité en uniforme tirent sur le cortège funèbre depuis les toits et les rues. »
 
Damas était tendue samedi, et beaucoup de gens sont restés chez eux, a déclaré un militant à Reuters. « Aujourd’hui nous aurons les funérailles, nous sommes inquiets que plus de sang sera encore versé durant les funérailles, ce qui provoquera de nouvelles manifestations et plus de morts encore » a-t-il dit.
 
« Cela devient comme une boule de neige qui grossit chaque semaine. La colère monte, la rue est en ébullition. »
 
Les occidentaux, si prompts à bombarder la Libye pour provoquer le départ de Kadhafi, à la tête d’importants champs pétroliers, sont silencieux dans le cas des massacres syriens. Les seuls amis de la Syrie, la dictature islamique d’Iran et le groupe terroriste chiite libanais Hezbollah sont eux aussi silencieux.
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23 avril 2011 6 23 /04 /avril /2011 22:37

De retour de Syrie, l’analyse de Khaled Asmar - Beyrouth

SYRIE : Le massacre se poursuit. Mais après "le peuple veut la chute du régime", le slogan devient "le peuple veut comprendre le discours du président" !

Les auteurs du printemps de Syrie ont leur logique : le fruit du printemps murira en été, et le régime tombera à l’automne


lundi 18 avril 2011 - 00h44, par Khaled Asmar - Beyrouth

http://mediarabe.info


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Le discours creux du président Assad, samedi devant le nouveau gouvernement, transmis à la télévision, a suscité l’ironie des Syriens. Désormais, ils remplacent leur slogan « le peuple veut la chute du régime » par « le peuple veut comprendre le discours du président ». Une image qui symbolise parfaitement le rejet de la vieille langue de bois du Baas.

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Contrairement à la propagande du régime, la situation en Syrie est alarmiste. Lors d’un séjour de dix jours, entre la côte et Damas, nous avons constaté une réelle peur qui s’empare de la population abandonnée seule et désarmée face à un régime qui n’hésite pas à utiliser une force excessive contre des civils, « une force destinée à libérer la Palestine, mais qui s’est déversée sur le peuple syrien, après avoir été expérimentée contre les Libanais », regrettent nos interlocuteurs.

D’ailleurs, il convient de noter que nos interlocuteurs sont terrés chez eux, n’osent plus sortir. Les universités sont fermés jusqu’à nouvel ordre, et les étudiants sont renvoyés chez eux. Nous avons rencontré une famille de Damas, dont le fils aîné est inscrit à la faculté de médecine de Lattaquié. Son campus est fermé depuis deux semaines, l’obligeant à regagner la capitale pour encore au moins deux semaines, dans l’espoir d’un hypothétique rétablissement de la situation. A Damas, la situation n’est pas meilleure. La population vit dans un état d’urgence permanent. La prudence pousse les citoyens à ne plus communiquer, par peur de se trahir et de révéler à leurs interlocuteurs leurs doutes et leurs craintes, ou leur dégoût et leur rejet du régime. Car, rappellent-ils, les services de renseignement (Moukhabarate) sont systématiquement au « troisième bout du fil », et les disparitions nocturnes deviennent ainsi systématiques.

Cette situation a particulièrement nui au commerce et au tourisme. Les Syriens ne sortent plus, les tour-operators français ont suspendus les départs vers la Syrie jusqu’au 30 avril, et les mariages programmés ces prochains mois sont en suspens. Plusieurs familles syriennes vivant en France, et qui devaient se rendre à Alep et à Qamichli, pour des raisons familiales, ont annulé leur déplacement... Le pays a entamé sa chute et les recettes du régime, héritées du stalinisme, ne lui permettent plus de briser le cercle infernal.

Promesses et langue de bois

Le discours du président Bachar Al-Assad, prononcé samedi devant des ministres tétanisés par la peur et qui ressemblent à des statues immobiles, relevait de la pure langue de bois. A ce titre, les propos d’Assad ont produit un effet inverse et dopé les manifestations de ce dimanche, qui ont touché l’ensemble du territoire syrien. A Homs et dans sa région, la répression a fait au moins 24 morts ce dimanche soir (cinq à Homs, 17 à Talbissah et 3 à Al-Rastan, deux villes situées au nord de Homs. Des dizaines de blessés sont également signalés, alors que les ambulances sont empêchées de les secourir malgré les appels de la population (lancés notamment à travers les mosquées). A Soueida (Sud), plusieurs manifestants ont été blessés, dont Hani Al-Atrache, le petits-fils de Sultan Pacha Al-Atrache, le père de la Révolution syrienne contre le mandat français. L’ironie fait que ce 17 avril, la Syrie devait fêter l’anniversaire de son indépendance (17 avril 1946). A Lattaquié, un massacre commis dans la soirée de dimanche aurait fait une vingtaine de victimes, dont un enfant et des femmes...

Contrairement à la propagande du régime et de ses alliés, le peuple syrien est impatient. Le régime et ses porte-voix (comme notamment les télévisions libanaises « New TV », « Al-Manar » et « OTV ») rappellent que « ceux qui prétendent avoir été privés de leurs droits pendant 48 ans peuvent attendre une semaine » (sic l’éditorial de « New TV », dans son journal de la nuit de dimanche). Rien à faire, le peuple n’est plus dupe et refuse d’accorder à Assad le moindre sursit. Il radicalise ses revendications car il est conscient que le régime syrien est lâché par tous et prend l’eau de toutes parts.

