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Début mai, le quotidien israélien  Haaretz titrait avec optimisme sur les chances d’Israel d’intégrer le CERN en tant que membre.

Situé de part et d’autre de la frontière franco-suisse, près de Genève, le CERN est l’un des plus grands et des plus prestigieux laboratoires scientifiques du monde. Il a pour vocation de découvrir les constituants et les lois de l’Univers. Il utilise des instruments scientifiques très complexes pour sonder les constituants ultimes de la matière : les particules fondamentales.

Le CERN compte aujourd’hui 20 états membres. Parmi les Etats et organisations observateurs figurent la Turquie et Israel qui souhaitent devenir membres. D’autres Etats, qui ne sont ni membres ni observateurs peuvent participer à des programmes du CERN, c’est par exemple le cas de la Chine, du Pakistan ou de l’Iran.

Dans le cas de l’Iran, les entités en charge de la coopération sont  l’Institute for Theoretical Physics and Mathematics (IPM) et la “Sharif University of Technology” (SHUT) à Teheran.  L’Iran participe par exemple au programme CMS : Compact Muon Solenoid.  Ou encore au programme CLIC : “the Compact Linear Collider Study”.  Deux programmes qui n’ont rien d’anecdotiques.

2600 personnes travaillent au CERN. 8000 ingénieurs de 80 pays et plus de 500 centres de recherche coopérent aux travaux. Israel est le plus gros contributeur financier parmi les non membres et  fin 2008 Tsipi Livni formula une demande officielle d’adhésion, accueillie favorablement. 

Le mois dernier une délégation de haut niveau du CERN a rencontré en Israel le président Shimon Peres et visité les labos nanotech du Technion, ceux de l’université de Tel-Aviv ainsi que le Weizmann Institute, qui tous contribuent au développement de l’accélérateur de particules. La délégation a également rencontré plusieurs sociétés concernées comme Orbotech, Fibernet, Nanomotion et SARAF : le “Soreq Applied Research Accelerator Facility” ; le laboratoire du centre de recherche nucléaire Soreq. 

Depuis de nombreuses années la contribution scientifique et financière israélienne au CERN est très importante. L’adhésion d’Israël en tant que membre  fin 2010 serait une consécration méritée selon le Pr Rabinovici de l’HU de Jérusalem.

 S’agissant de la demande d’adhésion turque, la Grèce en tant que membre aurait formulé des objections à une candidature ”package” Turquie-Israel.

 George Mikenberg du Weizmann Institute of Science, l’un des experts de l’accélérateur de particules Large Hadron Collider (LHC) a affirmé que le CERN n’était pas une entité politique et que  les israéliens y travaillaient par exemple avec les pakistanais depuis de nombreuses années. En conséquence selon lui, seuls des critères scientifiques seront retenus pour les adhésions, à l’exclusion de toutes considérations religieuses ou politiques.  

 Fin mars 2010 le Dr. Bilge Demirkoz, un chercheur turc employé par le CERN annonçait des percées scientifiques révolutionnaires pour les prochains mois. Selon Demirkoz  une centaine de scientifiques turcs  travaillent au CERN.  Cependant il regrette que les sociétés turcs du secteur privé ne puissent  pas participer aux appels d’offres  puisque la Turquie n’est pas membre du CERN. Ainsi dans l’hypothèse d’une adhésion pleine, la Turquie  devrait acquitter des frais  annuels d’environ 20 millions d’euros. Une partie importante serait cependant  recouvrée par les sociétés turques grâce aux contrats obtenus par la suite.  Aujourd’hui au moins 4 entités turques sont impliquées dans des recherches nucléaires en Turquie : ÇNRTC – Çekmece Nuclear Research & Training Center;  ICHMT – International Center for Heat & Mass Transfer;  Inst for Nuclear Energy – Nükleer Enerji Enstitüsü;  et le TUBITAK – Scientific & Technical Research Council.  Demirkoz conclut en soulignant que l’adhésion de la Turquie au CERN augmenterait le prestige de son pays et des Turcs.

En contrepoint des travaux scientifiques internationaux et des diverses déclarations d’ouverture et de fraternité universelle, un événement fâcheux a cependant jeté un froid en octobre dernier. L’arrestation par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) d’un physicien travaillant pour le  CERN et soupçonné  d’être en relation par Internet avec Al-Qaida au pays du Maghreb islamique (AQMI). Le chercheur sous contrat travaillait paraît-il sur le «contrôle des faisceaux éjectés du synchrotron à protons du CERN au moyen d’un ordinateur en mode conversationnel».