Le professeur Eythan Guilboa, docteur es-sciences géopolitique à l’université de Bar-Ilan, à Ramat-Gan, analyse les effets des messages de paix lancés par le nouveau président américain, Barack Obama, en direction du monde arabo-musulman.
Guilboa se penche sur les derniers développements observés au Moyen-Orient: « La mise en place du système de défense antimissile américain sur le sol de pays alliés, dans le Golfe persique, n’est pas sans rappeler la politique typiquement américaine de la période de la guerre froide. »
Il doute de l’efficacité de l’envoi de porte-avions sillonnant les mers lors de chaque crise qui frappe la région. Pour lui, il ne s’est agi à chaque occasion que d’une démonstration de force peu efficace.
Le point le plus crucial soulevé par le professeur consiste en l’erreur tactique et psychologique d’Obama, qui a tendu la main au dictateur iranien, persuadé que l’idéologie de réconciliation et du dialogue le ferait renoncer à son programme nucléaire. Pour lui, le résultat obtenu a démenti toutes ses espérances, le régime de Téhéran s’étant senti confiant, notamment depuis le discours du président en Egypte, dans le contexte duquel il avait insisté sur son deuxième prénom, dans l’intention probable de faire réduire l’animosité envers les E-U et le bloc occidental.
L’administration d’Obama a dû, face à cet échec, et en collaboration avec l’Union Européenne, imposer un ultimatum, l’Iran ayant catégoriquement refusé de transmettre son uranium à un pays tiers.
« L’ultimatum ayant expiré à la fin de l’année 2009, et comme, depuis, il ne s’est rien produit, les Américains ont été contraints de mener une action, fût-elle symbolique et limitée. Ce geste est destiné à donner un sang nouveau à la force de dissuasion des Etats-Unis, et de remettre en place leur dispositif stratégique et militaire. A ce stade, les Américains se contentent de viser à en faire passer le message. »
La machine des Etats-Unis semble toutefois se mettre en mouvement, et des porte-avions sont à nouveau en train de se positionner en face des côtes iraniennes. Ils sont, selon le New-York Time, équipés de missiles bien plus précis et performants que ceux qui avaient été disposés dans la région lors des précédentes mises en place de la machine de guerre américaine.
Le professeur Guilboa parle d’un triple message américain. Tout d’abord, Obama veut montrer que les E-U restent une grande puissance mondiale, et que leurs capacités n’ont rien perdu de leur vigueur. Ensuite, il s’agit de démontrer qu’ils sont prêts à l’utiliser, même s’ils favorisent encore pour l’instant les chemins de la diplomatie. Le troisième point consiste à montrer d’une part, que les Américains savent reconnaître leurs alliés afin que ceux-ci ne se sentent pas tentés de se laisser entraîner dans un bloc motivé par les affinités ethnoculturelles régionales et, d’autre part, qu’ils n’ont pas l’intention d’abandonner la région à la Chine et/ou à la Russie.
Le professeur conclut en ces termes:
[Dimanche 31/01/2010 20:23]