L’ironie est que ce régime, qui a transformé la Syrie en plaque tournante du terrorisme régional et du trafic d’armes vers le Liban et l’Irak, n’a rien trouvé de mieux que d’accuser les Libanais et les Irakiens d’armer les Syriens. Si les Irakiens avaient longtemps accusé la Syrie de complicité avec Al-Qaïda en Mésopotamie - sept kamikazes sur dix qui se font exploser en Irak transitaient en Syrie, depuis l’intervention américaine en 2003 - et menaçaient de réexporter ce terrorisme à l’expéditeur, il n’en est pas de même pour les Libanais. D’autant plus que les seuls partis libanais, armés jusqu’aux dents, sont les alliés de Damas. D’ailleurs, selon le site « Middle East Transparent », quatre trafiquants arrêtés par l’armée libanaise ont avoué « agir à la demande de Maher Al-Assad, le frère du président syrien et commandant de la Garde présidentielle, qui a commandé 10.000 fusils à pompe pour le compte des bandes criminelles qu’il dirige », surnommées les « Chabbiha ».

Une fin tragique de l’impunité ?

Avec désespoir, le régime syrien cherche une bouée de sauvetage qu’il ne trouve plus. Israël, soupçonné d’avoir partagé les rôles avec le régime syrien, notamment pour liquider la cause palestinienne (Assad père s’est occupé d’Arafat et a achevé l’OLP entre 1983 et 1985 à Tripoli) et occuper le Liban (entre 1976 et 2005, les deux pays se sont partagés le territoire, l’espace aérien et les richesses du pays du Cèdre), riposte avec une grande et étonnante retenue aux provocations palestiniennes depuis Gaza. Le Hamas et autres factions, dirigées depuis Damas, multiplient les tirs de missiles sur l’Etat hébreu pour l’attirer dans une nouvelle guerre contre Gaza susceptible de détourner l’attention de la communauté internationale et permettre à Assad de raser les foyers de contestation en toute impunité.

Cette retenue israélienne confirme que la donne régionale a changé. Après la chute du régime de Hosni Moubarak en Egypte, l’équilibre stratégique a été rompu au profit de la Syrie, et le maintien d’Assad au pouvoir n’est donc plus une priorité. Bien au contraire. De plus, l’histoire nous enseigne que les peuples finissent toujours par l’emporter contre les dictatures. De ce fait, il n’est pas de l’intérêt d’Israël de soutenir Assad, en perte de vitesse, contre les futurs maîtres du pays.

La Turquie, qui a autorisé la semaine écoulé des Syriens et des Turcs d’origine syrienne à manifester contre Assad, semble également prendre ses distances avec le dictateur. L’Iran, qui affirme soutenir Assad, semble avoir préparé son « plan B » en armant, depuis 2009, des clans syriens acquis à Téhéran, comme nous l’avions expliqué en novembre 2009, avec la saisie d’une cargaison d’armes iraniennes à la Syrie, à bord du « Francop ».

L’automne portera les fruits du printemps ?

De ce fait, personne ne peut pronostiquer de l’avenir proche du régime. Mais les Syriens rencontrés ces dix derniers jours affirment formellement que « leur printemps est prometteur, que le fruit de leurs efforts murira en été, et que le régime tombera dès l’automne »...

Ceux qui ont cru à la propagande de Damas selon laquelle la Syrie sombrera dans le chaos, comme l’Irak d’après Saddam Hussein, si le régime était renversé, découvriront rapidement la supercherie syrienne. Car, il leur a sans doute échappé que le renversement d’Assad éliminera définitivement le bellicisme. En son absence, plus personne ne financera le terrorisme d’Al-Qaïda, ni celui de son allié du Hezbollah, encore moins les factions palestiniennes au Liban et à Gaza. Pourquoi, dans ces conditions, la Syrie sombrera-t-elle ? [Cliquez ici pour relire la complémentarité entre Al-Qaïda et le Hezbollah].

En définitive, de quel droit le régime syrien s’attribue-t-il l’exclusivité du bellicisme régional, et de quel droit ne voudrait-il pas en rendre des comptes ? Pour rappel, Assad, père et fils, ont usé de terrorisme d’Etat, directement ou par des intermédiaires, contre le Liban, Israël, les Palestiniens, le Koweït, l’Arabie saoudite, la Jordanie, l’Egypte, le Yémen, la France et la Turquie entre autres pays voisins, frères ou amis, depuis plus de quarante ans. Il est probablement temps que ce mode change, puisque le monde a changé.

Khaled Asmar

© Nos informations, analyses et articles sont à la disposition des lecteurs. Pour toute utilisation, merci de toujours mentionner la source« MediArabe.info »

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21 avril 2011 4 21 /04 /avril /2011 10:12

 

 
DEBKAfile Reportage exclusif  20 avril 2011, 11:47 AM (GMT+02:00)

 

Adapté par Marc Brzustowski

 

Pour © 2011 lessakele  

 

http://www.debka.com/article/20860/

 

Tags:  Syria      Bashar Assad    civil war    protests    Lebanon 

 

Homs – L’épicentre le plus dangereux du soulèvement contre Assad.

 

 

Le Président Bachar el Assad, tout en abrogeant les décrets détestés d’état d’urgence datant de 48 ans, mardi 19 avril, les a immédiatement remplacés par de nouvelles mesures draconiennes interdisant toute forme de manifestation publique contre son régime et autorisant les arrestations en pleine nuit. Son bras de fer sanglant avec des cercles de plus en plus larges de manifestants, est proche de son épilogue. Les sources de Debkafiles au Moyen-Orient rapportent que la contestation risque de déboucher sur une guerre inter-confessionnelle. Au cours de la dernière étape cruciale de sa lutte pour sa propre survie, Assad a persuadé la Turquie, la Jordanie, l’Irak et le Liban de verrouiller leurs frontières pour interrompre le trafics d’armes et l’envoi de provocateurs en direction des groupes d’opposition syriens – une fermeture hermétique qui vise aussi à bloquer l’évasion de centaines de milliers de réfugiés de Syrie, au cours des dernières phases de la crise.

