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L’affaire de la cyber-censure turque est particulièrement  préoccupante dans la perspective d’un éventuel rapprochement avec l’Europe.  

Le webzine de référence Geek  le rappelait dans un article mis en ligne cette semaine : les principales organisations européennes  de sécurité et de droits de l’homme  en Europe demandent instamment à la Turquie de lever l’interdiction portant sur Youtube  et plus de 5000 sites sur internet et de réviser la loi  de censure, dite internet law, N° 5651. Cette loi introduite en 2007 a été invoquée pour bloquer l’accès à des milliers de site dont Youtube, Blogger, Metacafe selon Geek.  

A l’origine l’interdiction visait des videos considérées comme insultantes pour le fondateur ultra-laïc de la République turque, Mustafa Kemal Ataturk et, complètement à l’opposé cette fois, pour atteinte à des convictions religieuses.  Cette loi fut récemment étendue à d’autres sites de Google comme Analytics ou Translate, officiellement pour des questions de taxes non payées (soi-disant 20 millions de $ issus de la pub collectée en Turquie).

Le 22 juin le représentant de l’OSCE (*) pour la liberté des media a adressé un très ferme rappel à l’ordre aux autorités turques. “I ask the Turkish authorities to revoke the blocking provisions that prevent citizens from being part of today’s global information society. I also ask them to carry out a very much needed reform of Law No. 5651,” (Le communiqué intégral est en ligne sur le site de l’OSCE).

De son côté l’excellent site d’information turc Today’s Zaman, proche des milieux d’affaires d’Ankara, laisse filtrer son inquiétude. Tout en rappelant prudemment, le point de vue officiel du premier ministre turc, Today’s Zaman glisse que le Président turc, Abdullah Gül en personne, s’est opposé à l’interdiction, sans ambiguité début juin,  par le biais de son compte Twitter…

L’agence de presse agite le spectre de la relégation de la Turquie au sein du club peu glorieux des pays qui contrôlent internet. Et, citant un éditorialiste d’opposition, risque le parallèle avec l’Iran actuel. Il est rappelé que des pétitions circulent pour demander la démission du ministre des télécommunications et que l’interdiction est actuellement dénoncée en justice par 3 organisations de NTIC turques.

Today’s Zaman en rajoute une couche en conclusion et pour que le message soit bien clair, il sort l’arme secrète et cite Richard Howitt, député britannique, membre du Parlement Européen et lobbyiste actif en faveur de l’intégration de la Turquie à l’Union Européenne. Selon le député, la restriction d’accès à internet place la Turquie sur le même plan que l’Iran, la Corée du Nord ou le Vietnam. Les plus grands cyber-censeurs mondiaux. Un apparentement ravageur aux yeux des européens très sourcilleux sur la liberté d’expression. Dans ces conditions dit Howitt la candidature de la Turquie à l’UE ne peut pas être sérieusement envisagée.  Dont acte.

DB.

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(*) L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) regroupe 56 Etats situés en Europe, en Asie centrale et en Amérique. Elle assure la sécurité d’une région géographique s’étendant de Vancouver à Vladivostok.