Voir également : http://www.lexpress.fr/actualites/1/monde/l-arabie-saoudite-denonce-les-ingerences-de-certains-pays-en-egypte_961305.html
DEBKAfile Reportage exclusif 10 février 2011, 4:31 PM (GMT+02:00)
Par Marc Brzustowski
Pour © 2011 lessakele et © 2011 aschkel.info
Tags: Egypt Saudi king Abdullah Obama US-Saudi Arabia
En des temps bien meilleurs
La conversation entre le Président Barack Obama et le Roi saoudien Abdallah, tôt ce jeudi 10 février, a été la plus acerbe qu'un Président américain ait jamais eue avec un dirigeant arabe, selon les sources moyen-orientales de Debkafile. Ils ont connu une brouille très grave, à propos de la crise égyptienne qui a, à ce point, mis en colère le roi que plusieurs sources américaines et moyen-orientales ont rapporté qu’il en avait subi une attaque cardiaque. Des rumeurs selon lesquelles il en serait mort ont secoué le monde de la finance et les marchés pétroliers, ce matin, puis ont été démenties par un conseiller de la famille régnante. Plusieurs sources du Golfe ont précisé qu’il avait eu des attaques cardiaques par le passé.
Ces sources ont dévoilé que l’appel qu’Obama a lancé à Abdallah, qui est juste en train de récupérer d’une convalescence, suite à une opération chirurgicale, dans son palais au Maroc, a plongé leurs relations dans une crise profonde et mis en péril l’édifice tout entier des politiques américaines concernant l’Iran et le Moyen-Orient.
Le roi a fustigé le Président à cause de son traitement de l’Egypte et de son Président Hosni Moubarak, en le qualifiant « de désastre » qui allait générer l’instabilité dans la région et mettre en péril tous les dirigeants arabes modérés et leurs régimes, qui ont soutenu les Etats-Unis jusqu’à présent. Abdallah a pris Obama en défaut, disant qu'il cherchait à enterrer vivant l’allié le plus fidèle de l’Amérique dans le monde arabe et a juré que si les Etats-Unis continuaient à essayer de se débarrasser de Moubarak, la famille royale saoudienne utiliserait toutes ses ressources pour défaire les plans de Washington concernant l’Egypte et annuler leurs conséquences.
Selon des sources du renseignement britannique à Londres, le Roi saoudien a promis de couvrir les pertes de l’Egypte si Washington interrompait son assistance militaire et économique pour forcer Moubarak à démissionner. Il aurait personnellement ordonné au Trésor saoudien de transférer au dirigeant égyptien dans l’embarras les sommes exactes dont il a besoin pour que lui-même et son armée résistent aux pressions américaines.
A travers toutes les péripéties, les hauts et les bas observés dans les relations saoudo-américaines, depuis les années 1950, aucun dirigeant saoudien n’a jamais menacé de se lancer dans l’action directe contre la politique américaine.
Une source saoudienne de première importance a déclaré au Times londonien que « Moubarak et le Roi Abdallah ne sont pas simplement des alliés, ils sont aussi des amis proches, et [que] le Roi ne s’est pas résigné à voir son ami se faire éjecté comme un malpropre et humilié ».
Assurément, ajoutent nos sources, le roi âgé de 87 ans est paniqué à l’idée que, dans l’éventualité d’une situation se développant en Arabie Saoudite, à l’instar du soulèvement égyptien, Washington se débarrasse de lui ni plus ni moins qu’il ne le fait avec Moubarak.
Les sources de Debkafile, proches du renseignement, ajoutent que ce remplacement de l’assistance à l’Egypte, n’a pas été la seule carte qu’Abdallah a sortie de sa manche. Il a informé Obama que, dès à présent et sans attendre la suite des évènements en Egypte ni la réponse américaine, il avait ordonné de mettre en route le processus visant à élever le niveau des relations diplomatiques et militaires entre Riyad et Téhéran. Des invitations ont été adressées par Riyad pour que des délégations iraniennes se rendent en visite dans les principales villes saoudiennes.
Abdallah a insisté sur le fait qu’il avait plus d’un os à ronger, en ce qui concerne Obama. Le roi a accusé le Président américain d’avoir non seulement tourné le dos à Moubarak, mais également à un autre allié américain assiégé, l’ancien Premier Ministre Saad Hariri, quand il a été destitué par le supplétif de l’Iran, le Hezbollah.
Nos sources à Washington rapportent que tous les efforts réalisés par le Président Obama afin d’apaiser le roi saoudien et expliquer sa politique vis-à-vis de l’Egypte ont essuyé une fin de non-recevoir [littéralement : sont tombées dans de sourdes oreilles].
Des sources arabes à Londres ont rapporté mardi 8 février, qu’un émissaire spécial de la Présidence américaine a été expédié au Maroc, porteur d’un message d’explication au roi. Il a, purement et simplement, été renvoyé. Ceci n’est, cependant pas confirmé par des sources américaines ni saoudiennes.
L’initiative de dialogue entre Riyad et Téhéran est la conséquence la plus dramatique pour la région qui découle de la crise en Egypte. C’est une véritable bénédiction pour les Ayatollahs, qui assistent au spectacle de ces régimes pro-occidentaux en train de disparaître sous le poids de soulèvements intérieurs, ou se détourner des Etats-Unis, comme l’Arabie Saoudite est en train de le faire maintenant.
Ce développement est aussi d’une importance capitale pour Israël. L’étroite amitié entre l’Arabie Saoudite et le régime Moubarak concorde nettement avec l’alignement du Premier Ministre Binyamin Netanyahou sur l’Egypte et leur a fourni des dénominateurs communs sur le plan politique. L’ouverture de la porte, par l’Arabie saoudite, à l’avancée iranienne vers la Mer Rouge et le Canal de Suez resserre l’étau iranien autour d’Israël.
Des signes de friction entre Washington et Riyad étaient notables cette semaine, même avant le coup de téléphone du Président Obama au roi Abdallah. Plusieurs médias américains ont relaté la découverte selon laquelle les réserves pétrolières saoudiennes étaient beaucoup moindres qu’estimées auparavant. Et les médias saoudiens ont lancé de gros titres, de façon tout-à-fait inhabituelles, alléguant que l’Ambassade américaine et le consulat à Dahran payaient leurs sous-traitants des salaires de misère, de 4, 3 $ par jour pour le travail d'entretien et de nettoyage et 3, 3 $ par jour pour des travaux de jardinage.