 

La télévision d’Etat interrompt les programmes réguliers pour montrer des images atroces de corps déchiquetés supposes être ceux d’officiers de l’armée et de la police assassinés par les manifestants. Les autorités parient sur un retournement du peuple contre les manifestants qui laisserait les mains libres aux soldats. Mais le facteur de risque est énorme, puisque le personnel militaire, voyant ces mêmes images, peuvent être tout près de décider que la plus grande sagesse inspire de se sauver soi-même plutôt que le régime.

 

Quoi qu’il en soit, les sources militaires de Debkafiles pensent que la décision de déployer l’armée pour en finir avec les manifestations qui s’amplifient de ville en ville, constitue un acte final de désespoir, du fait que la loyauté des troupes et de leurs officiers au Président est tout sauf garantie.

 

 

Malgré tout ce qu’on peut en dire, elle a été prise mardi 19 avril, après que les cerveaux du régime aient découvert que plusieurs des armes et des combattants acheminés clandestinement en Syrie, avaient été répartis par le fourre-tout des groupes d’opposition, vers des communautés syriennes spécifiques, sur le plan ethnique, religieux et tribal, qui, dès lors, sembleraient prêts à transformer la nature même du soulèvement et à en renverser le sens, pour prendre la forme d’une guerre de type confessionnel.


Par exemple, les Druzes libanais, alimentent leurs frères du sud syrien en armes ; les musulmans sunnites libanais arment les sunnites syriens des villes côtières de Banias et Lataqiyeh ; les Alaouites qui vivent en majorité dans la région d’Aqar au Liban, prennent soin de leurs coreligionnaires du côté syrien de la frontière ; les Chrétiens regroupés au sein des « Forces libanaises » envoient clandestinement des armes vders les villages syriens d’obédience chrétienne ; alors que les tribus kurdes irakiennes et turques ont élevé le niveau de leurs livraisons en armes, combattants et militants à l’intention de la communauté kurde du nord syrien.

 

Damas accuse également l’Arabie Saoudite de maintenir l’insurrection à bouts de bras, grâce à des transferts clandestins d’armes et de financement.

 

Parce que son armée n’est pas suffisamment nombreuse pour être en mesure de se déployer sur deux fronts – et de simultanément, bloquer les routes de la contrebande et de réprimer les manifestations enragées, Assad a fait appel au roi de Jordanie, au Président libanais et aux chefs du gouvernement en Turquie et en Irak, pour qu’ils entrent en action et qu’ils « scellent hermétiquement » leurs frontières. Même s’ils ont rempli leurs obligations en redoublant le nombre de leurs gardes-frontières, il est improbable qu’ils puissent stopper l’afflux massif d’armes toutes en même temps.

 

 

Le coup d’envoi pour une derive sectaire a été donné par le régime lui-même. Mardi, peu de temps après l’assouplissement présumé des lois d’urgence, le Ministre syrien de l’Intérieur, Mohammed Ibrahim al-Shaar a caractérisé le soulèvement comme étant « une révolte armée lancée par les radicaux islamistes cherchant à établir un état islamique en Syrie. Les citoyens syriens devraient alors «  éviter de prendre part à toutes les manifestations ou aux sit-ins sous quelque bannière que ce soit », a déclaré al-Shaar. « Les lois en vigueur en Syrie seront appliquées dans l’intérêt de la sécurité du peuple et de la stabilité du régime ».

 

 [Après ces déclarations], plus de manifestations encore se sont répandues à travers tout le pays.

 

Mercredi, des sources iraniennes et syriennes ont prédit une escalade des troubles. Le fait que cette information soit relayée par des sources iraniennes indique que Téhéran a mis toutes ses forces dans la bataille pour aider Bashar al Assad à faire face à l’opposition massive, avant que celle-ci ne le renverse.

 

 

Agissant sous le coup des lois d’urgence pourtant formellement annulées, les forces de sécurité syriennes en tenue civile sont entrées en action avant l’aube, mercredi 20 avril, frappant à la porte des imams sunnites d’Homs, la troisième ville par ordre d’importance dans le pays, et les ont conduits dans des prisons hors de la ville. Lorsque leurs proches se sont enquis de leur devenir, les responsables ont répliqué qu’ils avaient « disparu ». Selon plusieurs rapports, plus de 100 personnes ont été tuées à Homs au cours des dernières 24 heures. Les blessés sont cachés dans des maisons privées, effrayés de devoir se rendre dans les hôpitaux, où les hommes de la sécurité risquent, soit de les achever, soit de les mettre en détention. Le sort de quelques 5000 détenus reste inconnu et beaucoup pensent que plusieurs centaines ont sûrement été tuées et enterrées, en toute méconnaissance de leurs proches, et que beaucoup d’entre eux ont été regroupés dans des prisons surpeuplées.

 

Au Liban, des Sunnites et d’autres éléments opposés à Assad, s’allient aux groupes d’opposition en Syrie, par crainte que le Président Assad puisse envoyer ses agents pour se livrer aussi à une purge les concernant. Des associés du Premier Ministre sortant, Saad Hariri, le dirigeant chrétien Samir Geagea ainsi que des chefs druzes sont entrés dans la clandestinité et ont commencé d’évacuer leurs familles vers l’Europe, par crainte qu’elles ne soient la cible d’assassinats. 

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21 avril 2011 4 21 /04 /avril /2011 09:13

Les Syriens se Révoltent Enfin

 

Par Albert Soued, écrivain, pour www.nuitdorient.com

Le 22 avril 2011.

