Lundi 30août 2010
Par Barry Rubin
Adaptation : Marc Brzustowski
Pour © 2010 lessakele et © 2010 aschkel.info
Avec l’aimable autorisation de Yeru Aharoni
Directeur des Publications/Rédacteur en chef du
Global Research in International Affairs (GLORIA) Center
Interdisciplinary Center
Je reçois continuellement des e-mails et contacts de forme variable, de la part d’Arabes, Iraniens, Pakistanais et Turcs –parmi tant d’autres – disant à quel point ils apprécient ce que j’écris. En fait, beaucoup de mes idées et sources d’inspiration proviennent des conversations que j’ai avec ces personnes. Vous seriez surpris de découvrir certains de ces noms, pays et positions de ceux qui s'impliquent dans ces dialogues.
C’est un problème complexe, mais pour l’expliquer simplement : ceux d’Occident peuvent trouver romantique ou refuser de critiquer les islamistes radicaux et les dictatures du Moyen-Orient, mais cela ne ravit pas exactement ceux qui vivent sous ces régimes et qui craignent de voir leurs pays être dominés par les extrémistes qui les répriment et, probablement, les tueront.
J’ai écrit un livre entier sur cette situation et ces personnes, La Longue Guerre Vers La Liberté : la lutte arabe pour la démocratie au Moyen-Orient, aux éditions John Wiley (2005). Ce livre, et bien d’autres choses que j’ai écrites, expliquent mon énorme sympathie pour ces libéraux et réformateurs, tout autant que je ne milite pas pour une politique fondée sur la croyance que les Etats-Unis seraient en mesure de démocratiser la région ou de résoudre les problèmes de ces sociétés en renversant les régimes en place.
Au cours de ma dernière tournée de conférences, qui sont généralement consacrées à la lutte acharnée entre Islamistes et nationalistes, il y avait des Arabes ou des Iraniens présents à chaque évènement, qui soutenaient de manière enthousiaste ce que j’étais en train d’exposer. Dans un cas, un Palestinien, portant un très large keffieh, s’est assis en face, sur la première rangée, opinant à chacun de mes points essentiels. Après coup, il a expliqué qu’il était partisan de l’Autorité Palestinienne, qu’il haïssait le Hamas et qu’il pensait que ce groupe terroriste ruinait les chances de son peuple de jamais pouvoir accéder à son propre état indépendant.
Et ne me faites même pas commencer à parler de l’Iran, où une large majorité s’oppose au régime actuel, ni sur la Turquie, où une plus vaste majorité encore s’oppose au régime actuel. Ces peuples, presque tous musulmans, sont anti-islamistes et marquent leur préférence pour un état démocratique. Ce ne sont pas des « musulmans modérés”, ce qui correspondrait à en faire des réformateurs religieux, mais ce sont des Musulmans sensibles à la modération [dans leur approche des problèmes politiques]. Ils ne respectent nullement la suffisance des Occidentaux ni leurs supposées « vertus » à se montrer tellement islamophiles, dégoulinants de tolérance et « pro-arabes », tout en abandonnant les pauvres victimes moyen-orientales à des régimes terrifiants, répressifs, recourant à une violence permanente.
La plupart des gens qui haïssent et s’opposent à l’Islamisme révolutionnaire peuvent être, de façon plus pertinente, considérés comme des traditionnalistes conservateurs. Ils préfèrent un Islam tel qu’il était pratiqué avant l’époque de la Révolution en Iran et d’Ousama Ben Laden. Ils n’aiment pas Israël et ont des tonnes de griefs contre l’Occident (bien qu’il existe aussi des aspects qu’ils apprécient dans les deux cas), mais ils ne veulent pas partir en guerre ni devoir passer le prochain siècle à rechercher une revanche.
Une minorité d’entre eux sont de véritables démocrates, des personnes courageuses qui savent ce dont leurs pays ont besoin pour sortir de leur nasse présente. La majorité est, tout simplement, fatiguée du terrorisme, de l’idéologie, de la dictature, de l’appauvrissement économique, de la stagnation sociale et de l’utilisation du Sionisme ou de l’impérialisme comme excuses pour tout ce qu’on vient de mentionner ci-dessus. Les « sympathisants » occidentaux qui soutiennent toute tendance culturelle et politique réactionnaire au prétexte qu’elle serait « authentique » ne recueillent vraiment aucune de leurs faveurs.
