Par CAROLINE B. GLICK
Jerusalem Post 13/06/2013
http://www.jpost.com/Opinion/Columnists/Column-One-Oil-brings-us-to-a-better-place-316479
Adaptation française de Sentinelle 5773 ©
Contrairement à la situation de la société “Better Place”, les lois économiques de l’offre et de la demande sont en faveur de la solution énergétique d’Israël.
Selon toute évidence, Shaï Agassi, le fondateur et PDG à l’origine de la société « Better Place », la société de voitures électriques israélienne en faillite, est un homme extrêmement charismatique. Son charme a fait baver d’admiration des politiciens, des capitalistes de capital-risque, des célébrités, et des journalistes hors de l’industrie automobile. Tous voulaient être pris en photo avec l’homme qui allait transformer l’industrie automobile israélienne en première industrie à l’énergie électrique dans le monde et transformer la nation des ‘start-up’ en une serre chaude du transport pour le monde entier.
La vision d’Agassi était simple et facile à comprendre.
D’ici 2020, la moitié des voitures d’Israël serait faite de voitures électriques mues par des batteries fournies par sa compagnie, « Better Place ». Nous remplacerions nos moteurs à combustion interne, dont l’énergie provient du pétrole produit par nos pires ennemis, par des batteries produites par ‘Better Place’. Cette compagnie dépasserait les déficits technologiques des batteries qui sont capables de ne donner de l’énergie à une voiture que sur une courte distance, en construisant des stations de changement de batteries à travers le pays. Au lieu de remplir nos réservoirs avec du pétrole, nous remplacerions nos batteries.
Et nos ennemis iraient à la ruine.
Les seuls qui ne sont pas convaincus par les plans d’Agassi sont les gens qui comprennent vraiment le marché de l’automobile en général, et le marché israélien en particulier.
Les journalistes de l’industrie automobile ont prévenu dès 2008 que les conducteurs israéliens auraient besoin d’incitations pour acheter une nouvelle technologie. Le coût des voitures en Israël est prohibitif. Le gouvernement fait peser 82 % de droits de douane sur les voitures importées. Si des voitures électriques pouvaient être moins chères, elles auraient alors une chance de succès.
Pour aider à la réussite de ‘Better Place’, le gouvernement accorda à la compagnie une réduction massive sur les taxes d’importation. ‘Better Place’, qui avait signé un accord avec Renault pour produire un modèle mû par batterie de la gamme « Fluence », ne payait que 10% de droits d’importation par voiture.
Au lieu de faire bénéficier ses clients des économies ainsi réalisées, les voitures de ‘Better Place’ coûtaient le même montant que des voitures classiques mues à l’essence/gas-oil. Et cela n’inclut pas le coût des batteries ou de la souscription mensuelle aux services de recharge mensuelle de ‘Better Place’
Ainsi il n’y a avait pas d’incitation économique à acheter la voiture.
Beaucoup ont attribué l’échec de ‘Better Place’ à sa gouvernance médiocre. Et il n’y a pas de doute que les compétences de direction d’Agassi ne valaient pas ses capacités de vendeur. Le modèle commercial de la compagnie était une étude incohérente faite d’objectifs trop ambitieux et de prétention démesurée.
Mais le fait est là : le voiture était trop chère.
Et cela a du sens. Construire toute une infrastructure nationale pour des voitures électriques est coûteux.
Les seules incitations que ‘Better Place’ donnait aux clients étaient idéologiques. Et comme cela se réalisa, il n’y eut que 900 personnes désirant payer plein pot pour posséder une voiture dont la durée réelle de la batterie se situait entre 100 et 120 km, juste pour diminuer leur empreinte carbone ou bien pour « niq…» les Arabes.
En résumé, le gouvernement offrit à ‘Better Place’ une réduction massive de taxe. Les investisseurs alimentèrent la compagnie avec 840 millions de $. Les medias arrosèrent la compagnie avec de fabuleuses relations publiques gratuites.
Et en quatre ans, elle ne parvint qu’à vendre 900 voitures
Cela nous apprend quelque chose sur l’économie.
La loi d’airain de l’offre et de la demande est infaillible.
Si le prix est trop élevé, les gens n’achèteront pas votre produit. Et si le ticket d’entrée pour être les pionniers est un marché risqué, d’avoir à quitter votre route pour trouver des stations de changement de batteries, et de changer vos batteries trois ou quatre fois plus souvent que vous n’avez à faire le plein d’essence de votre réservoir au prix d’une voiture normale, alors personne ne voudra être un pionnier. Et personne ne l’a fait.
De fait, selon la chaîne ‘Channel 2’, plus d’une centaine des 900 propriétaires de voitures de ‘Better Place’ travaillaient pour la compagnie. Et la majorité des autres propriétaires ont acheté une voiture électrique somme deuxième ou troisième voiture.