 

Il faut beaucoup de courage pour s'exprimer dans une dictature baathiste où tous les rouages de l'état ont été huilés depuis des décennies pour ramener le citoyen à l'état d'agneau bêlant. Il se trouve que ce sont les citoyens les plus démunis des tribus alawites -- l'oligarchie dominante -- qui ont commencé à revendiquer. Ils croyaient être à l'abri d'une répression. La brèche dans l'unité alawite a donné aux sunnites la force de s'insurger, insurrection qui commença dans une ville du Sud, Déraa'. Bashar el Assad y envoya la 4ème division de son armée, dirigée par son frère Maher et constituée de troupes fidèles de sa tribu.

Mais la contestation s'étendit progressivement à d'autres villes, Lattakié, Alep, Homs, sous l'impulsion de sermons sur al Jazira du prédicateur intégriste Youssef al Qaradaoui, incitant à se débarrasser de la secte "infidèle et païenne" des alawites.

N'étant pas sûr du reste de son armée, dirigée par des sunnites, Bashar el Assad a commencé par louvoyer, alternant l'apaisement avec la violence. Rappelons ici que Bashar el Assad a hérité de son père H'afez, chef d'un clan minoritaire -- les alawites, 10% de la population – qui, depuis 70/80 ans, détient le pouvoir, aussi bien dans une partie de l'armée que dans le parti unique et laïc, le Baa'th, et gouverne une majorité sunnite représentant les ¾ de la population syrienne.

 

Bashar louvoyait dans l'attente du soutien de troupes étrangères, des commandos iraniens issus des Gardiens de la Révolution, des miliciens du Hezbollah et des Palestiniens du Jihad islamique et du Front Populaire d'Ahmed Jibril.

Dans un discours au peuple en colère, Bashar el Assad, tout sourire, a précisé que les réformes étaient en cours depuis "belle lurette" et que ce n'était pas la peine de s'exciter outre mesure, et que si quiconque demandait plus de réformes, c'est qu'il était un ennemi, manipulé par l'étranger. Il a précisé que tout le monde savait comment les "ennemis" de la Syrie étaient traités -- tirs à balles réelles sur la foule, sans sommation, arrestations et disparitions dans la nuit, guet apens, blessés achevés à l'hôpital et après les tortures -- Les soldats syriens qui refusent de tirer sur la population sont aussitôt abattus par leurs officiers. Ceux-ci empêchent les ambulances d'acheminer les blessés vers les hôpitaux …

En dehors des Services spéciaux d'information (les moukhabarat) qui quadrillent le pays et procèdent aux arrestations nocturnes, les Assad ont une fidèle Garde Rapprochée (les shabbiha) formée de 10/11 000 alawites entraînés en Iran, prêts à mourir pour défendre leur chef.

 

Au bout de 3 semaines, la révolte s'étendit sur tout le territoire, les insurgés sunnites (1), druzes (2), kurdes et chrétiens ayant reçu des armes de l'étranger, et certains parlent d'aide américaine en sous-main.

Devant l'extension de la révolte, la Secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton s'est empressée de préciser qu'il n'était pas question d'intervenir en Syrie comme en Libye. En effet, il n'y a point de pétrole en Syrie. Rappelons que l'administration Obama a installé en janvier un ambassadeur à Damas après 6 ans d'absence. Et on attend toujours le verdict du meurtre de Rafik Hariri, ex 1er ministre libanais, pour lequel les dirigeants syriens sont impliqués jusqu'au cou.

Malgré le black-out complet des communications et l'absence de journalistes étrangers, on sait que la répression de la rébellion des Syriens se poursuit impitoyablement dans tout le pays. Les pertes civiles sont importantes sans qu'on puisse déterminer si on peut les évaluer par des "centaines" ou des "milliers". En tout cas, la répression du pouvoir Assad est encore plus féroce que prévu, et les arrestations nocturnes se comptent par milliers.

En changeant de 1er ministre et de gouvernement, puis en abrogeant la loi d'urgence en vigueur depuis 1963, qui restreignait les droits de réunion et de déplacement, Bashar el Assad cherche à gagner du temps, dans l'espoir d'affaiblir l'agitation. En abrogeant la loi d'urgence, il a précisé que le peuple n'avait plus de raison, ni d'excuse de manifester. Son Ministre de l'Intérieur, le général Mohamed Ibrahim al Shaar, des Services Secrets, a même prévenu qu'iI fallait s'abstenir de participer à toute marche, manifestation ou sit-in, sous n'importe quel slogan (3).

 

La révolte vient de gagner Damas, signe d'un régime à l'agonie, lente agonie. Comme dans tous les pays arabes en révolte, on sait que l'opposition syrienne est divisée tant sur le plan ethnique que politique et que les seuls capables de gouverner, en cas de dissolution probable du pouvoir des Assad (4), ce sont les Frères Musulmans, bien organisés tant sur le plan social qu'administratif. Les opposants épris de liberté et de justice ont des chefs agissant de l'étranger et sont moins crédibles (5).

Quel que soit le résultat du renversement de la dynastie Assad, l'"axe du mal" aura perdu un de ses maillons, le Hezbollah ne pourra que faiblir politiquement au Liban et les forces d'opposition en Iran pourraient peut-être s'exprimer une nouvelle fois. Mais la chute des Assad se fera sûrement dans la violence (6).

 

Notes

(1) A H'oms on criait "Plutôt la mort que l'humiliation"- A Deraa', ce slogan fusait "Souryah, h'ouryah" (Syrie-Liberté)

(2) A Souaïda, au cœur de la montagne druze, les gens sont sortis dans la rue aux cris de "Nous sommes tous les petits-fils d'Atrash!", slogan nationaliste spécifiquement druze, le sultan al Atrash étant un héros de la révolte arabe contre l'empire ottoman.