Par exemple, en réponse à cet article que j’ai écrit pour mettre l’accent sur le fait que la somme de haine et d’incitation provenant de la majorité du monde musulman surpassait infiniment celle présente en Occident ou en Israël, j’ai reçu deux messages de la part de lecteurs du Moyen-Orient. L’un, venant d’un Iranien, a noté :
« Vraiment le meilleur article à l’heure actuelle ! Continuez!”
Et un autre lecteur – que je présume être Iranien – m’écrit ce qui suit :
“Je lis vos Rapports Rubin avec grand plaisir et impatience. Je trouve que vous êtes parmi les très rares Occidentaux qui ne se paient pas de “politiquement correct” à l’encontre du terrorisme islamique, le nouveau fascisme. La danse du ventre consistant à apaiser les radicaux islamistes (ou les autres) est ce qu’il y a de plus dangereux et conduira à réduire les libertés et à la fin des règles de lois fondées sur la rationalité.
“J’ai tellement peur que mes petits-enfants aient à subir un régime totalitaire et théocratique que je cherche une issue hors [de cette situation pour vivre] en Occident. Il y a des majorités au Moyen-Orient –l’Iran en est le premier exemple – qui en ont assez de l’idéologie de haine et de mort et d’obscurantisme, et se languissent de paix, de liberté et de joie. Nous en avons assez des gouvernements et peuples antisémites et nous voulons sauvegarder la raison sous le joug du dogme théocratique.
“Merci pour tout ce que vous faîtes. J’espère que les Occidentaux lisent vos travaux qui les mettent en garde. L’alternative n’est que haine, violence, et règne du Mal absolu. »
Remarquez bien les implications des trois derniers points ;
La haine diffusée par les Islamistes et les radicaux : pas uniquement de l’Occident et d’Israël, des Chrétiens, des Juifs, ou même des Bahaïs, mais également des Musulmans qui ont une interprétation différente de leur religion ou qui sont “trop” laïcs, et aussi d’autres groupes variés qui sont musulmans (Berbères, Kurdes, Chi’ites, Africains du Soudan).
Violence : pas seulement contre les Occidentaux et les Israéliens, ni seulement contre les Chrétiens locaux, mais aussi contre tous les groupes mentionnés dans le précédent paragraphe, plus les femmes qui s’écartent de ce que veulent les Islamistes, les homosexuels, et tous les autres.
Le règne du mal : non pas tant sur les Occidentaux, mais bien sur ces Moyen-orientaux (une fois encore, qui sont d’abord musulmans) qui vivent sous le joug de tels régimes ou seront noyés dans le sang des prochaines révolutions.
De fait, lorsque quelqu’un soutient les Islamistes tels que ceux qui dirigent l’Iran et la Bande de Gaza, les dictatures pro-islamistes (à l’étranger), comme celle de Syrie, ceux qui sont proches de s’imposer au Liban, et les révolutionnaires qui veulent imposer des régimes islamistes totalitaires, est-ce là être « pro-musulman » ou « pro-arabe ? ». Probablement, cela équivaut à dire que soutenir les Nazis faisait de soi un ami du peuple allemand ou que soutenir les Staliniens prouvait que l’on aimait le peuple russe et ceux des pays-satellites.
Ou peut-être que quiconque ne veut pas être dirigé par l’Iran, les Talibans, le Hamas, le Hezbollah, les Frères Musulmans, et d’autres dictatures de même acabit, est « islamophobe » ou « raciste » ?
Barry Rubin est directeur du Centre pour la Recherche Globale en affaires internationales (GLORIA) et éditeur du journal : la revue des Affaires Internationales et du Moyen-Orient (MERIA). Ses derniers ouvrages sont « le lecteur israélo-arabe (7è édition), La longue guerre pour la liberté : la lutte arabe pour la démocratie au Moyen-Orient (Wiley), ainsi que La vérité sur la Syrie (Palgrave-McMillan). Le site internet du Centre GLORIA est à l’adresse : http://www.gloria-center.org et celle de son blog, Rubin Reports, à :http://www.rubinreports.blogspot.com.