Des gens ont prévenu que l’échec de ‘Better Place’ allait nuire à la réputation de l’économie ‘High Tech’ d’Israël.
Mais ces avertissements ont peu de sens. ‘Better Place’ n’était pas une firme ‘High Tech’. C’était une compagnie de voitures électriques qui ne vendait pas une nouvelle technologie.
Elle n’a fait qu’enrober une ancienne technologie faillie d’une nouvelle manière.
Ce qui a échoué avec ‘Better Place’, ce n’était pas l’idée des prouesses High Tech et de l’ingéniosité israéliennes. Ce qui a échoué, encore une fois, c’est la notion qu’il y a une manière d’utiliser des sources d’énergie alternatives – comme l’électricité – pour remplacer le moteur à combustion interne. Et il n’y en a pas. Et cela parce que les lois de l’offre et de la demande gouvernent l’économie de l’industrie automobile, même si Shaï Agassi est l’alternative commerciale aux lois économiques.
L’un des aspects attractifs du marché du combustible alternatif est qu’il permet aux gens qui se préoccupent de sécurité de faire cause commune avec les environnementalistes qui s’opposent à la consommation de pétrole.
Aucune autre question ne réunit si bien les faucons d’Extrême Droite de la sécurité avec les environnementalistes d’Extrême Gauche. Et alors que la majorité des environnementalistes sont indifférents à la présence de faucons conservateurs dans leurs coalitions, les conservateurs se réjouissent de l’opportunité d’être côte à côte avec des membres de ‘Green Peace’ et du ‘Sierra Club’. Peut-être que l’une des raisons pour laquelle les faucons de la sécurité demeurent énamourés de combustibles alternatifs malgré leur claire incapacité à remplacer le pétrole sur un marché ouvert, c’est parce qu’ils ne veulent pas abandonner la cause commune avec la Gauche.
Mais le moment est venu d’abandonner les environnementalistes.
Israël a les moyens de parvenir à l’indépendance énergétique et d’ouvrir la voie au monde libre pour neutraliser le pouvoir économique du monde islamique.
Contrairement à la situation de la société “Better Place”, les lois économiques de l’offre et de la demande sont en faveur de la solution énergétique d’Israël. La seule force qui se tient en travers est une coalition d’environnementalistes qui s’oppose à la consommation de pétrole parce qu’ils croient que la plus grande menace pour le monde est le réchauffement climatique. Ils ne veulent pas d’un pétrole à bon marché.
Ils veulent un pétrole à 500 $ le baril. Ils ne veulent pas d’un pétrole propre à des prix abordables. Ils veulent que nous vivions tous dans des villes surpeuplées, que nous devenions végétariens et voyagions par transports en commun ou à bicyclette.
Il y a quatre ans, Israël a découvert qu’il repose sur une énorme quantité de pétrole. Au sud de Jerusalem, dans le bassin de Shefla qui commence à environ 15 km de Kyriat Gat, Israël détient 150 milliards de barils estimés – soit 60 % de la capacité en réserve de l’Arabie saoudite. Le pétrole est localisé dans la roche schistique à 300 mètres sous la surface du sol. Elle est séparée de l’aquifère du sous-sol d’Israël par 200 mètres de roche imperméable de chaque côté.
Si on la traverse, la fourniture en pétrole domestique d’Israël pourrait nous assurer l’indépendance énergétique pendant des siècles. Au stade initial, nous pourrions en produire suffisamment pour satisfaire totalement les besoins de Tsahal – soit 50.000 barils par jour. Et nous pourrions le raffiner à Ashdod sans même avoir à augmenter nos capacités de raffinage. Ultérieurement, nous pourrons produire suffisamment de pétrole pour satisfaire la totalité des besoins en consommation du pays, soit 80 millions de barils par an.
Une visite avec les dirigeants exécutifs des Initiatives de l’Energie d’Israël (IEI en anglais) est un voyage frustrant au sein des pathologies politiques d’Israël.
IEI détient la licence pour développer le dépôt de pétrole de schiste. Son PDG Relik Shafir, un Brigadier Général en 2ème section des Forces Aériennes, explique que du fait d’une campagne dûment financée des environnementalistes radicaux dirigée par « Greenpeace » en Turquie, IEI est entré dans un « univers réglementaire kafkaïen », où un projet pilote pour démontrer la valeur de sa technologie a été empêché depuis quatre ans.
D’abord par des pétitions à la Cour Suprême lancées par l’Extrême Gauche : le ‘New Israel Fund’ a soutenu le mouvement environnementaliste ‘Adam Teva V’Din’. Le projet pilote d’IEI a été retardé pendant un an. Ce projet pilote, qui prendra une année, implique la démonstration de la technologie d’IEI pour l’extraction du pétrole en extrayant 500 barils depuis une zone test au Sud de Beit Shemesh.