(3) "Nous allons imposer avec fermeté la sécurité et la stabilité dans tout le pays en poursuivant les terroristes où qu'ils se trouvent pour les traduire devant la justice et mettre fin à toute forme de rébellion armée… Nous n'allons pas tolérer les activités terroristes de ces groupes armés qui portent atteinte à la sécurité des citoyens et les terrifient"

(4) Certains membres de la nomenklatura alawite se sont déjà réfugiés dans les états du Golfe, signe annonciateur d'une débâcle.

"Il semble qu'on ait atteint un point de non-retour en Syrie, que rien ne pourra plus être comme avant, que les jours du régime sont désormais comptés", confie le consultant libanais en géopolitique Sami Nadar (source, le Figaro)

(5) Voir articles sur la Syrie et notamment Soutenir l’opposition démocratique en Syrie et Appel pour l'instauration de la démocratie en Syrie -

(6) Rappelons notamment que Hafez al Assad n'avait pas hésité à écraser dans le sang une révolte islamiste en 1982 à Hama, dans le centre du pays, au prix de quelques 30.000 morts. 

 

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21 avril 2011 4 21 /04 /avril /2011 07:24

 

 

 

Barheïn au coeur de la nouvelle guerre froide

par Antonin Tisseron

Alors qu'au Bahreïn la majorité chiite affronte la dynastie sunnite au pouvoir, l'Iran chiite tente de tirer les marrons du feu en poussant ses pions face à son grand rival sunnite saoudien. Focus sur un pays en pleine ligne de front

 

Les racines locales de la contestation à Bahreïn s’enchevêtrent avec des enjeux plus vastes dans une région stratégique.


 

Le 3 avril dernier, les ministres des Affaires étrangères des pays du Conseil de coopération du Golfe se réunissaient à Riyad, en Arabie Saoudite, et dénonçaient l' "ingérence persistante de l'Iran dans leurs affaires intérieures". Si le Koweït venait alors d’expulser des diplomates iraniens, accusés d’entretenir un réseau d’espionnage, cette réunion intervenait surtout deux semaines après l’intervention le 14 mars de 1 000 soldats saoudiens et de 500 policiers émiratis, de la force conjointe du Conseil de coopération du Golfe dans le royaume de Bahreïn.

Iran vs États-Unis

Cette intervention, destinée à mettre fin à des troubles commencés le 14 février, a fait monter d’un cran la tension dans le Golfe. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad affirmait ainsi le 16 mars que l'intervention de forces des pays du Golfe pour mettre un terme aux manifestations populaires à Bahreïn était "un acte hideux voué à l'échec". Malgré les distances prises par une diplomatie américaine appelant les pays de Conseil de coopération des États arabes du Golfe à faire preuve de retenue et à agir de manière à soutenir le dialogue, le président iranien dénonçait dans le même discours le rôle des États-Unis dans la région.

Derrière ce thème classique de la rhétorique iranienne anti-américaine, l’objectif est double. D’une part, Téhéran renforce sur la scène internationale son image d’un pays défenseur de la rue arabe contre les tentatives hégémoniques extérieures. D’autre part, le régime iranien nourrit une dynamique interne de mobilisation. Quelques jours après l’intervention des troupes saoudiennes, le consulat saoudien à Mashhad, dans le nord-est de l’Iran, était d’ailleurs attaqué par plusieurs centaines de manifestants.

Renforcement des positions françaises

Les racines locales de la contestation à Bahreïn s’enchevêtrent en effet avec des enjeux plus vastes dans une région stratégique. Alors que la diplomatie iranienne est caractérisée par un fort volontarisme et que Téhéran s’est lancé dans un programme nucléaire inquiétant, la capitale Manama abrite le quartier général de la Ve flotte américaine, dont les navires sécurisent les routes d’approvisionnement en pétrole des États-Unis et constituent un outil de dissuasion à 240 km des côtés iraniennes.

La France et l’OTAN ont d’ailleurs récemment également renforcé leur positionnement dans le golfe Arabo-persique. Paris a ouvert une base à Abou Dhabi et l’Initiative de coopération d’Istanbul, lancée lors du sommet de l’Alliance atlantique de juin 2004, propose une coopération pratique entre les pays du Conseil de coopération des États du Golfe qui le souhaitent – dont Bahreïn – et l’OTAN.

Endiguer la tentative iranienne

Dans cette lutte avec l’Iran, dont l’annonce par les autorités de Bahreïn le 12 avril dernier de l’arrestation d’un Bahreïni et de deux Iraniens pour soupçon d’activité d’espionnage est le dernier épisode en date, des réformes politiques et la poursuite des programmes de développement économiques à Bahreïn sont le meilleur moyen de mettre fin à des mouvements de protestation bien antérieurs à la révolution tunisienne.

Réconcilier les manifestants avec la monarchie des Al-Khalifa permettrait en effet d’endiguer toute tentative iranienne pour accroître son influence dans l’île. Les autres monarchies du golfe mais aussi les États-Unis et les Européens ont en cela un rôle à jouer dans la construction de la sécurité dans le golfe Arabo-persique.

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21 avril 2011 4 21 /04 /avril /2011 07:15

 

 

 

 

Les révoltes en Syrie et la fin du baathisme
Lundi, 18 Avril, 2011

Par Jean-Sylvestre MONGRENIER, Chercheur associé à l’Institut Thomas More, Chercheur à l'Institut Français de Géopolitique (Université Paris VIII Vincennes-Saint-Denis).


En dépit de la répression menée par le régime de Bachar Al-Assad, la Syrie bascule à son tour dans une situation insurrectionnelle. L’effondrement de ce régime serait la conséquence logique de l’épuisement du baathisme et de l’échec historique du nationalisme arabe. En Syrie comme dans l’ensemble de la région, le découpage politico-territorial issu du « désordre post-ottoman » pourrait être menacé. Un bref retour sur la Syrie s’impose donc.

