Deux cent jours pour sauver le Proche-Orient
Par Faramarz DADRAS
Chercheur et expert du renseignement
Ancien officier du service renseignement de la garde impériale de l’armée d’Iran, chercheur et expert du renseignement, fondateur et le directeur du site Internet de www.farhangiran.com en langue persane, auteur et traducteur des nombreux articles et études sur la question Iranienne et consultant d’auprès les medias.
Intervenant pour le site © 2011 aschkel.info
Sur le site du Ministère israélien des affaires étrangères en langue persane
http://www.hamdami.com/MFAFA
8 février 2011.
Israël et l'Egypte, ont deux cent jours devant eux pour sauver la sécurité et la paix au Proche-Orient, un combat contre les démons - Cela requiert que les deux parties concernées fassent preuve d'une grande sagesse.
Les hauts commandants de l'armée égyptienne résistent à l'immense pression exercée par l’administration Obama, qui tente d'écarter du pouvoir le plus vite possible, le président Hosni Moubarak, pourtant l’ami de longue date des Etats-Unis.
Il ne reste que deux cents jours, jusqu’en Septembre prochain, avant la date des prochaines élections présidentielles en Egypte. Les chefs de l'armée égyptienne ne veulent pas détruire la réputation du héros de la guerre d’octobre, aujourd'hui victime de la politique d'apaisement des Etats-Unis envers les Frères musulmans. Les Américains ignorent tout de la fierté de l’armée égyptienne, Ils (les frères Musulmans) attendent impatiemment que l’armée égyptienne exécute l’ordre d'Obama pour renverser Hosni Moubarak, sous peine d’une suspension de l’aide militaire des États-Unis aux égyptiens. Ce qui serait une grave erreur.
Israël, pièce maîtresse du Proche-Orient, tente de calmer l’ardeur des Etats- Unis et de certains pays d’Europe, afin d’empêcher le départ prématuré d'Hosni Moubarak. Israël veut un départ ordonné et planifié de Moubarak, ce qui serait la meilleure façon de sortir l’Égypte de ce chaos. Personne n’a intérêt à ce bouleversement sauf le régime Islamique d’Iran et les fondamentalistes Islamiques, notamment les Frères musulmans. Dans le cas contraire, la négociation de paix entre Israël et les Palestiniens échouera d'une part, mais le monde devra aussi se préparer à une nouvelle guerre, ce qui accomplirait le rêve de toujours du régime Islamique d’Iran.
La semaine dernière, Israël a envoyé un message confidentiel à ses partenaires européens et américains les mettant en garde contre le risque de la chute du régime qui ferait basculer l'Egypte entre les mains de l’extrémisme Islamique. Ce message était un signe d’espoir et d'encouragement pour l’armée égyptienne, l'aidant à ne pas céder devant la pression des Américains qui cherchent à renverser Moubarak.
Les généraux égyptiens ont fait savoir que Moubarak est, en fait, hors-jeu et qu'il se contente de signer les décrets prévus par la constitution du pays. Il est déjà envisagé que Moubarak se retire en juin prochain, pour cause de maladie et qu'il parte en voyage durant trois mois, avant la prochaine élection présidentielle. La transition serait alors assurée par le vice-président, le général Omar Suleiman.
Le week-end dernier, lors de la 47e Conférence sur la sécurité qui a eu lieu à Munich, les pays occidentaux ont planché sur la meilleure façon d'accompagner une transition ordonnée en Egypte. La chancelière allemande, Angela Merkel, a choisi d'évoquer sa propre expérience de la révolution démocratique, en RDA, il y a vingt ans, mettant en garde contre toute précipitation. Angela Merkel était en Israël la semaine dernière.
Madame Merkel, a tenu ce discours un jour après le sermon de l'Ayatollah Khamenei, le guide suprême de la République Islamique, discours prononcé pendant la prière du vendredi à Téhéran. Khamenei, dans son sermon en langue arabe, a appelé à l’insurrection des musulmans et à la révolution Islamique en Egypte. Ce discours provocateur et menaçant de l’ayatollah Khamenei, a incité à des réactions négatives de la part des Frères musulmans et des Etats-Unis, et ce, un jour avant ouverture de la conférence sur la sécurité à Munich. Les propos démesurés de l’Ayatollah Khamenei ont resserré les rangs entre les pays occidentaux, visant à une transition ordonnée et sans précipitation en Egypte.
L'Ayatollah Khamenei, lisait un discours déjà écrit en langue arabe. Khamenei, comme la plupart des membres du clergé Iranien, a très peu de connaissances de la langue arabe. Pour en donner un exemple, lors d’un voyage en Syrie en qualité de Président de la République Islamique, Khamenei a été contraint de s’adresser à un interprète, pour remercier de quelques mots son hôte, le président Syrien Hafez Al Assad.