La Cour Suprême s’est prononcée en faveur d’IEI, mais a exigé que le gouvernement réécrive la loi concernant l’exploration pétrolière. Des environnementalistes radicaux au ministère de la protection de l’environnement, associés à des bureaucrates incompétents dans les ministères de la Justice, de l’Energie et de l’Intérieur, ont retardé le projet pendant trois années de plus en entravant le processus d’élaboration.
Désormais la loi est passée. Et tout ce qui reste entre IEI et le programme pilote, c’est le ‘Bureau de Planification de Jerusalem’. Le bureau entamera sûrement ses délibérations sur les plans à l’automne.
Le scientifique en chef d’IEI, le Dr Harold Vinegar (en photo ci-dessous), a travaillé comme scientifique en chef pour la Compagnie ‘Royal Dutch Shell’.
C’est là que Vinegar a développé la technologie pour l’extraction du pétrole de schiste. Pour transformer la roche de schiste en pétrole brut liquide, le pétrole de schiste doit être chauffé à 300°Celsius. Chauffée à cette température, la roche fond en un combustible liquide extrait dans les puits de production.
Vinegar a développé les moyens de chauffer les roches à l’intérieur de la terre avec des chauffages envoyés à 300 mètres. Du fait de l’isolement de la roche de schiste par rapport aux aquifères, et qu’à 9 mètres de la zone chauffée, la température de la roche reste à 25° Celsius, les technologies IEI n’auront aucun impact sur l’environnement, que ce soit en dessous, au-dessus ou à la surface.
La motivation de base de la campagne des environnementalistes contre le programme pilote d’IEI, c’est de tuer la capacité d’Israël à développer ses champs de pétrole avant que le public ne réalise ce qui est en jeu. Lorsque le programme pilote sera approuvé, en faisant l’hypothèse qu’il répondra aux projections d’IEI d’être en mesure de produire en masse du pétrole à 40 $ le baril, le soutien public à l’initiative sera si grand, et la logique économique d’aller de l’avant sera si évidente, que le projet ne pourra pas être arrêté.
A l’opposé de ‘Better Place’, IEI n’aura pas besoin d’un vendeur charismatique de la Silicon Valley pour vendre son produit.
Aujourd’hui, Israël paie son pétrole à 100 $ le baril de pétrole brut, soit 2.2 shekels par litre. Les consommateurs paient 8 shekels le litre à la pompe, ce qui comprend les coûts de raffinage et de transport et les taxes. Si Israël produit son propre combustible, bien que le gouvernement continuera certainement de le surtaxer, et qu’il devra toujours être raffiné et transporté, il n’y a aucun doute que le prix pour les consommateurs sera significativement plus bas. Et plus important, la fourniture sera garantie.
L’un des investisseurs minoritaires dans IEI est le grand mogol australien de la presse Rupert Murdoch. Il est intéressé par IEI parce qu’il y a aussi des réserves massives de pétrole de schiste en Australie. Si le programme pilote d’IEI réussit, l’Australie suivra sans aucun doute la direction d’Israël dans le développement de sa propre indépendance énergétique par l’exploitation du pétrole de schiste.
A l’opposé de la situation de ‘Better Place’, il n’y a pas de battage publicitaire autour d’IEI, à l’exception du battage négatif généré par les environnementalistes radicaux.
Pour une compagnie pétrolière reposant sur une région de licence couvrant 40 milliards de barils de pétrole estimés, le comportement d’IEI est excessivement modeste. Alors que ‘Better Place’ a gâché des dizaines de millions en bureaux prestigieux et en sureffectifs, les suites des bureaux d’IEI sont aussi simples que possible.
Son président, Effi Etam, ancien ministre des infrastructures nationales, travaille dans un petit local encombré et se tient à un bureau sans prétention sur un fauteuil peu coûteux. Les employés travaillent dans des boxes.
IEI n’a pas mené de campagne pour contrer la propagande environnementaliste parce qu’il croit que les faits parleront d’eux-mêmes. A la minute où IEI pourra mener son essai pilote, il est convaincu que le public le soutiendra. Que ce soit ou non la bonne stratégie, cela sera déterminé dans les mois qui viennent par le Comité de Planification de Jerusalem.
Dans le même temps, grâce à la fracturation du pétrole de schiste, les USA sont passés de d’importateur net de pétrole à exportateur net de pétrole en cinq ans. Pendant la même période, Israël a vu le projet pilote d’IEI retardé année après année alors que des politiciens et des journalistes ont conduit à la faillite l’alternative de ramoneurs bigarrés.
caroline@carolineglick.com