La Syrie est un État du Proche-Orient situé sur cet espace que le géographe Yves Lacoste nomme « isthme syrien », entre Méditerranée orientale et golfe Arabo-Persique (« Syrie » renvoie à l’« Assyrie » de l’Antiquité proche-orientale). Les données démographiques et géographiques (185 000 km² ; 22 millions d’habitants), plus encore la situation géopolitique, en font un pays clef, au cœur des équilibres régionaux et des complexes jeux d’alliances moyen-orientaux.

A la fin de l’Empire ottoman, la Syrie est le foyer du mouvement nationaliste arabe et la « révolte arabe » de 1916, avivée par le colonel Lawrence, est le point de départ d’un long contentieux historique avec la Turquie, contentieux aggravé par un litige territorial autour du Sandjak d’Alexandrette (un territoire concédé à la Turquie par la France, puissance mandataire, en 1939). A l’issue de la Première Guerre mondiale, Damas devait être la capitale d’un grand royaume arabe mais l’émir Faysal, fils du chérif de la Mecque (Hussein Ibn Ali, de la dynastie des Hachémites), est chassé par les armées françaises en 1920.

Les accords Sykes-Picot de 1916 qui lient Londres et Paris l’emportent donc sur la promesse d’un grand royaume arabe (les provinces arabes de l’Empire ottoman sont confiées sous la forme de mandats de la SDN à la France et au Royaume-Uni). Non sans contreparties pour les Hachémites toutefois. Réfugié à Londres, Faysal est ensuite placé sur le trône irakien, en 1921, et cette dynastie se perpétue en Mésopotamie jusqu’au 14 juillet 1958, date à laquelle le général Kassem et d’autres officiers nassériens mènent un sanglant coup d’État. En 1921, un autre fils d’Hussein Ibn Ali, Abdallah, devient émir de Jordanie, ensuite érigée en royaume (1946). Dans l’intervalle, la dynastie des Hachémites perd La Mecque, prise par Ibn Saoud en 1925.

Sous mandat français, l’espace syrien est divisé en quatre entités qui correspondent aux points forts de cet espace : les États de Damas et d’Alep, un État alaouite et le Djebel-Druze. Ces entités sont réunies en une sorte de confédération, en 1936, qui reste sous contrôle français. Quant au Liban, il est l’objet d’un mandat français spécifique. A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les troupes françaises évacuent la Syrie qui accède à l’indépendance (1946). Ses dirigeants soutiennent l’unification du monde arabe et c’est à Damas, en 1943, qu’a été fondé le parti Baath (Renaissance), à l’avant-pointe du panarabisme. Des sections « régionales » du Baath sont créées dans différents États arabes et la Syrie lie provisoirement son sort à l’Égypte de Nasser, dans le cadre de la République Arabe Unie (RAU), de 1958 à 1961.

Nonobstant la rhétorique unioniste, la RAU se défait et en Syrie, les coups d’État se succèdent. Au sein du Baath, le « régionalisme » l’emporte sur le panarabisme (les baathistes de Damas et de Bagdad entrent en conflit), et les défaites contre Israël affaiblissent le nationalisme arabe, l’islamisme prenant le pas dans la région. Le coup d’État du général Hafez Al-Assad, en 1970, institue un régime autoritaire et patrimonial qui s’appuie sur la minorité chiite des Alaouites (12% de la population) dans un pays multiconfessionnel (68% de sunnites et 10% de chrétiens auxquels il faut ajouter les druzes).

La géohistoire de l’isthme syrien (la province romaine de Syrie) et les représentations géographiques (le « désert de Syrie » de la géographie classique) inspirent un projet de « Grande Syrie » qui implique le contrôle géopolitique du Liban, de la Jordanie, de la Palestine, voire de la Mésopotamie. Les troupes syriennes entrent au Liban en 1976 pour y soutenir temporairement les Maronites contre les radicaux palestiniens (OLP et autres). Damas manipule ensuite les multiples antagonismes communautaires libanais et passe une alliance durable avec le Hezbollah chiite (une organisation classée comme terroriste en Occident). C’est seulement en 2005 que les Syriens évacueront le Liban, sous pression de la France, des États-Unis et de l’ONU.

Au cours des années de Guerre froide, Hafez Al-Assad s’appuie sur l’URSS, prend la tête du « front du refus » contre Israël, suite au traité de paix israélo-égyptien signé en 1979, et s’allie au régime islamique iranien contre l’Irak (voir la guerre Irak-Iran, 1980-1988). Lors de la guerre du Golfe (1991), la Syrie est partie prenante de la coalition mise sur pied par les États-Unis pour chasser les armées de Saddam Hussein du Koweït. Hafez Al-Assad met à profit ce contexte géopolitique pour renforcer son emprise sur le Liban, avec l’accord tacite de l’Arabie Saoudite mais aussi des Occidentaux.

En 2000, Hafez Al-Assad meurt et son fils, Bachar Al-Assad, lui succède. Il est présenté comme un réformateur, notamment en France où le jacobinisme à la syrienne a ses émules, mais la libéralisation politique ne suit pas une ouverture économique sélective et sous contrôle. L’ « Infitah » (l’ouverture) est confisquée par les clans au pouvoir. En 2003, le renversement de Saddam Hussein et la possible dislocation de l’Irak semblent ouvrir des perspectives au projet de Grande Syrie mais l’attentat contre Rafic Hariri (2005), le premier ministre du libanais, et les pressions internationales (résolution 1559) contraignent Damas à évacuer le Liban, non sans violences (les attentats dirigés contre les personnalités politiques libanaises jugées anti-syriennes sont nombreux).