Khamenei et d'autres mollahs iraniens, motivés par la cupidité, veulent mettre la pagaille dans les pays Arabes de la région, toujours sous tension. Ils ne cachent pas leur hypocrisie et leur opportunisme face à la situation actuelle, et profitent des événements pour tenter d'instaurer une révolution Islamique qui, pourtant, a déjà échoué en Iran depuis plus de trente ans.
Les vraies préoccupations de la population de ces pays musulmans, sont : le pain, la liberté et l'emploi, elle n'est sont pas intéressés par l'expérience amère du peuple iranien, qui souffre depuis des années d'une dictature religieuse. Le monde entier n’a pas oublié les répressions sanglantes contre les Iraniens perpétrées par la tyrannie des Ayatollahs.
La consternation de la majorité des musulmans face au système moyen-âgeux en Iran, incite les Frères musulmans à prendre de la distance avec le régime Iranien dans la limite des discours officiels, afin de montrer la face acceptable d'un groupe Islamiste dans le monde. C'est la même astuce qui avait déjà été employée par l'Ayatollah Khomeiny, il y a 32 ans, à Paris, mais il ne faut pas se tromper, car dès son arrivée en Iran, Khomeiny n’a pas respecté ses promesses. Plus tard, il justifiera ses actes par le célèbre mot de " Taqya " (dissimulation), s'agissant de masquer ses convictions.
Qui pouvait croire qu’un vieux clérical comme Khomeiny, pratiquerait la «tromperie»?
Le dimanche 6 février, Kamal Al Halbavi, un haut responsable des Frères musulmans, et ancien porte-parole de ce mouvement, dans une interview en langue persane de la BBC a salué chaleureusement l’Ayatollah Khamenei, le guide Iranien. Kamal Al Halbavi a ajouté « Je remercie vivement, l’Imam Khamenei et tous ceux qui soutiennent la révolution ». Kamal Al Halbavi, glorifie les actions de Mahmoud Ahmadinejad, le président Iranien et ajoute « exceptées certaines de ses paroles, c' est une personne courageuse et libre dans ses propos », fin de citation.
Les propos d’Al Halbavi sont contraires à la déclaration officielle des Frères musulmans du vendredi 4 février. C’est un acte de Taqya (dissimulation) de la vérité sur leurs vraies convictions, la conquête du monde et la destruction d’Israël.
l'Imam Dja'far As-Sadiq (702-767) : "Neuf dixièmes de la religion sont de la Taqya (dissimulation), c'est pourquoi celui qui ne dissimule pas n'a pas un homme de religion". (Al-Kafi 9/10); et aussi: "La Dissimulation de protection est ma croyance et la pratique de mes ancêtres". (Al-Kâfî", 2/174, H. 12; "Mokhtaçar Baçâ'er al-Darajât", p. 101; "Al-Mahâsen", 1/397, H. 890) .
C'est ce qui est en train de se passer a notre époque.
En outre, l'ayatollah Khomeiny a emprunté l'idée de la révolution Islamique à Hassan el Banna (1906-1949), fondateur de la Jamaat des Frères musulmans, El Banna l'avait, quant à lui, aussi emprunté précédemment à un iranien nommé " Jamal-al-Din Asadabadi " (1838-1897), fondateur du " mouvement de l'éveil islamique ".
Asadabadi, appelé aussi par le nom de "Jamal al-Din Afghani," et " Seyed Mohammad ibn Safdar Al-Husseini" est désigné comme le premier penseur de l'intégrisme islamique et de l'Alliance musulmane.
Khomeiny a réussi presque un siècle après Assadabadi, à instaurer la théorie révolutionnaire de son maître spirituel " Hassan el Banna ", mais depuis le début, sa révolution a échoué et reste comme une tumeur maligne et dangereuse pour les Iraniens. Un proverbe persan dit : « Qui souffle le vent, soulève la tempête» (qui sème le vent, récolte la tempète).
Depuis de longues années, les Frères musulmans ont annoncé l'abandon de la lutte armée, une astuce connue pour détourner l'attention du monde de ce qu'est le vrai visage des Islamistes, et ce afin de bénéficier de l'appui des pays occidentaux, favrosiant ainsi leur participation dans le processus de démocratisation des États Musulmans.
Les Etats-Unis qui, pourtant, sont immergés dans les marais d'Irak et d'Afghanistan, envisagent de soutenir les Frères musulmans, l'alternative au groupe terroriste "Al Qaïda".
Obama espère le soutien des Républicains dans le grand projet d'hégémonie des frères musulmans pour le monde arabo-musulman. Par manque d’analyse approfondie des Américains sur la question du monde arabo-musulman, c’est un risque majeur et permanent de fonder des déivsions sur la base d’évaluations erronées dans la plupart des situations imprévues, comme l’Égypte.