Suite à ce départ précipité, le régime syrien y perd en légitimité intérieure et il est privé d’une partie des ressources qui alimentent le clientélisme politique, sans que le rapprochement diplomatique avec la Turquie post-kémaliste (voir la « diplomatie multivectorielle » de Davutoglu, ministre des Affaires étrangères d’Erdogan) ne puisse compenser cet affaiblissement.

Depuis quelques semaines, les « révoltes arabes » font sentir leurs effets jusqu’en Syrie où le principe et les pratiques du régime sont contestés. A proximité de la frontière avec la Jordanie, la ville de Deraa est l’épicentre de la contestation mais celle-ci a rapidement gagné d’autres centres urbains, sur le littoral de Méditerranéen orientale (voir le port de Lattaquié, entre autres villes), avec des effets jusque dans la capitale.

Il est difficile de penser que les tardives concessions du pouvoir en place suffisent à apaiser la situation politique intérieure. En Syrie comme dans d’autres États du monde arabe, c’est un mouvement de fond qui est amorcé. Dans le cas syrien, la multiplicité des clivages ethno-confessionnels fait redouter une remise en cause de l’ordre politico-territorial. C’est à des bouleversements d’ensemble qu’il faut donc se préparer.

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18 avril 2011 1 18 /04 /avril /2011 09:24


 
DEBKAfile Reportage exclusif  17 avril 2011, 10:45 PM (GMT+02:00)

 

Adapté par Marc Brzustowski

 

Pour © 2011 lessakele  et © 2011 aschkel.info

 

http://www.debka.com/article/20856/

 

Tags:  Syria      Bashar Assad    Saudi Arabia    Prince Bandar    protests 

 

 

De longues files de camions en attente, avant d'entrer en Syrie, à la frontière libanaise

 

Les troupes syriennes se sont déployées dimanche 17 avril, tout au long des frontières du pays avec l’Irak, la Jordanie et le Liban, pour faire obstruction aux trafics d’armes, d’argent et d’agents étrangers qui affluent depuis ces dernières semaines pour venir à la rescousse de l’opposition dont le soulèvement s’est étendu à chaque recoin du pays. Le Jour de l’Indépendance, ce dimanche, a été marqué par l’exposition, de la part des autorités, d’une collection d’armes automatiques, présumées avoir été transportées clandestinement à travers la frontière irakienne, parallèlement au défilé de cortèges réclamant le renversement du Président. A Homs, les forces de sécurité ont tiré et tué 4 manifestants et en ont blessé plus de 50. Certains manifestants portaient des banderolles proclamant : « La mort est préférable à la honte ! ».

 

De larges pans de l’économie syrienne ont été paralysés, selon les sources de Debkafile, du fait que 2500 camions d’approvisionnement restent bloqués à la frontière libanaise et 3000 autres aux frontières jordaniennes et irakiennes, sujets à des fouilles méticuleuses et chronophages. Les autorités syriennes soupçonnent l’Arabie Saoudite de convoyer clandestinement des armes en direction de l’opposition, à travers la Jordanie, l’Irak et le Liban, en ayant réquisitionné l’ensemble du réseau de trafic au Moyen-Orient, dont Assad était le principal organisateur et le maillon fort – et qui s’est désormais retourné contre son maître pour lui mordre la main.

 

Les fouilles des convois ont causé des dommages critiques à l’économie syrienne : l’approvisionnement des importations de transports de nourriture et de matières premières est suspendu et ne parvient plus aux magasins et aux industries et les exportations sont presque au point mort.

 

Les élites politiques, des cercles d’affaires, de l’armée et du renseignement, dont la famille Assad elle-même, ont amassé des fortunes personnelles en créant et en alimentant ces filières, dont les voies de passage parviennent du Soudan au sud à travers le Sinaï et de la Jordanie jusqu’en Irak et vers le  nord-ouest de la Syrie.

 

Les sources militaires de Debkafiles rapportent que le régime syrien était aussi leur meilleur client, employant ces réseaux pour transférer les contrebandes d’armes vers le Hezbollah libanais, les extrémistes palestiniens, comme le Hamas dans la bande de Gaza et ses groupes alliés dans la Bande Occidentale (de Judée-Samarie), ainsi que les terroristes sunnites, comprenant notamment al Qaeda, en Irak.

 

Assad et ses chefs de la sécurité ont, désormais, décidé que le rôle-même de Damas, en tant que foyer principal de ce trafic au Levant menaçait leur mainmise sur le pouvoir, du fait que l’Arabie Saoudite avait commencé à utiliser ces branches du réseau pour véhiculer discrètement des armes et des financements vers l’opposition syrienne :


1.  Jordanie : Les services de renseignement syriens soupçonnent Riyad d’avoir établi ses quartiers généraux, dirigés par le Prince Bandar ben Sultan, Secrétaire Général du Conseil national de sécurité saoudien, à Amman, afin d’aider et d’armer le soulèvement.


La ville de Deraa, qui dirige le mouvement de protestation dans le sud syrien, se situe sur la route de la seule voie reliant la Syrie à la Jordanie. Elle est à 100 kms de Damas et à 88 seulement d’Amman. Plus de 1500 camions de fournitures, certains en provenance d’Arabie Saoudite, attendent aux barrages routiers de la sécurité syrienne, avant d’obtenir l’autorisation de reprendre la route.


Les tanks syriens et les forces spéciales camouflées sont aussi en embuscade pour intercepter tout traffic suspect le long de la rivière du Yarmouk qui traverse la Jordanie.


2.  Iraq : Assad soupçonne les Saoudiens d’alimenter l’afflux d’armes, d’argent et de provocateurs en Syrie, pour inciter à l’émeute, avec l’aide des milices sunnites de la province d’Al Anbar, dans l’ouest irakien. Ces locaux sont des habitués des chemins de contrebandiers de la frontière syrienne, cachés par la densité des arbres et de la végétation des rives des fleuves de l’Euphrate et du Tigre, entre Husaiba en Irak et Abu Kamal en Syrie. Cette dernière est le foyer de la tribu Shammar, dont les territoires s’étendent jusqu’en Arabie Saoudite et en Jordanie.

 

Depuis que l’armée syrienne a bouclé la seule frontière régulière avec l’Irak, à Rabiyaa-Tall Kujik, une autre file de 1500 camions sont arrêtés, en attendant l’autorisation de franchir le poste-frontière.


3. Liban :  
La Syrie a resserré l’étau de ses mesures les plus drastiques le long de sa frontière avec le Liban, particulièrement au terminal de stockage des produits de la frontière d'Abboudiyeh. Damas accuse le Député Jamal al-Jarrah, un membre du Mouvement Mustaqal dirigé par Saad Hariri, le Premier Ministre sunnite renversé par le Hezbollah, d’être le relais du passage des armes et des fonds saoudiens qui alimenterait le soulèvement syrien. 

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17 avril 2011 7 17 /04 /avril /2011 17:04
Vantardise creuse de Kadhafi

par Daniel Pipes
17 avril 2011

http://fr.danielpipes.org/blog/2011/04/vantardise-creuse-de-kadhafi

Version originale anglaise: Qaddafi's Empty Boast
Adaptation française: Anne-Marie Delcambre de Champvert

Soyez le premier de vos amis à indiquer que vous aimez ça.

Oriana Fallaci est morte il y a presque cinq ans, mais ses écrits continuent à vivre. Elle a acquis une renommée en particulier pour la connaissance, l'habileté, et la combativité de ses entretiens avec les dirigeants du monde comme Yasser Arafat, Robert Kennedy, Mohammed Reza Pahlavi, Ariel Sharon, Lech Walesa, et le Dalaï Lama. Une collection de certains des meilleurs entretiens vient de sortir ce mois-ci dans un nouveau livre en anglais, Entretiens avec l'Histoire, conversations avec le Pouvoir (Rizzoli New York).

Oriana Fallaci interviewant Mouammar al-Kadhafi dans sa tente en 1979.

Je mentionne ce recueil car il comprend un entretien avec Mouammar al-Kadhafi de 1979 avec un paragraphe (p. 148) remarquable en ce moment où l'OTAN est en train de lui faire la guerre et en déclarant qu'il doit partir. Avec sa verve caractéristique, Fallaci lui demanda: «Vous n'êtes pas très modeste, n'est-ce pas, colonel? Ce à quoi Kadhafi répondit avec exaspération:

Je peux survivre aux attaques du monde entier. Et ce, parce que mon Livre vert a résolu les problèmes de l'homme, les problèmes de société. L'Amérique peut faire la guerre contre nous, l'Occident peut nous tourmenter, cela n'a pas d'importance: le monde a mon livre vert. Tout ce dont nous avons besoin pour nous défendre est le Livre vert.

A en juger par les opérations actuellement en cours, Kadhafi se trouve avoir besoin d'une protection plus grande que ce que son Livre vert prévoit. Typique des titres actuels, celui-ci de FoxNews.com: Les forces de Kadhafi auraient lancé des bombes à fragmentation sur les zones civiles . Ce serait les zones civiles libyennes, en particulier Misrata, la troisième plus grande ville du pays.

Commentaire: combien satisfaisant , de voir même 32 ans plus tard, comme les manières pompeuses, les fanfaronnades, et le narcissisme du dictateur ont été percés à jour au vu du monde entier.

Thèmes connexes:  Libye Il est permis de reposter ou de faire suivre ce texte pour autant qu'il soit présenté dans son intégralité et accompagné de toutes les informations fournies à propos de son auteur, de sa date et son lieu de publication et de son URL originale.

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  • : Le blog de Gad
  • : Lessakele : déjouer les pièges de l'actualité Lessakele, verbe hébraïque qui signifie "déjouer" est un blog de commentaire libre d'une actualité disparate, visant à taquiner l'indépendance et l'esprit critique du lecteur et à lui prêter quelques clés de décrytage personnalisées.
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A tous nos chers lecteurs.

 

Ne vous est-il jamais venu à l'esprit d'en savoir un peu plus sur le titre de ce blog ?

Puisque nous nous sommes aujourd'hui habillés de bleu, il conviendrait de rentrer plus a fond dans l'explication du mot lessakel.

En fait Lessakel n'est que la façon française de dire le mot léhasskil.

L'hébreu est une langue qui fonctionne en déclinant des racines.

Racines, bilitères, trilitères et quadrilitères.

La majorité d'entre elle sont trilitères.

Aussi Si Gad a souhaité appeler son site Lessakel, c'est parce qu'il souhaitait rendre hommage à l'intelligence.

Celle qui nous est demandée chaque jour.

La racine de l'intelligence est sé'hel שכל qui signifie l'intelligence pure.

De cette racine découlent plusieurs mots

Sé'hel > intelligence, esprit, raison, bon sens, prudence, mais aussi croiser

Léhasskil > Etre intelligent, cultivé, déjouer les pièges

Sé'hli > intelligent, mental, spirituel

Léhistakel > agir prudemment, être retenu et raisonnable, chercher à comprendre

Si'hloute > appréhension et compréhension

Haskala >  Instruction, culture, éducation

Lessa'hlen > rationaliser, intellectualiser

Heschkel > moralité

Si'htanout > rationalisme

Si'hloul > Amélioration, perfectionnement

 

Gageons que ce site puisse nous apporter quelques lumières.

Aschkel pour Lessakel.

 

 

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